Créé le: 19.09.2016
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Polar

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© 2016-2024 Sara An

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En étais-je responsable ? 4 morts. Un par mois. Toujours des hommes. Et avec un modus toujours plus violents. 4 morts. Toutes marquées par un indice. Et ce foutu panneau jaune de la Police scientifique.
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Jour 112

– Madame Zambetta, parlez-nous un peu de l’enquête. Vous avez été la première intervenante sur chacun des drames. Comment l’expliquez-vous ?

J’avais déjà bien compris qu’ils me tenaient pour responsable de cette enquête bâclée. C’est d’ailleurs pourquoi je n’avais plus le droit au statut d’Inspectrice.

– Comprenez bien que nous sommes là pour comprendre ce qui c’est passé. Et surtout comment un meurtrier, ou une meurtrière, a pu vous échapper pendant près de 4 mois alors qu’il, où elle, laissait un indice à chaque crime.

En étais-je responsable ? 4 morts. Un par mois. Toujours des hommes. Et avec un modus toujours plus violents. 4 morts. Toutes marquées par un indice. Et ce foutu panneau jaune de la Police scientifique.

– L’auteur, masculin ou féminin, laisse un indice et le marque et vous n’avez toujours aucun suspect.

Ni un foutu témoignage ai-je failli leur rétorquer. Mais ça aurait été comme me tirer une balle dans le pied. Je n’avais que quatre indices. L’auteur maîtrisait le sujet, ne laissait aucune trace sauf ses foutus indices farfelus. Pour lui, ce n’était qu’un jeu.

– Madame Zambetta, vous étiez la première sur toutes les scènes de crime. Aucune trace, sauf les indices, n’a pu être trouvée. Comprenez que nous nous questionnions.

– Vous pensez que c’est moi ?!

– Pour l’instant, nous nous questionnons. Mais beaucoup d’éléments vous accusent. Vous avez suivi des cours de sciences forensiques, vous connaissiez tous les lieux de crimes et y avez été aperçue quelques jours avant les drames…

– J’ai compris. Il vous faut un coupable. Enfermez-moi et vous verrez que les meurtres continueront!

J’ai toujours été trop impulsive et souvent mes mots dépassent ma pensée.

– … Les meurtres, au vu de leur nature, sont sûrement perpétrés par une femme célibataire, vous êtes célibataire et votre dernière rupture s’est mal déroulée…

– Excusez-moi, mais quel est le rapport avec ma dernière rupture ?!

Ce discours de psychologie de comptoir commençait à m’agacer. William était quelqu’un de fougueux et notre rupture a été agitée. Oui, on s’est battus. Mais cette histoire ne regarde personne. Oui, la police a dû intervenir. Mais c’était il y a plus de 3 ans.

– Lors de votre rupture, deux agents ont dû intervenir chez vous. Vous étiez en sang et vous aviez arraché l’oreille de votre conjoint.

On dit qu’il faut parfois savoir se taire.

– Au vue des actes perpétrés dans ces crimes et de votre potentielle implication, nous vous relevons de vos fonctions et vous gardons en préventive.

On dit que le silence est d’or. Enfin, on dit…

Jour 1

Bip. Bip. Bip.

Foutu biper.

“Meurtre. Parc de la Tête d’Or. Gendarmerie et scientifique engagées.”

Foutu permanence. A 3:10 du matin, je me demande si je dois me maquiller. Puis je me fais cette blague ignoble “les morts ne voient plus si tu es présentable ou pas.”. J’enfile mes baskets. Je saisis mes clés. Je ferme la porte. Je réalise que j’ai oublié mon café. J’ouvre la porte. Je prends mon café. Je referme la portée et je me déplace à ma voiture.

Arrivée la première sur les lieux, forcément j’habite à quelques minutes, je me retrouve face à un cadavre, du sang et un couple terrorisé. Je crois que les cadavres ne m’ont jamais terrorisée. Ils sont inoffensifs. Contrairement aux vivants.

– Madame, Monsieur, je suis l’Inspectrice Zambetta. C’est vous qui avez trouvé la victime ?

– Oui, me répond l’homme.

– Racontez-moi comment ça s’est passé.

– Bah, on marchait et j’ai vu un liquide bizarre luire à la lumière du lampadaire et je me suis approché et puis voilà…

– Vous n’avez rien vu de suspect avant d’arriver à cet endroit?

– Non.

