Questions de Points de Vue

Les diverses actions des personnages membres de la police genevoise peuvent paraitre fantaisistes tout comme celles du personnage du notaire. L'adéquation entre fiction et réalité n'est pas le but de ce texte qui comporte son lot d'expressions crues et est donc destiné à des adultes.
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Questions de Points De Vues                 par A.Bartell

 

7°Franchement, c’est difficile de comprendre que pour des millions de gens, le rêve, c’est le best-seller. Même si c’est franchement mauvais, épouvantable même d’après des gens qui savent vraiment écrire, même si c’est genre The Devil Wears Prada ; y a qu’en lisant la version originale qu’on peut comprendre à quel point on touche le fond. Le film, par contre, un vrai chef-d’œuvre. Pour une fois, c’est à l’envers. Et ces millions de gens, ils veulent écrire. Enfin, y veulent pas écrire pour écrire, c’est ni des Jean-Jacques Rousseau ni des Marcel Proust. Ce qui veulent en secret, c’est pas juste être lus. Même si s’en rendent pas compte, y veulent être lus et découverts. Par un producteur scénariste qui tournera leur torchon en milliards d’entrées tout autour de la planète qu’on habite pour l’instant. Sauf qui s’y mettent jamais, c’est bien plus commode, ça reste un rêve, un truc possible parce que si s’y mettent et vont pas au bout, eh ben le rêve, y pète. Autant jamais commencer ; comme ça, c’est toujours possible. Schrödinger’s Cat en quelque sorte. Sauf que c’est pas à ça que ça doit servir, un rêve, parce qu’un rêve, c’est vraiment juste avant la réalité. Une seconde avant. C’est pas un chat mort ou vivant dans un boîte qu’on veut pas ouvrir.

N’empêche que ces millions de gens, qu’est-ce qu’ils feraient si y devaient simplement porter plainte, hein ? Comment ils écriraient ? Avec des tas de tournures de phrases tellement savantes qu’au final, le pauvre bonhomme bleu, il y comprendrait rien ?

Déposer plainte, ben oui, y a tout pour. Violation de domicile mais c’est plus compliqué. Et quand la très jolie Schtroumpfette, elle voit les deux trucs sortis du sac à dos, elle a des tas de cheveux qui deviennent tout raides tout d’un coup.

-Attendez avant de commencer à écrire quoi que ce soit, il faut que je ressorte un dossier.

-Ben j’ai déjà rempli nom et adresse.

Elle lit à l’envers. Et là, les cheveux tout raides se demandent s’ils vont pas tous tomber tout d’un coup et se retiennent autant que possible parce que ça ferait désordre.

-Vous habitez là ?!?

-Pas encore. Mais bientôt. Je suis en train de déménager.

-Il va falloir que vous m’expliquiez mais il faut que je ressorte le dossier. J’en ai pour cinq minutes. Et évitez de les toucher.

-Ben pourquoi vous croyez qu’ils sont dans un sac congélation ?

 

10°Dans cinq minutes, on serait demain, on retrouverait le calendrier qu’on a trois ans sur quatre et on serait le 1er mars.

Un dernier regard à la grande vitre du poste, le sac à dos comme poche kangourou sous l’anorak. Déposer plainte, oui mais non, pas avant d’avoir des empreintes en béton et de l’ADN de compétition. Et pis aussi parce que l’officier qui relit les rapports, il aurait pas cru. Et franchement, mettre la si gentille Dame en Bleu –qui porte zéro bague- sous les feux de son supérieur, re-non.

Mais puisqu’y a que quelques minutes, il faut bien revenir un peu en arrière. Un peu, façon de parler. Un peu pour commencer, puis un peu beaucoup, nom d’un chien. Ça risque de pas forcément être dans le bon ordre mais ça suivra quand même la logique de tout le truc avec une sorte de parcours fléché numéroté pour ceux qui préfèrent le chronologique.

Retour au matin vers 10 heures.

 

5°Quand on a un 29 février au programme et qui faut même pas aller bosser parce que c’est un des hyper rares samedis de congé de l’année, qu’est-ce qu’on fait, hein ? On boit l’café au lit, on pousse Marcel qui prend forcément toute la place en large comme d’hab, on ouvre les stores. Couvert, d’après les nuages dans les vitres de l’immeuble en face. Et pis après, on bouffe, nom de bleu. Et faut bien faire un saut au 72 Chemin SurLoup, histoire de continuer à s’installer une paire de chaussettes à la fois même si tout ça, c’est encore vachement surréaliste. Presque quinze jours et toujours pas de changement d’adresse. Pas de croissants avec le café. Cas classique de cordonnier et de godasses. Bon, forcément, le réflexe bouffe autour de la villa, c’est l’auberge du village, le menu bison et un grand verre de Chevalier Noir. Et comme le 72, il est à même pas quatre cent mètres tellement on voit le resto depuis la boîte à lettres, on se prend même pas le chou pour le parking.

