Créé le: 07.09.2021
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Jeanne
Chapitre 1
1
Nous avons tous une histoire, une histoire qui raconte notre naissance.
Beau ou laide, elle existe...
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Aujourd’hui, il fait beau et l’humeur n’est pas de rester dans cette maison où l’ambiance est pire que dans un salon funèbre. Jeanne enfile son long manteau et claque la porte du petit appartement où elle vit. Dehors, le soleil brille, mais sur le visage de Jeanne aucune lueur de bonheur ne se laisse voir. Elle se balade seule, dans les rues de ce quartier qu’elle a déjà trop vu ! Elle n’a que seize ans, mais la vie lui a offert déjà tant d’expériences… Elle sait déjà que vivre ce n’est pas facile et les rêves, elle sait déjà que ça n’existe pas ! Jeanne, ce sentiment, elle le connaît bien, c’est tous les jours le même rituel, elle se balade seule sans rien n’attendre de la vie. Pourtant, aujourd’hui, la vie lui a réservé une surprise ! Une surprise… C’est si ironique ! Une bonne ? Une mauvaise ? Personne ne sait de quoi sont faites les surprises de la vie.
En marchant sur le petit pont de bois qui surplombe la rivière, Jeanne aperçoit une silhouette ; elle s’avance lentement. Quelqu’un est là, assis sur le pont, c’est un jeune homme. Il a l’air triste, son regard est figé sur la rivière et il ne bouge que pour reprendre sa respiration. Il est jeune, peut-être le même âge que Jeanne ou plus… Son visage est morose et terne, mais il sourit. Il sourit lorsqu’il croise le regard de Jeanne. Il descend de la balustrade et s’avance vers elle d’un pas sûr et avenant. Les présentations sont faites, Simon a dix-neuf ans et vit ailleurs que dans ce quartier que Jeanne a déjà trop vu… Après quelques minutes de discussion sans intérêt, tous deux décident d’aller se promener et de faire un pique-nique sur la rive gauche de la rivière.
Mais Jeanne en oublie sa montre et ne regarde pas les heures défiler à toute allure. Il est maintenant bien trop tard, elle a de loin dépassé son couvre feu. Peu importe, de toute façon, dix minutes de retard ou trois heures de retard, c’est la même correction. Elle ne dit rien et sourit ; elle rentrera, mais plus tard… Pour le moment, un parfum de bonheur voyage autour de la rive gauche de la rivière. Ils sont là, tous deux à se raconter leur misérable vie qui ne fait que commencer. Mais ils sont heureux, ils sont bien et leur visage gentiment s’allume.
En rentrant, la correction de Jeanne ne fut pas plus violente que celle d’hier ; elle le savait. Jeanne ne dit rien, elle observe sa mère la ruer de coup et son père sur le canapé, à regarder sans rien dire. Mais, elle sourit. Après plusieurs mois rythmés de ballades amoureuses et de coups gratuits, Jeanne décide de parler à Simon. Ils sont jeunes et la vie les a réuni. C’est décidé, ils quitteront ce quartier, la rive gauche de la rivière et les corrections journalières. Simon est plus âgé, il est déjà majeur depuis quelques mois. Il la protègera… C’est ce qu’il dit : il la protègera…
Ce matin, Jeanne sort de chez elle, mais son sac n’est pas rempli de ses cahiers de classe. Elle sort sans rien dire comme chaque matin. Mais ce matin est différent, elle le sait, elle ne rentrera pas pour le dîner ni pour le reste d’ailleurs… Le bus est plus agréable ce matin, Jeanne ne s’y sent même pas à l’étroit ! Elle sourit et elle commence même à se dire que peut-être les rêves existent. Son esprit vagabonde dans un univers qu’elle ne connaît pas. C’est peut-être ça rêver…
Les portes du bus s’ouvrent et Jeanne aperçoit Simon, il est là majestueux et sûr de lui. Il est beau et son visage semble lumineux. Elle court le rejoindre. Simon aussi a un sac, ils peuvent s’en aller maintenant. Insouciants, ils se dirigent vers nul part. Les jours passent et le bonheur est au rendez-vous, Jeanne rigole et Simon se sent bien. Ils ont trouvé un petit appartement non loin de leur ville natale. Simon travaille et Jeanne s’occupe de leur petit nid d’amour. C’est le bonheur absolu, mais Jeanne ressent parfois des douleurs dans son ventre. Elle pense que peut-être, les corrections de sa mère ont été plus violentes qu’elle ne le pensait. Elle ne dit rien et laisse passer le temps. Simon n’est pas dupe, il remarque bien que Jeanne a un souci, mais il ne veut pas la brusquer. D’ailleurs, les deux amoureux vivent leur bonheur égoïstement et oublient parfois de partager leurs peines. Ils ne parlent que très peu, ils préfèrent tout simplement s’aimer… Mais s’aimer sera-t-il suffisant ?
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