Créé le: 15.09.2021
46 0 5
Enfer mé

Correspondance, Humour

a a a

© 2021-2024 MOI

© 2021-2024 MOI

J'espère que tu le lira mon pire ennemi. Mais ça m'étonnerait que tu as réussit à te connecter sur cette plate-forme. Alors, s'il vous plait, lisez ce texte et dites le lui de ma part.
Reprendre la lecture

12 bis, crête de Vaas

 

 

Condamné à être enfermé ! En plus avec toi !

 

Sache déjà que je te hais. Crève ! Je te déteste ! Je te rendrai coup pour coup. Ô ! s’il te plait Crève ! Ô ! vengeresse. Meurs ! Meurs ! Meurs ! Si je t’attrape, je te zigouille. Crève ! Façon de parler, car je t’ai déjà attrapé 5 fois et tu es toujours là. Mais ma folie, ma rancœur, ma vendetta n’en seront que meilleures. Crève ! Tu vas avoir mal, souffrir ; tu vas te languir de douleur et je vais aimer ça, savourer ton trépas dans chacune de tes trépidation et rictus. Tu vas te cambrer d’agonie, te retourner dans ta douleur et tu préfèreras croupir dans ta tombe. Oh oui ! ça ne fait que commencer. Je t’attends et, cette fois-ci, je serai préparé, armé jusqu’aux dents et même jusque dans le nez. Je mettrai des tests PCR, des gants et des masques hygiéniques pour nettoyer la scène de crime et ne laisser aucune trace de toi. Tu n’auras comme jamais existé. Confiné avec toi, je vais te noyer dans ma tisane, t’ébouillanter dans mon bouillon, t’immoler au gel hydroalcoolique, te trouer de teste PCR, te bombarder de suppositoires, t’excréter dans la chasse d’eau, te pourfendre de thermomètre aiguisé, te lapider à coup de médicaments colorés. Oh hantise, oh malheur, oh démon, disparait à jamais, va emmerder Satan !

 

Condamné à être enfermé encore !

Une fois de plus, tu me fais ça. Seulement, ce sera la dernière. Waterloo dans mon salon; la bataille a commencé.

 

Cette fois-ci, j’en suis ressorti vainqueur rapidement, après avoir terrassé mon ennemi. Quelques degrés de température en plus, juste le temps qu’il faut pour se mettre en caleçon, ça a été rapide mais torride. Quelques régurgitations et chasse d’eau plus tard et me voilà, tout beau, tout propre, moi le gagnant de cette terrible bataille, a célébrer ma victoire enfermé chez moi pour une sixième fois. Ce succès a un goût amer. Je le sais car j’ai retrouvé mon odorat. J’ai terrassé mon adversaire, mais je peux au mieux sortir sur ma terrasse.

 

Voilà près de 1-2-3-4 éternels jours que j’habite chez moi, tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes. Pour finir, tu as quand même gagné et je reste enfermé. Je vous jure qu’à la longue on ne s’habitue pas. Le sixième confinement est même le plus interminable. A cause de toi, toute la journée, je regarde l’horloge tourner en tournant en rond entre les murs de ma maison. Pardon, à part une fois, où j’ai décidé d’aller courir pour dégourdir mes jambes. J’ai osé enfreindre les règles et me tenter à une escapade solitaire. Ce fut une grosse erreur pour un mauvais cardio à peine rétabli ! En plus, je ne suis pas le seul à avoir eu cette lubie fantaisiste. Tous le long de l’infini 200 mètres que j’ai parcouru, j’étais suivi par une horde de belle bidoche à la recherche de tablettes de chocolat ; d’un dégradé de mollets touffus et tout blancs, qui sortaient pour prendre l’air, et surtout des coups de soleil ; de frêles cuisses qui sillonnaient la ville pour dénicher l’utopique fermeté des magazines ; un entassement de vieux, animés d’un souffle de jeunesse ; une mêlée de femmes motivées par leurs courbes, qui devenaient, par ces temps, un peu trop rondes ; un cortège d’hommes, qui venaient enfin de remarquer que leur reflet débordait du miroir ; le marathon de New York sous ton balcon, comme premier prix le dernier rouleau de PQ du magasin.

