CONCOURS 2012
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Quelle muse m’a piqué ce matin?

Sur les plus belles montagnes de la planète, par une belle matinée ensoleillée d’un début d’Automne, alors qu’un léger vent balayait les quelque feuilles mortes qui trônaient sur la grande allée centrale fleurie, le soleil, frondeur et triomphant, dominait ce matin d’automne. Ce dernier éclairait les plus longs pics des montagnes et ses rayons réchauffaient et adoucissaient l’atmosphère. On sentait que quelque chose d’important se préparait.

Le ciel, débarrassé de nuages, resplendissait d’un bleu éclatant et électrisant et se reflétait dans les profondeurs infinies du grand lac d’à côté.

Plusieurs groupes d’oiseaux, classés par espèces, sillonnaient le ciel bleu éclatant et électrisant, de long à large. Les plus talentueux d’entre eux, entonnaient des chants mélodieux, d’autres parcouraient seulement le ciel et faisaient parfois des haltes, en se posant sur les arbres, quelque peu dégarnis. Ensuite, ils reprenaient leur périple céleste, au dessus de la grande prairie. Au milieu de la prairie, se dressait, dans un enclos protégé, un grand feu composé de bougies à peine consumées, et exposé aux regards de tous. Un peu plus loin, se dressait une longue et imposante table-autel, recouverte d’une longue nappe tressée et ornée de fils d’or. Au milieu de cette belle table-autel, on pouvait trouver le grand livre des neuf arts importants et de la connaissance. Près de ce livre, trônaient neuf anneaux et neuf baguettes, le tout en or. Chaque anneau et chaque baguette, représentait un art particulier, une activité artistique. En bout de table, neuf chasubles blanches ornées de fils d’or étaient posées là, les unes à côté des autres avec neuf couronnes de lauriers d’or. Autour de la table, il y avait de belles décorations florales et odorantes qui s’étendaient le long du tapis qui traversait la prairie et disparaissait derrière des arbrisseaux. Tout était prêt pour la grande cérémonie. Peu à peu, la prairie se remplissait d’un public hétéroclite et intergénérationnel.

En face, étaient regroupés de nombreux animaux, rangés par espèces, qui contemplaient les humains. Au fur et à mesure que les gens arrivaient, une fume blanche se dégageait et devenait visible. C’était de l’encens pontifical qui embaumait et parfumait ainsi les narines.

Soudain, on entendit le fameux chanteur de l’aube et de l’aurore, le coq, qui entonnait ses éternels refrains matinaux, à la surprise du plus grand nombre. Sans doute était-il mis en voix par tous les premiers rayons de soleil. Les vocalises tonitruants du gallinacé amusaient la galerie qui semblait comme fascinée par tant de décibels. Notre volatil mâle, le coq, s’égosillait et s’époumonait dans un grand silence de l’Assemblée, pendant au moins dix minutes, en battant des ailes. C’était un grand spectacle étonnant et inédit !

Lorsqu’il se tue brusquement, l’Assemblée sursauta. Les gens se remirent à discuter entre eux, se demandant impatiemment, ce qui allait suivre. On entendit frapper neufs coups espacés, puis deux groupes d’enfants s’avancèrent sur le tapis. Le premier groupe d’enfants était habillé de la même façon et était composé de neuf personnes. Ces neuf enfants portaient, chacun un joli bouquet de fleurs. Derrière le premier groupe, un second groupe d’enfants suivait, en jouant de différents instruments de musique. Les enfants avancèrent, sous les acclamations du public et les cris des animaux, conquis. Leurs pas étaient décidés et rythmiques. Une fois les enfants parvenus à la hauteur de la table-autel, on indiqua à chacun des neuf enfants le lieu où ils devaient se placer, les autres se postèrent près de quelques arbrisseaux, où trônaient des portraits de Zeus et de Mnémosyne, de l’Olympe et des neuf muses antiques.

Tout d’un coup, en entendit un gong retentir et un homme grand et imposant s’avança sur le tapis, tenant une grande flamme à la main. Il était précédé de neuf officiels en uniformes.

Ils marchèrent d’un pas déterminé, sous les yeux ébahis des spectateurs. Dès qu’ils atteignirent la hauteur de la table-auteur, on déposa la grande flamme sur un support et on leur indiqua où ils devaient se placer, puis un grand silence se fit entendre. Le public semblait retenir son souffle.

On pouvait entendre des battements d’ailes. En même temps et d’un même mouvement de tête, tout le monde tourna la tête et leva les yeux au ciel. Une délégation d’oiseaux survola le tapis, tels des seigneurs du ciel. Les oiseaux se posèrent sur les arbres, non loin de la table-autel. À peine, s’étaient-ils posés sur les arbres dégarnis, on entendit une mélodie, tous les regards se tournèrent vers la direction d’où venait le bruit, la mélodie et là, le spectacle était fascinant.