– Vous avez croisé quelqu’un ?

– Non.

– Bien. Je vous remercie. Je vais juste prendre vos coordonnées, simple procédure.

– Hey Zambetta ! hurle l’inspecteur Fulci tout sourire.

– Fulci. Bien réveillé pour l’heure. Et toujours aussi inadéquat. Veuillez l’excuser, il oublie souvent que ce genre de situations peut être désagréable pour le commun des mortels.

– Pas de soucis, dit l’homme étonné. Je vais vous donner ma carte d’identité ce sera plus simple.

Les identités référencées, je me dirige vers Fulci.

– Qu’est-ce qu’on a ?

– Homme, la trentaine, trace d’étranglement, sévices sur le corps.

– Sévices ?

– Brûlures de cigarette sur la poitrine au niveau du cœur et annulaire gauche sectionné.

– Des marques de défense ?

– Aucune.

– Il se serait laissé faire?

– On dirait bien.

– Pense à faire une analyse toxicologique.

– C’était prévu. Surtout qu’il y a un truc bizarre.

– Quoi ?

– Regarde à côté de son bras droit. Le panneau.

– C’est pas toi qui l’a mis ?

– Non.

– Un panneau pour marquer un indice, le numéro 1.

– Il semble désigner une seringue. Tu crois que le meurtrier marque son modus ?

– Je ne crois rien. Je suppute. Fais-en des photos. De tout.

– Compte sur moi.

– Et Fulci, quand il y a meurtre, évite d’arriver si jovial.

Jour 23

– Zambetta, c’est Fulci.

– Dis moi ce que tu as.

– Rien.

– Rien ?

– Aucune trace, aucune empreinte, aucune microtrace, pas même un postillon.

– Attends, ce n’est pas parce qu’on n’a pas trouvé de traces qu’il n’y en a pas.

– Je sais. Mais je n’ai rien pour t’aider, sauf le panneau d’indice et la seringue.

– Shit. Shit. SHIT. Ça fait trois semaines qu’on cherche et on a rien. Et les analyses toxicologiques ?

– Alcoolémie à zéro, pas de traces de stupéfiants. Rien.

– Attends, on a trouvé le corps à 3:10, il avait peut-être décuvé.

– Ce n’est pas possible qu’il ait été suffisamment ivre pour ne pas se débattre et décuver aussi vite.

– Et dans la seringue ? Y avait peut-être une substance ?

– Déjà testé. Et malheureusement, elle n’a pas été utilisée.

– Mais, est-ce qu’il y a trace de piqure sur la victime ?

– Oui. Une sur le bras droit.

– Donc le meurtrier nous a indicé son modus. Il l’a drogué.

– Ou il nous induit en erreur.

– Pas faux. On se rappelle.

Jour 33

Bip. Bip. Bip.

Foutu biper.

“Meurtre. Fosses aux ours. Gendarmerie et scientifique engagées.”

Foutue permanence. Deuxième meurtre en un mois. Et c’est encore Bibi qui s’y colle.

Et c’est encore Bibi qui arrive la première. Je vais quand même leur rappeler que si les voitures sont équipées d’un gyrophare et d’une sirène, c’est pas pour faire joli. En plus, y a un groupe de jeune qui s’amuse à regarder le cadavre. Il va falloir sécuriser la scène et vite.

– Excusez-moi, vous avez pas mieux à foutre ?

C’est pas ce qu’on nous apprend à l’école de police mais parfois la théorie n’est pas applicable.

– Bah on a vu machin là et il bouge pas alors on s’est inquiété, me répond le plus petit avec insolence.

– Et vous avez pas vu que y avait du sang ?

– Bah, on était justement en train de se faire la réflexion, ironise un rouquin.

– Vous êtes bien perspicaces. Maintenant, vous pouvez répondre à mes questions.

– Ouais mais nous on sait rien, savez, rétorque le petit.

– Vous avez rien vu ? Personne ?

– Non, on vient d’arriver et on vu l’autre allongé alors on est venu voir.

– Bien, conclus-je.

– Euh, on peut partir? me demande un des jeunes.

– C’est mieux non ? Vous voulez pas rester avec un mort ou bien ? lui rétorque-je avec sarcasme.

– Non non M’dame. Au revoir.

Génial. J’ai oublié de prendre leur identité. Et merde. J’espère que c’est pas un règlement de compte.

– Emma Zambetta, quel plaisir t’amène? Ahahaha t’es déjà là?

