Créé le: 30.01.2023
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Kasabah

Nouvelle

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© 2023-2024 Pauline Z

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La Casbah est le personnage principal de cette nouvelle sentimentale où le narrateur tente de séduire Nadia, la femme fantasque de son ami Kamel.
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Toi, sous le soleil gorgé de lumière, si vif qu’il m’éblouissait, tu m’as vu naître au milieu de tes entrailles grouillantes de vie. Toi, sous le ciel d’un bleu merveilleux, de ce bleu roi si intensément pigmenté, immaculé et tout particulièrement persan, tu brillais, vieille ville entourée de remparts dorés se teintant en soirée d’une couleur de terre cuite. Toi, du haut de ta mosquée, tu écoutais les plaintes et les appels du muézin monter jusqu’au ciel. Les migratrices s’étaient posées sur le sommet dentelé du minaret au pied duquel j’admirais les côteaux rouge sanguin alternant leurs nuances fauves avec les parcelles de sable mouillé, mouchetées de paillettes ocres. C’était selon qu’on regardait la montagne aux aurores ou aux lueurs précédant la tombée du crépuscule. De ta porte Servana, cette porte d’où jaillissait le bleu céleste de tes murs, murs en mortier de chaux et de briques, je contemplais ton passage comme une invitation à s’engouffrer, comme le ventre d’une femme qu’on pénétrerait pour toucher le fond du plaisir. Toi, tu étais celle qui enfantait les écoliers lorsqu’ils te traversaient, te transperçaient de leurs bavardages et de leurs rires. Ils t’enfournaient par la porte Al Azrak et ressortaient de tes entrailles bleu pastel, bleu d’amour touareg, par la porte Servana en ribambelle se déployant sur la route de l’école. Tes promesses étaient comme le sésame ouvrant la caverne d’Ali Baba, quand tes marchands entrebâillaient les portes violines, bleu turquin, des remises où dormaient les gilets en laine, les vestes en peau tannée, les babouches à la calligraphie dansante. Les sacs de cuir à l’odeur tenace et musqué imprégnaient la ruelle, les sarouels moirés des plis du lin claquaient sous les bourrasques d’un vent chaud. Tous ces trésors se réveillaient sous les mains des marchands qui les présentaient sur un portant en ferraille suspendu aux portes grandes ouvertes. Ici, pans de foulard, dénoué de tissu satiné, là transparence vaporeuse des turbans, soyeuses djellabas à la dentelle noire finement cousue, irisée des couleurs berbères. Bleu céruléen, vert, jaune et leur liseré rouge s’entremêlaient aux blancs des tuniques, non loin d’un étal de bijoux : cristaux et minéraux s’alignaient sur un tissu de soie pourpre et leurs cercles concentriques rayonnaient d’un bleu égyptien hypnotique et imposant de puissance.

 

Toi, tes ruelles s’entrelaçaient de marches me déposant sur des perrons frais et verdoyants d’où perlait l’ombre et où palabraient les habitants aux portes des maisons fraîches. Toi aux demeures dont les étages étaient partagés par des familles de la montagne, toi aux toits vivifiants de fraîcheur nocturne ; toi aux toits d’où résonnaient les prières à l’appel du Muézin ; toi aux toits d’où retombaient en cascades les chants et les échos frénétiques et grisants des darboukas des musiciens ; toi, tu étais un festival de pieds nus voltigeant, de bouches à youyous claquant au-dessus du sol marbré des terrasses.