Neuf femmes s’avancèrent, chacune à leur tour, et à leur rythme. Elles étaient habillées de la même manière, mais leurs accessoires étaient bien différents. En effet, ces accessoires représentaient l’art dans lequel, chacune excellait avec talent. Tous les symboles de la connaissance, des activités artistiques et leurs qualités étaient présents. Tous les symboles reprenaient les caractéristiques distinctives de chaque muse. Nos neuf muses s’avancèrent lentement sur le tapis, à intervalle régulier, saluant de la tête, le public massivement conquis. Leur démarche était très gracieuse, on aurait dit des déesses antiques tellement, elles rayonnaient et resplendissaient en cette belle matinée d’automne. La première muse, tous ses accessoires à la main, parvint à la hauteur de la table-autel. Elle posa tous ses accessoires sur la table. Elle se laissa entrainer en bout de table par la maîtresse de cérémonie qui lui remit une chasuble blanche ornée de fils d’or. La muse s’empara de la chasuble. La maîtresse de cérémonie fit signe à deux personnes pour aider la muse à revêtir son habit.

Ensuite, la maîtresse de cérémonie prit une couronne de lauriers d’or des deux mains et la posa sur la tête de la muse et s’inclina devant elle. Puis, la maîtresse de cérémonie invita la muse à prendre l’anneau d’or et la baguette d’or qui lui correspondaient. Une fois apprêtée, la muse se retourna, tout sourire, vers l’Assemblée qui l’acclama avec ferveur. La muse suivit la maîtresse de cérémonie qui l’amena près du globe terrestre. Elle s’asseya sur le premier trône qui lui était réservé. La maîtresse de cérémonie vint accueillir la deuxième muse qui parvint à la hauteur de la grande table-autel. Elle posa tous ses accessoires sur la table. Elle se laissa entrainer en bout de table par la maîtresse de cérémonie qui lui remit aussi la deuxième chasuble blanche ornée de fils d’or. La deuxième muse s’empara de sa chasuble. La maîtresse de cérémonie fit signe à deux personnes pour aider la muse à revêtir son vêtement.

Ensuite, la maîtresse de cérémonie prit la deuxième couronne de lauriers d’or des deux mains et la posa sur la tête de la deuxième muse et s’inclina devant elle. Puis, la maîtresse de cérémonie invita la muse à prendre le deuxième anneau d’or et la deuxième baguette d’or qui lui correspondaient. Une fois apprêtée, la muse se retourna, tout sourire, vers l’Assemblée qui l’acclama aussi avec ferveur. La deuxième muse suivit la maîtresse de cérémonie qui l’amena près du globe terrestre. Elle s’asseya sur le deuxième trône qui lui était réservé. Ensuite, la maîtresse de cérémonie vint accueillir la troisième muse qui parvint à la hauteur de la grande table-autel et ainsi que les autres muses suivantes de la même façon, selon le même protocole. Alors que la neuvième et dernière muse prenait place sur le dernier trône qui lui était réservé, la maîtresse de cérémonie annonça la suite des événements de la cérémonie. Elle fit signe aux neufs muses de se lever et de venir vers elle. Elle les regroupa en deux groupes sur la grande allée.

Une musique douce de recueillement s’éleva lentement, l’Assemblée avait la tête baissée, les animaux étaient très calmes. Lorsque la musique s’arrêta, la maîtresse de cérémonie fit signe pour qu’on lui apporte la grande flamme. Elle se plaça sur la grande allée et la remonta en procession. Au moment où elle arriva auprès des neuf muses, elle sentit une légère pique sur sa jambe droite. Elle ne laissa rien paraître mais d’une main, elle saisit discrètement l’objet qui l’avait piqué et le dissimula au niveau de son obi et continua comme si de rien n’était. Une fois au niveau de la table-autel, elle posa la grande flamme sur un support sur la table-autel.

Elle demanda à ce qu’on rallume les bougies et qu’on lui apporte un globe terrestre. Elle fit tournoyer le globe terrestre en fermant ses paupières. Lorsqu’elle les rouvrit, son index était posé sur un endroit choisi au hasard. Ce lieu, c’était la ville de Genève. Tout le monde applaudit joyeusement. La maitresse de cérémonie expliqua alors que la Muse qui sera choisie, devra, dès ce soir, s’envoler pour Genève enfin de faire connaître son art et afin de répandre ses connaissances. Elle indiqua qu’un bureau en coworking avait été réservé pour une période d’une année dans la maison qui célèbre les muses, La Muse.

Elle ajouta que le choix de la Muse lui avait toujours semblé difficile et que finalement un événement inattendu et anodin s’était produit et l’avait guidé sur son choix. C’était plus facile de s’en remettre au destin. Elle dit : – « Je ne poserai qu’une question, quelle muse m’a piqué ce matin ? »

On entendit un brouhaha non loin de là, qui laissait supposer que le public était en approbation. Tout le monde se regardait, étonné. La maitresse de cérémonie brandit alors la baguette d’or qui était cachée dans son obi et répéta : – « Alors quelle muse m’a piqué ce matin ? »

 

Quelle muse m’a piqué ce matin?

Les muses se regardèrent, les unes les autres, avec des yeux hébétés. Elles vérifièrent que leurs baguettes étaient toujours près d’elles. Une muse se détacha des huit autres et s’avança, quelque peu embarrassée. La maitresse de cérémonie l’invita à s’installer sur l’estrade mobile et présenta l’élue à l’Assemblée en folie. La maitresse de cérémonie se tourna vers la foule pour indiquer que la cérémonie prenait fin. Elle remercia tout le monde et leur fit ses adieux. Elle s’installa sur l’estrade mobile et fit signe au cortège d’avancer. Le cortège mettant ainsi fin à la cérémonie démarra, avant que la foule en liesse ne se disperse. Le cortège traversa la vallée avec la muse couronnée qui allait s’envoler vers son destin genevois.

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