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© 2015-2024 Betty J. Norman

Voyage quotidien, prendre son vélo, souffler, se motiver, pédaler, s'interroger, souffler, avoir froid, se demander ce qu'on fait là, souffler, pédaler, arriver.
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Huit heures. Il fait encore nuit, froid. Je m’extirpe de mon appartement pour aller de l’autre côté de la ville. Mon casque. Vais-je vraiment y aller en vélo ? Il fait encore nuit, froid. Allez, courage. De l’exercice pour se réchauffer, mettre de l’huile dans les articulations, s’emplir les poumons d’air vivifiant. Mettre les gants. T’es sûre ? En vélo ? Allez, courage. Descendre du 2ème étage, se dire qu’il fait encore plus froid dehors. Pourvu que je n’ai pas oublié les clés du cadenas, que je n’ai pas à remonter. Ah non, elles sont là, ouf.

Dehors dans la rue étroite, pas un chat. L’éclairage public vient de s’éteindre. Il fait un peu moins nuit, mais toujours aussi froid. Allez, courage. Monter sur le vélo. Traverser la plaine de Plainpalais, se diriger vers la gare, passer le Rhône. Les passants sont comme des automates, engoncés dans leurs parkas, leurs écharpes et chapeaux. Ils ont eu autant de mal que moi à sortir de leur nid, on dirait. Ils n’ont pas à se plaindre, ils vont monter dans un tram bien chauffé dans lequel ils pourront continuer à dormir. Moi, je suis à vélo. La gare est passée, il faut attaquer la côte de Servette. Il fait de moins en moins nuit, de moins en moins froid. Tant d’efforts pour aller s’enfermer dans un bâtiment fait de verre et de métal. Dormir. Cocon. Couette. Duvet. Arrête de rêver, tu vas travailler. L’air qui pique les joues et l’effort me tirent de mes songes, de mon sommeil sur deux roues.

Pédaler. Le Bouchet. Du plat, quelques arbres. Les feuilles rougies par l’automne sont tombées, il y a des brindilles à terre. C’est bien quand même de pouvoir profiter de cette nature. Je pourrais être dans un tram bondé et surchauffé. Balexert. Le temps et l’esprit sont de plus en plus clairs, l’air de plus en plus transparent. Les poumons ont pris leur content d’air. Les joues rosies, au chaud dans mes gants et sous mon casque, j’arrive. Blandonnet. Il fait jour, je n’ai plus froid. Arrivée. Enlever les gants et le casque. Verrouiller le cadenas. Rudement pratique, ce vélo électrique quand même.

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