Créé le: 30.01.2022
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Et puis après ?…

Auto(biographie)

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© 2022-2024 Laure Houisse

Descente d'un bon salaire à plus rien. Je vais bientôt toucher mes dernières indemnités chômage... et puis après ???
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J’ai commencé à travailler à l’âge de 20 ans environ. J’ai toujours eu des emplois à 100% pendant une longue période. Les jours défilaient comme un TGV et les années aussi. J’aimais ce rythme de travail effréné … les mois passaient plus vite et puis, je déteste rester sans rien faire. Je suis une hypersensible empathe hyperactive !!! Je ne suis pas comme ses filles au boulot qui peuvent passer leur temps à discuter ou à simplement brasser de l’air… j’aime quand la journée se passe vite et que j’ai fait 36 mille petit trucs… je rentre avec l’impression d’une journée bien remplie. J’aime le travail bien fait et j’ai toujours eu une putain de conscience professionnelle.

 

J’ai rencontré mon mari, je me suis mariée et nous n’avons pas eu d’enfants. C’est notre choix après tout, même si je l’ai rencontré sur le tard, je n’ai jamais voulu de gamins dans mes pattes, j’ai plus la patience et changer les couches, non merci. En plus, l’égoïste que je suis, tiens à ses nuits.. ah ben oui mon lit, c’est là que je me sens bien… sous mon duvet XXL pour moi toute seule.

 

J’ai eu plusieurs emplois différents, je restais une année ou deux, selon l’ambiance, selon le travail, selon l’envie d’avancer également. Puis, j’ai trouvé ma voie… celle que je cherchais depuis que j’avais quitté l’école. J’ai travaillé dans ce domaine pendant plus de 15 ans et je me suis même perfectionnée pour le plaisir… et oui, vous avez bien lu… pour le plaisir et non pour le salaire ou pour changer quoi que ce soit. J’étais bien.. enfin, je le croyais.

 

Avril 2018, mon corps à commencé à fatiguer sérieusement et c’est depuis là que les douleurs ont commencé. Dans les mains premièrement… J’ai quand même continué à travailler … ben oui, fallait pas que je m’arrête, j’avais trop à faire en une journée et le retard était vite accumulé et compliqué à rattraper. Fallait pas manquer comme disait ma mère ! L’indépendance d’une femme par rapport à l’argent s’est important, enfin c’est comme ça que j’ai été élevée. Bon, j’ai géré… plus ou moins… plutôt moins que plus. J’ai accepté de m’arrêter quelque temps sur insistance de mon rhumato, j’ai repris, je me suis arrêtée encore, j’ai repris à mi-temps et j’ai craqué à force de faire erreurs sur erreurs. J’ai fait mon BO un jeudi de juillet dans mon salon alors que mon mari était à la cuisine. 3 mois d’arrêt maladie et une hospitalisation … du jamais vu me concernant. Annonce de mon cas à l’AI précoce et demande d’AI tout court en décembre 2018. J’ai repris mon travail à temps partiel en octobre 2018 je voulais garder mon job coûte que coûte – je bossais deux jours par semaine, je me suis dit que ça je pouvais. En 2019, je suis passée à 3 jours par semaine… je voulais être bien vue et avoir plus de suivis au niveau des dossiers. Connerie !!!!! Je me suis fait licencier en mai 2019 après 10 ans de bons et loyaux services. Je ne ferais pas de commentaires là-dessus.

 

L’assurance perte de gains m’a prise en charge jusqu’en mai 2020… je me suis donc reconstruite à la maison avec toujours ma maladie qui avançait…. et mes douleurs ne les oublions pas bon sang ! Les douleurs étaient, enfin elles le sont toujours, dans les mains, les poignets et les épaules… En juin 2020, je me suis inscrite au chomdu… toujours pas de réponse de l’AI, oui, oui, on saiit, ça prend du temps ! Bref, j’attends, j’attends… Entre temps, je me reconvertis en coach de vie. J’avance quoi ! Super ! Magnifique trouvaille… un métier qui se fait sans les mains et sans à avoir à taper sur un clavier toute la journée. Vous avez déjà cherché dans l’annuaire ou sur internet un coach de vie ??? Et ben y’en a du monde sur le marché… aïe aïe…pléthore même. Très vite, je suis déçue par mon nouveau métier… pffff, les gens et leurs problèmes… Et le Coco est arrivé ! Oui lui, la Covid, pour moi ça sera toujours LE et non LA, désolée. Comme tout le monde j’ai eu peur… peur de l’autre, peur de sortir, peur de l’attraper, peur de mourir – personne à risques logiquement vu ma maladie donc j’ai pu m’auto-confiner rapidement (merci ex employeurs de m’avoir virée !) … Le peu que je sortais, dès je voyais une personne sur le même trottoir, je traversais immédiatement et puis ses masques de mmmm…. « zut mon masque » ! élu la phrase de l’année…!!!! Ah, les gens et leurs problèmes. Les gens ont comme moi perdu de plus en plus leur travail, sont restés enfermés et se faisaient la guerre… Non merci, c’est pas coach de vie que je voulais faire, pour entendre des plaintes à longueur de journées… non, je n’en voulais pas ou plus.