 

Dans ce footing névrosé, qui s’était transformé en course pour ma vie, j’étais cerné par mes poursuivants. Je voulais à tout prix éviter de me retrouver à nouveau cloîtré au lit. Passant après passant, personne après personne, je les voyais m’entourer. Ils haletaient, tous ; anhélaient, tous ; pantelaient, toussaient, tous en cœur. En rythme, ils recrachaient leurs poumons, certain forcené, leur dentier. Ces occasionnels sportifs des dimanches du confinement sortaient de leur tanière, pour fuir leur marasme. Alors, comme un enfant qui découvrait une nouvelle aire de jeu, ils couraient partout, bondissaient et sautillaient, respiraient et transpiraient l’air ambiant. Brassant de l’air, pour ne pas finir dépressifs, ils créaient des dépressions atmosphériques, où postillons, sueur, bave, micro-organismes, cérumen et restes de nourriture se mélangeaient. Mmm !!! un délicieux milkshake d’ADN ! dans lequel, microbes, bactérie, champignons, animalcules, et d’autres noms qui te feront dormir debout, par peur ensuite de te coucher sur le grouillant biotope de ton lit, nageaient. Cette tumultueuse mer de fluide organique peinait à contenir ce virus, ce poisson aqueux qui te finit en queue de poisson, une mort soudaine. Et oui, le légendaire Kraken n’est qu’un microplancton, sous le joli nom de Covid 19, qui noie tes alvéoles dans les profondeurs.

 

On ne m’y reprendra plus. Sortir, c’est trop dangereux. Dehors, nous, les quelques survivants, sommes assiégé par tous ces potentiels affectés, qui joggent. Avançant avec peine, ils sont partout. On les reconnait facilement : une course irrégulière ; un corps déséquilibré avec deux pieds gauches qui se tordent et des genoux, un peu trop rentrants, qui s’entrechoquent ; des lourdes jambes qui lèchent le sol dès les 100 mètre d’effort ; des craquements articulaires couvrant les grincements de leur hanche ; des bras affolés qui partent dans tous les sens ; des cris de douleur suivant la première minute de course ; une respiration saccadée ; un visage devenant rouge, puis d’un teint vert, avant de tout régurgiter ; bref, une démarche de revenants. A l’extérieur, il se vivait un apocalypse zombie. Les plus forcenés perdaient même leurs dents (ier) et ils n’étaient pas rare que des gens en combinaison vinssent chercher des gens dans la rue, soupçonnés d’attentat à la bronchite. Oui ! on est bien mieux à l’intérieur, confiné. Vraiment, on ne m’y reprendra plus.

 

Ainsi, cela fait quelques jours que je reste enfermé. Je te survis comme on peut. Je tiens le coup. Il m’arrive souvent de regarder le vent, qui fait danser les feuilles, les gouttes de pluie imprégnant le goudron de la nuit noire, puis le tachant, flaque par flaque, des reflets du jour, le soleil et ses quelques faibles rayons venant me caresser la peau, mais tout cela à travers une terne et triste fenêtre, toujours ces mêmes sombres barreaux transparents. J’ai plaidé coupable, pour finir prisonnier de ma maison. Alors, mélancolique, je ferme les yeux, ouvre mes sens, j’entends les ruissellements des cours d’eau de mon évier, je sens l’effluve des fleurs en plastique de la véranda, l’odeur fruitée du shampoing, Head and Shoulders antipelliculaire, l’herbe rouge de la moquette, les pétales de poussière de ma chambre et, évidemment, les allergies au pollen qui vont avec, la douce chaleur du printemps émanant du four qui vient de s’ouvrir, mince on va encore manger des Gnocchi ! Des fois, entre ces murs, il me semble même entendre des chants d’oiseaux, un rossignol qui crie : « Les gnocchis sont prêts » !!!, puis le corbeau répondre : « Tu sais que faire ça, ou bien ? Tu fais ch.… !!! Voilà, c’est reparti en concerto d’engueulades censurées par un jolie ramage prisé de becs grands ouverts.

 

C’est pour ça que j’ai décidé d’écrire, mon pire ennemi. Je te présente mon cher journal, ou je ramène du dehors dans du dedans, pour ne pas oublier ces petites choses qui sont si importantes. Ainsi, pages, tu es mon porte-parole de l’extérieur, le cœur de ma pensée omnisciente et reliure, la peau de ton organe, la porte de mes paroles. Chère journal, voici le jour 1 de ton existence. Tu es la plume qui pourfendra les maux, tu seras mon remède à mon pire ennemi. Tu es une alternative à ma liste noire.

 

P.S : Toi coronavirus, je t’amènerai des gnocchis de ma mère et j’espère que ce sera la pire de tes tortures.

 

Je t’en…                                                                                                                    brasse pas !

 

24 avril 2028

 

Jour 5

25 avril 2028

 

Jour 6

26 avril 2028

 

Jour 7

27 avril 2028

 

Jour 8

28 avril 2028

 

Jour 9

29 avril 2028

 

Jour 10

 

Me voilà enfin délivré de ma pénitence pour bonne conduite. Tu ne me fais plus peur.

 

31 avril 2028

 

Commentaires (0)

Cette histoire ne comporte aucun commentaire.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire