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La bave du crapaud n’atteint pas la colombe?
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Il était une fois, un crapaud et une colombe

À l’heure où blanchit une petite ligne à l’horizon, deux royaumes se réveillent lentement et en même temps. De l’aube à l’aurore, la nature s’éveille sous les rayons et les lueurs du soleil.

Dans une mare bien connue des habitués, au milieu de nombreux nénuphars, l’emblème du lieu, il y avait le royaume du crapaud. Ce crapaud était d’un vert qui se confondait avec la verdure ambiante. Notre crapaud était assez pataud et tellement laid, aux yeux des observateurs avisés. Tout dégoulinant de bave, le crapaud se déplaçait difficilement, péniblement et lourdement. Arrivé sur son lieu habituel, un lieu bien stratégique, il s’arrêta. Et comme tous les matins, depuis très longtemps, il scrutait longuement le ciel. C’était un comportement qu’il adoptait tous les jours, mais ce matin, il y avait un éclat particulier dans son doux regard. Il semblait beaucoup plus apaisé que les autres fois. Il attendait, très confiant, dans une posture de recueillement qu’on ne lui connaissait pas. Il semblait donc attendre quelque chose ou quelqu’un.

Dans un autre royaume, non loin de là, la nature s’éveillait aussi sous les rayons et les lueurs du soleil. Entourée de nuages, une colombe, aussi pure et gracieuse que le voulait le mythe, commençait sa journée. La colombe, cette colombe, d’une beauté éclatante et naturelle, avait pour habitude de parader et de provoquer ses nombreux observateurs et admirateurs.

Belle comme le jour, la colombe lisait le désir ardent dans tous ces regards émerveillés qui se posaient sur elle. Et les rayons du soleil l’irradiait et l’illuminait ! Qu’elle était radieuse sous les rayons de soleil, notre colombe !

Comme tous les matins, la colombe s’approchait toujours de la mare, dans l’espoir secret d’y voir le crapaud. Elle ne l’admettait pas et faisait même tout le contraire pour cacher ses pensées. Alors, elle narguait gentiment le crapaud, son crapaud, qui la contemplait toujours avec admiration. La colombe était très consciente de l’effet qu’elle produisait sur les autres, et elle ne s’en trouvait que mieux dans sa peau ! D’ailleurs, fallait-il se plaindre de plaire ! Elle aimait se donner ainsi en spectacle, surtout devant les yeux émerveillés du crapaud, son plus fervent admirateur. Ce dernier n’en ratait jamais une miette ! C’était son meilleur admirateur, il le faisait savoir à la belle, par des moyens assez drôles et son regard la faisait exister, et la faisait même rire. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle éprouvait une tendresse particulière et retenue de se faire admirer par ce crapaud ; cela la rassurait. Donc, elle en faisait trop et accentuait ses minauderies ! Elle était flattée ! Cela avait crée une sorte de liens tacite entre eux, et au fil du temps, cela devenait un rendez-vous, non officiel mais attendu. Est-ce ses minauderies qui la faisaient perdre toute vigilance et toute prudence ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, elle volait beaucoup trop bas !

La colombe savait, par les histoires qu’on lui avait toujours racontées, que le crapaud était le symbole de tous les vices et de toutes laideurs. On lui disait que cet horrible animal ne pouvait pas l’atteindre, elle, la majestueuse.

On l’avait mise en garde contre la bave du très réputé crapaud. Elle avait l’interdiction de l’approcher ni même de lui parler. Pourtant, elle était intriguée par ce crapaud qui semblait, à ses yeux, si inoffensif !

L’image qu’on lui avait donné du crapaud était injuste et biaisée car cet être semblait si timide, si affectueux ! Il aurait dû, pourtant, la répugner, cependant, il n’en était rien, elle appréciait même son attitude et ses diverses tentatives pour attirer son attention. Jamais, on ne l’avait autant désirée si fort ! Jamais, elle n’avait autant été le centre d’une telle attention !

Le crapaud vert était soucieux de faire une forte impression sur la colombe. Il répandait souvent des informations sur lui, pour faire sa publicité et pour contrer les contre-vérités à son sujet. D’ailleurs, il se laissait volontiers caresser sans aucune réticence.

Alors, répétait-il souvent, à qui voulait l’entendre, qu’on n’avait rien à craindre de sa bave.

Au contraire, elle avait pour réputation d’amener une éternelle jeunesse, une régénération des cellules de l’organisme.

Le crapaud était très conscient de son physique peu flatteur et surtout de son image déplorable, de son aspect repoussant mais, méfions-nous des apparences !

Le crapaud observait le cirque habituel de la colombe. Sombrera t-il ou restera t-il indifférent à cette colombe qui se pavanait avec ses plus beaux atouts, tous les jours, sous ses airs innocents ?

Chose étrange et inhabituelle, la colombe volait trop bas, ce qui ne lui ressemblait pas !

Peut-être que la sérénité du crapaud l’avait mise en confiance ? Il sentait là enfin, une belle occasion de tenter quelque chose !

A priori, par sa possibilité de s’envoler, la colombe serait hors d’atteinte mais, c’était mal connaitre la ténacité de notre crapaud !

Alors la base du crapaud pouvait-elle atteindre la colombe ? Le pouvait-il seulement ? Et comment ? Le courant pouvait-il passer ?

Le crapaud, qui était très malin et rusé, réussit à apprivoiser la colombe. Et profitant du fait que celle-ci volait exceptionnellement, à très basse attitude, il réussit à faire diversion et à capter toute son attention, de manière exclusive !

Dans un grand élan, il put alors embrasser la colombe, prise au dépourvu, sur la bouche ! Une fois remise de sa surprise, la colombe ne manifesta aucune craindre ou dégoût de la bave du crapaud. Le baiser volé avait crée son grand effet ! La colombe s’abandonna au baiser du crapaud, sans doute influencée par l’intensité du moment et de ses émotions confuses ! Elle ressentit une sensation très forte et très excitante, pour quelqu’un qui n’avait vu le coup arrivé ! Le baiser était doux et intense ! Elle ne pensait qu’elle serait à ce point perturbée ! Elle voulut se dégager, le crapaud la retint et lui parla !

Les mots doux du crapaud tourbillonnaient dans sa tête comme des douces mélodies !

Le fameux baiser volé provoqua des conséquences incroyables et imprévues !

Il eut comme un électrochoc, de l’électricité dans l’air ! Un éclair apparut dans le ciel ainsi qu’un arc-en-ciel. Il eut un bruit, et on entendit des applaudissements. Le ciel s’assombrit brusquement, ce qui était impossible en pleine matinée, du jamais vu ! La nuit en plein jour, un phénomène extraordinaire ! La nuit soudaine ne dura que quelques instants, puis le jour réapparut.

On vit un jeune homme, tout de vert vêtu, sortir de la mare et s’avancer vers une jeune fille, tout de blanc vêtue.

Comment changer l’impossible en possible ? Personne n’en croyait ses yeux ! Aux yeux de tous les observateurs et de tous les spectateurs, un miracle venait de se produire ; sans doute un de ces événements qu’on ne peut jamais expliquer mais donc on en parlera encore des siècles durant. Les témoins de cet événement étaient comblés par sa tournure. Ils s’éloignèrent rapidement, ravis et désireux, d’aller répandre la nouvelle au plus vite.

Le jeune homme prit la main de la jeune fille. Ils se regardèrent. Ils se sourirent. Ils s’éloignèrent le plus loin possible de la mare, le regard confiant ; démentant ainsi, le proverbe qui dit que la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe.

Cette fois-ci, il semblerait bien que ça soit le cas et pour une issue heureuse!

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