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© 2022-2024 Laure Brienza

À notre chère leucosélophobie. Ah, quand tu nous tiens !
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– J’ose en déduire que vous êtes écrivain ? demanda la vendeuse intriguée par la pile multicolore de cahiers Moleskine qui envahissait désormais son comptoir.
– Oui, on peut dire ça… Ou du moins je m’y attelle, répondit Gregory en laissant échapper un petit rire gêné car, à dire vrai, il s’était réveillé le matin même avec cette idée lumineuse : convertir ce trop-plein de temps qui envahissait ses journées et ses pensées de jeune retraité en un projet d’écriture qui rachèterait la soi-disant nouvelle liberté.
Cette simple remarque venait de faire sa journée. Oui, il y avait quand même de quoi être flatté par cette noble étiquette que, la veille encore, il ne se serait jamais imaginé endosser.

La jeune femme le gratifia d’un sourire qui témoignait de l’admiration liée à l’imaginaire mystérieux de cette profession. Guilleret, Gregory sortit de la papeterie en veillant à redresser ses épaules sous ce veston de tweed, aux coudes renforcés d’un tacon de cuir, qu’il avait expressément choisi pour débuter le premier jour de sa nouvelle vocation. À l’angle de la rue, il marqua une pause pour changer de main le sac qui lui cisaillait déjà les doigts. Il en profita pour contempler son contenu. Durant cette nuit blanche, il s’était renseigné sur différents forums ; le cahier vierge vert, couleur propice à la créativité, serait pour y inscrire à tout va ses moindres inspirations. Le quadrillé accueillerait les profils de ses futurs personnages et, dans le bleu ligné, il viderait la trame de son roman qu’il rédigerait ensuite au propre dans le grand à la couverture de cuir noir. Il nota d’un coup d’œil que la vendeuse avait bien ajouté les différents stylos Caran D’Ache® et fit une dernière halte à la confiserie du quartier pour recharger sa réserve de caramels. Midi venait déjà de sonner lorsque, gonflé à bloc, il poussa le portail de sa charmante maison de ville. C’est fou ce que le temps passe plus vite lorsqu’on possède un projet. Non, ma foi, il attendrait plus tard pour manger ; l’impulsion était trop précieuse, il fallait saisir la vague. De toute manière, hormis la compagnie fidèle du minet Gaspard, cela faisait bientôt deux mois qu’il ne dressait plus qu’un seul couvert. Allez, il s’installerait directement sous la verrière face au grand orme et deux trois caramels mous feraient l’affaire pour le ravitaillement en énergie.
Gregory était de ceux qui ne réservent le repos qu’à la tombe. Second d’une importante entreprise de trading, toute sa vie durant il avait enchaîné actions, réunions, briefings. Ce fuel lui allait à merveille jusqu’au jour où les soixante-cinq bougies soufflées avaient fait s’envoler également les belles années. Avec le fils du patron au portillon, la relève était assurée. On l’avait généreusement remercié, mais, en contrepartie, il avait dû se résoudre à former le pion suivant. Alors qu’il aimait quand tout était tiré au cordeau, il s’était subitement retrouvé catapulté dans cette retraite que tous, sauf lui, semblaient convoiter. « La retraite c’est du repos bien mérité », mon œil oui ! Jamais il n’avait si mal dormi. Non, tout compte fait, la retraite était bien le retrait de ce flux de vie. Pouvoir consciemment et avec tout son temps l’observer, mais sans plus oser s’y engouffrer sous peine d’être taxé de vieux frustré. À force de ruminer son infortune, il avait fini par excéder tout son entourage. Chantal avait résisté plus longtemps, le temps d’une saison. Constatant que le brouillard ambiant constant gâchait même l’arrivée du printemps, elle avait décidé de prendre l’air chez sa mère. Vexé, il l’avait laissée s’en aller et les jours s’étaient additionnés. Désormais seul dans ce lit vide, il ressassait. Il se sentait incompris. Elle verrait bien quand ça lui arriverait à elle aussi…
Et aujourd’hui, au petit matin, une issue à ce cafard avait percé. Il était en train de se repasser sa phrase fétiche qu’il aimait disséminer à tout va, lorsque la bonne idée avait jailli. Si véritablement tout problème contenait sa solution, alors cette retraite – mirador d’observation imposé, doublé de temps à rallonge – était la définition même des caractéristiques nécessaires à l’écrivain ! Voilà ce qui occuperait sa tête et ses journées. Pour l’inspiration, il n’aurait qu’à se remémorer toutes les coulisses croustillantes de sa profession. Au mieux, il laisserait une trace à la postérité. Au pire, il publierait dans le journal local destiné aux aînés. Et puis, de toujours, il rêvait d’écrire sans jamais en avoir trouvé l’occasion. Perspicace, il avait souvent le mot juste au bon moment. D’ailleurs, c’était bien à lui qu’on déléguait systématiquement discours ou cartes d’anniversaire.

