Créé le: 23.04.2014
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Première fois en avion

Fiction

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Le voyage en avion perturbe énormément!
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Première fois en avion

Un voyage pittoresque en avion sans précédent de Célestin de Nargery, un paysan épris de son métier, qui prenait l’avion pour la première fois de sa vie, accompagné de son oncle, un exploitant agricole internationalement reconnu.

Le cousin paysan, dans une tenue pittoresque, accompagnait donc son oncle qui voulait l’initier aux affaires familiales, dans un long voyage en avion. C’était évidement la première fois que Célestin de Nargery prenait l’avion, d’où quelques dialogues croustillants et savoureux avec son oncle sur ses premières impressions.

Célestin de Nargery était un personnage attachant, quoique, quelque peu naïf et exubérant! Il a d’abord eu des problèmes à la douane car, on a retenu sa chèvre, et toutes les différentes viandes cuisinées qu’il voulait transporter, d’où sa colère, et son humeur! Il a dû donc se séparer de sa chèvre préférée, n’est pas Seguin qui veut! Les vétérinaires de l’aéroport ont été très fermes et inflexibles à ce sujet.

Puis, il y a eu l’angoisse de l’escalator que Célestin de Nargery n’avait jamais pris de sa vie. Il s’agissait peut-être de la peur de l’inconnu, pour Célestin de Nargery. Toujours est-il qu’au moment de prendre l’escalator, il s’est agrippé de toutes ses forces, et les mains de chaque côté. Il était paralysé par la peur. Malgré son oncle qui le rassurait et qui lui disait de faire comme lui, il n’a pas pu surmonter sa peur de l’escalator.

Finalement, son oncle a pris l’escalator seul avec les bagages à main et Célestin de Nargery a pris les escaliers et il est arrivé en haut, très essoufflé et des grosses gouttelettes de sueur perlaient et glissaient le long de son visage. Il s’est essuyé le front, les tempes, les ailes de son nez, ses bajoues et le duvet qui ourlait sa lèvre supérieure, d’un revers de sa manche! Il avait l’air si inconfortable et respirait si vite! Il s’est effondré en haut, à la dernière marche.

Son oncle est venu à sa rencontre, pour l’aider à se relever et l’a un peu sermonné sur son comportement, qu’il jugeait, quelque peu théâtral. Certes, il comprenait que c’était la première fois que son neveu prenait l’avion, mais il devait apprendre à se dominer et surtout à se canaliser. Son oncle le mena se reposer dans un siège de la salle d’embarquement.

Ensuite, une fois installé dans l’avion avec son oncle, Célestin de Nargery n’a cessé de se plaindre et ce, sans arrêt. Mais à la vue des jolies hôtesses et de leurs sourires, il a cru par mégarde, qu’il leur plaisait vraiment. Après tout, pourquoi elles lui souriaient autant et lui parlaient si gentiment. Jamais aucune femme ne s’était comportée de la sorte avec lui. Il en fut tout troublé et leur souriait abondamment en retour! La lèvre qui souriait pour séduire, Célestin de Nargery avait l’œil qui frisait! On pouvait alors sans mal, deviner ses profonds états d’âme!

Pour se détendre, Célestin de Nargery essaya de brancher l’hôtesse qui les avait conduits à leur siège, celle-ci l’a rembarra sèchement avec politesse. Il avait même eu quelques mains baladeuses sur des hôtesses qui passaient et puis, il se cachait pour sourire de ses conneries, sa main sur la bouche.

Surprises, certaines hôtesses cherchaient du regard qui leur avait touché, ne le voyant pas, elles s’en allaient, d’autres hôtesses, qui avaient repéré le manège de Célestin de Nargery, le fusillaient du regard, tel un canon! Le goujat était chanceux car, le regard ne tuait pas! Certaines hôtesses de l’air n’avaient vraiment pas apprécié son manège et le lui faisaient froidement savoir. Quelque peu refroidi par les résultats de ses pitreries, Célestin de Nargery s’installa alors plus confortablement dans son siège, pour écouter les instructions de sécurité d’une hôtesse.

Il entendit la voix de l’hôtesse qui donnait des conseils et des instructions. La voix lui semblait si proche qu’il croyait qu’elle venait d’ailleurs! À l’hôtesse qui demandait de boucler les ceintures, Célestin de Nargery comprit qu’il fallait boucler sa propre ceinture. Son oncle s’en aperçut car il le vit qui respirait rapidement comme s’il allait s’étouffer. Mort de rire, son oncle desserra la ceinture de Célestin de Nargery, et lui montra comment il fallait serrer la ceinture de son siège.

