Créé le: 27.09.2016
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JALOUSIES

Polar

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© 2016-2024 Moreau

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les apparences sont trompeuses ; l'amour peut rendre fou.
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Quand son adjoint ANDRIEUX l’appela à 4 heures du matin, sur son portable, LAROCHE nageait en plein rêve. Il eut du mal à émerger et pesta contre ce pauvre macchabée qui l’attendait du côté de la Marina et qui n’y pouvait plus rien. Pourquoi fallait-il que les criminels agissent toujours la nuit ? Encore une journée qui s’annonçait difficile et longue. En arrivant sur les lieux, il constata que le légiste était déjà sur les lieux, à s’agiter autour du cadavre. Le corps se présentait étendu sur le ventre, la joue droite face contre terre ; les yeux encore ouverts, étaient surpris et figés par la mort. La jeune femme était élégamment vêtue d’une robe bleue qui devait être jolie. Il fallait faire vite avant que les badauds n’affluent et cherchent à connaître les évènements de la nuit. Le jour commençait à poindre. LAROCHE s’approcha du Docteur SARLAT et sans prendre la peine d’exprimer les salutations d’usage, lui demanda tout de go, ce qu’il en était. Le docteur se redressa en le voyant et commença à énoncer les premières constatations : « il s’agit d’une femme âgée d’une trentaine d’années, décédée des suites du coup de couteau qui lui a tranché l’artère carotide. Elle est morte instantanément mais, préalablement, elle a tenté d’échapper à son agresseur, en courant. Dans sa fuite, elle a perdu une chaussure et a dû se fouler la cheville ». Tout en donnant ses explications, le docteur montra la cheville complètement tordue et déjà bleue. Au pied gauche, elle portait une sandale à talon pointu

Il fallait faire vite avant que les badauds n’affluent et cherchent à connaître les évènements de la nuit. Le jour commençait à poindre. LAROCHE s’approcha du Docteur SARLAT et sans prendre la peine d’exprimer les salutations d’usage, lui demanda tout de go, ce qu’il en était. Le docteur se redressa en le voyant et commença à énoncer les premières constatations : “il s’agit d’une femme âgée d’une trentaine d’années, décédée des suites du coup de couteau qui lui a tranché

l’artère carotide. Elle est morte instantanément mais, préalablement, elle a tenté d’échapper à son agresseur, en courant. Dans sa fuite, elle a perdu une chaussure et a dû se fouler la cheville.” Tout en donnant ses explications, le docteur désigna la cheville tordue et déjà bleue. Au pied gauche, elle portait une sandale à talon pointu. Puis il la retourna sur le dos pour montrer aux policiers, les blessures et écorchures de la jeune femme. Il lui ferma enfin les yeux. Le coup de couteau était net et avait tranché d’un trait, le cou. Il dégagea avec quelques difficultés, le téléphone portable que la victime avait enfermé dans sa main droite. Le corps était déjà raide. Il le tendit à l’inspecteur qui s’en empara pour l’examiner mais il était éteint et verrouillé. Le légiste ajouta que la femme était enceinte.

– enceinte ? répéta LAROCHE. Combien de mois ?

– Je dirai entre 3 et 4 mois, je dois m’en assurer

– l’heure de la mort ? questionna encore LAROCHE

– Entre 2 heures et 3 heures du matin, cette nuit, je dirai, répondit le légiste

– OK dit LAROCHE, enregistrant l’information, on connaît son identité ?

– non intervint ANDRIEUX, aucun papier d’identité et pas de sac à main. Les hommes sont en train de chercher aux alentours et fouiller les poubelles du coin. Il s’agit surement d’un crime crapuleux

– ou d’un crime passionnel, répliqua LAROCHE. Quelle poisse qu’on ignore qui elle est ! râla-t-il. Bon il faut se dépêcher maintenant avant que les badauds n’arrivent. Avons-nous trouvé sa chaussure ? D’où venait-elle dans cette tenue ? interrogea LAROCHE à son adjoint

– les hommes sont en train de faire une enquête de voisinage et des yachts du port ; elle devait être à une réception, avec cette tenue.

