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Chapitre 1

1

Suivre son chemin et trouver sa voie... faire face à l'inconnu et découvrir les surprises de la vie.
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Après avoir quitté sa famille et voyagé très longtemps, le petit escargot arriva au bord d’une large rivière. De l’autre côté, il vit une lumière vive et brillante. Il était attiré par cette lumière comme un aimant. Cependant, il ne pouvait traverser le cours d’eau. Il chemina en amont cherchant un passage. Il chemina en aval cherchant un rétrécissement de la rivière qui rendrait la traversée possible. En vain.

Il se mit à écouter les bruits autour de lui, à observer la nature, les autres animaux.

Il se rendit compte rapidement qu’il n’était pas seul, bien au contraire.

Là, une colonie de fourmis à la queue-leu-leu transportaient un approvisionnement de nourriture.

Au pied du grand chêne, un terrier d’où entraient et sortaient une famille de mulot.

Dans les branches de l’arbre centenaire, un nid de mésanges charbonnières occupées par plusieurs oisillons affamés.

Au bout de la même branche, une élégante toile fine comme un fil de soie se balançait au gré de la bise avec en son centre une araignée au reflet orangé.

Le petit escargot entreprit courageusement l’ascension le long du tronc.

Une fois à la hauteur de l’araignée, il lui demanda poliment:

— Bonjour Madame ! Pourriez-vous me dire s’il existe un moyen de traverser cette rivière ?

— Bonjour ! Pas à ma connaissance, je suis désolée. Pourquoi désires-tu traverser ?

— Et bien, il y a là-bas une lumière vive et chaude qui m’attire irrésistiblement.

— Je vois. Je suis navrée de ne pas pouvoir t’aider, répondit gentiment l’araignée.

— Au revoir et merci !

— Au revoir et bonne chance !

 

Le gastéropode décida d’interroger les autres animaux. Partout la même réponse, il n’y avait aucun moyen pour traverser.

Comme la nuit tombait doucement sur le vieux chêne, le petit escargot se dit sagement que la nuit portait conseil et il s’installa sur une feuille de grand Plantain.

Au petit matin, il entendit l’araignée se plaindre de maux de ventre terribles. Elle n’avait pas dormi de la nuit, la pauvre.

Le petit escargot qui connaissait un remède efficace s’empressa d’aller cueillir quelques brins d’Alchémille et de Camomille. Puis il proposa sa tisane à l’araignée qui fut rapidement soulagée.

Comme une nuée d’aigrettes de pissenlit portées par le vent, la nouvelle que le petit escargot avait soigné l’araignée se répandit et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, tous les animaux du voisinage vinrent lui demander conseil.

Il distribua tisane, onguent et teinture mère avec patience et bienveillance. A la fin de la journée, il avait à peine eu le temps de se désaltérer. Et tout en observant le coucher du soleil derrière les montagnes, il se dit qu’il avait passé une bonne journée.

A son réveil tardif, le lendemain, il découvrit un édifice merveilleux. Tous les animaux s’étaient mis à l’ouvrage et rapidement ils avaient construit un pont suspendu qui enjambait la rivière.

Le petit escargot se frotta les yeux croyant rêver. L’araignée avait tissé son fil de soie sans relâche et les mésanges avaient tressés des brins d’herbe et des brindilles, les fourmis, elles, avaient participé à la mise en place des différents éléments.

Ce pont était aussi beau que solide. Le petit escargot remercia les larmes aux yeux ses nouveaux amis avant de s’engager sur cette voie royale qui le mènerait jusqu’à la lumière.

Il promit de revenir leur raconter l’origine de celle-ci.

 

Lentement, prudemment il traversa enfin la rivière et chemina sur l’autre rive à peu de choses près identique à celle qu’il laissait derrière lui.

Il marcha encore longtemps s’enfonçant dans une haie touffue. Puis se faufilant entre les branches basses d’un arbuste il fut ébloui.

Du jaune lumineux, du orange, du rose, du bleu et un camaïeu de vert l’enveloppèrent.

La lumière émanait de centaines de fleurs, de plantes différentes .

Il venait d’entrer dans un magnifique jardin.

Il sourit, se dit que la vie avait un délicieux sens de l’humour. Il avait quitté son jardin natal pour se lancer dans un grand voyage, il avait suivi passionnément la lumière et sa grande aventure se terminait dans un autre jardin.

 

« Non, rectifia-t-il, elle ne se termine pas, elle commence ! »

 

Depuis ce jour-là, le petit escargot s’installa dans le magnifique jardin. Il rencontra d’autres escargots et fonda sa propre famille. Il rendit souvent visite à ses amis de l’autre côté de la rivière et continua à soigner, soulager, conseiller les autres, grâce à son expérience et à sa connaissance des plantes.

Le petit escargot avait trouvé sa place et je crois pouvoir dire sans aucun doute qu’il était heureux.

 

 

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