Créé le: 10.05.2020
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Palsimauve

Animaginal, Fantastique

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© 2020-2024 Anklade

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L’imaginal, néologisme du philosophe français Henri Corbin, est une zone intermédiaire entre le monde sensible et le monde intelligible, où vivent des êtres qui attendent que nous les imaginions pour venir au monde. Les Animaginaux font partie du monde imaginal. Ils attendent patiemment que vous les rêviez.
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La palsimauve est un oiseau de l’ordre des passériformes, aujourd’hui disparu du monde ordinaire et accidentel dans lequel nous vivons.
Il y eut une époque, –bien avant que des pluies diluviennes ne tombent sur notre planète durant tant de jours et de jours que l’ensemble des terres se trouva totalement immergé– il y eut une époque au cours de laquelle la palsimauve était l’oiseau le plus prisé des cours royales du continent de Perlanie. Ce succès était dû à différentes raisons, dont deux d’entre elles nous semblent suffisamment originales pour être citées dans ce court article.

La première de ces raisons provient de la richesse des couleurs de son plumage, couvrant une gamme de violet et d’orange qui habillait la palsimauve d’une véritable robe de feu. En soi, ce plumage unique faisait déjà de ce passereau un oiseau d’exception, et les plus grands peintres l’ont représenté aux côtés des plus grands monarques, ne serait-ce que pour les attraits de ce ramage splendide et singulier.
La seconde raison -et de loin la plus importante- du succès de cet oiseau auprès des cours impériales de Perlanie, est qu’il pouvait, suivant la nature des graines qu’on lui offrait pour son dîner, dire avec une rare précision, l’avenir de celles et de ceux qui le fixaient dans les yeux .

C’est ainsi qu’après lui avoir fait avaler des graines de pavot, l’empereur Kon-Tschi-Sûr apprit que son palais serait détruit par les rêves de son peuple endormi et oublieux des danses sacrées que Kon-Tschi-Sûr n’avait pas pris le soin de leur transmettre. Car, comme lui souffla la palsimauve, “la mémoire du geste l’emporte sur celle de l’esprit et tu t’es trompé en remettant à demain ce qui aurait dû être dansé aujourd’hui”.

D’autres faits plus heureux que celui qui vient d’être mentionné sont également relatés dans certaines chroniques, comme celui témoignant d’une palsimauve annonçant à Sītā sa libération à  venir par le prince Râma, après que Rāvana ait donné fortuitement des graines de pissenlit à l’oiseau. Cet épisode de la vie du célèbre couple a cependant été omis dans le Râmâyana pour des raisons inconnues.

Quoi qu’il en soit, chassée pour la richesse de son plumage par des galants voulant épater leurs conquêtes en leurs offrants les plus beaux sacs à main de Perlanie, la palsimauve a été exterminée et a fini par disparaître totalement de notre planète. Et c’est pour cette raison qu’il nous faut aujourd’hui, pour connaître notre avenir, aller à la rencontre de nos ombres plutôt que de simplement nourrir et écouter le chant d’un paisible passereau.

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