Les premières heures sont primordiales pour l’enquête. De retour au commissariat central, ANDRIEUX fut chargé de trouver au plus vite l’identité de la jeune femme et tenta sa chance en téléphonant à tous les hôpitaux de la ville, cliniques et médecins gynécologues et

obstétriciens mais personne ne reconnut la patiente. Cela signifiait-t-il qu’elle n’était pas d’ici ? C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Quant à LAROCHE, il se rendit au labo pour déverrouiller le portable. Le technicien n’eut aucune difficulté à l’ouvrir. Le dernier appel de la victime datait d’1heure 22, très exactement, l’appel n’avait duré que 30 secondes ; cela devait être quelques instants avant sa mort. Cet appel était destiné à une certaine Sarah EDMOND et correspondait à d’autres appels réceptionnés dans la soirée. Elle fut sortie du lit sans ménagement et amenée immédiatement au poste. De petite taille, menue, elle était très énervée et furieuse par les manières peu amènes de l’inspecteur et ne manqua pas de lui faire savoir mais celui-ci n’en avait cure, ce qui fit monter encore d’un cran, l’agacement de la jeune femme. – Bon, Mlle EDMOND, pouvez-vous décliner votre identité, s’il vous plait ?

– Vous vous foutez de moi, pesta-t-elle, vous avez ma carte d’identité entre les mains,

– Vous pourriez avoir usurpé cette identité, expliqua-t-il avec une politesse feinte

– Oui, et bien, je ne vous dirai rien, pas avant de savoir pourquoi vous m’avez amenée de force ici, répliqua-t-elle.

Lassé, il essaya une autre tactique, et questionna, « bon, pouvez-vous nous dire qui vous a appelé à 1 h 22, cette nuit ? »

– Je suis sur écoute ? mais c’est honteux. Où sont les libertés publiques ?

LAROCHE commençait vraiment à s’énerver, elle lui faisait perdre un temps précieux : « vous avez fini de répondre à mes questions, par une question. C’est moi qui pose les questions ici, hurla-t-il et je n’ai pas de temps à perdre avec vos états d’âme. Si vous ne comprenez pas, je vais vous faire goûter les joies de la cellule… J’ai besoin de savoir si vous avez répondu à l’appel de cette nuit et connaître votre emploi du temps…Sarah EDMOND comprit qu’il ne plaisantait pas et qu’il semblait de très mauvais poil ; elle n’avait le choix que de se soumettre à

l’autorité de cet inspecteur si désagréable et si peu courtois et c’est avec réticence, qu’elle répondit, “hier soir, j’étais à un cocktail sur le bateau de M. BRIDEIS”.- De quelle heure à quelle heure ? enchaîna-t-il

– De 22 heures à 4 heures du matin environ

– Et ensuite ?

– Ensuite, un homme m’a raccompagné chez moi, dit-elle hésitante et gênée

– Et ensuite ?

– Mais cela ne vous regarde pas, tenta-t-elle, choquée

– Le nom de cet homme ?

Sarah EDMOND soupira de façon ostentatoire et furieuse : « il s’agit d’un homme marié. Je ne vous donnerai pas son nom, et ce, même sous la torture », ajouta –t-elle avec bravache – Bon, on verra cela plus tard, lui concéda-t-il d’un ton bourru ; avez-vous répondu au téléphone cette nuit ?

– Non, j’étais trop occupée, minauda-t-elle

– C’est bien dommage, la coupa LAROCHE. Connaissez-vous cette femme ? lui demanda-t-il tout en lui glissant sous les yeux, la photo de la femme assassinée.

– Oh mon Dieu ! C’est Emma dit-elle choquée. Que lui est-il arrivé ?, demanda-t-elle et naturellement, des larmes commencèrent à couler le long de ses joues

– C’est ce que nous cherchons à découvrir, répliqua sèchement LAROCHE, vous la connaissiez ?

– C’était ma meilleure amie, gémit-elle lamentablement. Elle était enceinte de 3 mois

– Vous savez qui était le père de l’enfant ? s’adoucit momentanément le policier,

– C’est là le problème, expliqua -t- elle ; elle était mariée à un margoulin, Ugo POTELIN mais le père, c’est Jean TORSINI.

– Pourquoi dites-vous que c’est un « margoulin » ? enchaîna LAROCHE

– parce qu’on ne s’apprécie pas ; il ne supporte pas mon amitié avec son épouse et ne veut pas divorcer malgré le fait que son épouse le trompe.

