Créé le: 28.06.2021
78 0 4
Désolant

Billet d'humeur, Correspondance

a a a

© 2021-2024 Botella Ph

© 2021-2024 Botella Ph

Chapitre 1

1

Cette lettre est une véritable lettre que j'ai écrite en 2007, en réaction à un courriel professionnel assez désobligeant, et qui a eu pour effet de calmer le jeu. Rien donc de littéraire, mais des mots, pour éviter des maux, apaisement valant toujours mieux qu'affrontement.
Reprendre la lecture

Monsieur,

Sachez, Monsieur, que j’ai très mal ressenti votre dernier courriel dont la forme agressive ne cédait pas à un fond lourdement chargé d’insultes.

Nous eussions été au XIX ème , je vous en aurai demandé raison. Nous aurions été en domaine privé, je n’aurai répondu que par le silence du mépris, mais, étant donné le cadre professionnel, souffrez, Monsieur, puisque vous m’attaquez, que je me défende tant sur les mots essentiels que sur le fond, que vous avez su si bien transformer en lie.

Je ne vois pas en quoi mon dernier courriel vous autorise à le qualifier de « vindicatif », ayant, de plus, fait droit à ce qui n’était pas une demande directe de votre part en avançant la date de ma visite.

Vous le qualifiez de « mensonger », sans doute par rapport à la date prévue, en Octobre, du fait que ce changement de datet vous aurait été accordé non par moi mais par ma hiérarchie. Or, vous n’ignoriez pas que mon supérieur souhaitait assister à notre entretien et qu’il était donc normal qu’il soit avisé de votre demande (adressée d’ailleurs le 27/09 pour une visite prévue le 05/10 depuis juin, date où était prévue en réalité ma mission et qui avait déjà été reportée à votre demande.)

Il me semble, si je lis bien un de vos courriels, que vous m’annonciez votre départ au 1er Juin et que vous m’invitiez à reporter ma visite à cette date.

Pour reprendre mon explication précédente, ma mission devant se dérouler au plus près de la date de départ, il était normal que je vous propose les dates des 27et 28 mai, ou 29 et 30 mai, à votre choix. Cela collait Et avec le principe ET avec votre demande.

Sur la « Sérénité et l’apaisement nécessaire à l’accomplissement de ma tache » : il me semble vous avoir suffisamment démontré par mon comportement lors de mon avant dernière visite que votre argument est dénué de tout fondement. Je procède toujours à mes missions sans états d’âme, en toute impartialité et en toute objectivité. En voulez-vous une preuve ? Relisez-donc mon rapport de Juin 2006 où mes premiers mots étaient de faire état de votre ratio combiné et où en commentaires, je précisais «  vous accomplissez vos taches avec une hauteur de vue et une largesse d’esprit qui vous permet de maintenir votre ratio à un taux très correct… » et je rappelle votre propre observation en réponse: «  Commentaire équilibré, mon point de vue est bien noté et je vous en remercie..  »

Comment pouvez-vous donc prétendre mettre en cause ma capacité à effectuer ma mission ?

Quant à faire droit à votre ultime demande de mon « remplacement pas mon prédécesseur », si après cette lecture, vous entendez la maintenir, je vous invite à adresser directement votre requête à ma hiérarchie à qui je transmets copie de notre échange.

Je vous parlais d’insultes, en voici un exemple : « Dans l’intérêt de la Compagnie, …  » Je ne vous autorise pas, Monsieur, à porter un jugement sur mon travail et sur sa qualité. Et surtout, d’écrire, à mots couverts, que si j’exerçais cette mission, que vous ne facilitez pas, cela porterait préjudice à notre grande maison que j’ai l’honneur de servir depuis plus de trente ans.

Je suis cependant d’accord avec vous, et c’est bien le seul point commun que nous ayons sur ces derniers échanges : « Pourquoi la simple fixation d’une date peut-elle créer une situation conflictuelle ? Amusant ou affligeant ! »

Je conclurais « Désolant ! »

Pour ma part, j’ai l’intention de procéder à ma mission, comme prévu, les 22 et 23 mai, sauf avis contraire de ma hiérarchie.

Dans le cas où vous refuseriez de me recevoir, je me contenterai de déposer un rapport de carence dont j’ignore les conséquences car ce sera, du moins pour moi, une première.

J’exerce, comme vous, un métier difficile, toujours entre le marteau et l’enclume. Vous, c’est entre vos (nos) clients, et la compagnie, moi, c’est entre la compagnie et ses agents. Métiers aussi difficiles qu’ingrats, mais aussi passionnants qu’indispensables. Ne croyez-pas qu’un auditeur d’agences est sollicité pour punir et asservir. Sa tache est, heureusement, bien supérieure : elle permet de protéger la compagnie et ses clients d’éventuels désobligeants, (car il y en a quelques fois ; je vous rassure, je vous connais et je vous ai vu travailler, vous n’en êtes pas) et elle est essentielle tant au bon fonctionnement de toute délégation, que pour détecter les besoins de formation, et pour rendre également des satisfecit qui permettent à tous de progresser. Je vous concède que parfois, quelques conclusions ne font pas, au premier abord, forcément plaisir, mais passée la première réaction, et eu égard aux résultats alors obtenus en suivant les conseils, rares sont ceux qui, en définitive, n’en sont pas satisfaits.

Avent d’en terminer, je voudrais vous citer les propos d’un vieux sage dont j’ai oublié le nom et qui appartenait à une civilisation précédant le nôtre : « Si tu crois avoir des raisons d’en vouloir à quelqu’un, ne vas pas lui chercher querelle. Assis-toi au bord de la rivière et patiente. Bientôt, peut-être, tu verras y flotter le cadavre de ton ennemi ».

 

Eu égard aux nombreuses insomnies dont je vous suis redevable et à ce week-end sans détente que vous m’avez si gracieusement offert, vous m’autoriserez à conclure non par un « bien cordialement », qui ne serait pas pour l’heure sincère, et encore moins par un « je vous embrasse » aussi déplacé sur votre mail que fielleux, mais cependant en vous priant de croire, malgré tout, à l’expression de mes sentiments, tout de même, respectueux.

Ph B.

PS : si vous avez eu la patience de me lire jusqu’au bout, sachez que je serai pour une autre mission les 13 et 14 mai en votre ville. Peut-être pourriez-vous m’inviter à venir vous saluer. Vous m’offrirez un café, ou un verre d’eau, que nous irons tranquillement déguster en regardant l’eau de votre rivière. Si nous n’y voyons pas de cadavre passer, c’est qu’il n’y avait pas d’ennemis. Nous enterrerions alors cette méchante hache de guerre que vous avez, sans doute par aveuglement, un peu trop vite déterrée et je vous narrerai, si vous me le demandez, un vieux conte du temps d’Ésope qui nous fera légèrement sourire, et nous nous quitterions bons amis, en nous disant au revoir, et au 22 mai.

Que puis-je, sincèrement, vous proposer de mieux ?

Commentaires (0)

Cette histoire ne comporte aucun commentaire.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire