A quel moment se dit-on que c'est une bonne idée de mettre fin à la vie de son animal ? Les états par lesquels je suis passée lors de la maladie de mon chat, Charlie, mort depuis.
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Cet été j’ai rencontré…

… la potentialité de la mort et mon pouvoir de vie sur un être fait de chair et de sang.

 

Mon chat est tombé malade, gravement, et toute la question a été de savoir s’il fallait l’euthanasier. Les mois d’été ont été emplis de cette crainte, mêlée d’impatience. « Qu’on en finisse enfin, je suis fatiguée de cette douleur », la sienne peut-être, la mienne surtout. Je regardais cette petite chose qui s’accrochait péniblement, et j’étais dans un profond désarroi. Que faire ? Quelle est la bonne solution ? Pour lui ? Pour moi. Je l’ai vu subir des soins qu’il déteste, cela m’a déchiré. Il hurlait et j’avais mal. Nous avons vite arrêté. Je l’ai laissé à la clinique, je me sentais lâche. J’étais heureuse qu’il y soit, même s’il n’aimait pas y être. Au moins, j’avais la paix, je cessai de m’interroger sur son état, comme si tout à coup je n’en avais plus la responsabilité. Je ne m’endormais pas le soir en me demandant si j’allais le retrouver mort le lendemain matin. Et puis la clinique a eu son temps, il est revenu, le calvaire a continué. Le sien et par ricochet, le mien. Il se battait comme il pouvait, un vrai lion. Ne mangeait plus, buvait à peine, cela me rendait malade. « Que cela cesse, pitié, s’il vous plait ». Mais à l’appel du vétérinaire m’annonçant qu’il fallait maintenant envisager que tout avait été essayé et que c’était la fin, je ne pouvais m’y résoudre. Comment prendre la décision de tuer ? A quel moment se dit-on que c’est une bonne idée ? Et pour quoi ? Je n’ai jamais pu m’y résoudre, peut-être parce que je sentais, au fond, que son heure n’était pas venue et qu’il avait, malgré tout, encore envie d’être là. Cette tension interne permanente m’a fortement troublée. Je ressentais une impatience mêlée à l’incapacité à prendre une décision. Une vie, autre que la mienne, en dépendait. Je n’arrivais pas à me convaincre que c’était la chose à faire, à ce moment-là. Or, je le sais, cela le sera, un jour.

 

Cet été, j’ai rencontré la possibilité de faire mourir et mon pouvoir que j’avais sur un être vivant, entremêlés de ma presque volonté d’y mettre fin pour m’apaiser. Et cela m’a bouleversé.

 

Commentaires (2)

Betty J. Norman
17.01.2022

Merci pour votre commentaire qui me touche également. Il me l'a en effet fait comprendre et il est parti sereinement.

Laure Houisse
16.01.2022

Voilà un texte qui me touche personnellement... merci de l'avoir écrit. J'ai toujours eu des chats depuis ma plus tendre enfance et depuis que je suis adulte, j'ai dû prendre cette décision 3x. Pas facile... pourtant il y a des signes qui ne trompent pas et c'est généralement notre animal qui nous le fait comprendre.

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