– Et TORSINI ? questionna encore LAROCHE

-c’est moi qui l’est présenté à EMMA

ANDRIEUX présent lors de l’audition, quitta précipitamment la salle et partit chercher les 2 intéressés. Peut-être que le chef avait raison finalement et qu’il s’agissait d’un crime passionnel. Seul avec Sarah, LAROCHE continuait

de l’interroger mais il avait besoin de souffler un peu. Elle pleurait maintenant son amie disparue et il profita d’aller chercher une boîte de kleenex, pour prendre un café. ANDRIEUX l’intercepta et lui dit, tout content de sa trouvaille,

– Chef, il s’agit d’un crime crapuleux, nous avons retrouvé le sac de la victime dans une poubelle non loin de la scène du crime. Il n’y avait plus ni argent, ni carte bleue, seulement un rouge à lèvres et des bricoles sans intérêt qu’on trouve dans tous les sacs d’une femme…

– Ok, marmonna LAROCHE, sans conviction, envoie le sac au labo pour les empreintes

– C’est déjà en cours, chef

– Et où en est-on avec les deux lascars, le mari et l’amant ?

– Les hommes sont allés chercher UGO POTELIN qui dormait dans une chambre de l’Hôtel BELLEVUE mais Jean TORSINI reste introuvable pour l’instant, chef.

– Bon, tu me préviens quand il est arrivé, ainsi que le Procureur et tu lui notifies sa mise en garde à vue. Je retourne voir Madame EDMOND pour connaître le déroulement de la nuit dernière

De retour dans le bureau, face à une Sarah complètement défaite, reniflant, il lui tendit la boîte de kleenex,

– avez-vous une idée de la raison de son appel de 1 h 22 ?

– non, elle m’a accompagné à cette fête d’hier soir ; elle avait besoin de se changer les idées. Elle était perturbée par le fait que son mari ne veuille pas admettre qu’il n’était pas le père de son enfant et qu’elle ne l’aimait plus. Elle ne comprenait pas son obstination.

– Et TORSINI ?

– Quoi, TORSINI ? renifla Sarah

– Quel est son rôle ? Etait-il prêt à reconnaître l’enfant ? Etait-il avec vous hier soir ?

– Non, insista -t-elle, je vous ai dit qu’elle avait besoin de souffler. On y est allé toutes les deux. Je ne crois pas qu’elle leur ait dit où elle se trouvait. TORSINI lui mettait aussi la pression pour qu’elle divorce. Elle était très nerveuse.

– C’est sa situation familiale compliquée qui la rendait nerveuse ou y avait-il une autre raison ?

– Elle ne l’a pas dit. Cela se

voyait, c’est tout. J’étais son amie, gémit-elle

– bon, vous étiez à cette soirée. Que s’est-il passé ?

– Je l’ignore. Au début, nous étions ensemble puis j’ai été accaparée par cet homme qui m’a courtisé et je l’ai perdue de vue ; elle s’est évaporée. Quand nous avons quitté le bateau vers 4 heures du matin, elle n’y était plus.

– Cela s’est sûr, affirma le policier, puisque le légiste fixe l’heure de sa mort vers 2 heures à 3 heures du matin.

– Oh ! Mon Dieu, cela signifie que j’ai été la dernière personne qu’elle ait cherché à joindre, gémit-elle et je n’ai pas été là pour elle, pleura-t-elle

– Et, oui, ma petite dame, dit LAROCHE avec lassitude.

Il fut interrompu par un agent qui lui indiqua qu’un homme venait de se présenter à l’accueil pour dénoncer le meurtre de sa fiancée. LAROCHE sortit, laissant Mlle EDMOND pleurer tout son saoul. Il se posta devant l’homme brun, d’âge mûr et de taille moyenne ; il avait le bras gauche en écharpe, ébouriffé et l’air chiffonné, il répéta son histoire, « ma fiancée a été assassinée cette nuit et je veux que vous arrêtiez l’auteur ».

– Comment vous appelez-vous, Monsieur ?

– Jean TORSINI

– Très bien, Monsieur TORSINI, venez avec moi, nous allons prendre votre déposition.

