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Grimoire 1. De l'autre côté du mur

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Douglas a un père. Sa mère l'a quitté ce dernier quand il avait trois ans. Un matin il se fait attaquer par sa prof de français, transformée en monstre. Son père le sauve en lui dévoilant un nouveau pan de sa personnalité. Il l'envoie dans un château pour tous les jeunes comme lui.
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Chapitre 1

 

Je m’appelle Douglas. J’ai 14 ans. Il est vrai que ce n’est pas le prénom le plus… comment dire ? Réputé ? Oui, c’est ça. Pourquoi je ne pourrais pas m’appeler Kevin comme monsieur tout le monde ? Eh, non. Moi c’est Douglas. Bon, autant vous dire que ce n’est clairement pas drôle de s’appeler comme ça tous les jours. Surtout quand t’es en troisième dans le collège le plus pourri de la région et que tu habites dans la région la plus pourrie de France (pommé sur bled pour moi, Lyon pour les autres) Je vous raconterai bien quelques anecdotes mais en ce moment-même, je fais face à un dénommé Sloan qu’on appelle plus souvent « le gros blaireau » ou « la grosse brute » du lycée-collège De la Martine, pour avoir osé défendre un gosse de 6°.

Revenons quelque peu en arrière.

 

***

 

—   Eh Sloan (là c’est moi dans ma panoplie spéciale abruti). Lâche ce gosse.

 

—   Pardon Moustique ? beugla-t-il, tout en postillonnant sur mon visage (petite parenthèse, je suis assez malingre, de taille moyenne et je ne fais pas mais alors pas du tout, le poids contre Sloan). C’est à moi qu’tu parles ?

Derrière lui ses potes sont secoués de tremblements terribles. En les regardant mieux, je m’aperçois que finalement ils sont justes en train de se marrer, en pensant à la raclée que je vais prendre. Bon, point positif : le 6° a réussi à s’enfuir. Mais moi, j’aurai sûrement quelques petites difficultés. Et encore, je suis optimiste. Bon je résume la situation :

–        Je m’apprête à recevoir la raclée de ma vie

–        Personne dans les environs pour m’aider (et même s’il y avait quelqu’un, je doute qu’il le puisse ou le veuille).

 

—   Euh… n… euh… ouais gros tas. (Qu’est-ce qui m’a pris ? Arrête-toi Doug !)

—   Pardon ? s’étrangla le colosse. Et les mecs vous avez entendu ? Il m’a traité de gros tas.

Ses acolytes rient de plus belle.

Petite information, je me trouve dans les toilettes et je reviens d’un cours de soutien de maths. La honte. Je suis carrément le seul élève à être en soutien de maths. Sloan et ses potes sont en français (Dieu protège la prof). Normalement je file vite après les cours mais là j’avais vraiment envie d’aller aux toilettes. Seul problème, Sloan et sa bande y vont toujours après les cours, mais pas pour se soulager. Ils sont plus du genre à péter la cuvette des w.-c. en écoutant du Heavy- métal. Je vous raconte vite fait. J’entre dans les toilettes en priant Dieu que Sloan et sa bande n’y soit pas. Bingo. Je m’enferme dedans. C’est à ce moment précis que j’entends un énorme craquement. C’est Sloan qui vient de défoncer la porte des w.-c. pour la énième fois. Je me maudis intérieurement.

J’étais dans la merde.

Grave.

Mais je n’entends pas les ricanements et la musique habituelle. Plutôt un pleur de petit garçon.

Un 6° pensai-je.

Effectivement.

Je perçus la grosse voix de Sloan.

—   Tu veux que je te plonge la tête dans les toilettes ?

—   Non, gémit le 6°

—   Alors donne ton argent.

—   Je n’en ai pas.

—    A d’autre. Tu as quinze secondes.

C’en était trop. Je sortis de ma cabine tel James Bond 007 sort de sa voiture High-tech (je sais, la comparaison est pourrie mais sur le moment j’avais aucune inspiration).

Sloan tourna la tête vers moi. Le 6° en profita pour se dégager et s’enfuir.

Voilà vous savez tout, maintenant revenons à ‘instant s’il vous plaît.

—   Eh, Sloan, lâche ce gosse (ordre très stupide car le 6° s’était barré il y a longtemps).