Désormais attablé à la grande table de la salle à manger, il avait beau remplir son carnet vert d’une multitude d’anecdotes qui lui revenaient, impossible de passer à la moindre véritable phrase dans le bleu. Rien de concret, de potable, ne sortait. Pourtant, la vue plongeante sur le jardin aurait dû féconder son imagination ; c’était ici même qu’il avait eu ses plus grandes intuitions. Le calme lui tapant sur les nerfs, il avait essayé, en vain, la musique classique en arrière-fond. Il s’était rabattu sur le ronron régulier de Gaspard, mais l’inspiration ne coulait pas. Désespérant ! Ou plutôt angoissant, car il savait que c’était aujourd’hui sinon rien.
Lui, il était comme ça. Son métier l’avait forgé à saisir au vol les bonnes occasions. Anticiper, toujours devancer, pour laisser la réaction au reste des mortels. Posséder la panoplie du parfait skieur, avant même d’avoir enfilé les lattes. Pas pour la frime, non, mais pour l’énergie que cela procure, pour le fait de pouvoir voir avant même d’y croire.

Trois heures s’étaient écoulées. Sans succès. Le sachet de caramels vidé, Gregory s’était résolu à se préparer un sandwich, quand le téléphone sonna. Il prit sur lui et décrocha. La voix stressée débita d’un seul coup :
– Coucou papa ! Tu m’excuses de te déranger, mais je t’appelle en dernier recours. Mon chef vient d’exiger un dossier à traiter de toute urgence. Un client vraiment important. J’ai essayé d’appeler maman, mais elle ne répond pas. Le hic, c’est que je devais chercher Arthur après l’école, mais là, il me reste moins d’une heure, je n’y arriverai pas… Vu que tu es disponible et que tu es à côté, tu serais d’accord qu’il passe prendre les quatre heures chez toi ? Le temps que je boucle tout ça ? Ce serait juste une petite heure…
– Bonjour Aurélie, oui, moi ça va très bien. rétorqua-t-il froissé.
– Désolée de ne pas y mettre les formes, mais tu vois, là, j’ai retourné le monde entier sans y arriver. Pour te dire, j’en ai vidé mes batteries. Maman, mes copines, tout le monde est occupé et, dans l’urgence, je n’ai pas trouvé d’autre issue. C’est bien toi qui répètes que dans chaque problème il y a sa solution ? Alors, j’ai repensé à dimanche, quand tu m’as expliqué que tu ne savais plus quoi faire de ton temps et que tu apprécierais de nous avoir un peu plus souvent à la maison… N’est-elle pas là, l’occasion de passer un bon moment en tête à tête avec ton petit-fils, non ?
– Et une pointe de culpabilité pour saupoudrer le tout. Merci, ça donne envie !
– Papa, s’il te plaît… Arrête de te faire désirer.
– C’est bon Aurélie, je le garde avec plaisir, la rassura-t-il. C’est juste que, tu vois, j’aimerais préciser que ce n’est pas parce que je suis retraité que c’est marqué « servez-vous ». J’avais justement trouvé une nouvelle occupation, mais c’est tout bon, comme je patine, autant te rendre service et, à huit ans, on sait aussi s’occuper un peu tout seul, non ?
– Merci mon papounet, t’es un amour ! C’est bien toi ça, se mettre au patinage en plein mois de mai ! Tu me raconteras tout ça quand je passerai le récupérer. Je devrais en avoir pour une, deux heures max. J’avertis sa maîtresse, il sera chez toi vers moins dix. Encore un grand merci, tu me sauves la vie là !