LAROCHE l’emmena dans un bureau à l’écart, et lui demanda de s’exprimer sur ce qui l’amenait au commissariat. C’était inespéré que le suspect vienne à lui si facilement

Jean TORSINI lui expliqua qu’il avait une relation intime avec une femme mariée qui n’aimait plus son mari depuis quelques temps déjà ; qu’elle voulait le quitter mais qu’elle ne l’avait toujours pas fait ; qu’entre temps, elle était tombée enceinte et qu’il était le père. Il raconta que le mari était un homme extrêmement jaloux, raté de surcroît qui lui faisait vivre un enfer.

Devant le regard impassible du commissaire, TORSINI déjà très agité sur sa chaise, parlait maintenant avec les mains pour tenter d’être convaincant.

Cette nuit, une de mes amies SARAH EDMOND l’a emmenée à une soirée

sur un bateau. Son mari n’était pas au courant mais comme je vous l’indiquais précédemment, il la faisait suivre et il a su où elle se rendait. Il est venu et l’a fait descendre du bateau ; ensuite, Ugo l’a obligée à venir avec elle ; ils sont partis du côté de la marina et là, il l’a tuée.

Très loquace jusque-là, TORSINI se tut, attendant une réaction de la part du policier, réaction qui ne venait pas. Perturbé par la placidité de ce dernier, il perdit de son assurance, « mais qu’attendez-vous pour l’arrêter ?».

– Avant d’interpeller quiconque, je dois vérifier la véracité de vos propos. Ce sont des accusations très graves, …

– Mais enfin, je suis un témoin capital ; j’ai tout vu et j’ai formellement reconnu le mari ; de plus la victime était ma petite amie ; elle attendait mon enfant. Je veux que vous arrêtiez ce salopard.

– Monsieur TORSINI, pourquoi n’êtes-vous pas intervenu, pourquoi n’avez –vous pas appelé la police, votre amie aurait peut-être pu être sauvée ;

– Mais, je SUIS intervenu, insista-t-il ; quand je l’ai vu en train de l’attirer dans un endroit sombre et de la zigouiller, je l’ai rattrapé pour lui faire sa peau, je me suis battu et l’homme m’a mis un méchant coup de poing qui m’a démis l’épaule. Emma était déjà morte ; ensuite, paralysé par la douleur, il en a profité pour fuir et je n’ai pas été en mesure de le poursuivre. Je n’avais pas d’autre choix que d’aller aux urgences, où j’ai attendu pour me faire soigner. Je suis venu directement ici, ensuite.

– Pourquoi étiez-vous sur les lieux du crime ?

A cela, Jean TORSINI frissonna, et bredouilla qu’il avait besoin de voir Emma ; qu’il n’avait pas réussi à la voir de la journée et qu’il avait un besoin irrépressible de la serrer dans ses bras.

ANDRIEUX toqua à la porte et passa une tête : « chef, le 2ème lascar est arrivé ; vous voulez le voir ? »

LAROCHE hocha la tête et planta là TORSINI. Tout en se dirigeant vers la salle d’interrogatoire, il demanda à son adjoint de prendre tous les

renseignements utiles sur Mlle EDMOND, sur TORSINI, leur casier judiciaire, où ils vivent, ce qu’ils font, leurs relations, la famille, etc… Pour conclure, LAROCHE se dit, « il est louche, ce mec, il cache quelque chose. Ah oui, puis, je veux aussi savoir qui est le père de cet enfant. Tu appelles le légiste pour l’analyse ADN. »

Le policier attendit cinq minutes avant d’entrer dans le bureau et examina Ugo POTELIN qui patientait, les mains croisées sur la table. Il avait l’air soucieux et ennuyé. Malgré la précipitation de son réveil, il était élégamment vêtu d’un pantalon de toile et d’une chemise en lin correctement repassée. Cet homme n’avait pas l’habitude de se laisser aller. Il ressemblait plus à un homme d’affaires en congé qu’à un tueur mais LAROCHE avait appris à ne rien préjuger.

Il entra dans la pièce brusquement, ce qui fit sursauter l’homme perdu dans ses pensées. Immédiatement, il entra dans le vif du sujet :

– Monsieur POTELIN, pouvez-vous me dire ce que vous avez fait cette nuit ?

