Créé le: 17.02.2022
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Monsieur Propagande

Fiction, Notre société

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Officiellement, je n’existe pas. Fonctionnaire au Département de l’Instruction Publique, je travaille dans l’ombre. Pourtant, je suis un des personnages les plus puissants de l’État. Mon rôle est d’organiser la propagande progressiste dans toutes les écoles de notre République.
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Officiellement, je n’existe pas. Fonctionnaire au Département de l’Instruction Publique, je travaille dans l’ombre. Pourtant, je suis un des personnages les plus puissants de l’État. Mon rôle est d’organiser la propagande progressiste dans toutes les écoles de notre République.

C’est grâce à des serviteurs comme moi que les forces de gauche freinent la droitisation de la société.

J’emploie des moyens simples, dont certains passent inaperçus. Peu de gens remarquent, par exemple, que les bibliothèques des écoles secondaires proposent de nombreuses revues orientées à gauche, mais aucun magazine droitard. Tout est sous contrôle. Je suis derrière la sélection de l’offre.

Récemment, il m’a fallu intervenir pour faire virer un bibliothécaire facho qui avait commandé « Le Camp des Saints » et « Le Grand Remplacement ». Un tel individu n’aurait jamais dû être engagé. Nous mettons tout en oeuvre pour n’embaucher que du personnel de gauche, mais il arrive que des réactionnaires s’infiltrent.

Même si ce n’est pas écrit dans leur cahier des charges, les bibliothécaires des écoles publiques doivent veiller au caractère progressiste de leur catalogue. Certes, Nietzsche, Baudelaire et d’autres monstres à la verge anti-démocrate ne peuvent pas être écartés. Leur renommée est bien trop grande. Mais pas question d’ouvrir les rayons à des aristos comme Nicolás Gómez Dávila, Jean Raspail, Vladimir Volkoff ; à des païens comme Alain de Benoist, Jean Cau, Hugues Rebell ; à des mousquetaires comme Jacques Perret, Denis Tillinac, Dominique Venner ; à des anars de droite comme ADG, Albert Paraz, Olivier Maulin ; à des ronchons comme Jean Dutourd, Alain Paucard, Pol Vandromme ; à des flingueurs comme Laurent Obertone, Papacito, Marsault.

Je m’occupe de mettre sur les bons rails les groupes chargés de proposer des spectacles aux élèves. La culture est sélectionnée en fonction de critères progressistes. Notre choix porte sur des films, des pièces de théâtre, des conférences qui célèbrent l’accueil des migrants ; qui invitent à secourir les mendiants venus d’ailleurs ; qui sensibilisent aux discriminations ; qui dénoncent le harcèlement sexuel ; qui développent une vision féministe ; qui promeuvent une politique écologique et solidaire.

Je prends très à coeur ma mission. Être chef de la propagande progressiste me passionne et me remplit de joie. C’est tellement gratifiant d’agir pour le bien de la jeunesse. Ma principale source d’inspiration, je le confesse, est un homme odieux, mais lucide : Joseph Goebbels.

Ce génie de la propagande écrivait : « Nous ne voulons pas convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire le vocabulaire de telle façon qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées. »

Nous avons réussi à liquider l’idée de « cancre ». Les cancres n’existent plus. Nous les avons remplacés par des victimes. Victimes de discriminations – c’est un de nos mots fétiches –, victimes de harcèlement, et surtout victimes de troubles. La psychologie moderne fournit à l’école un vaste assortiment d’étiquettes : troubles cognitifs, anxieux, dépressifs ; troubles de l’attention, du sommeil, de l’identité sexuelle, de l’alimentation ; hyperactivité, dépendances multiples, phobie scolaire. Désormais, le métier d’enseignant s’apparente à celui de soignant dans un hôpital psychiatrique.

Une école égalitaire a le devoir de se débarrasser de tout ce qui pue l’aristocratisme. C’est pourquoi nous avons discrédité l’effort, le courage, la fierté, l’excellence. Le progressisme voue un immense respect aux fragilités. Ce sont des richesses. La valeur de l’humain se mesure à ses fragilités.

