Chaque jour un spectacle somptueux se joue au-dessus de nos têtes et nous n'en voyons que le pâle reflet dans nos écrans. L'écran a-t-il remplacé le ciel?
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Tout à coup une sensation étrange m’enlace. Quelque chose a changé. Le ciel prend tout l’espace plombant un paysage teinté d’huile. Aussi loin et aussi haut que mon regard me mène, je ne vois qu’une épaisseur uniforme, sans nuances. Une seule matière ou son absence semble dominer. Peut-être qu’un artiste ayant longuement mélangé ses couleurs en est arrivé à une seule? Indéfinissable. Troublante.

Les saisons se confondent aujourd’hui. Les branches de l’hiver cisaillent encore nettement l’horizon tels des griffes figées, quelques taches vert tendre signalent le printemps, mais les oiseaux se taisent. Un lavis laiteux estompe le relief familier du Jura. Il n’y a plus de Jura. Il n’y a plus de nuages. Il n’y a plus le moindre souffle.

Il règne un calme annonciateur de tragédies. Le bateau Simplon malmené par la tempête s’encastre dans le quai, un enfant chute du 4e étage dans le Finistère, un séisme secoue les Strophades… Pourquoi n’écoutons-nous plus le ciel?

Aujourd’hui 180’000 tonnes de sable du Sahara ont enseveli le pays.