Créé le: 21.09.2016
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La Potence

Polar

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© 2016-2024 Né pané

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Aux amoureux de la petite reine et les autres… Les rapports humains, de plus en plus difficiles, nous font vivre parfois sur la chaussée glissante d’une société en mutation. Faut-il sortir du peloton ? Le jeu en vaut-il la peine ? Olivier, inspecteur dopé, va essayer de rester dans la course.
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On ne savait plus très bien quand la guerre avait commencé. Mais les deux clans en finissaient ce jour, dans la nuit.

Le sang coulait en un petit filet régulier qui se diluait dans l’eau du caniveau en pente. Paul, décontenancé par la violence de son acte, mit quelques secondes à se ressaisir. De longues secondes éclairées par un candélabre trop proche. Le bruit du volet en face au deuxième étage le sortit de sa torpeur. Il fouilla les poches de sa victime. Pas de papier, mais un portable qu’il prit. Il rangea le tournevis dans sa poche, attrapa ses clés dans l’autre poche, déclencha l’ouverture de son 4×4, monta, démarra, braqua, accéléra et tourna à droite en grillant le feu au passage.

Olivier, allongé sur le canapé face à la télé allumée, sorti du coma par le vibreur de son mobile. Appel du central : 5h30/meurtre à l’arme blanche rue Jules Verne/collègue en bas de l’immeuble dans 10 minutes. Il remit son T-shirt dans son pantalon. Mit la TV en standby et alla dans la cuisine pour avaler par réflexe matinal son Séroplex avec un grand verre d’eau. Il laissa un petit mot sur le frigo puis traversa le salon en essayant de ne pas faire grincer le parquet pour éviter de réveiller son copain et sa fille dans les chambres avoisinantes. Il attrapa son sweat à capuche et son blouson dans l’entrée et referma doucement la porte derrière lui. Même pas le temps de finir sa clope sous le porche l’abritant tant bien que mal du crachin. Cinq minutes plus tard, il était déjà assis à côté de son collègue de la nuit qui lui faisait le topo dans la voiture bana. Le bruit répétitif et feutré des essuie-glaces rythmaient le monologue.

Brusquement elle pila. La voiture pila en plein carrefour. Appuyé dessus, le coude d’Olivier glissa. Un fixie venait de passer en trombe devant le capot. « Ah, putain… Quelle bande de cons ! Un jour, je vais m’en taper un » s’exclama le voisin du carrosse. Puis le silence revînt dans l’habitacle. Peu de temps après, ils se retrouvaient au-dessus du cadavre éclairé de manière stroboscopique par le gyrophare bleu des pompiers déjà présents.

« Ils se sont encore foutu sur la gueule, mais cette fois-ci y’a un macchabé» dit l’un des flics dans l’assistance. « Regardez le tatouage en bas du cou… ». Fabien, le conducteur énervé de la voiture bana, se plia et baissa l’encolure de la victime. Il se retourna vers Olivier : « un petit guidon bleu-violet et sa potence en forme de 7 à la base du cou.»

Le climat était devenu tendu depuis quelques années entre les automobilistes et les cyclistes. Depuis le début du siècle, ces derniers gagnaient du territoire sur le bitume. Les politiques ayant décidé dans un élan écologiste de réduire la place de l’automobile. Tous les aménagements en ville prévoyaient désormais une place généreuse pour les deux roues. Mais la petite reine n’avait pas encore regagné son trône. Jusqu’en 2020, les rapports entre et les cyclistes et les usagers de l’automobile, véhicule qui connaissait également sa révolution en roulant presque sans essence en attendant d’être aussi sans chauffeur, étaient, quoique parfois conflictuels, encore vivables. Cela se limitait à quelques altercations et autres gestes peu courtois. Puis le rapport de force se fit sentir de manière plus physique sur le macadam. Les activistes les plus endoctrinés menaient une guerre de territoire nourrie d’incivilités. A l’aube de 2030, on s’approchait d’une véritable guérilla urbaine jusqu’alors discrète mais continue entre les deux clans.

Olivier pensa que le climat tournait vraiment vinaigre. « Ok, cela sent le règlement de compte ou une bagarre qui finit mal ». Fabien ajouta : « A savoir si cela un rapport avec le conflit bagnole – vélo ou entre deux personnes qui se connaissaient »… Olivier pensif, observant le corps et la rue calme du quartier résidentiel : « Hmm… Mouais. En tous cas c’est pas une chute à l’arrière du peloton ! ». Un flic en uniforme à côté se marra dans sa barbe puis tourna les talons.