 

Enfant, j’ai grimpé, dévalé, enjambé, sauté des marches, d’escalier en escalier et de toit en toit. Devenu adulte, j’avais mes entrées dans la boutique de Kamel. Mon ancien camarade de classe vendait des tapis purpurins, orangés, bleu pétrole et bleu Klein, une pile de couvertures au patchwork de couleurs bigarrées. Je me plaisais à regarder les femmes derrière le métier à tisser. Les gens craignaient mon ami Kamel à cause de sa femme dont la réputation outrepassait tes murs. Ils évitaient de les croiser. Madame Kamel, Nadia de son prénom, avait mis au monde une fille, Aïcha après la naissance de laquelle, elle occasionna bien des désagréments. Provoquant un scandale chez toi, brutalement sortie un jour de souk, elle renversa les marchandises, déchira les foulards, troua les couvertures à l’aide de son poignard, jeta à terre les babouches, souleva les étals, renversa les parures. De sa bouche tordue par la colère, elle proféra tout un tas de blasphèmes, finissant par passer alliance avec le Diable. Elle jurait qu’elle pactisait avec lui, criait devant les gens qu’elle lui abandonnait sa liberté, sa personne, tout son être, à partir du moment même où elle prononçait ces mots. Et Iblis* ! Elle était devenue sorcière depuis ce jour et quelques autres où elle se perdit dans tes ruelles Majorelle. Kamel qui redoutait ces crises tempêtait qu’il répudierait sa femme si elle se permettait un écart de conduite.

 

Avec Nadia, jamais je n’eus à m’épouvanter. Lorsqu’elle me croisait avec Kamel, elle lançait : « Ah ! Bienvenue, mon garçon ! Il y a sur la terrasse des petits gâteaux. Ils t’attendent. »  La première fois, je la surpris en pleurs, venue se réfugier dans la remise pour se cacher des regards. Ses larmes silencieuses coulaient sur ses joues, le long du cou et venaient mourir dans le creux des seins. Jamais je ne vis femme plus belle et plus émouvante. Je restais ahuri, ne sachant que lui dire. Un jour, alors que je montais sur le toit, elle me fit asseoir sur un tapis, les fesses calées entre deux coussins et me dévisagea. Elle se mit à fredonner tout en bourrant sa cigarette. Je la regardai fumer, aspirer de grandes bouffées dont elle crachait la fumée, les yeux fermés, alanguie, la tête penchée en arrière. Elle chanta une chanson dont les paroles invoquaient le Shitan puis s’allongea les bras ballants, les jambes retombant sur les coussins. Je l’entendis tousser, marmonner, râler et son râle ressemblait à celui d’un démon à la voix d’outre-tombe et au timbre brutal de mauvais esprit déchaîné. Un cri long, émaillé de soubresauts comme si une âme damnée s’agitait pour s’extirper du corps de Nadia dont la tête retombait sur le ciment s’échappa de sa poitrine et transperça sa gorge. En dépit de tout l’amour que j’éprouvais pour elle, mon poil se hérissa, je descendis les escaliers et me réfugiai dans la boutique de tapis.

 

Ma maison aux plafonds bas et aux murs de chaux se situait à quelques pâtés de maisons de celle de Monsieur et Madame Kamel. La fenêtre de la cuisine qui donnait sur la rue était protégée d’une moustiquaire. Le hall desservait deux chambres, celle de mes parents et la mienne qui faisait aussi office de salon. J’y dormais après avoir divagué au spectacle de la lune et des étoiles que je voyais de la fenêtre. Il m’arrivait de sombrer dans le sommeil sur le toit en présence de mon ami Kamel, après qu’il eut pris la parole pour raconter ses souvenirs de montagnard. Après la guerre, son père était venu tenter sa chance chez toi et sa mère avait commencé à apprendre le métier de tisserande. Un soir, du toit jonché de tapis de prière et de matelas pour la sieste, il me raconta que dès qu’il avait aperçu Nadia agenouillée, à entrelacer les fils de laine, il était tombé amoureux.

— Comme elle a changé ! s’exclama-t-il.

