Créé le: 29.11.2025
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Emission spéciale
Bonsoir, dans ces dernières nuits de novembre, jJe me suis auto-institué chef et membre unique du jury d'un concours organisé pour le seul plaisir d'écrire ce texte. Quels sont ceux qui ont le plus apporté par leurs oeuvres à l'humanité, en cours d'évolution? Voici mes réponses.
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Je marchais dans la rue hier, habituel trajet matinal, et me suis demandé quels seraient les personnages historiques qui, selon moi et en toute subjectivité, auraient le plus apporté à l’humanité par leurs oeuvres ou leurs actes. Cette petite fantaisie me permettait de mettre à distance les interventions médiocres et malsaines que l’on doit endurer et qui nous restent à l’esprit. Plateaux télés, surgissement et répétitions numériques, ce sourire satisfait, ce propos agressif, ces désaccords comme autant de feux d’artifices sous l’orage. J’ai réussi à me concentrer. Juste ce qu’il fallait, pour organiser mon émission spéciale, toute mentale et intérieure, de remise des prix aux meilleurs d’entre nous, à ceux qui ont vraiment parlé d’humanité et laissé à celle-ci quelque chose qui lui permette d’évoluer et de le faire opportunément, en y mettant de l’audace, du talent et de la qualité. Notre classement, et c’est une mode en plus, dont on ne se défait pas, dit quelque chose du monde et bien sûr de nous-même, à titre individuel.
Je me suis lancé, en toute simplicité en étant conscient qu’une personne de mon âge, s’amusant au même exercice, en ce moment à New-Dehli ou à Cuba, en Norvège ou au Nebraska, aurait une approche différente et tout aussi pertinente pour autant que pertinente, la mienne le soit. Mon premier personnage… mon premier personnage serait Rembrandt. D’après ce que j’en sais aujourd’hui, c’est-à-dire peu. Né en 1606 d’un père meunier et d’une mère boulangère, il a dessiné et peint la réalité humaine, entre ses clairs et ses obscurs avec une force et une humilité qui resteront saisissantes tant et aussi longtemps que des regards humains se poseront sur ses œuvres. Que ce soit une encre ou un dessin, un visage, un œil, l’habit ou le paysage, à chaque fois l’étonnement est profond. En se représentant lui-même par l’art de l’autoportrait, il vient frapper au cœur de celui qui le regarde. Le soldat, le drapier, la jeune femme ou le fils sont encastrés dans l’histoire de leur cité, dans les vérités de la nature et de la société, de la culture et de la lumière. Il fallait être très profondément conscient des réalités de l’existence pour peindre ainsi et dessiner. Je connais mal l’oeuvre immense de Rembrandt. Quelques aperçus. Le Rijk Museum, il y a longtemps, une galerie ici une autre là. Un documentaire bien fait sur la fiancée juive, des revues et le livre au sortir d’une exposition, Rembrandt et la Bible dont cette décollation de St-Jean Baptiste qui dit beaucoup de nos humaines, sociales et culturelles situations. Rembrandt mon numéro un.
Le deuxième personnage que je mentionnerais dans cette liste des plus efficaces d’entre-nous dans nos travaux d’humanité serait Jean-Sébastien Bach, né le 21 mars 1685. Je ne sais presque rien de lui. Mais sa musique est venue jusqu’à moi, à plusieurs reprises bien que je ne sois pas de ceux qui régulièrement vont jusqu’à elle. Je ne suis pas de Bach un auditeur éclairé. Je n’ai que le souvenir de quelques notes que je reconnais immédiatement, comme chacun d’entre nous. J’ai écouté ses passions, ressenti et identifié sa musique. Il est mon numéro deux par le savant message qu’il adresse au cœur et à l’esprit des hommes. Avec lui, tous les grands musiciens doivent être reconnus. La liste est belle, fameuse et assez longue, elle est reprise sur toutes les affiches des concerts en ville et dans le monde On s’est interrogé sur l’apport humain de la musique qui n’empêcherait ni la médiocrité ni le mal. Il y a en elle et par elle une beauté qui saisi ce qui pourrait être l’âme. La musique parfois semble se désintéresser tant du réel que du vrai et poursuivre un chemin aux abords de l’un et de l’autre. Jean-Sebastien Bach mon numéro deux.