Ce serait le bon plan mais la dernière virée en direction de l’auberge est récente ; fallait bien célébrer. Donc Black Tap ou Holy Cow.

Avec une préférence pour le Black Tap, sauf qu’y prennent pas de réservations, que les tables sont vachement proches les unes des autres et qu’on a une collègue qu’a une fille qui bosse là-bas le week-end quand elle peut et qu’a une grippe un peu louche, un machin vachement étrange qu’elle aurait pas dû choper parce qu’elle se fait vacciner tous les automnes, un truc qui l’éreinte comme c’est pas permis, tellement qu’elle est complètement raplapla même si elle est sportive d’élite. Et pis jeune, en plus. A se demander ce que ça pourrait donner sur des vieux. Ou simplement des plus vieux. Ça pourrait être vachement moche. N’empêche que là, y faut croire que le vaccin, il a pas pris comme il aurait dû. A la trappe le Black Tap. Holy Cow à l’emporté, quitte à bouffer dans la voiture. Ou à tout réchauffer dans les appareils de la villa même si le micro-ondes, pour l’employer, faut un brevet de pilote.  Deuxième café avant dîner. Allez, Marcel, pousse-toi. T’es content de déménager pour de bon ou tu t’en fout?

 

En faisant la queue devant le Holy Cow de la rue de Carouge, son regard accroche un petit groupe, une famille sans doute, dont l’un des enfants s’est fait pousser des roues à la place des jambes. Dans un demi-sourire attristé, ça lui rappelle la famille éloignée de l’ex, l’aînée des deux enfants gravement malade d’une de ces injustices génétiques qui ne guérissent jamais.

1°A l’époque, il y avait beaucoup d’heures sup sur la planche, des mandats délirants pour tout le gratin des organisations internationales du Petit-Saconnex et même au-delà, heures très grassement payées de la main à la main. Et la famille de l’ex qui tirait trop souvent le diable par la queue habitait sur le trajet, à deux pas de Balex. Cas classique d’occasion et de larron.

Et maintenant, je fais quoi ? Le Nain de Jardin, il a dit. Ou elle, je sais pas. Arrêter de trembler. Aller à la boîte à lettres. Ouvrir le compartiment. Prendre l’enveloppe. Mais pourquoi y a huit cent francs dans l’enveloppe, hein ? C’est qui, le Nain de Jardin avec sa voix de souris de Cendrillon ? Qu’est-ce qu’il veut, hein ? C’est quoi ce cauchemar ?

La première fois, la petite maman terrorisée si anxieuse a tellement tout gardé pour elle que l’enveloppe est restée intacte dans un livre empoussiéré signé Freddy Girardet offert un Noël par le grand-père. Puis il y en a eu d’autres, toujours précédées d’un coup de téléphone avec cette voix improbable à l’autre bout. Beaucoup d’autres enveloppes et même qu’une fois, c’est plusieurs gros billets pleins de fourmis qui étaient dedans. Et comme ni menaces ni demandes de rançon pour un crayon ou une gomme ne suivaient jamais, la petite maman n’en devint plus si terrorisée, partagea avec son mari d’abord puis avec les enfants jusqu’au déménagement dans le logement rêvé idéal pour l’aînée. Et les téléphones vers vingt et une heure venant de Balexert cessèrent alors sans que jamais le Nain de Jardin à la voix hérissante ne puisse être identifié.

Et vous, n’aimeriez-vous pas avoir un tel Nain de Jardin pendant des mois même s’il parle comme une souris ?

 

6°C’est peut-être le temps couvert ou ce truc dans l’air, mais c’est comme si tout Genève s’était donné rendez-vous une dernière fois au Holy Cow. Pas question d’y rester pour bouffer, et comme un saut à la villa est prévu de toute façon, autant y aller. Autoroute sortie Versoix, monter sur le haut de la rive droite et voilà.

