Il est parfois (pour ne pas dire toujours) difficile de concilier toutes les attentes qui font de nous quelqu'un de bien.
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Merde ! Je suis un vieux con de droite qui vit chez une folle.

 

Un matin normal, lors d’une journée ordinaire, j’arrive à mon poste de travail et m’affaire à mes tâches habituelles blablablablabla. Mais soudain, en repensant à la soirée d’hier, un sentiment me prend comme par le col de mon pull. Le sentiment d’avoir merdé.

 

Remontons d’abord cinq mois en arrière, quand j’ai rencontré cette fille et que le coup de foudre a été réciproque. Puis il y à un mois, quand j’ai lâché mon appartement pour emménager chez elle. Puis il y à trois semaines, quand nous sommes rentrés du restaurant la femme de ma vie et moi. Comme tous les soirs, dans la fraîcheur de notre relation nous faisions l’amour. Mais ce soir, du fait du vin du resto, à la place des positions déjà rituelles qui nous amenaient à nos orgasmes respectifs et assurés, nous nous étions lancés dans des nouveautés autant acrobatiquement admirables que verbalement vulgaires. Mais quelqu’un frappa à la porte. Il était 23h30, et comme depuis l’arrivée des Smartphone les connaissances ne débarquent plus à l’improviste, le fait était assez étrange pour que nous stoppions cette étreinte charnelle et que j’aille ouvrir la porte (après avoir enfilé un training). C’est la voisine du dessous, celle que j’ai croisé les deux premiers jours de la semaine à la même heure quand je rentrais du travail mais plus les deux derniers. Elle me dit en chuchotant qu’elle vient de s’évader de l’hôpital psychiatrique d’où elle s’était fait interner d’elle-même par peur de mettre fin à ses jours. Et me demande si elle peut dormir chez nous pour ne pas qu’ils là retrouvent. Je lui propose d’entrer boire un thé et discuter dans un premier temps. Pendant que je répare les thés ma copine vient voir ce qui se passe, puis retourne se coucher pour dormir. La voisine du dessous m’explique que sa chambre d’hôpital est voisine de celle d’un type qui a été interné parce que tout le monde pense qu’il est dingo. Mais qu’en fait c’est un magicien-puissant-méchant, et que le type s’en prend à elle en faisant apparaitre à tout moment des serpents ivres et malicieux aux quarts coins de sa chambre. (Entre nous à sa place je n’aurais pas voulu rester). Nous discutons en buvant un ou deux thés, et à deux heures du matin, je la convaincs de la raccompagner jusqu’à l’hôpital.

 

Revenons au présent, ou plutôt, à mes souvenirs d’hier. Hier soir les amis de ma copine sont venus manger à la maison. Je ne les avais jamais vus avant, les amis de ma copine c’est son coquons à elle, ils sont très importants pour elle, et c’est très important (assez pour faire répéter ce mots angoissants), que son copain fasse bonne impression. Vous le sentez venir hein ! A l‘apéro, une de ses copines dis qu’elle en a marre du dictat des agences publicitaires à ne présenter que des femmes fines pour vendre du shampoing et qu’il faudrait le leur interdire. Et mettre à la place des femmes avec des rondeurs. Là-dessus je rétorque que je ne suis pas d’accord car; Les agences de pub ont un travail, celui de vendre un produit au public, mais avant tout, de vendre leurs services au fabricant de shampoing. Dans les deux cas c’est ce que les gens veulent voir qui figure sur les bouteilles de shampoing. Les gens c’est toi, c’est moi, c’est nous. Si le fait qui te dérange est un fait mauvais, c’est que la société est mauvaise, que nous sommes mauvais. Mais nous avons à ce moment, dans et de notre vie de tous les jours la possibilité de changer cela. Par contre si nous devions imposer aux agences publicitaire un gabarit de femme cela deviendrait discriminatoire pour d’autres femmes, les entrepreneurs perdraient leur liberté, le peuple perdrait son pouvoir, et nous voilà dans une dictature. Merde! C’est là que j’ai passé à droite. Ma copine ne me regarde plus avec ses yeux d’habitude aimants.

