Créé le: 21.11.2021
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Les sangsues de la censure
Quand j’étais un petit garçon, //
dans ma bienheureuse Helvétie, //
on n’empêchait pas les pinsons //
de se moquer des inepties.
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Quand j’étais un petit garçon,
dans ma bienheureuse Helvétie,
on n’empêchait pas les pinsons
de se moquer des inepties.
En ce temps-là, l’égalité
n’était pas encor cette ogresse
qui déchire sans volupté
les incunables de l’ivresse.
Les femmes n’avaient pas besoin
d’un illusoire droit de vote.
L’être qui veut voyager loin
ne doit compter que sur ses bottes.
Les magasins de ma cité
proposaient des têtes de nègre.
Il était bon pour la santé
de mâcher les mots de la pègre.
On blaguait sur n’importe qui.
On aimait les pédés lunaires.
Ils ne rêvaient pas, ces marquis,
de convoler devant le maire.
Je crois que la Suisse a perdu
le verbe léger de l’enfance.
Un homme est aujourd’hui pendu
si sa langue a des fulgurances.
Les éveillés, les antifas
sont les inquisiteurs modernes.
Sous le zob étroit de ces fats,
la loi, les puissants se prosternent.
Le plus gros danger pour l’esprit,
c’est de sombrer dans la décence,
de raccourcir au bistouri
pour se donner de l’importance.
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