a a a

© 2023-2024 Starben CASE

Ce tableau a tissé des liens avec moi à travers une compilation de synchronicités étonnantes qui m'inspire ce texte.
Reprendre la lecture

La perle. Je ne vois qu’elle dont le reflet d’argent forme une virgule annonçant une inspiration. Et soudain, elle se retourne, déplaçant l’épaisse lumière en suspension. Ses yeux éclairent la pénombre, se relèvent et me fixent.

 

A cet instant, ce regard, je le fige d’une main de maître et pour l’éternité sa présence remplace la mienne. Désir naissant, hésitation, tristesse..? Que d’interrogations se condensent dans ce rayon qui m’encercle et dans lequel je resterai prisonnier.

 

Sans voix, je reste suspendu à ses lèvres qui cherchent à respirer dans cet atmosphère liquide. Son visage translucide nimbe l’espace étouffant d’un éclat éthérique. Combien de temps restera-t-elle ainsi, modelée par l’infini?

 

Un turban élégant sert de voûte céleste à ses pensées. L’étoffe se pose dans une gestuelle de nuances autour de la perle que vient souligner le col, d’une blancheur immaculée. Je n’ose un geste et retiens mon souffle pour faire perdurer le mirage.

 

Qu’elle soit servante ou maîtresse, sa beauté est souveraine et mon cœur s’incline. Le pinceau qui devait la rendre immortelle comme un papillon naturalisé s’est retourné contre moi. Dentellière, liseuse ou laitière, je suis hanté par cette Jeune Fille qui s’incarne désormais dans toute mon oeuvre.

 

C’est moi, Johannes, qui a peint le modèle, mais c’est la Jeune Fille qui a créé Vermeer.

 

La Jeune Fille à la perle (Meisje met de parel, 1665)

huile sur toile de Johannes Vermeer, Mauritshuis.

Commentaires (6)

Acinos
07.01.2024

Votre texte très inspiré laisse la lumière pénétrer en moi et éclaire ce tableau d'un halo nouveau.

Starben CASE
09.01.2024

Merci Acinos, soyez le bienvenu sur le site :-)

Starben CASE
30.07.2023

L'invisible reste un mystère qui s'infiltre en toute chose et il perdure, même quand on essaie de le comprendre. Décortiquer un cerveau n'a jamais permis de trouver l'âme. Merci de vous être laissé surprendre par ce que nous croyons connaître.

André Birse
29.07.2023

Vous avez osé laisser quelques mots bien sentis devant cette icône. Vous immiscer entre elle et lui, puis entre lui et l'universalité de leur prestige partagé. Je n'oserai pas, à mon tour, ajouter un commentaire, mais vous remercier de m'avoir permis, par ce texte court, de la regarder une fois encore. Peut-être mieux que jamais.

Starben CASE
29.07.2023

Merci Emeraude, je prends goût à restituer l'émotion que je ressens devant un tableau et je suis reconnaissante de ton commentaire.

Emeraude
28.07.2023

Je suis médusée par cette "entrée dans la peau" du peintre, piégé pour toujours par cette "virgule" de lumière et par l'éclat du regard, fascinant et éperdu entre la surprise, la crainte et l'émerveillement. C'est le prodige d'un pinceau qui rend immortelle cette émotion. Lui faire dire, à lui Johannes, qu'Elle a créé Vermeer, est ensorcelant.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire