… Je sentais bien que c'était un petit "ça va" et qu'il serait bienvenu de lui changer les idées.
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–        Bonjour ! Comment allez-vous ?

–        Oh… ça va, merci.

Je sentais bien que c’était un petit « ça va » et qu’il serait bienvenu de lui changer les idées. J’enchaînai alors:

–        Cet après-midi je suis venue vous tenir compagnie. Est-ce que ça vous dirait d’aller faire une petite balade dans le parc qui se trouve juste derrière la maison?

–        J’aurais bien aimé vous dire oui mais mes jambes ne me portent plus comme avant.

–        Je vous aiderai. Et puis nous n’avons pas besoin de courir comme des lièvres, lui rétorquais-je pour la faire sourire.

Elle sourit, effectivement, mais ajouta « Vous savez même comme un escargot je n’y arriverai pas. »

Je m’assis à côté d’elle et lui fis signe de regarder dehors.

–        Vous pouvez voir la beauté du printemps, même sans sortir, il suffit de regarder par la fenêtre.

–        Hélas, me répondit-elle, je ne peux plus voir le printemps, j’ai perdu mes yeux. C’est arrivé petit à petit et maintenant je ne distingue que des ombres plus ou moins floues.

–        Je comprends… Mais vous pouvez sentir le printemps. Humer le parfum des lilas, tout près de votre fenêtre. Respirer l’odeur si caractéristique de l’herbe coupée que le jardinier vient de tondre…

Elle ne répondit pas tout de suite, on aurait dit qu’elle réfléchissait, qu’elle cherchait la bonne réponse, puis dans un léger soupir dit:

–        Malheureusement non, mon odorat a disparu à la suite d’un choc et malgré mes espoirs je ne l’ai jamais retrouvé.

Je restai silencieuse. C’est elle qui reprit:

–        Vous pensez probablement que j’exagère, et si ce n’est pas ce que vous pensez vous vous dites peut-être que dans mon état la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Tant de malheurs sont bien lourds à porter. C’est vrai. Mais vous êtes là, aujourd’hui, et je peux parler avec vous. Passer un petit peu de temps ensemble est bien agréable et je me réjouis toujours lorsque quelqu’un vient me voir.

–        Vous avez souvent de la visite? lui demandai-je.

–        Oui, une ou deux fois par semaine.

Cela me parut tellement peu! Une visite une ou deux fois par semaine seulement! Et le reste du temps la solitude comme unique compagnie…

Elle dû percevoir ma consternation car elle ajouta aussitôt:

–        Vous savez, pour ces petits moments que je peux encore partager, la vie vaut quand même la peine d’être vécue.

 

 

Commentaires (2)

Giulia.C
23.05.2025

Quel texte émouvant. Imaginer ce qu’elle vit et d’avoir encore envie de vivre, c’est une belle leçon de vie.

Chantal Girard
24.05.2025

Merci pour votre retour. Cette réalité est pourtant le lot de beaucoup. Alors c'est vrai toutes les personnes n'ont pas cette philosophie de vie mais j'en connais!

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