Il allait rectifier, mais elle avait déjà raccroché. Aurélie avait toujours eu ce don d’exagérer. Sachant de qui elle le tenait, il évitait de le lui reprocher. Il regarda l’horloge, en trente minutes, il n’aurait que l’occasion de s’énerver à ne rien voir venir. Il troqua le sandwich pour deux petits pains accompagnés d’une branche au chocolat et entreprit de se rendre directement à l’école. Arthur serait content. Et lui aussi, par la même occasion. Ma foi, l’écriture est artisanale, pas mécanique. Les heures, leur rendement ne compte pas ; seul l’objectif final est garant. Et puis, autant déculpabiliser, choisir c’est savoir renoncer. Ah, mais ça pourrait être un chouette titre ça. Rassuré de sentir l’inspiration lui revenir, il ferma la porte derrière lui et accueillit d’un sourire le rayon de soleil qui l’aveuglait.

Le bol d’air frais improvisé au square du quartier leur avait fait du bien à tous les deux. Il était presque cinq heures quand ils se déchaussèrent.
– Bon mon Arthur, maintenant qu’on s’est bien défoulés, je te laisse t’occuper seul un moment avec les BD à l’étage. Parce que, tu vois, Papi Greg a trouvé du boulot. précisa-t-il non sans une pointe de fierté.
– Mais… t’as oublié ?
– Oublié quoi ?
Il vérifia d’un coup d’œil, non, tout était là. Il venait justement de poser le sac d’école et le blouson à l’entrée en vue de l’arrivée d’Aurélie qui ne devait maintenant plus tarder.
– Ben, les devoirs ! rétorqua le garçon.
– Ah… Oui, les devoirs… reprit Gregory troublé par cette activité surprise qui menaçait de tout bousculer. Mais je te pensais assez grand pour les faire seul, non ?
– C’est que… J’aimerais bien, mais j’ai déjà tout fini les fiches. Je dois juste faire encore un truc, mais je sais pas comment le faire seul.
Ah, ce fameux « juste » qui arrivait toujours à ses fins… La pomme n’était pas tombée bien loin de l’arbre. Gregory prit une grande inspiration, puis se résigna :
– D’accord, faisons vite. Explique-moi ce qu’il te reste à faire.
– C’est parce qu’on va commencer les Égyptiens demain et moi, je m’occupe des pyramides. Je dois amener des images avec tout ce que j’ai trouvé et si j’attends d’être à la maison pour aller sur l’ordinateur, ça va stresser maman parce qu’il faut les coller dans le cahier et qu’il n’y a jamais d’encre dans l’imprimante…
C’était dans ses cordes. Rassuré Gregory décréta :
– Pas besoin d’internet. À ton âge, il faut que tu apprennes à savourer les vraies pages. Ne t’inquiète pas, attends-moi là deux secondes, j’ai tout ce qu’il te faut dans la grande bibliothèque du haut.
Il monta quatre à quatre les escaliers, puis en redescendit avec trois beaux ouvrages sur la civilisation égyptienne. Àl’aide de l’indexe, il sélectionna plusieurs pages où il apposa quelques post-it et tendit les livres à Arthur qui s’empressa de le remercier de toutes ses forces par un câlin. Gregory le lui rendit en lui ébouriffant les cheveux.
– Voilà mon gars, prends le temps de lire tout ce qu’ils racontent sur les pyramides et sélectionne déjà quelques belles images. Mais va plutôt t’installer à l’étage, tu seras plus tranquille pour bouquiner.