– Comment cela, ce que je faisais ? Je dormais…

– Dans votre chambre d’hôtel à Bellevue ?

– Oui exactement dit-il avec assurance, dans la suite numéro 2.

– Quelqu’un peut en attester ?

– Non, je dormais seul. Ma femme devait me rejoindre après sa soirée mais elle n’est pas rentrée.

– A quelle heure vous êtes-vous couché ?

– Vers 23 heures. Avant j’ai dîné avec les patrons d’une société que je veux racheter. C’est mon métier, je rachète toute sorte de sociétés moribondes et je les sauve de la faillite.

– Dans quel restaurant avez-vous dîné ?

– « Au cochon argenté ». J’ai payé la note avec ma carte bleue

– Très bien, nous vérifierons.

– Maintenant, pouvez-vous me dire quel est l’objet de cet interrogatoire ?

– votre épouse a été assassinée cette nuit. L’heure de la mort a été fixée entre 2 et 3 heures du matin affirma froidement le policier.

LAROCHE avait sciemment donné l’information comme si cela était tout à fait anodin. Il sentit le corps et l’expression de l’époux se

se raidir mais aucune expression ne filtra.

– Je suppose que je suis le principal suspect, ajouta POTELIN

– D’autant plus que vous avez été mis en cause par Jean TORSINI. Le connaissez-vous ?

– Très peu, je l’ai rencontré une fois à un barbecue organisé par Sarah EDMOND

– Il prétend être le père de l’enfant de votre épouse, ajouta l’inspecteur

– N’importe quoi, mon épouse n’aurait jamais fricoté avec un tel fumiste dit POTELIN avec mépris

– Mais parfois, on refuse de voir l’essentiel ; vous avez pu être aveuglé, insista LAROCHE. TORSINI dit aussi que vous refusez l’évidence, que vous êtes d’une jalousie maladive…

– N’importe quoi, s’emporta maintenant l’époux. Je vous dis que c’est mon enfant et pas celui de cet abruti !! exprima POTELIN, hors de lui.

– Mais parfois, on refuse de voir l’essentiel ; vous avez pu être aveuglé, insista LAROCHE. TORSINI dit aussi que vous refusez l’évidence, que vous êtes d’une jalousie maladive…

– N’importe quoi, s’emporta maintenant l’époux. Je vous dis que c’est mon enfant et pas celui de cet abruti !! exprima POTELIN, hors de lui.

– Très bien, très bien, tempéra LAROCHE

– Est-ce que je peux avoir un verre d’eau ? questionna le suspect

– Oui, bien sûr. On va vous apporter cela, dit l’inspecteur en se levant de sa chaise. Ah, oui ! une dernière question Monsieur POTELIN, avant de vous laisser un instant, saviez-vous où devait se rendre votre épouse, hier soir ?

– Oui, certainement, elle devait se rendre à un cocktail avec Sarah EDMOND, sur l’invitation de Monsieur BRIDEIS

LAROCHE le laissa seul dans le bureau. Il était un peu ébranlé par le sang-froid du mari à qui on venait d’apprendre le décès de son épouse. Son regard clair et froid ne laissait pas de doute. Cet homme ne dissimulait pas. Il allait retourner voir l’amant quand ANDRIEUX l’intercepta et lui dit, “chef, chef, le fœtus et TORSINI n’ont pas le même ADN. Le légiste a été formel, il ne peut être le père de l’enfant. Par ailleurs, il se révèle être un proche sympathisant

des indépendantistes corses qui sévissent sur l’île… Il n’a pas de casier judiciaire mais c’est parce qu’il a été assez malin pour ne pas s’être laissé prendre ; il a été impliqué dans plusieurs affaires non élucidées. Quant à Mlle EDMOND, elle a déjà été condamnée pour harcèlement. Le Tribunal avait demandé une expertise, à l’époque. Elle devrait arriver d’un moment à un autre»

LAROCHE s’en retourna auprès du corse, le sourire aux lèvres.

– Comment avez-vous connu Madame POTELIN ?

– Par Sarah, c’est Sarah qui me l’a présentée. Nous sommes tout de suite tombés follement amoureux l’un de l’autre. Le coup de foudre, quoi ! dit-il avec assurance. Elle voulait un enfant et elle le voulait de moi…

– Ah, oui ! acquiesça l’inspecteur. Qui était au courant de cette liaison ?