Et de me raconter qu’à l’époque, Nadia était une jeune femme rêveuse mais enthousiaste qui commençait son travail la première. Depuis qu’elle était devenue l’épouse de Kamel, elle donnait l’exemple, veillait à la bonne entente des tisserandes. Kamel me dit en prenant airs sibyllins : « c’est une belle femme.  Quand elle parcourait la Casbah au milieu de la foule, droite et altière, ses cheveux teints au henné, échappés du voile, brillaient de reflets rouges et flamboyants. Ses yeux, deux émeraudes mouvantes, ondulaient sous le regard des hommes et à l’atelier les acheteurs de tapis la remarquaient, elle et sa taille élancée, ses doigts agiles et experts filant la laine. Comme elle a changé ! Maintenant, elle s’enferme dans sa chambre ou s’assoit contre le maillage en fer forgé du moucharabieh. Elle divague. Son esprit s’évade et il est impossible de lui adresser la parole. »

 

De l’autre côté du muret, les toits s’imbriquaient, l’enchevêtrement des maisons entre deux rues étroites et sinueuses formait comme un serpent reflétant les façades bleues. Le hammam étirait ses vitraux illuminés qui éclairaient les murs recouverts de fresques. Les têtes de quatre résistants péris après avoir refusé de se rendre aux soldats français côtoyaient les couleurs du drapeau et le croissant de lune étoilé.  De là où j’étais assis, on pouvait apercevoir la silhouette noire du mendiant Abib Le Vieux. Il gravissait la pente, tenant d’une main son escarcelle, de l’autre la ribambelle des enfants qui travaillaient pour lui. Tout en soupesant les tapis, Kamel ajouta qu’il avait remarqué chez Nadia des signes d’inquiétude à l’annonce de sa grossesse et une agitation nerveuse, inhabituelle, tempêtueuse, peu de temps avant qu’elle accouche d’Aïcha. « Jamais je ne l’avais vue hors d’elle. Ses yeux roulaient sur eux-mêmes et elle se mit à parler d’une catastrophe inévitable sans préciser de quoi retournait l’événement mais en prédisant une calamité qui allait déteindre sur son existence même.  J’ai essayé de lui faire entendre raison mais Nadia n’écoutait pas. Après la naissance de notre fille, elle sombra dans une pernicieuse dépression qui la rendit mutique. Entre deux tétées, elle plongeait dans un sommeil dont rien ne la tirait, ni moi ni la petite aux pleurs retentissants, se désolait Kamel. En désespoir de cause, après avoir fait venir le médecin et l’imam auxquels elle ne dit pas un mot, j’appelai le vieux marabout, Cheick El Ourgan. Je ne sais ce qu’il lui dit mais Nadia se confia, évoqua sa grande contrariété, son échec à n’avoir pu mettre au monde un garçon.  Le vieux sorcier se mit à rire. Rien n’était perdu, assura-t-il. Il valait mieux éviter les remèdes de grand-mère inutiles. Non, il n’existait qu’une seule thérapie, c’était l’usage des feuilles de La démoniaque aux reflets bleutés. Elle poussait dans le Rif et multipliait les chances de concevoir un garçon. Ces feuilles séchées se fumaient plusieurs fois par jour et il était possible qu’elles occasionnassent des hallucinations après lesquelles les hallucinées couraient, s’embourbant dans les idées délirantes qui pouvaient les pousser « par monts et par vaux » selon l’expression du vieux Cheick. Celui-ci jouait sur l’imprécision de la locution pour ne pas avoir à dire dans quel pétrin les hallucinées se fourvoyaient. Mais par-contre, il s’exclamait sur les bienfaits de La démoniaque, assurant que ses patientes ou plutôt ses « expérimentées » disait-il, devenaient mères d’un garçon, un fils dont elles étaient fières de dire qu’il était le digne héritier de la famille. »

 

Kamel s’était interrompu. Il me regardait avec des yeux d’où pointaient la perplexité et m’interrogeait comme se parlant à lui-même : « faut-il que je t’en parle, mon bon Abdel ? As-tu idée de ce genre de procédé ? Il me semble que je te mets en garde en t’en parlant. Je suis sûr que jamais après cette histoire tu n’avaleras pas de cette fumée-là. »

 

