J'ai employé cette expression "mise à distance", en parlant en public l'autre soir. Et je me suis demandé ce que j'ai voulu dire.
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Distance de mise
Peu de vérités sonnantes et trébuchantes, mais celle-ci : nous sommes mis à distance, placés dans une situation d’éloignement inexorable et constant. Continuation de la mise à distance, replacement du tout. Quelques chose de frappant, comme les trois coups qui s’éloignent ou les trois cloches que l’on réentendra. Elles s’en sont allées et mon souvenir assure son maintien, précaire, à distance de tous. Je n’aurai pas su dire ce qui devait advenir ni même ce que j’en espérais. J’étais attiré par le courant, je créais des espaces et me rendais disponible. Il fallait. Il ne fallait pas. Entre ces deux-là déjà un espace, une indifférence. Puis nous revenions, par la pensée. Esprit « seras-tu là »?
Partir en vacances, à quelques lieues d’ici. Nous étions dans l’émotion, autre façon de bouger sur place. C’était évident, mais je n’ai pas saisi. Au passage. Les oiseaux de la chanson, mémoire virevoltante. Se concentrer à ce point, s’accaparer le risque de toutes les furtivités. Il n’en demeure pas moins. Au-delà, l’idée, en mouvement, de se retrouver. Mode, tendance, présente, passée, désuète, obsolète. « Dis, au moins le sais-tu ». Tant qu’on y est. C’est exactement ce dont il est question. Restée sans réponse. Aucune ne tient. En place. De tous les endroits où l’on n’est pas. Bételgueuse, combien de fois déjà ? Plus grande. Mesure des distances, des unes et des autres. Chevauchées, parcourant, quand c’était suffisant. Pour un instant « pour un instant seulement ». Bottes de sept lieues. Réluctance, physique réluctance, histoire de résister à ce qui ne m’attire plus. Dans une crypte septentrionale. « Elévation ».
Pas sûr de s’y retrouver. Ni même de se retrouver. Dans l’expectative. Etre fier, à distance, être triste, proximité. L’envers de soi, à distance, Narcisse, proximité. Les clefs du problème. La joie aussi est un mouvement qui met tout le monde d’accord, puis s’éteint. Il n’en reste pas moins vrai. Comme si nous ne nous étions jamais quittés. Le corps prend ses distances avec l’ennui qui le fuit. La vigueur ne s’attarde plus. Elle rejoint d’autres lieux de renaissance. Etiolement des valeurs. C’était vrai déjà avant la naissance. Nous n’étions qu’à venir. Puis celle-ci, la venue sur terre, et la suite qui s’ensuit.
C’est de toi que je parlais et avec toi, parfaitement, là. Parfois, tu n’y étais pas. Toujours. Il m’arrivait de m’absenter. Sur le moment ou de me laisser déconcentrer. Tout d’un coup, je n’y étais plus. Maintenant, c’est vous qui n’y êtes plus. Elle et toi. Tenues à distance du ciel et de moi. C’est ainsi. Sur le moment. Demain, on n’y pensera plus. Il aurait fallu s’abstenir mais au même ça reviendrait. Les mots parlent d’eux. Mêmes.
Circonférence, avec quelqu’un au milieu. Certainement pas. Considérons que c’est en voie d’accomplissement. C’est en train de se faire et la distance n’est pas un refus, ni un pas vers l’unité. L’un et l’autre sont de vains éléments de complexité qui reste un moyen de mieux se séparer. Etre distant est une solution d’apparente facilité. Ça prend du temps. Lueur, tueur, loups, tous en cœur. Je ne saurai y revenir. La distance est un désaveu. Lignes de fuite. S’immoler par le feu. « les gueux et les réprouvés ». Le choix oblige. Loup désavoué, éteint, à l’écart dans un éclat de lune.
Propos d’homme blessé ? Pas vraiment. Pas plus que ça. La blessure est un lieu commun. La sollicitude aussi. Elle réduit les distances, parvient à une certaine plénitude par la force et le fait de nouvelles et prometteuses vacuités.
Genève, le 2 juin 2018
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