Ses acolytes arrivèrent juste à ce moment-là.

—   Pardon, Moustique ? C’est à moi que tu parles ?

—   Ecoute Sloan, dis-je d’un ton faussement sérieux, je ne savais pas que la journée annuelle de la connerie se déroulait dans ces toilettes. A mon avis avec tout ce petit monde ici présent, on doit avoisiner les 110 de Q.I. au total. Petite précision, j’ai 109 de Q.I.

Je n’en revenais pas. J’avais réussi à trouver de la répartie. A mon avis j’aurai explosé de joie (oui je sais, on me dit toujours que je suis trop impulsif) si je ne me trouvais pas dans des toilettes puantes en compagnie de quatre brutes qui voulaient me refaire le portrait.

—   Eh les mecs, répéta Sloan, vous avez entendu ça ?

Je profitai de son ahurissement pour me frayer un passage en le bousculant. Mais au lieu de sortir triomphalement des toilettes en lançant une phrase qui les mettraient hors d’eux, je glisse sur une savonnette et m’écrase de tout mon long devant les pieds de Buck (un des acolytes de Sloan)

Je relève lentement la tête. J’étais mal.

Vous savez, dans les films c’est juste à ce moment-là qu’un ninja tout de noir vêtu arrive en brandissant son katana et dégomme les méchants.

Moi, il y a bien quelqu’un qui arrive (je calme votre ardeur, ce n’est pas un espion) : c’est Romu. Mon meilleur et seul ami. On s’est entendu parce qu’on avait tous les deux des prénoms à la con ET qu’on avait tous les deux la force d’un poisson rouge affamé et hors de l’eau. A mon avis il était entré là par erreur. Le clin d’œil malicieux qu’il m’adressa me laissa songer au pire.

—   Euh… un problème Doug ?

—   Qui ? Moi ? Quelle question ! Je me porte comme un charme voyons !

—   Dites les deux comiques, intervint Sloan, vous avez fini ?

Décidément il était vraiment très con.

—    Vous allez mordre le plancher.

Con et avec une répartie pourrie.

—    Oh, non ! s’écria Romu. Doug, on a musique dans cinq minutes. Si on n’y est pas le prof, tu sais, l’ancien catcheur, il viendra nous chercher au collège.

Mon ami m’avait lancé un clin d’œil appuyé.

Je décidais d’entrer dans la combine.

—    Ah oui, celui qui a été champion de France et presque champion du monde ?

—    Ouais, c’est lui.

—    Et qui a l’habitude de faire passer un sale quart d’heure à ceux qui brusquent ses élèves ?

—    C’est ça.

Je jetais un coup d’œil à Sloan qui pâlissait au fur et à mesure qu’on parlait.

—    Ça va, lança-t-il d’une petite voix. Partez. Et ne revenez plus.

Nous ne nous le fîmes pas dire deux fois.

Nous courrâmes chez moi sans nous arrêter.

J’habite 12 rue Vauvajean dans un duplex de luxe. Mon père, millionnaire, vend des tapis dans le monde entier. A ce moment il doit être au-dessus de la méditerranée.  J’espère que ma mère est à l’appart (il y a 99,99% de chance qu’elle ne soit pas là). Bien évidemment elle n’y est pas puisqu’elle a quitté mon père quand j’avais trois ans. Je ne me souviens pas de son visage. J’espère chaque jour qu’en rentrant chez moi, elle sera là pour m’accueillir, bras ouverts, aussi belle que je l’imagine. Mon père n’a jamais voulu me parler d’elle. Il paraît s’attrister à chaque fois qu’on aborde le sujet. Il m’a seulement dit, je cite : « ta mère avait de bonnes raisons de partir Doug. Et ce ne sont pas celles que tu crois (les raisons). » Après il n’a plus rien dit et j’ai eu l’intelligence de me taire. Mais je parle, je parle et j’oublie de vous raconter quelque chose d’important. Vous savez, Romu et moi on ne s‘est pas connu seulement parc’ qu’on avait des prénoms de daube et qu’on était tous les deux des gringalets (bon d’accord, ça a un peu joué, j’avoue) mais le truc qui nous a amorcé c’était un moment au festival de la musique. Lui jouait du piano, moi de la guitare Folk (Pas ensemble. Enfin, pas encore). On se débrouillait pas mal. Quand je suis passé devant le jury pour guitaristes, j’ai emporté le premier prix avec l’interprétation d’un morceau de Gun’ s roses. Et vous savez qui m’a fait remporter le premier prix ? Romu. Mon batteur avait fait une overdose de caféine. De son côté, Lou avait remporté le premier prix du piano (il est vraiment très fort). Il s’est carrément proposé pour jouer le morceau avec moi. Bien sûr j’ai accepté et on a eu un succès fou. Depuis on ne s’est plus quitté. Voilà, voilà. Cool ma vie, hein ?

