Créé le: 25.06.2013
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Une cravate qui fait désordre!

Fiction

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Jamais femme si scrutée!
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Une cravate qui fait désordre

– « Les gens et les habitants de cet endroit sont tout de même très curieux, n’est-ce pas! »

C’est ce que me conviait Marianne Courcelle lors de notre dernière conversation. Elle m’a raconté une histoire incroyable, plutôt anecdotique que réelle, à mon sens, mais bon!

Un matin d’automne, alors que Marianne Courcelle arrivait à la gare, elle eut une drôle d’impression. Tous les yeux étaient rivés sur elle, ou plutôt autour de son col. Des regards insistants, et extravagants, des regards appuyés, et très appuyés même, des regards interrogateurs, voire même agressifs!

Elle ne comprenait pas une telle réaction et elle poursuivit son périple dans la ville, par les transports en commun. Les regards ne cessèrent, bien au contraire! Les regards s’accumulaient plutôt!

Jamais de mémoire de femme, elle n’avait été autant vue, contemplée, examinée, observée, scrutée, que ce jour-là! C’était incroyable et presque irréel! Il y avait même des petits attroupements à son passage et des commentaires, qu’elle faisait naturellement mine de ne pas entendre ou de ne pas comprendre!

Tout le monde faisait de Marianne Courcelle, un point de mire, des gens, dans leur voiture, sortaient la tête d’étonnement pour la regarder passer aux feux!Dans les appartements avec balcons, on distinguait nettement des têtes inclinées vers elle, tout le monde voulait la voir et quand il la voyait, il soupirait de surprise, ou d’émerveillement.

Des cercles se formaient autour d’elle, tout le monde voulait l’entourer, l’observer, la regarder de près!

Marianne Courcelle se prêtait à ce petit jeu avec amusement et curiosité! Entre une marée de lorgnettes et de mirettes, a priori d’aspect inhospitalière, elle déambulait sereinement, avec un très grand naturel! Cela ne provoquait pas en elle, une réaction à laquelle on s’attendrait, on s’imaginerait, dans de pareilles circonstances. Son détachement et son absence totale d’inquiétude rendait la situation bien plus cocasse et soulignait l’étrangeté de toutes ces personnes!

Parfois, Marianne Courcelle esquissait un petit sourire en coin, en entendant tout ce que les gens se disaient entre eux à son sujet. Craignaient-ils tous de ne pas l’avoir assez vue!

Alors qu’elle tournait au coin d’une rue, une personne surgit derrière elle, Marianne Courcelle ne sursauta pas, ne montra aucune émotion! A peine tourna t-elle négligemment la tête pour jeter un coup d’œil rapide, qu’elle regarda aussitôt dans une autre direction et poursuivit tranquillement son chemin. Son indifférence était à la hauteur de l’attention et de la curiosité ambiantes!

Arrivée à l’Université, son point de chute, Marianne Courcelle fut accueillie comme jamais auparavant! Pourtant, cela faisait trois mois, qu’elle fréquentait cette Université, dans l’anonymat généralisé! Jamais, elle n’avait suscité autant d’intérêt et d’attention!

Tout le monde l’entourait! Tout le monde voulait la voir! Tout le monde voulait l’observer! Tout le monde voulait lui parler! Tout un brouhaha confus et diffus l’entourait de toutes parts!

Marianne Courcelle ne distinguait pourtant rien de ce qui l’entourait de toutes parts, tout, autour d’elle, semblait plutôt flou, comme quelque peu embué! Soudain, une main tapota sur son épaule droite, Marianne se retourna et sourit au visage familier qui l’observait curieusement. Il lui dit :

– « Tiens bonjour Marianne, tu as mis une cravate aujourd’hui? Quelle idée! »

Marianne fut surprise et lui répondit :

– « Pourquoi, c’est interdit? »

Il répliqua :

– « Non, mais quand même, quelle drôle d’idée! Une cravate! »

Marianne n’eut pas le temps de répondre une seconde fois qu’une autre personne l’apostropha familièrement, en lui touchant la cravate :

– « Tiens, Marianne, mais tu as mis une cravate aujourd’hui!, Tu revendiques quelque chose? »

Marianne perplexe, répondit :

– « D’abord, bonjour! Alors, si j’ai mis une cravate aujourd’hui, c’est juste parce que j’aime mettre les cravates, un point, c’est tout. »

– « Non, mais arrêtes, si tu as mis une cravate, c’est bien qu’il y a une raison!»