En troisième position de mon classement qui pourrait bien être vain et aléatoire, j’inscris Nicolas Machiavel. Curieux non ? Mais révélateur aussi de ce qui s’est passé dans nos cultures. Né à Florence le 3 mai 1469, Machiavel est resté fameux par l’écriture de « Le Prince » publié en 1513, ce qui pourrait paraître peu et l’est en effet au regard de ses deux prédécesseurs dans le classement. Quantitativement, c’est vrai. Mais c’est l’apport lucide de l’ouvrage qui amène à donner à Machiavel une telle importance culturelle. Humanité et culture ne sont-elles pas très proches tout en étant si distinctes ? « Quiconque a sondé le fond des choses pressent tout ce qu’il y a de sagesse à rester superficiel » écrivait Nietzsche (Par-delà le bien et le mal ch. 59). Superficiel je le suis, contre ma volonté, sans être devenu sage pour autant, contre mon désir. Nietzche, qui mentionne Machiavel, pourrait figurer en haute place dans mon classement. Il a été de tout temps, depuis que je tends l’oreille, cité par les intervenants. Partout. Ceux-ci s’effacent et ses textes gardent intactes leur force avant tout littéraire. Machiavel est un humaniste qui dit du bien de la brutalité ne serait-ce qu’à l’égard des lignées de princes qu’il faut supprimer pour garder la possession des principautés acquises. On devient prince, si j’ai bien compris le propos de Nicolas, et ce n’est que très partiellement le cas, par la vertu, la fortune d’autrui, la force, la ruse ou la scélératesse. Ce n’est pas ce qu’il a proposé qui fait de lui un grand humaniste, c’est ce qu’il a observé. En effet, il ne faut plus rêver, la puissance toute relative et toute princière s’oppose à la docilité physique, psychique et morale des peuples. Certains s’astreignent à changer les cours des choses, lequel est bien empli de froideur tel que l’a décrit Machiavel et que le confirment ses successeurs. Il est mon numéro trois.
Ceux que j’ai choisi jusqu’ici ne sont pas ceux que je connais le mieux. Mais leur présence dans la culture si indéniable qu’il faut bien de temps en temps faire un peu de rangement et donc de classement. Le suivant, sera Darwin, Charles né en 1809. Il n’habite pas mon quotidien de lecteur, mais il a cassé un mur à l’entrée du vieux château et l’ai frais continue d’entrer nonobstant les multiples réparations. Il a simplement voyagé, noté et observé le vivant, ce que l’on devrait tous faire de temps en temps, ne serait-ce que mentalement. Ce qu’il a noté et ce qu’il en a pensé permettent de comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe encore pour nous les vivants, en incluant ceux qui sont partis et ceux qui viendront. Comment décrire au plus juste ce passage, et s’en inspirer pour penser ou ne plus y penser sachant que « c’est la pensée qui donne au malheur une si grande vie » (Hamlet acte III scène I). Mais le jeune naturaliste Darwin a bien fait de voyager et de revenir. Il a théorisé une lutte, des espèces en leurs seins et entre elles. Il s’est peut-être en partie trompé sur des points encore en débat, individu par individu, espèce par espèce. Mais il nous a appris à régénérer sans cesse nos acquis intellectuels et, partant, spirituels. On ne peut aller de l’avant comme si l’évolution des espèces n’avait jamais été publiée ni même comme si elle n’avait été publiée que ce matin. Il n’y a pas d’exercice du pouvoir en science ou en spiritualité mais des perspectives que l’on adopte et des choix que l’on opère. Darwin est mon quatrième.
Albert Einstein devait être le cinquième personnage de mon classement. Je m’interdis toutefois de ne pas y inclure un personnage féminin. Et la recherche angoissante commence. Mes premières idées iraient vers Billie Holliday, Nina Simone ou Aretha Franklin. La première nommée chantant « Strange fruits » consacre un moment essentiel de notre histoire, par sa sensibilité et le sujet abordé. Si belles cette voix et si beau ce chant que je m’interdis de les entendre comme je m’interdis de visionner des exécutions. S’en était une que ces fruits étranges, des corps de pendus dans le prolongement séculaire de ceux de François Villon. Mais mon choix pour mon cinquième personnage sera différent. Il se porterait sur Hanna Arendt. Philosophe allemande née en 1906 dont les écrits du milieu du 20ème siècle sur le totalitarisme sont encore en travail dans l’esprit de ceux qui pensent aujourd’hui. Encore un choix d’une œuvre que je connais mal tant elle est complexe et spécifique. Avec toutefois une lecture faite et refaite de son petit livre fait de recueils de textes sur « La philosophie de l’existence », celle à laquelle nécessairement on aboutit, provisoirement. Maria Callas, Catherine de Russie ? Marie Curie dont je ne sais rien des recherches sinon qu’elles ont porté sur ce qui peut être un plus pour les sciences et l’énergie mais peut détruire l’humanité. Nous sommes en périls et mon classement n’a plus de sens. Peut-être le soldat inconnu ou la soldate oubliée mériteraient de figurer dans mon émission. Une scène finale, pour un samedi soir de grand froid. Mais il n’y aura pas d’émission, j’ai terminé ma balade matinale, ces grands personnages m’ont occupé l’esprit. Il était bien d’y revenir. Je range mon mental chapiteau et retourne dans ce cirque quotidien dans lequel il faut se garder de tout entendre et se préserver du flux sonore des oublieux de l’humanisme, sans qu’il soit absolument acquis que leurs adversaires détiennent l’ensemble du bouquet des vérités.
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