Revenons dans l’appart.

Ah, pardon ! J’ai oublié de vous dire ! On a créé un groupe : Les Tombeurs. Parc’ qu’à chaque fois que les filles nous entendent jouer de la musique elles s’évanouissent… dans nos rêves. Quoi qu’il en soit, le nom est cool et (presque) à la hauteur de notre réputation.

Bon, cette fois revenons VRAIMENT à l’appart’.

Le hall d’entrée du duplex fait à peu près deux fois la taille de votre salon (s’il est vraiment grand) et on pourrait mettre au moins dix éléphants dans toutes les autres pièces de vie de l’appart’. Bon, ok, seulement trois dans les toilettes. J’ai un majordome, Albert qui s’occupe de tout sauf de moi, bien sûr si je le demande il le fera.

Romu s’assied sur mon immense lit.

—   Bon, me dit-il, ‘faut que je te parle d’un projet sérieux.

—   Vas-y, lui répondis-je. Qu’est-ce qu’il y a ?

—   Ça te dit qu’on compose nos propres chansons ?

A mon avis, la réaction qu’il attendait de ma part n’était pas au rendez-vous n’était pas au rendez-vous car il me fixa d’un air déçu.

—   Ouais, répondis-je en mettant le plus d’enthousiasme possible dans ma voix. Ce serait cool.

—   Et tu connais la meilleure ? j’ai parlé au patron du bar le mausolée. Y’a moyen qu’il nous prenne pour une soirée. C’est cool, non ?

—   Carrément, m’exclamai-je, cette fois regonflé à bloc.

Jouez devant un public. Mon rêve. Ah, pardon. J’ai oublié de préciser une chose… Le concours piano guitare à la fête de la musique se passait dans un vieux hangar et les jurys étaient des vieux hiboux qui fumaient comme des pompiers. Le succès fou qu’on a eu n’était un grognement de leur part.

—   Bon, Doug, me dit-il en regardant sa montre, va falloir que j’y aille. Ma mère m’attend. Réfléchis à l’histoire des compos… et du mausolée.

—   Promis. Rentre bien.

Il s’en alla, me laissant seul avec moi-même.

Je sortis de ma chambre pour faire un tour dans la cuisine. Mais attention, ce n’est pas une cuisine avec une plaque de cuisson misérable et un four minuscule, non. Chez moi, le tout rassemblé ferait pâlir d’envie Paul Bocuse. La plaque de cuisine chez moi elle fait la taille d’un lit. Le four la taille d’un frigo (les murs sont recouverts de marbre).

Bon, quoi qu’il en soit, j’ouvre mon frigo de malade. Mais ça ne sert à rien d’avoir un frigo balèze s’il n’y rien dedans. C’est mon cas. Mon père a du oublier de faire le drive dans son trajet Istanbul-Paris. Il ne reste que quelques dizaines de fromage blanc plusieurs gigots d’agneaux et quelques barres céréalières (qu’est-ce qu’elles foutent dans le frigo d’ailleurs ?). Bon… Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ? Que je suis un gosse de riche ? Bien sûr que non. Enfin, je ne crois pas. Finalement je n’ai plus faim. Je regagne ma chambre. Sur le mur de ma porte est placardé un poster d’AC/DC. J’entre dans mon antre. Mon lit vous avez déjà fait sa connaissance. A gauche il y’a mon armoire avec tous mes livres. Je vous donne quelques titres de ma précieuse collection : Peter pan chez les vampires, Les Dalton chez les trolls, La Belle et le clochard pervers. De grands classiques. Autrement, ma chambre est plutôt sobre… si n ne compte pas les quelques dizaines de posters accrochés un peu partout. Mes yeux s’alourdissent. Il est 21 heures. J’enfile mon pyjama, me brosse les dents et file sous la couette. Je ne tarde pas à m’endormir.

