Exercice de l'atelier d'écriture : réinventer un poème à partir de ses dernières rimes.
Dans ce cas, Paul Verlaine, « Green », Romances sans paroles, 1874
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Saignez-vous ma mie ? Votre si beau visage, lacéré par les branches.
De votre course éperdue, à fuir l’inévitable, vous souvenez-vous ?
Si fait, à lire la peur dans vos yeux rougis et vos joues si blanches.
N’ayez crainte, je vous promets un dernier baiser très doux.
Lorsque nos traces, les miennes poursuivant les vôtres, seront recouvertes de rosée,
Notre nuit sera terminée. Je contemplerai le velours de votre front
Si lisse, si blanc dans sa couronne d’épines. Ainsi, tendrement reposée
Comme dans un linceul, mes mains de votre angoisse vous délasseront.
Après nos noces sanglantes, de fleurs je cernerai votre tête
Et, au gré de votre immobilité, je vous couvrirai de baisers,
Alors qu’en mon cœur fébrile résonne encore la tempête
De notre immortelle union. En paix, ma mie, reposez !
Le poème original :
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous,
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux.
J’arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers ;
Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Verlaine, « Green », Romances sans paroles, 1874.
Commentaires (1)
Jean Cérien
15.08.2024
Très belle idée que de conserver les finales des vers ! en plus très réussi Bravo
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