Ça fait bizarre d’avoir cette clé là au trousseau avec le badge. Y a pas besoin de badge pour l’appart des Avanchets. Y faudra du temps pour s’habituer à ce que là, c’est la maison. Et Charles qu’est plus là… Y fait bon à l’intérieur, contrôle de température via smartphone oblige. Pis les lumières savent tout de suite qui arrive. Et là, en février, c’est déjà vachement joli mais alors, qu’est-ce que ça doit donner en été avec jardin et piscine ! Parce que pour l’abri électrique et le chauffage de l’eau, on verra quand on aura le temps de lire le truc sur les panneaux solaires.

Tiens, les rideaux du salon sont de bizingue. Nan, pas de bizingue, coincés dans la porte-fenêtre. Et elle est bien fermée à clé. Y a pas un bruit. Rapide coup d’œil au contrôle : aucune alarme signalée non plus. Pas d’appel en absence. Mais alors pourquoi les rideaux, y sont coincés dans la porte-fenêtre ? Et pourquoi y a de la lumière à la cave ? Merde, ça bouge. Y a quelqu’un ? Hein ? Y a quelqu’un ?

Noir salle.

Puis pénombre comme une fin d’après-midi à l’orée de mars, noir gris foncé qui les laisse tout de même se détacher lentement sur le carrelage du sol de la cuisine.

 

3°-Domi, il faut que vous arrêtiez de me gâter comme ça ! Vous savez depuis combien de temps je n’ai pas acheté de pain frais ? Ou de pâtisseries ? Ou de viennes en cage ?

-Monsieur Charles, vous en faites pas. Ça manque à personne.

-Vous n’avez pas répondu à ma question ! Et depuis le temps, votre générosité va vous attirer des ennuis.

-Je peux passer chez vous vendredi soir ? Je vais travailler un nouveau truc, un pavé genre miroir chocolat noir/framboises. Ça, je sais, c’est plutôt un classique. Mais il va y avoir plusieurs couches de mousses les unes sur les autres avec des génoises ultra fines et la dominante, ce sera de la vraie gelée que ma sœur fait avec les framboises de son jardin.

-Ah, de la gelée sans tous ces grains, c’est le rêve, ça ! Et quel est votre rêve à vous ?

-Une cabane dans le jardin de ma sœur ! Nan, je plaisante. Ou pas. Merci d’être mon cobaye comme d’hab.

-A votre service !

-Alors à vendredi. Et pas de folies sur l’autoroute. Vous allez où, là ? Gstaad ou Lugano ?

-Mon patron monte en Allemagne avec Madame ; je vais pouvoir décrasser un peu le moteur entre Stuttgart et Munich !

-Ouais ben pas de bêtises quand même, hein.

-Vous me connaissez ! Mais en parlant de bêtises, Madame Maurel, eh bien, vous voyez ce que je veux dire…

-Elle a de nouveau oublié ses dents dans l’ascenseur ? Je m’en occupe tout de suite.

-Merci infiniment. Et Dominique ? Un bienfait ne reste jamais impuni, vous savez. Et ça fait plus de huit ans.

-Ah bon ?

-Depuis que vous avez emménagé.

-Vous croyez ?

 

8°-Heureusement que vous avez échappé à l’agression. Vous n’avez vraiment vu personne ?

-Nan, personne. J’ai juste entendu, c’est tout. Je sais même pas par où y sont partis. Et c’est vrai que ça aurait pu mal tourner. Bon, j’aurais sûrement pu me défendre, mais je sais même pas si y a un rouleau à pâte à la cuisine. Et comme je viens de dire à votre charmante collègue, vous comprenez que je peux quand même pas garder ça chez moi ; j’ai jamais vu ni le pt’it cadre ni le…machin. On pourrait croire qu’y vient de chez Claire’s d’ailleurs.

-Claire’s ?

-Vous connaissez pas ? Un magasin pour filles. Ma nièce adorait y aller quand elle était pt’ite, je l’emmenais souvent le mercredi après-midi. Mais çui-là, quand on le tient, on voit bien qui peut pas venir de chez Claire’s, il est bien trop lourd. Et pis la signature, là en bas, moi le prénom, ça m’inquiète. Lui aussi on dirait un vrai. Avant qui se coupe l’oreille. Je vous jure, je sais pas d’où y sortent.

-Sur le carrelage de la cuisine, vous avez dit ?

-Ouais.

-Vous savez, ça ressemble à une intrusion furtive.

-…Hein ?

-Quelqu’un qui a les clés et qui connait le code est venu chez vous.

-Et il a laissé ça dans la cuisine ?!?

-Ça m’étonnerait que ce soit volontaire. Donc vous confirmez : vous n’avez jamais vu ces objets chez vous ?