Fabien déroula le menu : « Bon… On a des traces de lutte à la tête, sur les bras et au thorax. Les coups mortels auraient été portés au bide et dans le cou par un objet contendant. Le corps est encore tiède.» Olivier indiqua les consignes à l’équipe : relevé des preuves, enquête de voisinage et tutti quanti puis se tourna vers son second :

– « La rue est plutôt bien éclairée… »

– « Et ?… »

– « Et on va rendre une petite visite à la voisine d’en face qui vient de fermer le volet quand j’ai relevé la tête. Je crois savoir que l’appel nous informant du meurtre vient de là. Et avec un peu de chance, elle a vu des choses entre les gouttes ».

Ils traversèrent la chaussée brillante avant d’appuyer sur le bouton de l’interphone correspondant aux renseignements du Central. De longues secondes, grésillements….

– « Heu, oui … C’est qui ?

– La Police, Madame.

– Qui me le prouve ?

– Vous nous reconnaîtrez, vous nous observez depuis un moment. Et on a des jolies cartes tricolores.

Silence et éternuement étouffé. La porte se débloqua avec un bourdonnement d’abeille robotique. Ils montèrent au deuxième après les vérifications d’usage sur les boîtes aux lettres. Dans le couloir, une porte se referma doucement sur leur passage, encore quelques pas et au fond du corridor, la porte de Mathilde Grangier. La porte tarda à s’ouvrir. L’autre porte dépassée il y a quelques instants s’entrouvrit à nouveau … Fabien se retourna et susurra : « chacun son tour… ». La porte se referma doucement.Olivier insista et ils entendirent enfin le déverrouillage des trois verrous de la porte de Mme Grangier. Ne restait plus que la barrière de la chaîne. Les deux flics glissèrent leurs cartes dans l’entrebâillement avant de pouvoir enfin pénétrer dans l’appartement. Ils suivirent la femme en mules et robe de chambre qui s’affala dans le fauteuil. Elle semblait encore un peu secouée. Olivier se dit qu’il va falloir y aller avec des pincettes s’il veut des renseignements frais et précieux. Elle a entendu du bruit dans la rue. Cela l’a réveillé, elle s’est levée pour regarder à travers les persiennes et entrouvrir la fenêtre pour écouter. Une dispute. Une bagarre. Deux hommes. Un jeune et un plus âgé. Le plus vieux est monté dans un 4×4 sombre. Noir, bleu ou vert. Elle ne sait plus. Le 4×4 est parti. Le corps du jeune était face contre terre dans le caniveau. Elle a appelé la police.

-« Quelque chose de particulier ?…

– Non, ils se querellaient pour une histoire de place, de voiture sur la piste cyclable, de vandalisme, du prix de la carrosserie… Ils en sont venus aux mains, c’était violent. Je me suis caché parfois derrière le rideau tellement j’avais peur… J’ai pas tout vu ! »

– Le jeune était-il en vélo ?

– Non, je ne crois pas…

– Merci Madame, un collègue va prendre votre déposition. On va vous laisser… ».

Elle sanglotait légèrement encore quand ils quittèrent l’appartement. Ils abandonnèrent l’équipe à l’œuvre sur le terrain et rejoignirent leur voiture. « Tu me dépose chez moi ? » dis Olivier à Fabien. Sans attendre la réponse, il ajouta : « Je vais prendre une douche, boire un café et déposer ma fille à l’école et tu repasseras me prendre dans deux heures. On ira rendre une petite visite à Louis du Cyclomaniac. Il pourra peut-être nous renseigner sur le tatoué du caniveau ».

Les ateliers de réparations pour les cycles avaient poussés comme des champignons aux quatre coins de la ville. Tout était parti du renouveau du 2 roues à la cool chez les quadras bobos, du développement des vélos électriques chez les travailleurs écolos soucieux de leur hygiène corporelle au moment de rentrer en salle de réunion et de l’explosion des ventes de fixies pour les ados.

L’un des ateliers en centre-ville, le « Cyclomaniac », attirait les plus accros du pédalier. C’était la boutique pour les ultras, un peu comme les fanatiques du foot. Les ultras utilisaient un braquet plus fort dans le conflit actuel : Anti 4×4, anti diesel, anti parechoc… Bref, les plus remontés avaient une aversion totale contre les châssis motorisés et montés sur quatre pneus. Son patron, Louis, animait une page Facebook, « La Potence ». C’est la tige en métal qui fixe le guidon sur le cadre. Une page sur le réseau qui, la plupart du temps, n’était pas faite pour apaiser les tensions entre les belligérants.