– Sarah et puis le cocu, bien sûr, mais lui ne voulait pas en démordre

– Pouvez-vous m’expliquer les relations que vous entretenez avec Sarah EDMOND ?

– Des relations amicales. Nous nous connaissons depuis au moins 20 ans, depuis la fac, je l’ai sauvée à plusieurs reprises de situations très embarrassantes et cocasses ajouta-t-il amusé

– Racontez-moi, dit l’inspecteur tout d’un coup intéressé

– Sarah aime bien surprendre ses conquêtes…

– N’avez-vous jamais entretenu des relations intimes avec Mme EDMOND.

– Non, jamais, cela est impossible

– Ah et pourquoi ?

– Parce que Sarah n’aime que les femmes. Je l’ai même surprise à regarder Emma avec un drôle d’air. Je la soupçonne d’avoir eu le béguin pour elle.

– Pour autant, Mme EDMOND m’a dit avoir quitté la soirée avec un homme marié….

TORSINI eut un rire graveleux, “sacré SARAH, elle n’assume toujours pas son homosexualité. Il faut toujours qu’elle donne le change en s’affichant au bras d’un homme marié de préférence mais en fait, elle s’envoie en l’air avec l’épouse parfois en présence du mari”.

LAROCHE soupira devant ANDRIEUX qui toujours très pragmatique, lui dit qu’il n’y avait aucune empreinte sur le sac à main qui avait été retrouvé ; tout avait été

soigneusement nettoyé à tel point qu’il était impossible de retrouver une empreinte de la victime. Quant à l’arme du crime, un couteau tout à fait ordinaire que l’on peut acheter dans n’importe quelle quincaillerie, a été jetée dans un buisson non loin de là. L’assassin a procédé à un minutieux nettoyage. LAROCHE décida de se pencher sur le passé de la victime et sa personnalité. C’est ainsi qu’il apprit qu’elle était une jeune femme très effacée, qui vivait dans l’ombre de son époux, discrète ; elle ne connaissait aucun des invités de Monsieur BRIDEIS ; d’ailleurs personne ne se souvenait d’elle.

C’est au moment où LAROCHE eut entre les mains le rapport psychiatrique établi il y a quelques années par le Docteur LEVY, qu’il décida de confronter Sarah EDMOND et TORSINI. Subitement, Sarah n’était plus la jeune femme inconsolable mais était devenue cassante et arrogante et d’autant plus quand l’inspecteur les confronta, « Alors maintenant, vous allez me dire tous les deux comment vous avez procédé avec Mme POTELIN, et votre rôle à chacun ».

C’est alors que Sarah hurla, « vous n’avez aucune preuve ».

Devant ce demi-aveu, LAROCHE reprit : « Je vais vous aider ; je crois que vous avez tous les deux participé au meurtre de cette femme. Monsieur TORSINI vous n’êtes pas le père de l’enfant et vous n’avez jamais entretenu de relations avec la victime. Vous n’êtes intervenu que pour nettoyer et effacer les traces du crime commis par votre amie, qui, vous avait sorti de l’embarras, dans des affaires dans lesquelles vous aviez été mis en cause auparavant. Mme EDMOND qui était tombée amoureuse de la victime, et qui faisait une fixation sur elle, n’a pas supporté d’avoir été rejetée et s’en est pris à elle quand elle a compris qu’elle n’avait aucune chance avec elle. »

L’inspecteur commença à feuilleter le rapport psychiatrique de Mme EDMOND qui révélait qu’elle était une femme dérangée, souffrant de graves troubles psychotiques, internée à plusieurs reprises suite à des affaires particulièrement troublantes. Jusqu’à présent, elle n’était jamais passée à l’acte.

FIN

Commentaires (1)

Pierre de lune
16.10.2016

Bon filon pour cette histoire à rebondissements :-) Une remarque : l'absence de réaction du mari à l'annonce de la mort de sa femme m'a surprise, certes, le suspens doit être ménagé, mais il ne s'est pas inquiété de son absence alors qu'elle devait le rejoindre ? Et le fait d'apprendre sa mort ne suscite pas plus d'émotions ? Au plaisir de vous relire,

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