15 septembre 2021

" Mais je te considère - Con sidérant - Autant que je puisse le faire."
Reprendre la lecture

Tendre ennemi,

 

Toi que je ne puis nommer Cher,
Car ce serait gratuit.

 

À toi, tapi en moi,
Et, tout à la fois,
En celui qui me lit,

J’ai écrit une lettre,
Qui, il faut l’admettre,
Jamais ne serait
Achevée,

Moi en vie.

 

Je n’ai jamais apprécié
La correspondance.

En somme,
Toutes mes pensées
Gigognes,
Te sont adressées
Sans en-tête ;
Une date peut-être,
Pour la forme.

 

Je te les balance
Jour après jour,
Caparaçonnées
De ronces,
Sans attendre de réponse
En retour ;
Ton avis,
Je m’en cogne.

 

Je te berce avec mépris
Et te dédie
Chacun des vers
De ces poésies.

 

Puissent-ils te dévorer
À l’envi.

 

*

 

Comme un cafard
Tu attends que je dorme
Pour racler les fonds de tiroir
Et dérobes ce qui, au fond
N’est que forme.

 

Garde les souvenirs.
Épargne-nous les aurevoirs.

 

Targue-toi de ce butin
Aux contours incertains.
Évitons de revenir
Par des propos volatils
Et abscons
Sur la saveur passée du boudoir.

 

Adieu Vil,
Adieu, Con.

 

*

 

Lâche les chiens

 

Va.

 

Apprécie le chemin.

 

Traces-en une carte
Au cent millième.

 

Étudie la topographie
De la distance
Qui est la mienne.

 

 

De toi à moi,
Il ne restera que ça.

 

 

Prends, par prudence,
Un rouleau de craft
Long comme un jour sans rien.

 

Tu risques de manquer de papier

Entre le point A

 

Et le point B.

 

*

 

Arrive un soir où tu te couches
Aux côtés de ce que tu aimes.
Au matin, tu es seule.
Tu n’as pas perdu la moitié
De ton Monde,
Mais l’entier,
Inondé.
Immondé.

 

Toi,
Demi nous
Grand Trou
Trou du cul
Tu es maintenant tu.

 

Et tu n’as rien.
Seule, la liberté.

 

Tu as ainsi partagé,
Et tu la tiens par la main,
Et tu me hais.
Et tu le dis.
Et tu le cries.
Et chacun,
Petit à petit,
Finit par penser
Qu’il y a des raisons
Pour lesquelles tu me hais.

 

Et moi.
Où suis-je ?

 

Ah si,
J’y suis. Je les nourris. Je les console. Je les couche. Je les grandi.
Ils me touchent. Je les aime et les méprends, je m’y prends comme je peux
Et je m’en veux.

 

Et toi.
Demi nous,
Grand Trou
Trou du cul,
Tu vois mes amis,
Et me hues.

 

*

 

À force d’effacer
Ce que je viens d’écrire,
C’est au Tip-Ex
Que je calligraphie
Ma vie
Recouvrant le pire,
Oubliant ce qui ex.

 

*

 

Alors,
J’essuie le refus,
J’essuie mes larmes
Avant même qu’elles ne soient venues,

 

J’essuie l’ardoise
Et pendant que tu me toises,
J’essuie les plâtres,
La honte, puis la vaisselle.

 

Je suis celle
Qui devient éponge
Et,
Tout en pensées,
Je te laisse parler,
T’allonge
Puis te châtre,
Observant dans le ciel
Les nuées
D’oiseaux
Essuyer de leurs ailes
Les nuages
Sur leur passage
De passereau.

 

C’est beau.

 

*

 

Ton cœur con vint quand
Ce fut vain.
Viens à l’heure demain.

 

*

 

C’est l’été
C’est chaud ;
Lâché de petites bouées.

 

Gonflées à bloc
Elles ne manquent pas d’air !
De Vladivostok
Au Cap Finisterre,
Sur les starting-block
Et en cabriolet,
Y a du stock,
Y a de la matière;

 

Ce sont les manières
Qui font défaut

 

Aux schnocks
De juillet.

 

*

 

Je peux goûter ta glace ?
Tu me fais une petite place ?

 

Je veux juste marcher
Dans tes pas
Et sur tes pieds,

 

Te faire de l’ombre.

 

Ne prends pas cet air sombre :
Je ne suis pas sûre de toi

 

Mais
J’aime les connes
Au chocolat.

 

*

 

Tu sais ?
En fait
Je ne connais
Rien de plus dur
Que ta tête.

 

Et pourtant
C’est sûr,
Ce qui se trouve dedans
N’a rien du diamant.

 

*

 

Tu as la bride trop serrée :
Un simple hoquet
Et te voilà déjà cabré.

 

Tu te trouves bien empêtré
Dans ton petit complet
Mal taillé.

 

Respire,
Ça ne peut pas être pire ;
Ton joli col Claudine amidonné
Est déjà tout taché de Bétadine ;

 

Laisse-toi saigner.