Louis les accueilli entre deux vélos suspendus. L’un deux n’avait plus de roue à l’arrière et la chaîne pendait vers le sol, l’autre n’avait pas meilleure mine. Il essuya ses mains graisseuses dans une serviette en papier du rouleau géant d’essuie-tout accroché à la poutre tout en demandant en quoi il pourrait être utile à ces messieurs. Pour seule réponse, Fabien tendit la photo de la tête du tatoué.

– Le patron : C’est un client.

– Olivier : Et ?…

– Il vient souvent…

– Fabien : Bon, on va pas jouer aux devinettes. Tu veux un peu d’EPO pour répondre plus vite. Nom, job ou adresse ?

– C’est Guillaume…Heu, il travaille comme livreur pour Cycloresto. Je regarde sa bécane de temps en temps.

– Tu l’as vu récemment ?

– Oui… Y’a deux ou trois jours, je crois. Je lui ai changé les cocottes de sa bécane. Un vieux Peugeot tuné.

– Tu lui connais des ennemis ? Il t’a parlé de problèmes récemment ?

– Non, j’ai pas souvenir.

– C’est un follower de ta page ?

– Oui, il est dans le peloton.

– Il participe à tes petites échappées nocturnes ?

– Parfois… Quand il ne bosse pas.

– T’as une facture avec une adresse ou un numéro de téléphone ?

– Il contourna les deux flics pour se rendre derrière son bureau. Tapota le clavier. Après quelques minutes, donna les renseignements à Fabien qui les enregistra sur son smartphone.

– Que lui est-t-il arrivé ? Il a l’air pas bien sur la photo.

– Il a fait une mauvaise chute. C’est dangereux le vélo tu sais. Tu devrais mettre un casque ! See you soon…

Ils sortirent de la boutique. Fabien soupira : « cela me semble honnête tout ça ». Olivier répondit :

« oui j’sens pas le règlement de compte interne. Je me trompe peut-être mais cela ressemble plutôt à la mauvaise rencontre au mauvais moment. Contexte actuel à la con. C’est la douce violence d’une mutation sociale… La mamie a parlé d’une engueulade, de vandalisme et de grosse bagnole garée sur la piste ».

Fabien : « Le tatoué en ballade dans le quartier a dû s’attaquer à une bagnole qui lui piquait l’œil et ébranlait ses convictions de jeune idéaliste ! Mais… Il n’y avait pas de débris par terre !

Olivier : « Exact. Il n’a dû avoir le temps de faire que les menus larcins habituels ». Ceux qui remplissaient leurs bannettes de mains-courantes du type antenne pliée, rétro saboté, voire parfois une signature : une petite potence en épitaphe gravée sur la carrosserie.

Fabien : « En tous cas, il n’a pas crevé les pneus comme d’hab, puisque le mec c’est cassé avec sa bagnole ».

Olivier : « Oui, cela accrédite le fait qu’il s’est fait surprendre par le proprio du 4×4 et qu’il s’est peut-être fait trouer avec son propre outil pendant la bagarre. A confirmer avec le toubib ».

Ils arrivèrent à la voiture. Olivier, en refermant sa portière évoqua la suite des évènements à Fabien. Visite chez la boîte de livreurs « Cycloresto », visite de l’appart de la victime, épluchage de sa ligne téléphonique, médecine légale, etc. Bref, la routine qui ne donnera pas grand-chose. A part sur son ordi où l’on découvrit en effet des conversations d’un ultra. Autrement dit, les bagnoles n’étaient pas ses copines. Et les conducteurs irrespectueux encore moins… Cela fait beaucoup de suspects potentiels.

Olivier prenait rarement le volant en ville depuis qu’il était papa et les évènements récents entre les usagers de l’asphalte. Mais cette fois-ci, il prit la place du conducteur et indiqua à Fabien qu’il se réservait la mission d’annoncer la nouvelle à la famille. Il tourna le bouton de l’autoradio. Cynisme radiophonique d’une vieille chanson du siècle dernier : « A Bicyclette » d’Yves Montant. Il bascula sur le mp3 pour de la musique électro. Ils arrivèrent devant le pavillon des parents. Il descendit. Fabien se glissa derrière le volant. Appuyé sur la fenêtre passager, Olivier indiqua qu’il allait prendre le pouls familial et qu’il rentrerai en bus.