La tête penchée dans le vide, je laissais Kamel s’endormir, tendant l’oreille aux bruits des godillots dont je sentis le pas las et lourd, exténué et essoufflé monter la pente. Je reconnaissais les capuches rabattues sur le front, les mains dans les poches du jean, ceux que Kamel appelait les voyous. Ils revenaient à une heure du matin dont ne sait quel voyage de contrebande, quelle course-poursuite dans les rues de la ville neuve. Mes voyous s’introduisirent dans la cour du palais ottoman qui jouxtait le hammam et dont je pouvais imaginer les piliers soutenant les arcades sous lesquelles ils parlaient. Je les entendis deviser, entourés de mosaïques, de carreaux de faïence qui formaient des figures symétriques de la nécessité à rester frères dans la tourmente. L’un d’eux encourageait ses troupes, leur demandait de rester soudées face aux attaques perpétrées par les autres gangs. Puis la voix se tut, suivie de sifflements, et les pas s’éloignèrent. Je sombrais dans le sommeil en chuchotant le prénom de Nadia. Malgré moi, il résonna sur le toit et je m’endormis avec ces deux syllabes dansant sous mes paupières closes. J’imaginais demain, quand je la verrais, je tournais et retournais dans ma bouche les mots que je lui dirais, mots choisis avec délicatesse et diplomatie pour lui avouer mes sentiments.

 

Au réveil, – nous étions vendredi, jour saint consacré à la prière et férié – parée de ses plus beaux atours, elle servait le thé à la menthe, le miel et le pain d’épice. Je ne pus m’empêcher de la complimenter sur sa tenue. Sans doute mon regard avait dû lui paraître insistant car Kamel protesta en haussant la voix. Nadia voulut prendre ma défense et, très vite, les cris de l’un et de l’autre se répandirent jusque dans les escaliers. Le couple hurlait dans un langage fleuri et menaçant qui me laissa pantois. J’éprouvais un contentement inavouable à l’écoute de cette violente dispute durant laquelle Kamel grondait et tempêtait contre Nadia.

Sur ces mots, elle descendit les escaliers, me bouscula sans même me voir et franchit la porte de la maison en courant.

Kamel dit sur un ton philosophe :

— Elle reviendra comme d’habitude.

Ce fut ce moment-là que je choisis pour quitter la boutique sur la pointe des pieds, pendant qu’il se confondait en excuses.

Ni une ni deux, je courus en enjambant les marches et, à cette heure où tes enfants se préparent à la prière, je ne croisai pas grand monde dans tes ruelles. Alors que je bifurquais en traversant sous une arcade, je la vis qui titubait, la reconnut à la somptuosité de la djellabah d’un bleu indigo moiré de teintes gris anthracite. Sans voile, les cheveux détachés, elle manqua de tomber à la renverse, brisa un pot fleuri, s’adossa à la façade en soufflant. La compassion m’étreignit. Une douleur diffuse déversait son flux nerveux jusque dans mes jambes et je courus. Lorsque je fus rendu à sa hauteur et, de peur qu’elle ne tombe, tant elle tremblait, je me collais à elle pour parer à la chute. Nadia posa ses mains sur mes épaules en serrant de toutes ses forces. Elle murmura dans un élan de fièvre qui me fit battre le cœur : « oh ! Mon garçon, je me suis enfuie et tu m’as suivie ! » Puis elle desserra son étreinte, se redressa, et me prit par la main : « viens avec moi chez le Cheick Ourgan. J’ai quelques comptes à régler avec lui. »

 