 

*

 

En somme
Tu as tellement d’amour propre :
Récurée, l’aorte
Eau de javellisée.
Aseptisée jusqu’au duodénum.
Comme on se désinfecte avant de passer une porte
Tu ne manques pas de t’aimer.

 

*

 

Il est temps
De redorer le blason
Et je ne fais pas allusion
À la vertu :
C’est peine perdue,
Il n’y a plus rien à lustrer.

 

Passe un coup de balai
Dans l’allée
Devant ta porte ;
Et brique donc l’argenterie,
Des fois qu’il t’en sorte
Un trait de génie.

 

*

 

J’en ai avalé,
Des abîmes,
À chaque déjeuner.

 

J’en ai abîmé
Des narvals,
Dans mes contes de fées.

 

J’en ai décoiffé des plus iroquois que toi,
Narquois.

 

Tu peux bien me regarder,
Du bout de ton carquois,
Moi, je te vois.

 

Tu peux te cacher
Derrière ton mur de Kappla,
C’est moi qui l’ai monté
Tout autour de ton gouffre.

 

Faut aérer :
Ça sent le soufre.

 

*

 

S’il y a une chose
Que j’ai en horreur,
Plus encore que les à propos
D’arthrose ou de ménopause
Ce sont les amateurs.

 

Amateur de cigare
Et de grands phares,
Vanités
De M’as-tu-vu,

 

La liberté
Version Grand-Cru,
C’est du Chiqué,
Du Déjà-vu.

 

*

 

Au Monsieur
Ivre,
Qui m’a appelée
Connasse,

 

Avec doigt d’honneur,

 

Au volant de sa voiture
Immatriculée
Ailleurs

Alors qu’il frôlait
Mes doigts de pieds,
Dans leur godasse,
Sur l’ourlet extérieur
De mon paillasson :

 

Je te dirais bien de retourner
Au Tiers-Monde
Du savoir vivre
Insulter tes comparses,
Dans ton dialecte immonde,

 

Mais si d’aventure
Tu croises ma route
Fais-moi une fleur,

 

Ôte-toi d’un doute ;

 

Je suis juste une Gentille Fille
À valeur ajourée,

 

Voyons.

 

*

 

Va tromper ton ennui ailleurs.

 

Je ne suis pas un amuse-bouche
Pour amateur
De Sainte-Nitouche.

 

*

 

Tu es toujours,
Tu n’es jamais,

 

Et chaque jour
Je l’admets

 

Je remets une pièce dans la machine
Et observe ce noir dessein
Me rendre plus mesquine.

 

Je te laisse parler, machin,
Je te vois qui t’échines.

 

Pourtant, je le sais bien :
C’est juste ta queue qui te turlupine.

 

*

 

Comme un amas
De belugas
Ou d’ânes
Sur la mer morte
Je flotte
Dans mon crâne.

 

Et s’entrechoquent,
Dans mon caisson
De flottaison,

 

Les idées noires
Qui s’empalent
Comme des poissons
Sur un hameçon.

 

Un soir
À Majorque,
Plus tard
À la maison.

 

Je bois les Icebergs,
Je bois les glaçons,

 

Je bois,
Tu vois,
Et toi,
Tu fonds.

 

*

 

J’ai écrit pour toi
Des mots,
Des vers, des listes, des tas.

 

Mais je ne voudrais pas
Que tu croies
Que tu m’inspires.

 

J’attends que tu expires
Et lorsque tu seras
Allongé sur le dos
Paisible sur la soie,

 

Caressé par les vers
Entre quatre listes d’épicéa,
Sous un tas de terre,

 

Je t’offrirai
Une épitaphe sincère.

 

Je la broderai dans le bois
Je l’imprimerai sur ta chair
Je l’écrirai de mes pas
Dans la neige du cimetière
Et de l’atmosphère on saura
Qui tu étais sur Terre.

 

*

 

Lorsque les flammes
Auront fini de lécher
Nos liens, à présent détachés,

 

Laissons ce grand brasier
Dévorer nos cœurs qui se fanent.

 

Et dans une prochaine vie
Évitons de nous attacher l’un à l’autre ;
Contente-toi de me sangler
Avec du scotch
Et jouis !

 

*

 

Tu n’as plus rien à dire ?
Tu n’as plus de commentaires ?

 

J’ai réussi à te faire taire ?
J’ai déjà cassé mon jouet ?

 

Allez, respire !

 

Reprends des forces !

 

Dis-le-moi en morse !

 

Chiale-moi encore un peu
Dans le gilet

 

S’il-te-plaît
Monsieur.

Commentaires (2)

J. L. Martin
15.09.2021

Jouissif! Bravo pour le subtil mélange de poèsie et de jeux de mots.

GF

GFI
15.09.2021

merci! Cela peut être une être une chance parfois, de s’entourer de cons.

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