– Sylvie ! Je suis contente de voir quelqu’un arriver, j’avoue ! riais-je gênée.

– Les morts te font flipper ? me demanda-t-elle

– Non non. Il y avait une bande de jeunes. J’ai sécurisé la scène mais…

– T’as oublié les identités… Pas grave. Ils t’auraient rien donné de toute façon. J’ai envie de te dire que les gendarmes avaient qu’à être là !

– Pas faux ! Bon qu’est-ce qu’on a ? dis-je en m’approchant du corps.

– Un homme, la trentaine, marque au cou et visiblement des sévices.

– Mmmh… Marque au cou ? Sévices ?

– Oui, comme s’il avait été étranglé. Et les sévices, brûlures sur la poitrine, ouverture sur la poitrine au niveau du cœur ante-morte et annulaire gauche sectionné. Comme si on avait voulu lui enlever le cœur. Il faudra attendre le rapport du légiste pour conclure les causes de la mort.

– Dis-moi, t’as pas trouvé un panneau jaune avec un numéro 2 ?

– Comme pour les indices tu dis ?

– Euh… Non. Pourquoi ?

– Non, rien, comme ça.

– Attends. Je viens de le trouver. À la place du cœur. Comment t’as pu …?

– Deviner ? J’ai pas deviner. On a eu un meurtre, il y a un mois. Fulci était de service. Même type de victime alors j’ai pensé que ça pouvait avoir un lien.

– Ok. T’es quand même un sacré phénomène.

– Et le panneau, il désigne quoi ?

– Un mégot. Mais inutilisable pour une recherche ADN, il est plein de sang.

– Tu connais la procédure… Je vais nous chercher un café, dis-je dépitée.

Jour 64

Bip. Bip. Bip.

“Meurtre. Fourvière. Gendarmerie et scientifique engagées.”

Le troisième en trois mois. Un modus similaire. Un homme, la trentaine, marque au cou et des sévices. Un panneau jaune pour indiquer une preuve. Après la seringue et le mégot, c’est un pneu. Après avoir brulé la poitrine, arraché le coeur, il y a eu section du pénis. Je crois que je commence à comprendre…

Jour 87

– Bon, on a eu 3 meurtres en 3 mois. 3 indices marqués d’un panneau. Rien d’autre, dis-je pour entamer cette réunion d’urgence

– Avec Fulci, on a repris tous les prélèvements et rien. A part ce qu’il, ou elle, veut bien nous donner comme indice, on a rien. Visiblement, c’est quelqu’un qui connait bien la forensique, s’explique Sylvie.

– Mais est-on sur que ces meurtres sont liés, demanda un inspecteur fraîchement arrivé.

– Les victimes sont similaires, le modus reprend celui des meurtres précédents, tout en ajoutant un sévices. Je crois qu’il y a peu de doute. Sylvie, tu as dit « il ou elle ». Tu pense que c’est une femme ?

– Je ne sais pas. Mais les sévices…

– En effet, les victimes sont des hommes et les sévices ont un lien avec les relations, dit la psychologue. Soit c’est une femme blessée, ou peut-être un homme. Le manque de violence physique, hormis les sévices, et l’usage d’une seringue nous oriente plus vers une femme.

– On aurait donc une femme, blessée, qui s’en prend à des hommes. Elle les drogue, c’est l’indice de la seringue. Elle les brule avec un mégot. Est-elle fumeuse ? Ou peut-être a-t-elle été brulée ? Y’a-t-il un lien entre ces hommes ?

– Aucun. Du moins, après analyse des réseaux, ces hommes n’ont pas l’air de se connaître, ni d’avoir fréquenté une école similaire. Et avant que tu poses la question, ils ne sont pas connu des services de police, complète l’analyste.

– Bien. Peut-être est-ce une femme abusée dans son enfance et qui s’en prendrait à des hommes par vengeance.

– Dans ce cas, pourquoi les sévices ont ciblé le coeur en premier ?

– Bonne question Fulci. Et le pneu ? Correspond-il aux traces prélevés sur les meurtres ?

– Oui, mais c’est une marque répandue, surtout sur les citadines.

– En gros, on a rien, finis-je par conclure. Une seringue, un mégot, un pneu.

Jour 96

Bip. Bip. Bip.

“Meurtre. Place Bellecour. Gendarmerie et scientifique engagées.”

