Danser éloigne le malheur!
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Danser sur ses malheurs

Zora, que la vie n’a pas gâtée au départ, est devenue une grande danseuse très talentueuse, au sommet de son art.

Elle a su conquérir, un public fidèle, par des mouvements scéniques intenses et originaux.

Artiste d’exception, Zora a toujours dansé sur ses malheurs, ses chagrins, ses peines, ses échecs, ses angoisses et ses maladies.

Zora dansait sur cette vie qui ne l’avait pas toujours épargnée.

Elle piétinait tout cela pour ne pas tomber!

Et pour ne pas sombrer, il fallait tout écraser!

L’art de danser sur ses malheurs, de les écraser, de les dominer, était un acte bien salvateur pour rebondir et survivre.

Le souffle de la danse éloignait les malheurs comme le vent emportait les feuilles au loin.

Zora s’attachait à retrouver goût à la vie en dansant.

Pour Zora, vivre c’était, danser pour ne pas sombrer, danser pour exister, danser pour oublier, danser pour échapper à son quotidien!

Une bouée de sauvetage pour ne pas couler à pic!

Le mouvement pour voler, s’envoler au loin et s’évader!

C’est qu’elle revenait de loin notre petite Zora!

À chaque occasion, Zora n’en oubliait pas son parcours pour autant, notamment son enfance dont elle avait gardée le goût amer des souffrances.

Elle se souvenait qu’elle avait été abandonnée par ses parents.

Ainsi commençait donc une vie de supplices en tous genres.

Zora avait enduré tout cela, dans le silence.

Elle faisait seulement ce que l’on lui disait de faire, sans jamais montrer d’émotion, car elle était libre dans sa tête.

C’était la résistance passive, supporter, se laisser-faire volontairement, faire croire aux bourreaux que vous abondez dans leur sens, alors qu’en vérité, il n’en était rien dans son cœur.

Pour elle, ils pouvaient l’atteindre physiquement, mais son mental à elle, était inatteignable, et c’était cela sa véritable force.

Elle attendait une occasion, une opportunité, son moment, quoi!

Après avoir été torturée durant plusieurs années, au final, elle s’était retrouvée chez sa tante qui ne l’avait pas envoyée pas à l’école, car, elle n’en voyait pas l’utilité pour elle ; il en était autrement pour ses propres enfants, qui eux, bénéficiaient des meilleurs précepteurs de la ville et qui accédaient aux meilleures écoles!

Sa tante l’utilisait sans relâche, comme personne à tout faire.

Elle lui faisait faire des tâches ménagères et l’insultait souvent, en la traitant de tous les noms et de paresseuse.

Zora encaissait sans broncher, car elle avait son plan qui était déjà prêt dans la tête. Détermination et persévérance étaient ses maîtres-mots!

Un jour, sa tante décida de la marier de force à un homme dont elle bénéficiait de certaines largesses.

La veille de son mariage arrangé, alors qu’on l’envoya exceptionnellement essayer sa robe dans une autre ville, sa tante décida de l’accompagner elle-même, pour mieux la surveiller de près, comme toujours.

Elle craignait sans doute des surprises de dernière minute!

Au moment de rentrer, Zora feignit d’avoir oublié quelque chose dans la boutique.

Agacée et fatiguée par cette journée d’essayage, sa tante qui ne voulait pas retourner sur ses pas lui donna peu de temps pour aller et revenir.

Zora avait trente minutes chrono!

Cette erreur de sa tante était une aubaine pour elle, et elle devait absolument agir et en profiter!

Zora sentit que c’était le moment, son moment! Zora saisit alors sa seule occasion, une voie vers la liberté, sa liberté!

Elle saisit son courage à deux mains et décida de s’échapper.

Advienne que pourra!

Sa vie était alors ainsi livrée au destin!

Zora courut loin devant elle, sans jamais se retourner, ni s’arrêter jusqu’en perdre le souffle, d’autant qu’elle n’avait rien avalé de la journée!

Désormais, elle ne pouvait plus reculer, les dés étaient jetés à présent!

Elle courut aussi loin que ses maigres jambes pouvaient l’amener!