2024 Témoignage Rajiv Akbaraly – 2e Prix
Titre: Le fantôme du piano
Je n’ai jamais prétendu être ce gamin qui, le crayon vissé entre les doigts, noircissait des cahiers d’histoires dès l’enfance. Non, je ne suis pas ce genre-là. Pas de carnets poussiéreux remplis de récits avortés. Pas de catharsis par l’écriture.
J’ai lu en revanche, beaucoup. Dévoré, même. Des auteurs en pagaille, des mondes variés : fiction, fantastique, science-fiction, mangas, BD franco-belges. Peut-être à force d’absorber ces récits, le narrateur dans ma tête a pris vie. Il murmure, commente, décrypte chaque détail de mon quotidien. C’est étrange, cette voix. Elle n’est pas toujours la mienne, mais elle sait comment se faire entendre.
Il y a ce moment. Vous savez, le matin, vous fixez le miroir un peu trop longtemps, jusqu’à ce que votre propre reflet devienne un inconnu. Jusqu’à ce que vous voyiez quelqu’un d’autre, juste là, à travers vous. Alors, j’ai voulu capturer cette impression, comme on attrape un insecte dans un bocal, et l’histoire s’est mise à couler toute seule, inexorablement.
Si vous avez pris le temps d’écouter cette voix — ma voix, ou peut-être celle d’un autre — merci. J’espère ne pas l’avoir trahie en la libérant sur ces pages.
2e Prix: Le fantôme du piano de Rajiv Akbaraly
MOT DU JURY:
Intervention de Isabelle Graesslé, théologienne.
Un récit qui commence comme un film d’épouvante, avec craquements de meubles et feu de cheminée pour l’éclat fantomatique de la scène ! Puis l’auteur entraîne son public, et par ricochet ses lecteurs, dans le récit de sa vie marquée par la présence d’un père autoritaire, manipulateur et méchant. Cette présence viendra le hanter au cours d’un épisode terrifiant, sorte de rencontre avec son double, revenu, peut-être, de l’au-delà.
Le jury a particulièrement apprécié la langue, riche sans être verbeuse, au service d’une histoire peu ordinaire, hantée par un passé trop lourd pour passer. Finalement, le narrateur, libéré de ses propres fantômes, à la fois par son expérience initiatique et par la narration de celle-ci, peut affranchir son auditoire de ses peurs. Message d’espoir pour un parcours résilient et courageux.