-Jamais. Jusqu’à cet après-midi. Et comme y sont pas à moi, ben voilà, je viens vous les rendre. Je veux pas qu’on m’accuse de je sais pas quoi !

-Ils ne sont pas à nous non plus, vous savez. Et personne ne vous accuse. Ma collègue va revenir dans une minute avec le dossier. Vous patientez ?

 

Dans l’établissement médico-social quelques rues plus loin, une dame d’âge antique s’est paisiblement endormie pour toujours en serrant tout contre elle un chemisier en taffetas qui était devenu son doudou au lendemain de son accident vasculaire cérébral. 2°Un chemisier chatoyant qu’elle n’avait jamais payé parce qu’il lui avait été offert par une générosité croisée par hasard comme dans un rêve lorsque Manor était encore La Placette, un chemisier convoité mais bien trop onéreux pour ses modestes moyens. En la découvrant si sereine et le sourire aux lèvres, l’équipe des soignants remercie le ciel de leur offrir l’image d’un passage tout en douceur pour une fois. S’en aller paisiblement en dormant, n’est-pas là une sorte d’idéal ?

 

4°-Voici les clés et le badge pour la télésurveillance. Vous n’avez plus qu’à signer ici. Vous trouverez de plus amples informations sur l’île de la cuisine.

-Parce qu’y a une île dans la cuisine ?

-Nous y sommes pourtant allés ! Aimeriez-vous revoir les photographies ?

-Oh que non, Maître. Mais si je refuse, à qui elle va, la maison ?

-Elle sera vendue aux enchères au profit de l’Etat. Il y a opposition au testament, bien naturellement déboutée. Vu l’estimation de l’objet en question, j’ose vous suggérer de signer d’abord et de vendre après si vous ne souhaitez pas y résider.

-Vous savez toujours pas pourquoi il me laisse tout ça ?

-Rien de plus que ce que nous avons lu ensemble la semaine dernière et tout à l’heure.

-Mais moi, j’ai jamais rien fait pour lui ! J’ai jamais rien fait pour personne, d’ailleurs. Rien qu’on puisse pas acheter à la boulangerie, que j’sache.

-Je ne puis malheureusement rien vous dire de plus, je n’en sais pas davantage, pas plus que vous. Vous m’en voyez navré. Charles était sans descendance et en tant que propriétaire, il a disposé de ses biens comme bon lui semblait, en toute liberté et en toute légalité. Vous signez ?

-Si je signe, j’ai le droit de prendre Marcel avec moi ?

-Marcel, Denis, Jacqueline, qui vous voulez !

-Nan, vous comprenez pas. Marcel, mon Maine Coon. Mais il est bien élevé, vous savez ; y se fait pas les griffes n’importe où, juste sur son arbre.

-Vous signez, vous êtes chez vous. Avec qui bon vous semble. Marcel pourra toujours tenter de se faire les griffes sur les marbres des salles d’eau !

-Vous pouvez me laisser cinq minutes ?

-Je vous en prie. Faites.

Nom de bleu ! Charles laisse tout ce qu’il a possédé à son voisin Dominique B. Comme si un chauffeur, aussi courtois soit-il, pouvait avoir accumulé une telle fortune au fil des kilomètres. Le modeste 120m2 excavé des années ’70 sur parcelle arborisée de 3’000 m2 est devenu un luxueux loft trois fois plus spacieux au fil des décennies, la piscine ayant été creusée avant la construction des deux ailes transformant le petit rectangle en U avec le plan d’eau en son centre. Et la provision pour tous les frais annexes existe, bien entendu. Cette signature ne vous coûtera pas un centime, Charles a tout prévu, bien entendu.

Ben voyons.

Comment Charles est devenu propriétaire de tout ça, pourquoi il n’y a jamais habité et pourquoi ce n’est pas un vague neveu qui en hérite se perd dans une sorte de cotonnade nuageuse aux allures de bourdonnements d’oreilles que le texte abscons de l’acte notarié n’a fait qu’amplifier. Stratus et charabia.

Prendre l’air cinq minutes dans la rue du Rhône. Ou faire un saut au rayon bouffe de la Placette même si ça s’appelle plus comme ça. Combien de temps elle l’aura porté, le chemisier ?  Marcel a plus de croquettes.

-Excusez-moi, y aurait pas moyen d’avoir un verre d’eau ?