Et quand l’avion prit de la vitesse, Célestin de Nargery s’agrippa sur son siège tout en essayant de maitriser sa crise de panique et ses tremblements. Concentré à prier ou à réciter rapidement des prières, sur ce qu’il pensait être ses derniers instants, il sursautait et poussait des petits cris comme s’il était à cheval! Au moment où l’avion décolla et prit progressivement de l’altitude, il poussa un petit cri et ses voisins le regardèrent avec amusement. Célestin de Nargery se tourna alors vers son oncle, mais celui-ci avait déjà mis son casque dans les oreilles et lisait le journal. Une fois, l’avion en altitude, Célestin de Nargery s’apaisa un peu, même si la panique était toujours présente.

Durant tout le trajet, Célestin de Nargery ne cessait de solliciter les hôtesses pour leur poser toutes sortes de questions, parfois qui semblaient saugrenues et naïves. Les pauvres hôtesses, apparemment très armées de patience, essayaient de leur mieux de répondre aux multiples questions de ce voyageur quelque peu extraordinaire.

Célestin de Nargery héla une énième fois une hôtesse et lui dit!

– « Ma vessie est toute pleine! »

L’hôtesse lui dit alors :

– « Bonsoir, Monsieur Célestin de Nargery, plutôt, rebonsoir, devrais-je dire! Qu’est-ce qui ne va pas cette fois-ci »

– « Ma vessie est toute pleine! »

– « Vous avez des toilettes à l’arrière de l’avion, Monsieur! »

Elle lui indiqua la direction, mais celui-ci ne semblait pas comprendre, il questionna :

– « C’est où l’arrière de l’avion? »

– « Suivez-moi Monsieur, je vais vous y amener! »

Célestin de Nargery se leva de son fauteuil. Il se dégourdit les jambes en faisant quelques gestes d’étirement, de ses jambes et de ses bras sous les regards ébahis des autres passagers. L’hôtesse le rappela gentiment à l’ordre et lui demanda encore de la suivre. Elle s’arrêta devant une porte, la porte des toilettes. Au moment où elle allait repartir, Célestin de Nargery la reteint et lui dit:

– « Madame, mais vous voulez que j’arrose les villes et les villages ici à l’arrière de cette avion? Vous savez, il y a beaucoup de gens d’en bas qui boivent l’eau de pluie comme moi! »

Comme l’hôtesse ne semblait pas comprendre, Célestin de Nargery lui expliqua :

– « J’ai l’habitude de me soulager dans la nature et tout va dans la terre. Alors si je me soulage ici dans vos toilettes, tout risque de tomber en bas, sur les habitants, non? Vous me comprenez, hein? »

– « Cher Monsieur, en ce moment, nous traversons un désert, je pus vous assurer qu’il n’y a personne à la ronde! » rétorqua t-elle sur un ton léger empreint d’humour.

L’hôtesse de l’air éclata de rire et lui assura qu’il n’y avait aucun risque de ce côté-là. Avant de s’éloigner, elle lui conseilla vivement de bien fermer la porte des toilettes et lui montra comment faire et ainsi que comment tirer la chasse d’eau et utiliser le robinet.

Célestin de Nargery retourna enfin s’asseoir, en sifflotant. Il trouva son oncle très affolé, le casque dégagé des oreilles. Il l’avait cherché et se demandait où il se trouvait. Célestin de Nargery lui expliqua qu’il revenait des toilettes, ce qui le rassura.

Son oncle lui dit que c’était l’heure de dîner. Célestin de Nargery lui rappela que les vétérinaires avaient retenu toute la nourriture qu’il avait voulu apporter. Son oncle n’eut pas le temps de répondre que les hôtesses apportèrent les plateaux de repas.

Célestin de Nargery demanda à l’hôtesse :

– « Qu’est-ce que c’est? »

– « C’est le plateau repas Monsieur »

– « Ah oui, mais c’est minuscule! »

L’hôtesse sourit mais ne dit rien. Elle continua de distribuer les plats aux autres passagers. Célestin de Nargery se tourna vers son oncle qui avait déjà entamé son repas :

– « Que c’est petit tout cela, je ne serais jamais rassasié. D’ailleurs, c’est quoi ce genre de nourriture, et ça, c’est quoi?

– « C’est de la viande de bœuf avec des légumes du jardin »

– « Mais, on ne sait pas qui a égorgé la bête et où ont été plantées ces herbes! »

– « On n’est pas à la maison ici! »

– « D’ailleurs, où est le piment! »

– « Mange Petit, sinon ton repas va se refroidir! »

– « Oui Tonton! »

Comme Célestin de Nargery semblait hésitant, comme s’il ne savait pas par quoi commencer, son oncle lui montra dans quel ordre il fallait manger les différents aliments, en les appelant par leur nom. Son appétit faisait plaisir à voir et à entendre! Célestin de Nargery n’en fit qu’une bouchée de son plateau. À la faim du repas, il s’extasia de plaisir avec des Mmm et des Mmm et en mastiquant avec entrain.

