Créé le: 06.03.2022
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Amour, Journal personnel

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Chapitre 1

1

En temps normal, je m’excuse, je m’efface, et je suis efficace. « Demande moi, et je t’exaucerais » je l’ai toujours fait. Pas avec envie mais par crainte. Par crainte de l’abandon, par crainte de la persécution et pour éviter le conflit.
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Tout commence une nuit d’été. Ou peut-être bien avant avec papa.

Nous étions, ma famille et moi dans le sud de l’Espagne. Chez ma grand-mère. Depuis que je suis née, je pars dans le sud de l’Espagne à Peniscola. Les journées défilent rythmées par de long déjeuner ou dîner. Il fait chaud, ce jour-là. Comme à notre habitude, une fois le repas terminé, les adultes font un Scrabble, les enfants vont au lit et les adolescents retrouvent leurs amis. Dernière bouchée avalée, direction la salle de bain. Il faut être belle et beau car personne ne sait ce qui peut arriver dans ces soirées. C’est l’été de mes seize ans que je commence à m’abîmer pensant que pour avoir un câlin, il faillait faire la putain.

À cet âge-là, je suis la seule de mes amies encore vierge. Les unes après les autres me racontent « l’avoir fait ». La situation m’agace après chaque conversation.
« J’ai besoin d’être désirée, moi aussi. »
L’amour de mes pairs ne me suffit plus. Je veux être regardée.
C’est ce soir-là, après le coup de fil de mon amie Leyla que je décide qu’il est temps, moi aussi, de passer cette étape. J’étais convaincue que de passer cette limite allait m’aider à me sentir mieux dans ma peau et plus affirmée. Je raccroche. Clac !, j’ouvre une bouteille de rosé. Je bois. Beaucoup. Assez pour être confiante. En plus, l’ami de mon cousin, Inaki, est là ce soir. Il est beau. Très beau.
Son profil est parfait. Il est brun et ténébreux. Sa guitare et son style vestimentaire négligé lui donne un air sexy. Je le traque. Je le voulais. Toutes les excuses sont bonnes pour l’amener dans mon filet. Je me retrouve seule avec lui. C’est sur le terrain de tennis du village que le cap est franchi. Il ne sait pas que c’est ma première fois. Je n’ai rien dit.

Ce soir-là, j’ai abandonné mon corps. Je l’ai donné, non pas comme un cadeau mais comme un truc à délaisser, comme une chose à ne pas considérer. Loin d’imaginer que cela aurait un impact sur mes relations futures, j’ai continué à m’adonner au jeu de donner pour réparer car, au fond, c’est comme ça que papa m’avait éduqué.

L’été se termine et tout me donne la sensation d’être fière du petit jeu entreprit.
Dès mon retour à la capitale, je commence à nouveau la chasse.

L’année de première démarre. Incroyable mais vrai, je retrouve Cléo que j’avais rencontré pendant l’été. Elle est ici pour ses études de commerce à Madrid. Elle ne connaissait pas la ville alors je l’accueille. On sort beaucoup ensemble. Elle me présente ses camarades de classe dont Arnold. En même temps, j’avais rencontré le meilleur ami du petit copain de mon amie de toujours, Marvin. Marvin était le deuxième a avoir consommé mon corps. Il consommait sans apprécier. Il désirait ma chair sans incorporer mon âme.
Déjà fragile dans mon estime, je suis convaincue que c’est en me donnant facilement que cette faiblesse s’estomperait. Mais à quoi bon je pensais ? Je décide de jouer double jeu.
Marvin ne désire que consommer alors pourquoi ne pas chercher ailleurs. Je sors avec Cléo, Clac !, on ouvre une bouteille. On part danser au rythme de la nuit.
Arnold est là. Seul. J’ai beaucoup bu. Je rentre avec lui. Nos corps s’enlacent toute la nuit.
Dès le lendemain, il veut me revoir. Ce jeune homme me ressemble beaucoup. Abîmé aussi par la vie, il se laisse consommer pour être aimé. Je coupe les ponts avec Marvin et vit mon idylle avec Arnold. Il est gentil et amoureux. Pas de moi. Il est amoureux de l’amour. Moi aussi. On fait durer la supercherie. J’ai passée deux années à ses côtés, jusqu’au retour de l’envie d’être aimée, pendant l’été.

