Avec les pensées, il est parfois bon de se montrer terre à terre.
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On distingue trois types de pensées : les magmatiques, les métamorphiques et les sédimentaires. Les premières naissent du feu de l’esprit, les secondes se forment sous la pression des événements, les troisièmes sont riches en fossiles.

Les petites pensées qui ont beaucoup roulé dans les flots du logos se nomment des galets. Les amateurs de proverbes et de citations sont des collectionneurs de galets.

Les pensées d’origine extra-terrestre s’appellent des météorites. Leur existence est sujette à controverses.

La dureté d’une pensée se mesure au moyen de l’échelle de Mohs. Une pensée de dureté 10 raye toutes les autres. C’est une pensée diamant. Elle scintille dans l’oeuvre de Nietzsche. Le talc est la pensée de plus faible dureté. Rayable à l’ongle, on en trouve en abondance dans les talk-shows. De dureté 2, la pensée gypse – friable – est fréquente dans les débats politiques. La pensée topaze (dureté 8 sur l’échelle de Mohs) donne un cynisme qui, une fois soigneusement poli, pare les dandys.

Paradoxalement, une pensée peut être à la fois dense et légère, comme l’a prouvé un éminent géologue roumain.

Les pensées peuvent se cristalliser. Il existe 7 grands systèmes et 230 groupes d’espace. N’en déplaise aux phobiques des maths, la géométrie et l’algèbre font briller les pensées.

La rhéologie prend appui sur la méthode des éléments finis pour décrire la déformation et l’écoulement de la pensée sous l’effet d’une contrainte. Cette discipline permet d’approfondir les liens entre maîtres et disciples.

L’histoire de la pensée se découpe en ères. La fin d’une ère est généralement marquée par la disparition d’un dinosaure de la philosophie. Ainsi, la mort du Caïman signe le terme de l’ère marxiste française.

La tectonique est l’étude globale des mouvements de pensée. Il y a subduction quand une plaque de pensée plonge en-dessous d’une autre et la soulève, ce qui crée un relief. À l’inverse, l’éloignement de deux plaques provoque un rift ou une dorsale, dont sortent de nouvelles lignes de pensée.

Une pensée est en général plissée. Le pli anticlinal caractérise une pensée qui enfle ; le pli synclinal une pensée qui se creuse.

La psychologie des biais est l’étude des failles de la pensée. Il y a trois régimes de failles : l’extensif, le compressif et le coulissant. Le troisième est responsable de séismes dans les universités californiennes.

Les pensées se trouvent en marchant. Je me promène par monts et par vaux, j’observe et j’interprète. Muni de mon marteau, je taille une falaise d’idées.

(Texte écrit dans le lit d’une rivière)