– « Non, aucune raison, à part que j’aime bien les cravates. »

– « Une cravate, ce n’est pas anodin! »

– « Pour moi, c’est un accessoire comme un autre! Je ne pensais pas que je devais m’en expliquer! Tout un chacun est libre de porter ou pas une cravate ici, non! »

– « Oui, mais tout de même, c’est curieux! Tu caches quelque chose? »

– « Mais non, où vas-tu chercher tout cela, juste parce que j’ai porté une cravate! Ce n’est pas la fin du monde que je sache! Et… »

Marianne n’eut pas le temps de poursuivre que ses autres camarades arrivèrent et la bombardèrent de questions sur le fait qu’elle ait mis une cravate. Marianne eut droit à toutes sortes d’analyses ou de théories incroyables sur ses supposées intentions cachées ou inconscientes. Certaines personnes se lançaient dans des diatribes ou des tirades philosophiques, sociales ou historiques, d’autres personnes pensaient que Marianne voulait braver, ou prouver quelquechose, ou défier les hommes. Dans tous les cas, chacun y voyait un symbole et y projetait ses propres fantasmes ou élucubrations, les discussions étaient très animées, à mille lieues de la vérité de Marianne.

Marianne se leva, et prit congé de ses camarades. Elle essaya de se frayer un chemin au milieu des gens. En passant, tout le monde lui touchait la cravate et soudain, elle sourit, elle venait de comprendre les événements de sa journée : sa cravate faisait désordre!

Toute la semaine, les journées de Marianne se ressemblaient et étaient assez mouvementées. Elle était devenue soudainement très populaire! Tout le monde la sollicitait! Tout le monde lui posait des questions! Tout le monde l’apostrophait! Enfin bref, de toute la semaine, Marianne ne passa pas inaperçue! Partout où elle passait, elle attirait l’attention! Tout le monde voulait savoir pourquoi elle avait mis une cravate! Au début, ce que Marianne trouvait drôle et étonnant devenait de plus en pesant, et elle souriait de moins en moins!

Marianne Courcelle n’arrivait pas à croire que le fait de porter une cravate pouvait provoquer de telles conséquences! Jamais elle n’aurait pu imaginer de telles réactions, notamment que les réactions les plus virulentes viendraient principalement des femmes. C’était étonnant, curieux et si insolite!

Marianne Courcelle décida donc de venir sans cravate, pour tester et voir si elle passerait encore aussi peu inaperçue!

Dès la semaine suivante, comme d’habitude, Marianne arriva à la gare le matin, elle eut une drôle d’impression.

La gare semblait quelque peu vide et pourtant, c’était la même gare que la semaine dernière! Marianne regarda autour d’elle, la gare était pratiquement déserte.

Elle prit les transports en commun, dans l’indifférence générale. Dans le bus, pratiquement, tout le monde lisait un journal gratuit et avait la tête baisée. Dans la rue, les gens déambulaient, s’affairaient et pressaient le pas.

Marianne, dont tout le monde s’en foutait, et dont personne ne voyait, semblait invisible!

Personne ne la regardait! Marianne se déplaçait dans l’anonymat le plus total, sans qu’aucun regard ne lui soit accordé. Elle allait de surprise en surprise!

Quel contraste, avec la semaine dernière! C’était incroyable et presque irréel! Marianne avait l’impression que les gens faisaient même mine de ne pas la voir!

Marianne déambulait sereinement, avec un très grand naturel, dans les mêmes endroits que la semaine dernière!

Elle était étonnée par le détachement et l’absence totale de réactions des gens, ce qui rendait la situation bien plus cocasse et soulignait l’étrangeté de toutes ces personnes!

Toujours invisible, Marianne arriva à l’Université, son point de chute, Marianne Courcelle fut accueillie comme jamais auparavant! En fait, elle ne fut accueillie par personne! Tout était calme et froid. Elle se dirigea vers la cafeteria et vit ses camarades qui étaient attablés et en pleine discussion. Elle s’approcha, ils la saluèrent d’un regard quelconque et sans plus, ils continuèrent leurs discussions.

Marianne prit place à la table d’à côté et sortit ses livres pour travailler, dans l’indifférence totale!

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