Avant même d’arriver sur place, je sais que c’est le quatrième. Le premier a eu lieu le premier jour du mois. Le deuxième, le deuxième jour du mois d’après. Le troisième, le troisième jour du mois d’après. Et nous sommes le quatrième jour du mois. Un mois s’est écoulé. L’enquête piétine et cette histoire de date est le seul lien que j’ai pu trouvé. Le profil du meurtrier et incomplet. On pense que c’est une femme. Une femme blessée. Peut-être une femme qui a été séquestrée et a développé un Syndrome de Stockholm, d’où le fait qu’elle attaque le coeur avant d’attaquer les organes sexuels. Enfin, c’est ce que la psy dit. C’est surement tiré d’un bouquin de profilage mais c’est tout ce qu’on a. La seringue pour endormir. Le mégot parce qu’elle a été torturée. Le pneu parce qu’elle se déplace en voiture. C’est si classique que ça en devient peu crédible.

Quatre meurtres en quatre mois et je suis toujours la première arrivée. Quelques badauds admirent la scène. La populace a cette passion malsaine pour la mort. Et plus elle est violente, plus elle les intrigue. Mon intuition était juste. Un homme, la trentaine. Les mêmes sévices. Un de plus. Le panneau jaune numéroté du chiffre 4. Un couteau. C’est le quatrième indice.

– La scientifique, Fulci.

– Fulci, c’est Zambetta. T’es où ?

– Je suis en route. J’ai dû préparer le matériel.

– Dépêche-toi ! On a un couteau. Je suis sûre qu’il y a des empreintes.

– Il n’y en a aucune.

– Comment tu peux le savoir ?

– Euh… Je dis ça comme ça. Ça fait 4 mois qu’on enquête et y a pas eu une seule trace.

– Dépêche-toi et vérifie quand même.

Au bout de 5 minutes, la gendarmerie a fini par arriver, suivie de Fulci.

– J’ai fait au plus vite, dit Fulci en arrivant.

– Merci.

– Alors, il est où ce couteau ?

– Là.

– Comme prévu, rien, finit par dire Fulci après un long silence.

– Shit. Shit. SHIT. Cette histoire va me rendre folle. Je vais au bureau. Tu m’y retrouve pour faire le point ?

Jour 128

– Salut Zambetta !

– Fulci. Toujours aussi enthousiaste. Que me vaut ta visite ?

– Je sais que t’es en cabane depuis quelques temps déjà. J’aurais dû venir avant.

– Pour venir voir la tarée ?

– Non.

– Tu sais bien, ils ont décrété que j’étais schizo. Que je me vengeais sur ces hommes à cause de mon histoire avec William.

– Justement.

– Justement ?

– J’aurai dû venir avant. Tu mérites pas d’être traitée comme ça.

– Merci. Toi au moins, tu me crois. Et t’es bien le seul à être venu me voir.

– Je suis venu parce que tu mérites de savoir.

– De savoir ?

– Je peux te le dire parce que tout le monde te croit folle.

– Si t’es là pour m’enfoncer …

– Non. Je suis venu pour t’expliquer. Hier, il y a eu le cinquième meurtre.

– Et ils pensent toujours que c’est moi ?! Je suis enfermée ici et y a un meurtre mais personne ne pense à m’innocenter. C’est du foutage de gueule.

– Ils pensent que c’est un copy-cat.

– Ah bah forcément. Et c’est quoi leur explication ?

– Là n’est pas la question. Tous les détails ont été publié dans les journaux : les victimes, les preuves, le modus, le temps s’écoulant entre chaque meurtre. Et ce meurtre était « bâclé ».

– Comment tu peux le savoir ?

– Parce que c’est moi le meurtrier.

– Tu ? Quoi ?

– C’est moi le meurtrier.

– Mais enfin… C’est une femme. Les victimes… Tu te moques de moi Fulci ?!

– Non. Ils pensent que tu es la meurtrière. Et qu’une autre te copie. On a reçu pleins de lettres d’idolatrices.. Beaucoup de femmes te soutiennent. Elles disent que tu défends le droit des femmes. Que tu as tout compris. Plusieurs t’ont déjà copié.

– Quel est le rapport avec toi, Fulci ?

– Je… Je continuerai à tuer. Je ne voulais pas que ça te tombe dessus. C’est un hasard.

– Je ne comprends rien à ton histoire. C’est toi qui devrait être là pas moi !