Dans le petit pavillon bien entretenu, dialogue habituel, dialogue de sourds, famille cassée… Silence, cris, larmes… Silence. Pavillon dévasté, vidé. Les fleurs du jardinet allaient vite faner cette année. Olivier a eu l’accord des parents pour rentrer dans la chambre restée dix ans plus vieille que le reste de la déco. Un bureau, lit une place, photos de soirées au mur, posters de coureurs dopés en plein effort, quelques coupes cyclistes. Plus rien ne bougera. Il les quittera presque comme un voleur après leur avoir piqué l’insouciance et l’envie de vivre. De son côté, il ne glana pas grand-chose.

Les jours puis les semaines s’écoulèrent. La police accumula des données, les renseignements se firent plus précis. Des points de convergence apparaissaient. Mais au bout du compte ils moulinaient. Un faisceau de présomptions sur l’origine, le contexte, le comment… Mais de là à comprendre le pourquoi du coup de sang, et surtout par qui ? C’était le smog.

Un jour, peu de temps après le meurtre, Julien le conjoint d’Olivier, était arrivé à la bourre au siège de TV Spot 8 et ne put garer son scooter comme habituellement dans le garage des deux roues. Il fit demi-tour et alla se garer à côté de la voiture de Paul. Un 4×4 bleu marine métallisé. Lorsqu’il descendit de sa monture, en enlevant son casque, il observa une étrange rayure sur la carrosserie. Elle faisait pratiquement toute la longueur avec des vagues irrégulières et s’arrêtait net au droit d’une amorce de signature, comme un bout de symbole indéchiffrable.

Cela ne ressemblait pas à un stigmate accidentel mais plutôt un geste de rage, de vengeance… Une sorte de vandalisme pensa-t-il. Il regarda d’autant plus cette cicatrice, que Paul, D.A.F de TV Spot 8 est un ami. Ils déjeunent souvent ensemble le midi quand Julien ne fait pas sa partie de squash hebdomadaire.

13h allaient sonner quand Julien passa la tête dans le bureau de Paul. « Salut Paul, on déjeune ensemble ? ». Julien vit longtemps le crâne légèrement dégarni du quinquagénaire qui mit du temps à lever la tête hors de son dossier pour répondre. Celui-ci lâcha enfin dans un soupir : « d’accord, mais rapide car j’ai pas mal de boulot cet après-midi et je dois partir tôt ce soir… »

Alors, ils décidèrent d’aller au plus proche. Le bistrot du coin, « La table d’angle » qui propose une cuisine du marché. Le patron arriva en apostrophant : « et pour ces messieurs ce sera ? » Puis se retourna et jappa en direction du comptoir : « Deux plats du jour, deux, un demi, une eau gazeuse».

Passé les banalités d’usages sur le quotidien du travail, Julien interrogea Paul sur ce qui lui était arrivé à son carrosse. Paul, verre à la main, en transforma une goutte de mousse en nuage sur sa chemise bleue ciel. Il paraissait gêné et resta évasif sur les circonstances. Une poignée de frein d’un cyclomoteur qui l’avait serré d’un peu trop près à un feu. Il devait d’ailleurs voir son garagiste ce soir pour un devis. Julien ne relança pas mais trouva que la balafre semblait un peu basse pour une poignée de cyclo. Ils déjeunèrent vite et remontèrent vers leurs bureaux respectifs. En studio, Julien travaillait sur le montage de deux émissions. Dont l’une pour la fin du mois. Un reportage sur la bataille du bitume entre les cyclistes et les automobilistes.

Julien, s’interrogea sur sa conversation de ce midi avec Paul. Cela tournait en boucle dans sa tête. L’attitude de Paul inhabituelle, crispée. Le naturel confiant et bavard évanoui ce midi. Il était presque taiseux sur l’accident. Lui qui d’habitude raconte ce genre d’évènement de manière décomplexé avec humour, voire truculence et exagération pour faire rire son auditoire. Non, décidément quelque chose ne tournait pas rond.