 

Bon, il a fallu trouver un plan B vu que gentil mari m’avait payé l’école de coach. Mon dieu, cet argent gâché ! (dixit gentil mari quand il a été énervé)… Moi, je suis comme les chats, je tente de retomber sur mes pattes. Pourtant, cette école m’a été utile car j’ai fait un immense travail sur moi-même avec les outils de coaching et j’ai également rencontré des gens formidables.

 

Plan B est en train de se mettre en place gentiment mais surement … j’y travaille déjà. Je suis capable de travailler un petit peu… oui, c’est bien ça le problème aussi, je ne veux plus d’un patron qui me surveille, qui me maltraite et qui me fait chier à longueur de journée. J’ai trop subi ! Donc, plan B sera ma société à moi rien qu’à moi, comme ça si je veux me harceler moi-même, je pourrais me faire du mobbing… oh j’aaadore… j’ai plein d’idées ! J’ai déjà envie de me faire ma soirée de boîte toute seule – resto et disco ! Mais plan B ne sera pas rentable à moyen terme ou long terme, donc plan B devrait être accompagné d’un petit revenu fixe… oh un tout petit, je ne demande pas la lune – ça va tout dérégler les marées en Normandie sinon… ! Donc un petit taff, deux apm par semaine, voire trois ou quatre, mais plus je ne peux pas… C’est bien connu qu’à 35 ans on est trop vieille ou trop vieux pour un patron (à moins d’habiter en France… c’est une réalité les gars, râler pas …) donc, je suis trop vieille. Mes 35 ans sont fait depuis plus de 10 ans. La preuve… j’arrive au bout de mes indemnités de deux ans … plus que 4 mois… merde alors ! Pendant tout ce temps ni un patron, ni le Covid ont voulu de moi.

 

L’AI ??? ben toujours en attente ! Le problème..? Il n’y a plus assez d’experts ! Donc, ceux qui sont passés avant en ont bien profité (tant mieux pour eux) et moi maintenant, je paie pour tous les fraudeurs – attention, je ne dis pas que tous les fraudeurs sont à l’AI, mais je dois dire qu’il y a certaines personnes, on ne sait pas comment ils l’ont eue leur rente. Moi, une demi rente me suffirait, je suis mariée et mon homme gagne bien sa vie en tant que gangster et trafiquant de drogue donc donc donc, je n’ai pas le droit au social non plus… mais il faut bien que je paie mes factures, non ?

 

En gros, fin mai 2022, je ne toucherai plus rien et quand je dis rien c’est Nada ! … A moins que l’AI se bouge le cul d’ici-là, mais franchement faut pas rêver ! Première fois de ma vie que je n’aurais plus rien. Rien de rien… Le problème : mon corps ne veut plus et ma tête elle veut aller à fond … et moi, je fais quoi moi au milieu ??? Voilà, au premier juin, je n’aurais plus rien… et puis après ?

 

Il faut que mon plan B cartonne sinon, je pense arrondir mes fins de moi au Lignon ou au Pâquis à voir… et pas aux bains des Pâquis – je précise. Et le pire dans tout ça, c’est que pour le moment, je m’en fous. Je vis, tout simplement l’instant présent ! J’en ai bien besoin ! Donc, je m’en fous … ma maladie avance… on ne trouve pas de traitement qui me soulage… l’AI traîne… il me reste 4 mois de chômage, et puis après ? Première fois que j’avance comme ça dans le flou, pourtant j’ai encore envie de me battre, de me lever le matin même si je sens que mon corps s’épuise rapidement. Je m’en fous, je vis… et puis après ???

Commentaires (2)

Starben CASE
27.08.2023

J’ai relu avec plus d’attention et j’ai été happé par ta façon de raconter ce que tu vis d’une écriture si vive. Et surtout ton énergie formidable, qui tel un ressort infatigable, te pousse en avant. C’est un témoignage en réel, une histoire en train d’exister. Merci pour ce partage si bien décrit.

Jean Cérien
10.07.2022

Très bien écrit, prenant sans être lourd. Ce texte est digne de succéder au théâtre du quotidien de Michel Deutsch

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