Le petit occupé, Gregory se remit à l’ouvrage. Confortablement installé, au calme, le syndrome de la page blanche l’envahit aussitôt. Empli à nouveau d’hésitations, rien ne lui semblait assez bon pour être couché sur le papier. Inculpant la faute à ce matériel trop bien, trop neuf, il s’essaya sur le dos du courrier de la veille. Mais non, il fallut se l’avouer, c’était donc lui… Seul, face à lui-même, impossible de délivrer. Il lui manquait la ligne de départ et même l’arrivée. C’était dire. Se demandant si ce blocage était bien raisonnable, il entreprit des recherches sur le Net et venait à peine d’épeler le terme leucosélophobie lorsque Arthur déboula dans la salle à manger. Il aurait pu se contenter de l’écouter d’une oreille, mais la vue de ce que lui présentait fièrement le garçon le fit tressaillir.
– Mon dieu, Arthur ! Qu’as-tu fait ? hurla-t-il en recomptant les onze images qui venaient d’être soigneusement découpées.
Face à la colère inexpliquée de ce grand-père qui ne remarquait même pas combien il n’avait presque pas dépassé, le petit fondit en larmes. Gregory fulminait en contemplant les pages dépouillées de leurs plus belles illustrations quand, entre deux sanglots, le garçon tenta de s’expliquer :
– J’ai pas fait exprès, désolé grand-papa…
– Mais bon sang ! Comment une idée aussi débile a pu te traverser l’esprit ? T’imagines combien ça coûte un livre comme ça ? Ils sont foutus maintenant !
– Mais c’est toi qui as dit qu’il fallait pas qu’on aille sur internet faire des photocopies…
Gregory n’écoutait même plus. Les mains plaquées sur le visage, il essayait de contenir son calme quand il prit garde à l’heure : six heures passées, elle abusait quand même.
– Ça m’apprendra de vouloir rendre service ! Et ta mère qui ne s’est pas encore pointée !
Outré par cette dernière remarque, Arthur répliqua :
– Ben maman et mamie elles ont bien raison ! T’as un caractère de cochon et t’es jamais content ! Moi, j’ai pensé que ça te ferait plaisir si je découpe déjà les pages, comme ça t’es tranquille plus longtemps. Mais, même quand on veut faire quelque chose pour toi, y a jamais rien qui te convient !

Ce discours ne lui était pas inconnu, cependant c’était la première fois qu’il le percutait de cette façon. Arthur avait raison. La honte… Il venait de défouler toute sa frustration personnelle sur un petit de huit ans qui n’avait cherché qu’à faire de son mieux. Il se ressaisit :
– Pardon de m’être emporté, je me suis fâché trop fort. Tu n’y es pour rien Arthur, ça arrive les bêtises, et je reconnais que celle-là – même si elle restera dans les annales familiales – était de bonne volonté.
– Vraiment ? renifla-t-il interloqué par ce retournement inattendu de situation. Même si j’ai pas fait exprès, tes livres ils sont cassés maintenant ?
– Tu sais quoi mon grand ? Pour une fois, je décide qu’on s’en fiche. Finalement, ce ne sont que des bouquins et si demain matin tu peux amener l’affiche contenant les plus belles images en repensant au moment où on les aura collées ensemble, alors j’ai tout gagné. Allez, donne-moi ta colle qu’on ait encore le temps de tout boucler.

À quatre mains, ils avancèrent rapidement. Le panneau touchait à sa fin et Arthur en était enchanté ; avec toutes ces couleurs, il faisait son petit effet. Gregory allait s’attaquer à la dernière illustration quand, au dos, il lut le début d’une légende qui retint son attention : « La morale du Sphinx, remède à la créa ». Intrigué, il se mit à la recherche de la page originale que son petit-fils lui retrouva sans difficulté. Le puzzle reconstitué, le texte racontait qu’à l’origine, un énorme rocher se trouvait à côté de l’emplacement soigneusement choisi pour ériger les pyramides de Gizeh. Le pharaon Khéops ne pouvait tolérer que son plus grand chef-d’œuvre soit enlaidi par ce promontoire naturel ; la pyramide devait être la plus haute jamais édifiée, elle servirait de tombeau funéraire, mais serait un modèle d’architecture et un observatoire d’astronomie reconnus de toute postérité. Somme toute, la démolition de cette protubérance aurait été plus coûteuse en temps que l’ambitieux projet de construction. Finalement, une issue inespérée à ce dilemme fut trouvée. En taillant, à même le roc, un sphinx à l’effigie du souverain, on sublima ce site qui assura à Khéops sa renommée. Bien que la plupart ignorent qu’un obstacle fut à l’origine de cette création, force est de constater qu’aujourd’hui encore, et même après ablation de son nez, les touristes se pressent autour de cette merveille.

Voilà le remède qu’il lui fallait ! Transformer un défaut en atout ! Il avait donc besoin d’une contrainte, d’une limite, d’un cadre propice à la créativité ! Il s’était fourvoyé en cherchant une issue dans davantage de liberté… Gregory jubilait intérieurement. Il colla la dernière image et s’empressa de réquisitionner son petit-fils :
– Dis-moi, je viens d’avoir une bonne idée, mais j’aurais besoin que tu m’aides. Si je devais raconter quelque chose, qu’est-ce qui pourrait valoir la peine d’être écrit ?
Arthur semblait y réfléchir sérieusement. Après un long silence, il osa :
– En fait, je sais pas si t’es vraiment fort en histoires ? Faudrait qu’on essaie. Mais je sais qu’avant, ça m’a fait plaisir tout ce que tu m’as dit après ma bêtise et je suis sûr que si t’écris des gentilles choses à Mamie, ben elle va bien vouloir revenir…