– Non. Tu ne devrais pas être là. Je vais t’expliquer.

– Et pourquoi à moi ? Pourquoi pas aux autres ? Pourquoi, Fulci ? POURQUOI ?

– Parce que personne ne te croira.

– Soit tu es un monstre, soit tu te joues de moi.

– Je suis un monstre. J’ai tué tous ces hommes. Je voulais montrer au système que toutes leurs procédures, leurs profils, leurs enquêtes, c’est des foutaises. J’ai crée les meurtres parfaits. Personne ne pourra jamais me retrouver.

– Parfaits ?

– Oui.

– Non. Regarde. Je suis enfermée pour des meurtres que je n’ai pas commis !

– Ne t’inquiète pas. Ils vont réaliser que tu n’es pas l’assassin.

– Oui, parce que je vais leur dire que c’est toi !

– Ça ne marchera pas. Tu resteras ici. Tu es schizophrène.

– C’est ce qu’ils croient.

– Peut-être.

– Fulci. Pourquoi tu ne m’as pas défendue ?

– Parce que dans toutes révolutions, il y a des pots cassés.

– Je suis un pot cassé ?

– Ne t’énerve pas. Ce n’est pas toi. C’est vous tous. Vous avez de la merde devant les yeux. Vous pensez que parce que vous êtes la police, vous êtes tout-puissants.

– Mais tu te fous de moi là ?! C’est qui qui se croit tout puissant ?

– Je suis plus intelligent que vous. C’est un fait. J’ai élaboré ce plan depuis plus de dix ans. Mon père est en prison.

– Ton ? Mais de quoi tu parles à la fin ? Merde !

– Mon père a été accusé à tort. Personne ne veut le croire. Le système si parfait. Ces policiers si hautains. Ils sont venus chez moi. Ils ont dit que mon père était un haut gradé de la French Connection. Ils nous ont emmené. J’ai dû changer de nom. Ils ont détruit ma vie pour une putain d’erreur judiciaire. Et ils refusent de l’admettre. ILS REFUSENT D’ADMETTRE QU’ILS PUISSENT SE TROMPER !

– Donc tu me le fais vivre ?

– Non. Je ne dirais pas que tu mérite d’être là. Mais tu es une bombe à retardement. Ça aurait bien fini par arriver.

– Casse-toi.

– Tu dois admettre ce que tu es.

– Casse-toi, Fulci.

– Zambetta. Je suis tel que je suis. Je veux juste leur montrer que leur système est merdique et que je suis supérieur. Tu es là, parce que tu es violente. On t’as tous vu…

– Fulci, pour la dernière fois, casse-toi.

– On t’as tous vu hurler dans ton bureau. On t’as vu dans le labo, jeter les panneaux jaunes. On t’as vu. Tu dois admettre.

– Fulci. Tout ça c’est ta faute. Tu m’as rendu tarée !

– Je ne peux pas te dire que je suis désolé, ce serait te mentir. Je voulais juste que tu saches.

– Parce que je mérites de savoir?

– Oui. Tu es une bonne personne. Tu n’as jamais été hautaine. Tu n’as jamais cru tout savoir. Si j’avais été normal, je t’aurais apprécié sincèrement. On aurait pu travaillé ensemble à améliorer le système.

– Casse-toi. Crève, Fulci. Ne reviens jamais me voir. CREVE FULCI !

A ces mots, deux gardiens m’ont plaqué au sol.

– Ciao Zambetta. Tu sais où me trouver si tu changes d’avis.

Commentaires (3)

We

Webstory
04.12.2016

128 JOURS a gagné le 3e prix du concours Webstory 2016. Le texte sera publié dans le Livre III de Webstory. Nous encourageons Sara An à continuer d'exercer son talent sur Webstory!

SA

Sara An
19.10.2016

Merci beaucoup ! C'est un plaisir de recevoir des commentaires de ce genre ! Comme j'aime le dire, être écrivain, c'est écrire même pour un seul lecteur. Et surtout pour un lecteur qui apprécie !

Pierre de lune
16.10.2016

Un suspens bien entretenu et rythmé par les 4 meurtres annoncés... avec une fin inattendue, on commençait à se forger l'image d'une serial killeuse démoniaque. Mais c'est la thématique de l'erreur judiciaire et de la vengeance qui vient tout expliquer. Le lecteur n'a plus qu'à revoir sa copie... Au plaisir de vous lire à nouveau :-)

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