Créé le: 11.02.2025
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Une voix

Allégorie, Journal personnel

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© 2025 a Thibaut Lamunière

Pour mon deuxième texte publié sur Webstory, je vous emmène dans les tréfonds d'une soirée, du corps, de l'être.
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Elle crisse. Elle susurre. Elle apaise. Elle blesse. Elle transmet. Elle prétend. Elle berce. Elle chancelle. Elle mue. Elle trahit. Elle réconforte. Elle crie. Elle casse. Elle se tait.

 

Elle s’entend.

 

Un muscle se contracte. Une vibration se faufile. Une caisse de résonance se crée. Un son s’articule. Un souffle se transforme. Une note. Un ton. Un rythme. Un mot.

 

De l’esprit, l’idée se diffuse, se façonne, se faufile à travers l’organe. Elle jaillit dans les cordes et crée le battement par minute. Les cordes tremblent, les cordes s’accordent, les cordes chauffent. Le son sonne, la vibration vibre, la gorge regorge, le cerveau bouillonne. Les tripes s’expriment. L’idée se matérialise.

 

On donne de la voix.

 

Puis elle se dissipe. Elle s’évanouit. Elle se mélange à l’atmosphère. Elle se perd dans l’ambiance. Elle s’effondre. Elle se disperse à travers l’espace.

 

On tend l’oreille, on fait répéter. On a perdu le fil. La discussion se meurt. Vite, rapprochons-nous. Collons nos joues pour poursuivre. Haussons le ton pour échanger. N’abandonnons pas à cause du bruit. Donnons de la voix. Ne nous laissons pas emporter par la puissance du groupe. Fais trembler mon lobe. Creuse mon tympan. Ne m’abandonne pas. Partage. Dis. Échange. Heurte. Collisionne. S’il-te-plait.

 

Je te resserre de vin, mes jambes sont engourdies à force d’être debout. Beaucoup de personnes pour une petite pièce. La fumée n’aide pas. Suffocante par l’ambiance chargée, cette pièce est propice pour les voix qui ont besoin d’être entendues, pas forcément écoutées. Où sont les craintifs, les discrets et les insécures ? Sur les côtés, adossés aux murs, ils papotent comme ils peuvent alors que la masse bruyante est assemblée au centre. Ça claque des verres, ça résonne, ça gueule, ça demande du feu, tandis que les timides tentent de communiquer aux alentours.

 

Tu te rapproches de mon oreille pour que je puisse continuer à t’entendre. Mon lobe frémit sur la fréquence de tes cordes vocales. Je me bats contre l’effervescence du groupe pour rester avec toi et ta voix. Je tuerais pour que tu restes. Je suis sourd face à ce bruit.

 

J’attrape ta main et nous resquille sur le balcon. Bulle au-dessus de la rue et de tout soupçon. Les deux mètres carrés nous offrent refuge. Les pierres sous nos pieds commencent à trembler. Nos voix rauques du bout de la nuit se redécouvrent. Les secousses grimpent. Mes genoux ne supportent plus le poids de mon coup de foudre.

 

Un ligament croisé d’amour. La romance me déchire les adducteurs. La peur de t’embrasser me burine les côtes. Nausée craintive.

 

Le battement s’accélère. Crescendo cardiaque. Ma cage thoracique s’enflamme. Arythmie chaotique.

 

C’est ton parfum qui m’encercle, pas le mien. Ce sont tes bras qui m’enlacent, pas les miens. C’est ton souffle qui se rapproche, pas le mien. Uppercut labial.

 

C’est ton courage qui me surpasse, oui, le tien.

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