Gregory n’eut pas le temps d’accuser réception, on venait de sonner. C’était Aurélie qui, pour s’excuser platement de son retard, avait apporté le souper. Les plats du traiteur thaïlandais embaumaient déjà la maison.
– Tout s’est bien passé pour mes deux hommes ? s’enquit-elle en mettant la table.
Encore déboussolé par la remarque pertinente de son petit-fils, Gregory acquiesça d’un coup de tête et, profitant de la joie qu’Arthur avait présenter leur collage à sa maman, il en profita pour s’excuser un court instant.
L’inspiration, la vraie, celle qui arrive sans crier gare et qui ne s’arrête que pour nous prendre au vol, était au rendez-vous. Il y a encore une heure, il aurait abhorré cette lettre d’excuse, mais là, elle l’habitait. Il s’éclipsa. La première page du cahier bleu allait être le dévidoir sincère de sa bonne volonté. Les mots, ombrés d’amour, coulèrent. Le sentiment du devoir accompli, il referma la couverture et déposa le livre à l’entrée avant de s’attabler.
– Qu’est-ce que ça m’a donné faim tout ça ! enchérit-il en avalant avidement sa première bouchée.
– Encore un grand merci papa, il est splendide votre exposé. Mais, dis-moi, il faut que tu me racontes, c’est quoi cette nouvelle lubie de patinage ?

À nouveau, Gregory ne put lever le malentendu. On venait de sonner. Qu’elle ne fut pas sa surprise quand il ouvrit la porte…
– Greg, je sais que ça fait longtemps, mais je passe parce que je suis vraiment inquiète… lui confia Chantal.
– Oh chérie, mais entre, tu es ici chez toi, il ne fallait pas sonner !
Le doux surnom lui était ressorti spontanément. Bien que d’ordinaire familier, il eut un goût particulier qui fit sourire sa femme. Elle se ressaisit :
– En sortant du travail, j’ai vu qu’Aurélie avait cherché à m’appeler une dizaine de fois, sans laisser de message. J’ai eu beau la rappeler, je tombe direct sur sa messagerie. Je suis vite passée chez elle, mais pas de trace d’Arthur non plus. Vu que c’est tout près, je me suis dit qu’il était peut-être avec toi ?
– Tranquillise-toi, ils sont là. J’ai passé l’après-midi avec lui et elle vient d’arriver. On était en train de manger, tu te joins à nous ?
– Mamie ! lança joyeusement Arthur en lui tirant la main. Je vais mettre une assiette pour toi.
– Toute l’après-midi avec Papi Greg ? Il y a du nouveau par ici… Merci mon grand, comme je suis soulagée de vous savoir tous là. C’est d’accord, je veux bien rester un petit moment.
– Chantal ? hésita Grégory en lui ôtant galammant son manteau.
– Oui ?
– Excuse-moi pour mon caractère de cochon…
– Je ne te le fais pas dire. Si tu veux bien, je pense que ce n’est pas le meilleur des moments. précisa-t-elle en caressant Gaspard qui entrelaçait ses jambes.
– Je sais Chantal, je sais. Tiens, prends ce livre. Les premières pages te sont adressées.

Elle avait refermé le carnet bleu. De la salle à manger, trois paires d’yeux scrutaient sa réaction. Les mots avaient fait mouche. À peine croyable, d’exécrable il en devenait adorable. C’était vraiment un don de savoir trouver dans chaque problème sa solution.

Commentaires (2)

Laure Brienza
17.11.2022

Merci pour les chaleureuses salutations! Oui, le temps a filé depuis ce fameux bon moment, mais j’en n’ai pas méprisé la leçon pour autant. Ayant cultivé l’écriture, dans l’ombre de mon salon et avec une formation, histoire de livrer mon récit de vie en passe d’aboutir, j’ai désormais la tête libérée pour lire et me laisser être lue. Au plaisir !

Webstory
17.11.2022

Chère Laure Brienza, vous voilà de retour! Laure a gagné le 3e Prix en 2019 avec : Choisis bien ton trésor, là aussi sera ton coeur.

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