Durant sa pose clope vers 15h, il se dirigea le plus naturellement possible vers son scooter. Il en profita pour sortir son portable et fit deux, trois photos de la voiture de Paul. Puis il se trouva stupide. Il doutait des propos de son ami Paul. Le boulot de son compagnon déteignait maintenant sur lui. Il commençait à suspecter, à douter de tout. Il avait entendu parler de l’affaire… Mais de là… Et puis il se faisait souvent des films dans la tête. De retour sur son banc de montage, il regarda à nouveau son téléphone et commença à supprimer une photo. Puis finalement se ravisa et replongea l’appareil dans sa poche.

Un soir, deux mois plus tard, Julien et Olivier dinèrent ensemble pour une fois. Lilou était déjà couchée. Demain, il y a école. Après le repas, Julien alluma la télé et les deux compagnons se blottirent dans le canapé. Durant le repas, ils avaient parlé respectivement de leurs boulots et avaient évoqué l’affaire du cycliste. Julien se souvint alors qu’en deuxième partie de soirée était diffusé l’émission qu’il avait monté sur la guérilla urbaine des cyclistes. Olivier le chambra sur le caractère anxiogène de l’émission et le côté sensationnel du montage.

Les rires passés, Julien se souvint soudain des photos du véhicule de Paul et de l’avancée de l’enquête et de certains détails communiqués par Olivier durant le repas. Il hésita à sortir son smartphone, puis dégaina enfin. Il accéda aux photos, les regarda à nouveau. Zooma, hésita à nouveau et tendit finalement l’appareil à Olivier.

Olivier regarda distraitement, puis se redressa dans le canapé. Une respiration s’écoula… « Tu as pris ces photos où ? ». Il slida, zooma, jongla d’une photo à l’autre. Il eut une intuition. Comme s’il palpait quelque chose de concret tombé du ciel. Un petit fil d’Ariane… Fabien raconta cette étrange journée oubliée.

Olivier excité demanda à Fabien l’identité de son collègue. Il lui donna les précieuses infos mais ajouta également que celui-ci avait fait réparer sa voiture il y a plusieurs semaines et qu’il avait en outre fait son pot de départ à TV Spot 8 il y a quelques jours à la plus grande surprise de ces collègues. Ce célibataire, divorcé depuis quatre ans et sans enfant à charge, avait décidé de vivre quelques vieux rêves et avait eu l’opportunité de signer un nouveau contrat en Nouvelle-Zélande via LinkedIn. Il avait affirmé à Fabien que tout avait été très vite. Cela sentait les valises. Fabien évoqua une date pour le mois prochain. Olivier se dessinait le planning administratif dans sa tête. Les jours, les semaines ; la commission rogatoire du juge pour la visite. La course contre la montre ne jouait pas en sa faveur. Fabien vit son visage se relâcher pour devenir désabusé après la grande excitation du début.

En effet, les semaines qui suivirent lui donnèrent raison. Son intime conviction que Paul était coupable se renforçait jour après jour, mais les preuves tangibles s’effaçaient également au fil du temps comme les traces dans les urines des coureurs. Voiture repeinte, garagiste en vacances, appartement quasi vide et nettoyé avec un sac et deux valises prêtent pour le départ imminent, quelques cartons inintéressants en attente pour un Homebox de banlieue et un homme plutôt serein, pas fébrile durant l’interrogatoire et la tête déjà ailleurs avec un passeport en règle. Aucun accord international avec la Nouvelle-Zélande. Bref, la merde, le cul-de-sac.

Olivier n’avait rien à se mettre sous la dent pour retenir son suspect. Il a giclé trop tard du peloton pour rattraper le coureur solitaire. L’échappée était belle. Bon voyage… L’avion décollera le lendemain vers 7h.

8h30, l’appartement d’Olivier est baigné de lumière et la ville calme. Julien, en face de lui, trempe sa tartine dans le café noir. Lilou en pyjama sur le canapé joue sur la tablette. Olivier met fin à sa fringale en dégustant ses œufs brouillés au bacon et dit alors : « Ça vous dirait d’aller faire une ballade en vélo sur les quais ? »

Commentaires (1)

Pierre de lune
16.10.2016

Bonjour, Je me permets de vous livrer un ressenti, en espérant que cela vous sera utile :) Il y a une ambiance, une atmosphère dans votre polar ; l'écriture nerveuse et dynamique brosse bien l'univers policier. Et un meurtre "accidentel", une bagarre qui tourne mal, une affaire classée, pourquoi pas ? Un dérapage incontrôlé en quelque sorte... Si je peux me permettre, il reste des coquilles dans le texte, une petite relecture extérieure, et le tour est joué ;) Au plaisir de vous lire à nouveau,

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