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Chapitre 1

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L'amour est un sentiment poétique que chacun vit à sa façon. Mais lorsqu'il est accompagné de haine et de souffrance, les choses ne sont plus aussi belles.
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« Sentiment fondé sur le désir de posséder la personne aimée et sur la crainte de la perdre au profit d’un rival. » Voilà comment tu es défini par la langue française. Et oui, je vais parler en « tu » car toi et moi, nous ne sommes plus des inconnus. Le vouvoiement serait peu approprié dans cette lettre parsemée de mes maux.
Pour moi tu es bien plus qu’un sentiment basé sur la peur. Tu te fondes sur la crainte certes, mais aussi sur la colère, la souffrance, la tristesse, tu es dégoûtante et pénible. Et la raison pour laquelle tu m’as fait souffrir, c’est parce que tu rejoignais trop souvent l’amour.

L’amour tu sais, ce sentiment que j’éprouvais à chaque fois que je le voyais. Mon cœur battait à son rythme. Ces mots me rendaient folle et les papillons virevoltaient à chaque fois que ses yeux verts se posaient sur moi. Tous ces moments purs que je passais avec lui, les souvenirs d’été à nous murmurer nos secrets les plus inavouables. L’odeur de lavande qui se mélangeait à nos rires d’enfants s’envolait jusque tout là-haut dans le ciel. Son sourire me donnait l’impression d’avoir des ailes. Ses lèvres sucrées me narraient les plus belles promesses d’amour. Or, à cause de toi, nos baisers devinrent amers. Tu te permettais de débarquer, quand tu avais soif de voir quelqu’un souffrir. C’est vrai qu’à cette époque-là j’étais une proie facile et je suis tombée dans tes filets.

Je me souviens la première fois où je t’ai rencontré. Je ne savais pas qui tu étais et pourquoi tu t’attaquais à moi. Au début, la douleur était douce et non désagréable. C’est vrai, beaucoup affirment que c’est une preuve d’amour. Mais au fil du temps je ne ressentais plus la même chose. C’était plutôt comme si des ronces poussaient autour de mon cœur, comme si des épines imbibées de poison venaient déposer délicatement leur venin. A chaque fois mes poings et ma mâchoire se serraient et mon pouls s’accélérait, sentiment insupportable qui me rendait malade. Malade au point que je ne contrôlais plus mes actes, mes mots, ma raison. Tous les soirs, alors que mon regard était perdu dans le noir obscurci par ma peine, je pensais. Je l’imaginais m’abandonner, me remplacer par une personne plus belle. Toutes ces choses qui ne faisaient que te nourrir, toi, le monstre qui logeait dans mes entrailles. A cause de toi, les larmes ruisselaient bien trop souvent sur mes joues blêmes, et chaque sanglot représentait toute l’horreur de l’amour.
Tout ce que je peux te dire avec dépit c’est bravo. Tu avais réussi ton coup. J’étais devenue aussi malsaine avec lui que toi avec moi. Il m’a alors annoncé que pour lui c’était fini. Je ne voulais pas le laisser partir, mais je le devais.

Quand il me l’a annoncé, c’était un jeudi. Le ciel était gris, lourd et une ambiance pesait autour de moi. Il est arrivé, face à moi, toujours aussi beau avec sa silhouette qui se dessinait devant moi et son visage qui esquissait un sourire timide et discret. Crois-moi ou non, mais à ce moment-là la pluie a commencé à tomber, le ciel s’était mis à pleurer avec moi. Tout s’était arrêté, le monde s’écroulait sous mes pieds, et en plus je me demandais pourquoi. Pourquoi je t’ai laissé prendre le dessus sur moi. Plein de sensations se mélangeaient, comme une mosaïque de sentiments mais qui par un coup de poignard se brisait en mille morceaux.
Ma seule réponse à ce moment-là, alors qu’il me prenait dans ses bras pour la dernière fois, a été un cri de douleur. Un appel à l’aide dans un silence assourdissant. Pour moi, c’était la première fois que la vie avait un goût véritablement écœurant.
Les premières secondes semblaient être des minutes, les minutes des heures et les heures des jours. Je me suis retrouvée seule avec moi-même. Tout se mélangeait dans ma tête, plus rien n’avait de sens. A vrai dire, il y a même eu un instant où j’ai eu l’impression que ma vie ne valait plus la peine d’être vécue et qu’il n’existait plus aucune cause au monde pour laquelle j’avais envie de me battre.
Alors chaque soir je me couchais, je pensais, je rêvais de lui, la tête dans les nuages mais le ciel était orageux. La douceur de ses mots, la chaleur et le réconfort de ses câlins me manquaient. Tout ce qu’il y avait autour de moi n’avait plus aucune importance et mon cœur se brisait un peu plus à chaque fois que j’entendais son prénom. Les vieux diront qu’à cet âge-là on ne peut connaître l’amour et la souffrance d’une rupture. Alors ils me regardaient comme si j’étais la personne la plus naïve sur cette terre, tout en ajoutant d’un air niais « tu exagères ». Mais je n’en avais rien à faire je voulais juste hurler : « Je suis peut-être jeune mais je galère !»

Alors je voulais partir, me créer un monde rien qu’à moi. Un endroit où encore il m’aimerait, où les jours de pluie n’existeraient pas. Un univers où chaque « je t’aime » serait sincère. Une planète où toutes les douleurs ne seraient que de foutues légendes urbaines.
J’ai grandi trois ans à ses côtés. De plus à cet âge-là on se construit, on se découvre, on en apprend plus sur la beauté de notre monde.
Tu te développes, comme un arbre qui a planté ses racines, qui devient vert aux belles saisons et qui donne des fruits mûres au goût de la vie. Alors imagine-toi quand l’arbre est isolé de la forêt. Il est seul, vulnérable, alors les fruits ne poussent plus et il perd l’équilibre jusqu’à finir déboussolé, déraciné. C’est ça, j’étais telle une fleur fanée.

Mais finalement, je dois quand même t’avouer que je suis contente que tu sois passé dans ma vie. Certes c’est à l’encontre de tout ce que je t’ai écrit dans cette lettre, mais sans toi je n’aurais pas eu à me reconstruire. Je suis revenue plus forte parce que j’ai dû apprendre à te combattre au quotidien.
Et d’ailleurs, ta plus grande peur à toi c’est quoi ? Je pense sincérement que c’est moi. Je ne te laisserai plus exister. Tu agoniseras au plus profond de mon corps.

C’est ainsi que je mets un point final à notre histoire. Ne m’en veux pas, je suis sûre que tu vas t’en remettre. On ressort toujours plus fort d’une séparation, crois-moi.

Ta pire ennemie

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