Hymne à la séparation, séisme des sens et du cœur
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Les 5 SENS insensés

Le message tant redouté

a retenti dans le combiné :

« Dépêche-toi, viens vite ».

Me voilà, me voici.

J’ouvre ta porte : il fait froid.

Le frisson du vide me saisit.

Un goût amer m’envahit.

Aucun signe ne vibre

sur ton visage immobile.

Je voudrais dégivrer tes cils

de baisers ardents,

chercher le parfum subtil

de ta peau dans tes cheveux.

Mes mains sont inutiles,

chaudes sur les tiennes froides.

Toute image de toi

s’est engouffrée en moi,

entêtée et fragile,

pour s’enfermer,

pour m’habiter.

Aux alentours, un étrange bestiaire

s’est installé dans le mystère.

Un léopard veille à la porte :

ses deux pattes toutes droites

sont des colonnes,

sa tête est haute et immobile.

Ton chien adoré cherche ta trace

et s’arrête aux pieds de la fenêtre :

son museau fiévreux insiste.

En équilibre sur le rebord,

un aigle royal transperce du regard

l’infini du ciel : il vise un lieu précis

et t’y emporte sur ses ailes,

là où aucun souci terrestre

désormais ne subsiste.