Elle avait déménagé et vivait depuis quelques mois dans cette région prisée des touristes.
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Temps-sion (tension)

Elle avait déménagé et vivait depuis quelques mois dans cette région prisée des touristes. De nombreuses vallées verdoyantes entourées de montagnes imposantes, des coteaux exposant leurs étendues de vignes, un climat que les habitants qualifient de microclimat, un ensoleillement plus généreux que dans le reste du pays, de réels attraits qui auraient pu lui convenir. Elle aimait marcher et les itinéraires de balades et randonnées ne manquaient pas, il y en avait pour tous les goûts et tous les degrés sur l’échelle de difficultés. Pour chaque saison, les offices de tourisme proposaient un large choix d’activités en plein air.

Sitôt les cartons vidés, la maison aménagée, elle partit à la découverte de cette contrée, sa nature, ses chemins, son histoire, mais aussi ses habitants et leurs coutumes. Elle remarqua bien vite qu’un touriste de passage est toujours le bienvenu. Elle n’était pas une visiteuse d’un jour ou d’une semaine.

Son mari et elle avaient acheté une petite maison, style chalet typique de la région, située au centre d’un village pittoresque. Elle avait aussi eu la chance de trouver un travail dans la ville la plus proche. Tout semblait doré pour ce changement de vie.

Mais voilà, elle ne portait pas un patronyme de la région, elle parlait la même langue mais avec une intonation, une mélodie, un accent différents. Elle aurait aimé bavarder un instant avec quelqu’un en faisant ses courses, faire des connaissances qu’elle aurait invitées pour un café. Mais tout lui paraissait fermé, compliqué. Souvent, elle avait l’impression d’être épiée, jugée, testée. Elle fit preuve de patience, de tact, d’observation et réussit tout de même à se faire des amis. Cela lui coûta beaucoup d’énergie et de nombreux doutes.

 

Par sa forte volonté de perfectionniste, elle s’imposa moult tensions et situations stressantes mais une belle récompense lui fut offerte. Elle ressentait une certaine fierté d’avoir réussi et appréciait d’autant plus ces quelques personnes et leur sincère amitié. Un partage chaleureux se réalisait.

C’est à ce moment, qu’une ancienne connaissance reprit contact:

– Accepterais-tu d’animer une soirée contes dans mon atelier, en jouant de la harpe

– Oh! Je suis très touchée par ta demande mais tu sais, je n’ai jamais joué pour un public, je reste une éternelle débutante.

– Voilà une belle occasion d’innover.

Elle accepta et se mit à jouer ces quelques petites pièces en boucle. Durant plusieurs semaines, chaque instant libre, elle était assise derrière sa harpe. Depuis longtemps, elle connaissait ses partitions par coeur, elle en rêvait même durant son sommeil mais ses doigts ne pouvaient pas danser sur les cordes. La tension dans tout son corps et surtout dans ses épaules était telle que spontanéité et plaisir ne réussissaient pas à se frayer un passage.

Une fois de plus, toute cette crispation était la réponse à sa propre demande de perfection.

Ce fut une sympathique soirée. Toute la famille vint l’écouter, elle fut applaudie. Elle était heureuse.

Tout semblait rentrer dans l’ordre mais elle souffrait de plus en plus de son épaule gauche. Les douleurs la réveillaient la nuit, l’empêchaient parfois de jouer de la harpe, limitaient de plus en plus ses mouvements.

Elle prit contact avec un médecin généraliste de la région.

– Quelle est la raison de votre visite Madame?

– Depuis de nombreuses semaines, mon épaule gauche est douloureuse, l’amplitude de cette articulation a diminué et cette situation devient handicapante.

– Avez-vous pris des contre-douleurs, des anti-inflammatoires?

– Non, rien.

– Bien. Je vais vous ausculter.

Vous avez une tension artérielle trop élevée. Etes-vous traitée pour une hypertension?

– Non. Je suis peut-être un peu tendue parce que je suis chez vous.

– Peut-être. Reposez-vous un instant, je reviens dans dix minutes.

Vous êtes réellement hypertendue. Je prends contact avec mon collègue cardiologue afin qu’il vous voit rapidement.

– Je sais que mes muscles dans la région scapulaire sont hypertendus mais, sans vouloir vous offenser, je doute qu’un cardiologue soit la personne qui puisse m’aider.

– Vous avez une hypertension artérielle qui doit impérativement être traitée, elle représente un risque morbide potentiel.

– Avant d’entrer dans votre cabinet, je ne me sentais pas mourante.

Le médecin est déjà en conversation téléphonique avec son collègue cardiologue.

– Voilà Madame, vous avez un rendez-vous chez le Docteur Herzmann demain à 15 heures. Il procèdera à des examens spécifiques de votre système cardio-vasculaire et je vous verrai dans quatre jours pour instaurer le traitement qu’il jugera adéquat.

Ma secrétaire vous donnera les tickets de rendez-vous et l’adresse de mon collègue.

– Et pour mes douleurs d’épaule?

– Ah! je vous fais une ordonnance d’anti-douleurs.

– Excusez-moi, puis-je rester encore une minute?

J’aurais souhaité connaître un diagnostic, savoir comment remédier à ces douleurs sans les masquer par des médicaments.

– Je vous remets un bon pour la radiologie et un bon pour un spécialiste en orthopédie de votre choix.

Sur le pas de la porte déjà ouverte, elle dit encore

– Je ne connais pas d’orthopédiste.

– Ma secrétaire vous donnera la liste des spécialistes.

Merci

Elle a confié la situation au temps.

Des pouvoirs, il en a tant.

Il a tissé des cordes qui, en vibrant,

Ont émis des sons, un chant.

Chant offrant compréhension,

Relaxation, acceptation.

Pour ses artères, un comprimé chaque matin baisse la tension.

Pour ses épaules, les muscles gèrent tout en douceur et souplesse les tensions,

Les hyper- et les dys-tensions.