 

Ses amis sont très branchés réseaux sociaux, alors nous discutons maintenant des dernières parutions sur ceux-ci de la situation des migrants qui crèvent sur la Méditerranée. Nous nous accordons tous sur l’horreur de ces vies noyées dans les eaux de notre belle Europe. Je vois que j’ai regagné quelques points dans les yeux de ma copine qui raconte maintenant l’histoire de la voisine du dessous qui est venue sonner à notre porte. La fille au shampoing et aux hanches généreuses (très belles hanches), dit ; -Une voisine illuminée qui vient sonner à ma porte à 23h passé alors que je bosse le lendemain, j’appelle les flics. Là-dessus je rétorque que le problème de notre génération est que nous voulons sauver le monde, mais tendons la main qu’à ceux qui ne sont pas à portée de bras. En gros c’est classe d’aider le tiers monde sur Instagram, et en plus, cela n’empêche pas de dormir. Merde! Là je suis vraiment devenu un con. Malaise, puis l’ambiance n’est plus pareille et définitivement irrécupérable, alors tout le monde part assez rapidement. Ma copine et moi allons nous coucher et nous endormons peu après son refus de ma proposition sexuelle.

Bon, il faut que je me rattrape. Aujourd’hui, je ne prends pas de pose à midi et je reste 2h plus tard au travail, les heures supplémentaires plus mon salaire du jour, avant de prendre mon train pour rentrer chez moi je donne tous aux associations que représentent ces gens engagés, et ces gens engagés par les agences que les associations mandates pour te harponner dans les gares. Enfants et femmes battues c’est pour vous que j’ai travaillé toute la journée, maladie vénérienne prenez mon blé pour la recherche, dressez des chiens d’aveugle avec mon pognon (Putain c’est arrogant d’avoir la santé), rasez des casernes pour faire pousser du boulgour bio avec ce que j’ai dans les poches.

 

Je fini le travaille à 19h00 et peine à tenir mes yeux ouverts dans le bus qui mène à la gare, je traverse alors la gare comme à mon habitude, tête baissée en faisant mine de ne pas entendre les harponneurs, car je suis bien trop naze pour sauver le monde ce soir. Je monte dans le train et m’assied en face d’une fille à qui je remarque une beauté troublante. Une beauté qui me rappelle des souvenirs. Mais oui c’est ça, la gamine doit avoir 20 ans à peine, (moi j’en ai trente depuis deux ans déjà), et m’endors là-dessus. Je sens mon épaule se faire doucement secouer jusqu’à ce que j’ouvre les yeux. On est arrivé Monsieur, me dit la gamine. En marchant sur le chemin de la maison je me dis que, merde! Cela doit être ça vieillir; «Vieillir c’est une fille sexy qui t’appelle Monsieur». J’arrive devant chez moi, pousse la porte d’entrée et monte les trois étages. Arrivé devant la porte de l’appartement il y a un carton avec toutes mes affaires, (Oui comme je veux devenir écrivain, je crois que je dois posséder le moins possible, et aussi je suis pauvre, mais j’arrive assez bien à concilier les deux). Il y a un mot posé sur mes affaires dans le carton ; Je suis désolée mais ce n’est pas possible, laisse les clés dans la boite aux lettres et n’entre surtout pas. Cela ne sert à rien, je ne veux plus te voir. Je prends le carton et redescend les marche sans savoir encore où je vais aller quand la porte de la voisine du dessous s’ouvre. Pas ce soir, je ne suis pas d’humeur, lui dis-je. Elle me répond qu’elle ne veut surtout pas m’embêter, qu’elle est sortie de l’hôpital hier et qu’elle va beaucoup mieux. Elle tient à me remercier et me dit que je lui ai peut être sauvé la vie l’autre jour et que si elle pouvait faire quoi que ce soit pour moi je n’avais qu’à demander. Je lui réponds que je suis peut-être un héros qui ne sait pas où dormir, et que j’utiliserais bien son canapé.

 

Certains soirs, cherchant le sommeil sur le canapé du salon qui se trouve sous mon ancienne chambre à coucher, j’entends mon ex baiser avec un mec cool. Merde! Je  suis un vieux con de droite qui vit chez une folle.

 

FIN

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