Créé le: 07.06.2025
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Une lettre d’amour
Chapitre 1
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Texte écrit dans le cadre de l'Atelier d'écriture UNI3.
Thème proposé: Écrire une lettre.
Consigne: ... une lettre d'amour
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À ma galerie des disparu-e-s
Cette lettre ne pourra pas être acheminée par la Poste : ses destinataires sont désormais classés « inconnu-e-s » à leur adresse. Elle partira dans une autre dimension spatiale qui échappe aux règles de l’écoulement du temps : il passe, mais il ne nous éloigne pas des personnes disparues. Il accentue certains aspects de leurs vies qui perdurent à travers notre vécu. Il arrive qu’au fil des jours un nouvel éclairage, un nouveau point de vue révèle une facette de la personne, et de la relation que nous avons eue avec elle, dont nous n’avions pas conscience jusque-là…
A vous, mes grands-parents : j’ai grandi sous vos ailes protectrices et attentives. C’est grâce à vous que je suis devenue qui je suis. Vous êtes l’emblème de la fidélité. Vous m’avez appris la solidité et légué la force nécessaire pour traverser ma vie.
A vous, le professeur-phare de mes années d’étudiante, repère et référence immuable et constante : méthode, écoute, humilité, rigueur et éthique absolues, une Foi exemplaire et inoxydable. Vous êtes le seul au sujet duquel je puisse dire que je n’ai jamais aperçu la moindre faille. À vous mon admiration, ma reconnaissance, ma gratitude.
A toi, à l’irrésistible charme de ton regard, à toi qui pressentais que ta vie serait brève : je t’adorais trop pour pouvoir te croire. La maladie s’est insinuée cruellement dans nos vies : mes bras se sont vidés de toi, fatalement, tellement tôt et depuis si longtemps… mais je t’ai installé dans l’immense domaine de la mémoire, qui a élu domicile dans mon cœur, là où tu n’es plus confronté à aucune des frontières, des limites et des obstacles que tu as combattus de toutes tes forces, avec courage et dignité.
A toi, père existant, mais absent et transparent, qui détient le record absolu du plus grand des mystères : réussir à te faire aimer, à ton insu et malgré toi, dans l’invisibilité. J’ai fait de ton image l’icône indemne et intouchable de mon panthéon.
A toi, maman, si belle, indépendante et imprévisible… le temps qui passe m’enseigne à te comprendre… serait-ce parce que je commence à te ressembler ?
A vous autres tou-te-s, qui leur faites cortège silencieux et pourtant souriant, rassurants dans votre manière de traverser ce temps qui n’est plus votre ennemi… je vous remercie pour toutes vos marques d’attention et d’affection, je me souviens de vos visages et de vos exemples.
Tant de liens d’amour déclinés de tant de façons différentes : il me semble que même la séparation de la mort est impuissante et ne les atteint pas ; ils vivent et respirent dans l’espace infini de leur immortalité.
Oh vous, les belles âmes de ma galerie des disparu-e-s : la tapisserie d’amour que vous avez tissée et brodée autour de moi est immuable ; je vous transporte avec moi, comme un trésor précieux, je vous aime pour toujours.
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