– « Je vois que tu as aimé le repas! »

– « Oui, c’est mieux que je ne l’avais d’abord pensé, tu avais raison! »

L’hôtesse vint récupérer les plateaux et lui demanda :

– « Alors Monsieur Célestin de Nargery, tout va comme vous voulez? Le repas vous a été agréable? »

– « Oh Madame, oui, mon estomac est même plein! »

– « Eh bien alors tant mieux, Monsieur, je vous souhaite un agréable voyage et bonne nuit! »

Une fois l’hôtesse partit, Célestin de Nargery se tourna à sa droite, mais son oncle dormait déjà! »

Le dossier contre son siège, Célestin de Nargery se mit à roter et desserra sa ceinture et en soupirant un grand « AH! ». Il fit divers bruitages peu reconnaissables et finit par s’endormir. Durant son sommeil, il fut réveillé plusieurs fois par son oncle, tellement, il ronflait fort! On aurait dit un train ou un drap qui se déchirait, on ne savait pas trop! C’était foudroyant pour les autres passagers qui commençaient à perdre patience! De mémoire de passager, on n’avait jamais entendu de tels ronflements!

Au petit matin, Célestin de Nargery ouvrit les yeux, le regard encore embué de sommeil. Il regarda autour de lui avec étonnement, puis semblait retrouver la mémoire. Il s’étira longuement et referma les yeux. Les dernières images vagues de son rêve défilaient encore derrière ses paupières closes. Puis, il se força à se réveiller complètement.

Célestin de Nargery se tourna vers son oncle qui était déjà réveillé.

– « Je vois que tu as eu une nuit très agitée!! »

Célestin de Nargery se frotta les yeux et déclara:

– « J’ai oublié que je ne pouvais pas entendre le chant du coq! »

– « D’ici en effet, c’est difficile cher Neveu! »

– « On n’est pas encore arrivé? »

– « On est presque arrivé! Alors comment ça va ce matin, j’avais peur que tu n’ais le mal de l’air! »

– « J’avais encore peur de mourir, j’avais envie de demander au chauffeur de l’avion de s’arrêter! »

– « Tu veux dire le pilote de l’avion, je présume! »

– « Oui, tu crois qu’il se serait arrêté? »

– « Non, on n’est pas sur la route, mais dans les airs! On ne peut pas s’y arrêter comme ça! »

Célestin de Nargery soupira puis, après un petit silence, il déclara :

– « Je me demande ce que le chauffeur de l’avion dit aux gens au moment où l’avion va s’écraser »

– « Le pilote de l’avion… »

– « Oui, que dit-il? Des phrases genre mesdames et messieurs nous allons nous écraser, accrochez-vous ou mesdames et messieurs, bienvenue au paradis ! »

– « Tu n’as pas honte de dire ça et de dire que tu avais peur de l’avion, qu’il ne tombe! Comment tu disais déjà? L’oiseau! »

– « Ça fait du bien mon Oncle, car ça déstresse! J’essaie d’utiliser de l’humour car j’ai très peur! »

– « Tu vois, l’oiseau va bien… »

– « Je sais, je pensais que j’allais voler comme un oiseau! »

– « Que veux-tu, n’est pas Icare qui veut! »

– « Qui c’est celui-là, mon Oncle?

– « Laisse tomber, c’est une longue histoire! »

Au moment où Célestin de Nargery allait parler, une voix annonça que l’avion allait atterrir. Il était fou de joie et soulagé d’être encore en vie.

À peine l’avion au sol, qu’il se redressa vivement pour partir, son oncle le reteint:

– « Mais où vas-tu ainsi? »

– « Je sors d’ici au plus vite, Tonton! »

– « Attends ton tour, on n’a pas encore mis l’escalier! »

– « Mais, j’ai mon parapluie, je vais sauter, et m’envoler »

– « Tu es fou ou quoi? On ne joue pas les Mary Poppins ici! Calme-toi donc, quand ça sera notre tour, nous sortirons! »

Célestin de Nargery dut donc attendre impatiemment et dès que ce fut leur tour, il se rua vers la sortie.

Les hôtesses lui firent un salut spécial et lui assurèrent qu’il avait été un passager pittoresque comme elles en avaient rarement vu.

À peine sorti de ce qu’il appelait l’oiseau du ciel, Célestin de Nargery et son oncle furent accueillis dans une aile de l’aéroport.

Un comité d’accueil les attendait dans une salle avec des hôtesses. Célestin de Nargery était content car le voyage en avion, ça l’avait énormément perturbé!

Les hôtesses les accueillirent avec des boissons chaudes et des petits amuse-gueules.

Célestin de Nargery pensait que les hôtesses les aimaient, son oncle et lui.

Il s’étonnait de ce pays où les femmes lui souriaient tout le temps alors que chez lui, elles faisaient toujours la gueule!

Cela lui changeait les idées, mais son oncle était là pour le recadrer, le calmer et rétablir les choses!

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