Créé le: 27.09.2015
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Miroir maudit

Fantastique, Horreur

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© 2015-2024 Lieselotte

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Et si le miroir de la chambre devenait jaloux?
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Miroir maudit

Webstory

Témoin silencieux de mes fantasmes érotiques, je l’ai posé loin de ma chambre à coucher, très loin. J’observais souvent les corps nus de mes nombreux amants dans la glace. Elle reflétait nos jeux sensuels. Il était devenu complice des mes exploits sexuels. Sa présence m’excitait. Je l’ai installé dans le grenier. Je ne voulais plus voir ce miroir, hérité de mes grand-parents, face à mon lit. Je lui attribuais la mort subite de mes derniers amants. Je les scrutais dans le miroir, couvert de buée, effluve de nos ébats. Tous les trois suffoquèrent alors que je commençais à me lasser de leurs indiscrétions. Je me sentais coupable, même si le médecin légiste avait décrété, après un examen minutieux des trois décès, qu’ils avaient tous un cœur faible. “Ils auraient pu trépasser en buvant une tisane… Alors déculpabilisez-vous, chère Madame !”

 

Le miroir les a tués. Le miroir était mon ami fidèle. Chaque matin, je me mirais. Quand la solitude me pesait, je menais grâce à lui, une conversation avec moi même. Je n’avais plus de secrets pour lui.

Lorsque je rencontré mon nouvel amant, j’enveloppais le miroir de couvertures et poussais une vieille bibliothèque devant. C’était plus prudent ! Comme si un miroir pouvait se déplacer !

Il y resta jusqu’au jour où une amie de longue date me posa la question :

– “Qu’est-il arrivé à ce miroir qui était en face de ton lit ? Je te l’aurais bien racheté !”

Je le lui offrais. Elle partait quelques semaines en voyage. Je devais le garder jusqu’à son retour.

Avant de prendre congé de mon miroir, j’en enlevais la poussière et le posais au salon face à la fenêtre. Dès cet instant, apparut à l’intérieur du cadre, un arbre sans feuilles, au tronc noir et aux branches tortueuses. L’arbre tardait à faire ses bourgeons malgré le printemps naissant.

Le lendemain matin, il n’y avait toujours aucune feuille sur l’arbre, mais sur une branche, une chouette grise me fixait. Les deux disques noirs de ses yeux me glaçaient. Pendant trois jours, la chouette resta perchée sur cette branche. Le quatrième jour, elle disparut.

En passant devant le miroir au cinquième jour, je distinguais une autre chouette, aux plumes sombres, me dévisageant comme la précédente. J’en éprouvais la chair de poule! Les chouettes de cette taille sont rares. Je pris le téléphone, elle s’envola.

Le matin suivant, je me levais de bonne heure, me précipitais au salon et je vis cette fois, encore plus grande, avec un regard perçant, une chouette blanche. Gris, brun, blanc… La couleur des cheveux de mes trois amants ! Le regard était accusateur ! J’ouvris alors la fenêtre et je jetais le miroir. Il se brisa sur le trottoir.

Le lendemain, à la place de l’arbre nu, se dressait un chêne magnifique, tout en fleurs, habité par de jeunes écureuils virevoltants. J’enlevais tous les miroirs de l’appartement. Je les glissais dans un énorme sac et les livrais au container en bas de l’immeuble.

Depuis, je garde la phobie des miroirs et je les évite, chez des amis, au restaurant, dans les grands magasins ou chez le coiffeur. J’y arrive de mieux en mieux. J’ai trouvé l’amour avec mon dernier amant. Il ne m’a jamais posé de questions. Je lui en suis reconnaissante. Je n’ai pas le courage de lui raconter l’histoire de ce miroir ensorcelé ! Plus jamais, je ne laisse glisser mon regard pendant nos échanges romantiques, délicieux, amoureux, sensuels, baroques et charnels. Plus jamais.

Jusqu’au jour où dans le rétroviseur extérieur de ma voiture, je vérifie furtivement l’état de mon rouge à lèvres avant de rejoindre mon amoureux. Tout à coup, trois chouettes aux couleurs de mes anciens amants fondent sur moi.

La jalousie serait-il plus forte que la mort ?

Th.Lieselotte

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