J’avançais silencieusement, incapable d’émettre un mot. Fasciné par sa beauté, ses yeux verts et tourmentés, ses fesses ondulant sous le tissu de satin, sa main chaude dans la mienne, dont les doigts remuaient pour s’entrelacer aux miens, je me sentais tour à tour électrisé et cotonneux. Résistant à l’envie de m’arrêter au milieu de la ruelle pour l’embrasser, j’étais en extase devant ce moment de grâce que je n’avais pas osé rêver. Enveloppés par le bleu céleste de tes murs, nous avancions en direction de la mosquée d’où retentissait déjà l’appel du muézin implorant la miséricorde et la clémence de Dieu. Nous gravîmes les longues marches qui cavalaient en s’enfonçant dans ton ventre, marches galopant entre les maisons enchevêtrées, d’un bleu réfléchissant la lumière insoutenable du ciel. Nous passâmes devant l’échoppe de Saïd l’épicier qui nous salua d’un geste de la main et devant la maison à portique de la famille Bouchra. La tête levée vers l’encorbellement dont l’ombre s’avançait sur la rue, je cherchais des yeux la couturière à travers la fenêtre en ogive au vitrail gravé de motifs symétriques ou floraux. Après avoir dépassé la maison du cordonnier au patio marbré, nous arrivâmes chez le Cheick. Nadia agita la main de fer forgé contre la porte de bois vernie d’un bleu violine et sculptée de motifs symétriques. Les coups retentirent avec fracas et ne cessèrent qu’au moment où le vieux marabout montra sa tête à travers la grille.

 

« C’est l’heure de la prière, maugréa-t-il avant d’entrebâiller la porte. Que veux-tu ? »

Sa silhouette de vieillard rabougri et noueux, ses yeux couleur de miel qui n’y voyaient plus mais qui vous transperçaient de tous leurs feux me donnèrent la chair de poule. Dans un geste précipité, sa main translucide et parcourue de veines bleues nous assigna d’entrer. Nous le suivîmes à l’étage qui ouvrait sur un somptueux salon à travers la verrière duquel on pouvait admirer la mosquée. Les fenêtres ornées de fer forgé laissaient voir les portes de la salle de prière aux battants ouverts d’où s’échappaient une floppée de babouches. L’Imam venait de commencer son prêche. Sa voix grave égrenait les mises en garde et récitait :  » et ne tends point les yeux vers ce dont Nous avons donné jouissance temporaire à certains groupes d’entre eux, comme décor de la vie présente, afin de les éprouver par cela. Ce que Dieu fournit au Paradis est meilleur et plus durable. »

— Non seulement Dieu ne m’a pas donné de garçon mais je me dispute avec mon mari à cause de ton remède, intervint Nadia.

— La démoniaque ne convient pas à tout le monde.

— Tu m’aurais menti, vieux Cheick ?

Nadia vit rouge. Elle se mit à crier qu’elle avait passé des années à lui donner de l’argent pour rien et se plaignit de ne plus de ne plus avoir de Démoniaque.

— Donne m’en ! suppliait-elle en s’agrippant aux vêtements du Cheick.

Le marabout, agacé, lui répondit qu’elle était libre d’aller voir ailleurs et il tendit la main vers la sortie.

« Tu n’es qu’un charlatan ! » cria-t-elle furibonde.

Nadia releva la tête et dévala les escaliers en pestant. Elle s’était mise à soliloquer et il me sembla qu’elle divaguait. Dans la rue vibrant des paroles de l’Imam dont la voix se chargeait de chaleur et de sollicitude, je l’arrêtai en la prenant par le bras, approchai mes lèvres de son oreille et lui dis à contrecœur : « il vaut mieux que tu rentres chez toi. Si ton mari te répudie, si Kamel t’abandonne, s’il prend une autre femme, si tu t’en vas, j’invoquerai Allah à tout moment pour qu’il te délivre de ce mal qui te ronge. » Elle n’écoutait pas, se tordait les mains en poussant des cris stridents qui couvraient les incantations de l’imam. Tout à son délire, elle déposa un baiser sur mes lèvres, tandis que je la repoussais. Les hommes sortaient de la mosquée encore songeurs et silencieux, faisant claqueter leurs babouches sur les marches blanches. Ils s’avançaient à notre rencontre, nous encerclant de leurs djellabas colorées. Des barbes lisses ou des poils hirsutes se tendaient vers nous, qui me firent perdre Nadia des yeux. Où était-elle donc partie ?

 

Ô, toi le ventre de mon enfance qui accouche de cette romance impossible, protège-la, enveloppe-la de ce voile brumeux et opalescent qui te recouvre au petit matin.

 

 

 

*Iblis = diable

 

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