Créé le: 17.05.2022
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Arcane XII

Poésie

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© 2022-2024 Cardinal de La Rapière

Place aux alexandrins pour laisser le Pendu / nous parler sans rougir de son procès perdu.
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Pourquoi m’ont-ils pendu ? De quoi suis-je coupable ?

Je n’ai jamais coupé la parole aux notables.

Je ne dérobe pas le feu de Jupiter.

Je m’abstiens de trahir les secrets de mes pairs.

Il est vrai que je tue, en dépit de l’éthique…

Pardonnez-moi, Seigneur, d’écraser les moustiques !

Serais-je en intelligence avec des ennemis ?

C’est possible… et alors ? À moins d’être endormi,

on a besoin de boire avec ses adversaires.

Quand on crève de paix, s’offrir un peu de guerre

est bon pour le moral. Pourquoi m’ont-ils pendu ?

Ils ne savent pas lire, ils ont mal entendu

les chants que je bricole au bord du précipice.

Un écho les abuse et leur cruauté pisse.

On dit sur les réseaux que je pense à l’envers,

que je n’accepte pas les lois de l’univers.

Messieurs les procureurs, ce sont des lois humaines

que j’ose me permettre, à rebours de la haine,

de voir différemment. J’en perçois les défauts.

Je démasque les biais qui piègent les cerveaux.

Que me reprochez-vous ? D’ajouter la satire

à la raison gourmande et de placer le rire

au-dessus du respect qu’appellent de leurs voeux

les meneurs de troupeaux, les députés baveux

qui divisent le monde en bourreaux et victimes

– c’est ainsi que les cons deviennent grandissimes !

Ne pétez pas plus haut que votre esprit tocard !

Répéter, répéter, c’est hélas tout votre art

d’apôtres sirupeux des valeurs à la mode.

Pâle est votre discours, simple est votre méthode.

Pourquoi m’avoir pendu, la corde autour du pied ?

Morbleu ! La tête en bas, je fais un beau gibier !

Malheur à moi ! Le sang m’inonde les méninges.

Le vent me fait danser. J’ondule comme un linge.

J’entends le carillon. Mes yeux vont exploser.

Mais sachez, bonnes gens, qu’avant d’agoniser,

le Pendu franc-tireur aux mitrailles fécondes

conservera le punch de retourner le monde !

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