Comme chaque été, la bande des copains est au rendez-vous. Arnold doit venir. Mais lassée de le rassurer, je n’ai pas envie de le retrouver. Je ne dis rien. J’étais l’as pour ne pas communiquer. J’avais été à bonne école. « Soit belle et tais-toi », je l’avais intégré. Une soirée avant son arrivée, chez mes cousins, mon corps se réveille. Un beau barbu me regarde. Clac !, j’ouvre une bouteille et je commence la danse du désir. Désir réciproque, j’en oublie Arnold. Au matin de son arrivée, je ne suis pas enchanté. Ma tête est clairement occupée par ce barbu. Il le sent. Il est fâché. On doit se quitter. Le barbu m’obsède tout l’été. Pour oublier, je sors avec Cléo qui est aussi ici, à Péniscola. Guillermo, un de ses amis, lui rend visite. Perturbé d’avoir rejeté Arnold et de ne pas avoir des nouvelles du barbu, je m’abandonne le temps d’un instant dans ses bras. Près des toilettes de la plage, je le laisse toucher l’enveloppe de mon âme. L’été s’achève. Retour pour une nouvelle vie à la capitale. Le lycée se fini. Je deviens une grande. Inscrite à l’université, j’étais prête pour les soirées étudiantes. C’est avec Fedra que je fais les quatre cent coups. C’est sur un rooftop de Madrid, que le barbu réapparait. Mon coeur s’arrête de battre. Nos regards se croisent. Le désir est toujours là. À la fin de cette soirée bien arrosée, on s’embrasse. Quelques jours plus tard, je le voulais encore. Je donne tout. J’écris trop. Chaque jour, un message. J’abuse. J’en deviens folle. Il fuit et disparait.
Rejeté, mon corps a besoin d’être désiré. Encore plus. J’appelle Cléo. Clac ! On ouvre une bouteille. Mon amie de toujours se joint à nous. D’autres amis aussi. Clac ! Les bouteilles résonnent. Quique est là. C’est autant un ami de mon amie de toujours que de Cléo. Ça avait même été l’amoureux de Cléo lorsqu’elle était petite. Il est beau. Très beau. C’était parfait pour oublier le barbu. Retour de la danse du désir, je remarque que je ne suis pas seule. Cléo en fait parti. On décide de partager. L’alcool continu de couler. Mon amie de toujours part. On est plus que tous les trois. On rentre. Ensemble. Cléo m’embrasse. Quique aussi. C’était parfait. J’avais deux corps prêt à me soigner. Le lendemain, tout est étrange. Je sais et je sens que ça avait brisé mon amitié avec Cléo. Mal et salit par l’expérience, je dois trouver le moyen d’oublier. Alors j’appelle Arnold. Arnold est toujours là quand je l’appelle. On remet le couvert. Il sent qu’au lieu d’être réparé, je venais d’être encore plus brisée. Il ne le supporte pas et m’abandonne au bout de quelques mois. Descente aux enfers.

J’entraine tous les jeudi, Fedra dans les méandres de la nuit. Chaque semaine, un inconnu passe par mon lit. Le rituel est toujours le même. J’arrive chez elle. Clac!, on ouvre une bouteille, puis plusieurs autres. On sort. On danse. Je chasse avec mon regard. J’en attrape un qui finalement m’attrape. Le lendemain, je me lave. Rien à faire, la saleté est gravée. J’abandonne l’université, puis, c’est le retour de l’été.
Fatigué de la solitude, en grand besoin d’être aimé et désiré, je me concentre sur Eduardo. Je décide d’arrêter de virevolter. Celui-là est l’ami de ma cousine. Il me prend. Il
continue ce manège-là trois mois puis usé de mon dévouement, il abdique. Il abdique à mon arrivé à l’université de Tolède.

Cette nouvelle rupture et ce changement me laisse penser que je vais aussi changer mes mécanismes. Foutaises ! Pendant toutes mes études, je vagabonde sans relâche.
Je m’acharne. Je me donne sans retour. Je bois pour faire fuir les vautours de mon passé. Parfois, après une nuit endiablée, je pleure pour enlever l’énergie des mains
qui m’ont caressé. Je choisis de faire un échange à l’étranger.

Pendant un dîner avant le grand départ, je rencontre Georges. Georges n’est pas spécialement beau, pas spécialement grand mais juste envoûtant. Georges, c’est celui qui fait tout exploser. Il prend le pouvoir sur moi. Il sent ma détresse et l’use à son avantage. Plus je l’aimais, plus il abusait. Plus il me rabaissait, plus je l’idolâtrais. Très rapidement, je suis sous son emprise.

Je pars en Estonie pour 6 mois, comme prévu. Il ne le supporte pas. Là-bas, je sors et je pleure. Lui, ne consomme pas que mon corps, il absorbe également mon âme. Même si ma machine n’arrive plus à avancer, il trouve toujours quelques choses à gratter. Il gratte jusqu’à m’épuiser tant et si bien que je tente de mettre fin à notre relation. Anesthésiée par le process, il faut que je me retrouve. La distance me permet de croire que c’est finit.

Clac, j’ouvre une bouteille de vodka. Je bois beaucoup. Je sors avec mon amie Elda, une allemande. C’est avec elle que je tente, ce soir là, de calmer mes pensées. Au final, elle ne me désire pas tant. Pendant, l’acte elle arrête tout. Elle me rejette. Les schémas sont les-mêmes. J’élimine George puis je me fais abandonner à mon tour. J’avais mal de ces éjections accumulées. Je peux comparer cette douleur à un trou dans mon corps qui a toujours été mal rebouché. Plus je me fais enfiler, plus je continue à l’endommager.

Comparé aux autres hommes, Georges sait tout ça et c’est pour cela, que même après cette rupture, il continu à rôder. Il ne fait que ça jusqu’à mon retour : roder pour à nouveau me piéger. Petit à petit, mon âme et mon corps s’éteignent. Les années passent et mes amies ne savent plus quoi faire pour me sortir de ce calvaire. J’ai raté mon année de master et j’ai saboté ma vie car tout tourne autour de Georges.

Il est temps d’abandonner ce trou irréparable. Rester avec Georges, c’est revivre mon passé d’enfant. Mon passé avec mon papa. Ça devenait malsain de vouloir à tout prix un modèle masculin. La fuite me parait être la chose la plus judicieuse à faire. Arrêter de raccommoder ce vieux truc tout filoché. Je pars alors tout jeter à la poubelle. C’est enfin du bon débarras.

Bientôt un nouveau chapitre

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