 

11°-Ah tu fais chier, quand même. T’es vraiment trop con ! Mais qu’est-ce qui m’a foutu un connard pareil ! Mais comment t’as pu les perdre, les deux qui valaient vraiment quelque chose, forcément, pas l’argenterie de la tante Agathe. Mais comment t’as pu, hein ? Et tu sais même pas où, j’imagine.

-Aïe ! Ben non. Mais on pourrait refaire tout le parcours en sens inverse ? Aïe !

-Et finir au trou ! Mais qu’est-ce que t’es con ! Ça devrait pas être permis, une couche pareille ! On aurait dû être seuls, tu comprends ? Seuls, bordel ! Sur tous les coups ! Et on a même rien du dernier avec tes conneries !

-Aïe ! Mais aïe ! Arrête ! On pourrait déposer plainte ? Mais aïe ! On pourrait pas ?

 

9°-Navrée de vous avoir fait patienter aussi longtemps. Voilà, c’est bien ce que je pensais. J’ai retrouvé le dossier que je cherchais. Tenez-vous bien, il concerne les deux objets. On fait régulièrement le point sur ce genre de cas.

-Ah, c’est bien, ça. On va au moins pas pouvoir m’accuser de les avoir volés.

-Volés, oui, ils ont été volés. Les deux en même temps, au tout début des années 80. Quarante ans. Juste pour être au clair, vous habitiez déjà Genève dans les années 80 ?

-Oui, et j’allais à l’école primaire de Sécheron.

-C’est vrai. Voilà, jetez un œil aux photos.

-Ah ben oui, c’est bien les mêmes ! Ah ben tant mieux, vous allez pouvoir les rendre à leur propriétaire !

-Justement ; là, on a un petit problème mais une chose à la fois. Il faut que vous changiez le code le plus vite possible.

-Déjà fait. Y a cinq minutes. Par smartphone. Le badge suffira pas, y faudra le nouveau code, ou alors l’alarme pète.

-Bon. Et les cylindres aussi. Prenez des clés protégées.

-Mais ça va me coûter une blinde !

-Je pense que vous devriez pouvoir vous offrir ce petit luxe. Soit avec le bracelet, soit avec le petit tableau.

-Alors y sont vrais, hein ? Y sont vrais, nom d’un chien !

-Oui, ils sont vrais, comme vous dites. Authentiques et authentifiés. Vous pouvez lire les documents y relatifs même si je n’ai pas le droit de vous laisser voir ni la plainte ni le rapport de l’époque.

-Attendez, là. Moi, je viens les rendre à leur propriétaire. Faut que vous le retrouviez, c’est votre job ; j’ai pas envie de finir à Champ-Dollon, moi !

-Ça va être difficile ; leur propriétaire et toute sa famille ont été déclarés morts lors du tremblement de terre de 1985 au Mexique. Et ce n’est pas le seul problème. Le bracelet comme le tableau n’ont plus jamais refait surface depuis qu’ils ont été volés dans une villa sise au 72, Chemin SurLoup. Louée à un ambassadeur à l’époque. L’adresse vous dit sans doute quelque chose. Par acquis de conscience, on va quand même voir s’il y a des empreintes intéressantes dessus. Et il faudrait que quelqu’un vous accompagne à la Villa SurLoup dès que possible pour empreintes et ADN.

– Y faut que je repasse à mon appart des Avanchets. C’est vous qui venez avec moi ? Vous êtes allergique aux poils de chat?

-Ni l’un ni l’autre.

-Vous avez vraiment un très beau sourire, vous savez.

-Merci. Deux inspecteurs vont vous suivre jusqu’à votre appartement et on vous accompagnera à la villa immédiatement après. Est-ce que je peux vous donner mon avis sur le type de plainte que vous pourriez déposer suivant les résultats empreintes et ADN ?

 

12°Minuit moins cinq. Dans six minutes, on serait demain, on retrouverait le calendrier qu’on a trois ans sur quatre et ce serait le 1er mars.

Un dernier regard à la grande vitre du poste, un geste d’aurevoir aux messieurs-dames en bleu qui ont été aussi serviables que logiques, le sac à dos comme poche kangourou sous l’anorak, demi-sourire incrédule parce qu’en plus de la villa acceptée avec reconnaissance à mi-février, Domi et son escorte vont chez Marcel avec une fortune incroyable, deux petites choses qui peuvent affoler les ventes Christie’s ou Sotheby’s  et qui elles aussi vont enfin pouvoir rentrer -provisoirement ?-  à la maison à défaut de retrouver leurs propriétaires d’origine.

Cette idée-là ne suggère-t-elle pas la prémisse du scénario parfait d’une telenovela à succès ?

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