 

***

 

Quelque part au-dessus de l’atlantique.

Francis n’arrive pas à y croire. Il a bâti son empire avec patience et avec une seule crainte : que ce qui arriva aujourd’hui n’ait eu aucune chance d’arriver. Il était obligé de le faire. Son fils était ce à quoi il tenait le plus au monde. Merde pour les tapis. Il devait agir sans perdre de temps.

—   Pilote !

—   Oui, monsieur Francis ?

—   Cap sur Lyon. En vitesse.

—   Bien monsieur.

A présent ce n’était plus qu’une question d’heure.

 

 

Chapitre 2

 

 

Mon réveil sonne. Je regrette de ne pas avoir un bâton dans la main pour pouvoir lui éclater sa sale gue… sa vilaine tête. Pourquoi le collège existe ? Pourquoi Sloan existe ? Pourquoi la prof de français existe ? Ouais, c’est surtout ça. Pourquoi ce gros tas existe-il ? Pour nous emmerder toute la journée avec ses leçons inintéressantes ? Pour larguer des caisses dans notre classe et accuser ses élèves d’avoir voulu l‘asphyxier alors qu’on est déjà à moitié mourants ?

Quoi qu’il en soit je suis bien obligé de me rendre au collège. Je me lève péniblement et parvint à m’assoir sur le bord du lit. Je mange vite fait enfile mes vêtements, prend ma sacoche et je suis déjà sur le trottoir d’en face. A 6h du matin il ne fait pas encore jour. Il fait plutôt nuit même.  Il y a quelques passants comme d’habitude, affrontant la morsure du froid. L’immeuble d’en face porte des reflets grisonnants. Il y a une personne qui s’avance vers moi. Elle est enveloppée d’un grand châle noir. Je passe devant elle. Je sens son regard peser sur mes épaules. C’est bizarre mais… bah ! la fatigue sans doute.

Soudain un détail sur cette personne me met la puce à l’oreille. Elle a dû comprendre car elle commence à me suivre. Vivement l’arrêt de bus.

—   Douglas ! Arrêtez-vous !

Mes soupçons sont confirmés. J’ai bien affaire à ma prof de français !

J’augmente mon rythme de marche. Elle tient la distance le bougre.

Je tourne la tête, juste le temps pour la voir dégainer un pistolet. Une sorte de Taser violet. Elle presse la détente et une sorte d’énergie sort de l’arme. C’est un fluide quoi. Le problème, c’est que ce fluide me touche ou plutôt, me percute. Je tombe inanimé sur le trottoir. C’est extrêmement angoissant car je conserve toutes mes capacités sauf physiques. C’est donc ainsi que je vois une voiture percuter ma prof de plein fouet. Normalement ça aurait dû la tuer sur le coup, mais elle se relève comme si rien ne s’était passé… et commence à se métamorphoser. Tout à coup, quelqu’un ouvre la portière gauche de la voiture et va vers moi (oui, au cas où vous l’auriez oublié je suis dans l’incapacité de bouger.) Cette personne n’est autre que mon père. Qu’est-ce qu’il fout là ? Ne vous méprenez pas, je suis content de le voir parc ’que je suis à deux doigts de me faire retourner par une prof de français mutante et avec l’incapacité de bouger.

Il me soulève et m’emmène dans la voiture.

—   Albert, dit-il d’une voix ferme et assurée, emmène-le.

—   Bien monsieur.

Mon père ferma la porte de la voiture et cria à ma prof de français qui ressemblait de moins en moins à une prof de français, d’aller se faire foutre. Les deux tonnes de muscles qu’il avait en face de lui ne semblait pas vouloir obtempérer car ils s’élancèrent sur lui.

Mon père leva la main et cria :

—   आ मोइ एस्प्रित्स् दु वेन्त् ! « A moi esprits du vent ! »

Aussitôt, le monstre fut stoppé net. Je ne pus en voir plus car la voiture démarra en trombe. A partir d’aujourd’hui, je sentis que ma vie allait être changé a jamais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires (2)

Ar

Augustin Grazzini
29.04.2021

Webstory
16.04.2021

Bienvenu à webwriter Augustin Grazzini. Nous nous réjouissons de lire et promouvoir vos histoires!

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