Créé le: 16.01.2021
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La mort, le mal et l’amour

Amour, Notre société

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© 2021-2025 a André Birse

Une réflexion cette semaine, née de quelques évènements. Je dis cette semaine comme je dirais cette vie ou ces plus de trois mille semaines.
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En grand homme qu’il fut, Albert Camus s’est intéressé à la mort dans ses écrits ayant compris de tout temps que la mort aussi s’intéressait à lui, ce qu’elle fit plus ardemment un 4 janvier de début des années soixante. Il la qualifia même de cause du malheur des hommes dans Caligula, que j’ai lu un peu cette semaine, en songeant à ce qui se passe aux Etats-Unis, avec leur président désenchanteur et déjanté. On redevient parfois le petit phoque blanc de « Beau dommage » – revisionné à l’instant – qui pense à son amour et aux Etats-Unis en regardant le soleil tomber derrière la banquise sans se douter que la terre est ronde et qu’elle tourne en plusieurs manières, ni même que d’autres phoques ne penseront pas comme lui. Albert Camus s’est intéressé au mal qu’il a traqué dans ses ouvrages. Les pestilences buboniques ou les multiples manières de la révolte au moyen du crime illégal et légitime qui peu à peu malgré les fureurs de ses éloquents contradicteurs redevint un simple et absurde malheur. Il s’est intéressé à l’amour, celui, salé – eau de mer – et souriant, de Marie pour Meursault ou à ceux qu’il suscitait immédiatement et décelait dans la nuance de certains regard féminins. Je ne crois pas, mais il faudra que je lise, et bien, et mieux encore, qu’Albert Camus ait vu du mal dans l’amour qui pourtant s’y trouve.

 

Or, de ma correspondance avec un homme condamné pour viol, et de mes échanges avec les réalités du monde depuis plus de deux générations, je me dis que l’on a tort de ne pas voir que l’amour sexualisé aussi (en ce qu’il implique la sexualité) est d’abord un malheur. Des uns et des autres, toutes et tous, individuations estampillées. Histoire et sociétés, grotesques masculinités. La fleur en la jeune fille. Le temps qu’on y passe, le crédit qu’on lui accorde, la violence que l’on croit laisser à d’autres, psychique ou physique, celle-ci qui n’en veut ni n’en peut plus, celui-là qui se morfond et ne sait plus ce qu’il poursuit, ni même dont il avait fait un espoir. Puis l’inverse des sens retournés. Le temps qu’on y aura passé, les soubresauts de nos ancêtres dans leurs alcôves et litières et finalement ça a marché. Jusqu’à nous venus et c’est nous justement qui n’y sommes plus. Je ne crois pas avoir su, me dit mon condamné. Avoir su quoi ? Il y a des affaires partout. Le compte-rendu et depuis lors perdu des propos sales et horrifiants du type qui a assassiné trois policiers avant les fêtes et dont on a retrouvé la femme sur le toit. Un livre demain à Paris, une affaire bientôt dans la tour à Genève, DSK à New-York, et tant de phoques noirs dans leurs iglous non phosphorescents. Dans les plus hautes sphères de l’Etat et de la culture – bulles d’oser – au sein de l’Eglise, qui s’y colle et s’en défait, dans les souvenirs d’enfance et les cauchemars sénescents. Vers la fin. Qu’on ne me dise plus, « dans les rues de New-York après la pluie » que l’amour n’est pas d’abord un malheur transformé en conte de fées dans les idéaux naturellement généalogiques puis caché dans les cachots pour ceux que l’on a rattrapé. La première valeur du monde d’aujourd’hui, c’est l’ambivalence. Le condamné dormira six ans en prison et nous nous écrirons. La voix du chanteur reste en nous accrochée. Les rêves étaient faits pour rester éveillé. Beau dommage, vilaine fortune.

 

Commentaires (2)

André Birse
29.09.2021

Merci chère Mouche que j'apprends à connaître au fil des textes. Plusieurs sujets abordés dans votre commentaire auxquels je ne peux répondre ici. Au demeurant, l'écriture n'est pas à mes yeux le lieu des réponses mais bien ce par quoi on dresse l'avis de sinistre en s'apercevant qu'en réalité ce peut être plus et mieux = histoires de vie

Mouche
29.09.2021

Réflexion bouleversante. Douleur, exaspération. Esprit bouillonnant, sexe en berne. Vous dites l'amour (parce que sexualisé) est un malheur. Je pense comme vous, et à l'envers de vous : pour moi, la sexualité (et non l'amour) est un bonheur. Bonheur du corps, sans mental ni affect. Comme le bonheur d'un enfant qui s'élance.

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