Nous avons su imposer le vocabulaire du constructivisme social comme un cadre de référence. Nous avons si bien joué que la plupart des acteurs de l’Instruction Publique n’attribuent qu’un rôle négligeable à la biologie pour ce qui touche à l’intelligence, à la mémoire, à la personnalité. Le progressisme suppose que l’éducation peut tout améliorer. Le bonheur par la domestication, voilà notre but !

Puisque les inégalités sont construites, l’école doit montrer comment les déconstruire. Nous gagnons toujours. Le temps est notre allié. Cela fait des années que nous enseignons à déconstruire les stéréotypes… Aujourd’hui, tout le monde est convaincu du bien-fondé de cette démarche. Intimement convaincu. Répéter, répéter… c’est si facile d’imprégner les consciences…

Nous valons beaucoup mieux que les hommes du passé. Par ignorance, par manque d’empathie, ils sacralisaient un monde patriarcal, raciste et guerrier. Post tenebras lux. L’école moderne construit la paix et la justice sociale.

Joseph Goebbels écrivit aussi : « À force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu’un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont « cercle » et « carré »? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu’à rendre méconnaissables les idées qu’ils véhiculent. »

Cette brillante intuition, nous l’avons réalisée. Le mot « racisme » ne désigne plus le racisme, mais l’hostilité au projet d’une société multiculturelle. Le mot « sexisme » ne désigne plus le sexisme, mais le refus de regarder les êtres à travers les filtres de la modernité. Encore plus fort ! Dorénavant, tout garçon peut se déclarer fille et toute fille se déclarer garçon. C’est inscrit dans la loi. Je compte la fluidité des genres au nombre de mes plus belles victoires. L’ouverture prochaine de toilettes non genrées dans les écoles secondaires couronnera ma ténacité.

Que de chemin accompli grâce à la propagande !

« La démocratie, c’est la défense des minorités. » Ce slogan – si simple – a fait mouche.

Chaque année autour du 8 mars se tient dans les écoles une « Semaine Égalité ». Cette grosse machine oeuvre à promouvoir la théorie du genre, l’antiracisme, les études décoloniales, bref les piliers du progressisme. Travailleuses du sexe, militants LGBTIQ+, néo-féministes, inspecteurs des droits humains viennent parler aux élèves de leurs activités. Ouverture à l’Autre. Une devise à graver sur les murs de tous les collèges.

Même si l’antiracisme et l’anti-sexisme restent des thèmes essentiels du bureau que je dirige, les autorités m’ont confié, depuis cinq ou six ans, une mission supplémentaire : celle d’organiser la propagande en faveur de la culture numérique.

Le progressisme – je ne le répéterai jamais assez – consiste à domestiquer les peuples pour les rendre plus heureux. Or le numérique – révolution existentialiste – conduit à vivre assis derrière un écran. C’est la promesse d’une domestication massive qui fera date dans l’histoire de l’humanité. L’école ne pouvait manquer de saisir une chance aussi formidable.

Avec ferveur, je m’emploie à implanter dans les cervelles l’idée que le numérique aura pour effet d’améliorer les apprentissages. Je finance des études pour appuyer cette thèse ; j’use de mes relations pour étouffer les études contraires ; je prouve à renfort de sondages bidons que la majorité des professeurs, des élèves et des parents adhèrent à la pédagogie numérique ; je donne l’ordre aux établissements scolaires de modifier les programmes pour y inclure le numérique dans chaque discipline ; je fournis le matériel nécessaire ; etc. C’est mon boulot.

Pourquoi la gauche domine-t-elle encore la culture, même dans les pays qui se droitisent ? La réponse est simple. Parce que nous tenons l’école et les médias. Et parce que nous appliquons les principes de Joseph Goebbels.

 

[NdA : Ce texte est une fiction. Les faits évoqués sont imaginaires.]

Commentaires (1)

PZ

Pauline Z
20.02.2022

Un réquisitoire contre l'école assez criant de vérités. Quand le progressisme et le fascisme se confondent pour ne former plus qu'un, ça donne à réfléchir...

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