Chapitre 1

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Texte écrit dans le cadre de l'Atelier d'écriture d'UNI3. Thème proposé: Écrire un "papier" pour l'une des rubriques d'un journal
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J’attendais patiemment le bus à son arrêt.

Tout à fait immobile un pigeon se tenait

à une paume du trottoir, tout transi et blotti :

aucune plume ne vibrait si ma main s’approchait…

que devient un oiseau qui ne peut plus voler ?

 

Je pensais le saisir en m’aidant d’un papier

et l’amener juste en face aux pieds du marronnier,

à l’abri des voitures, des humains trop pressés…

je cherche dans mon sac, mais aperçois bien trop tard

le bus qui arrive à fond de train, sans freiner !

 

Je lui indique d’un geste le pigeon affaissé.

Le chauffeur n’en a cure et me montre de sa main

que je dois sans tarder reculer, pour faire place !

Une fraction de seconde : mon retrait est fatal.

Pour ne pas être heurtée, je condamne l’animal.

 

Un sinistre « klashlach » me fait fermer les yeux.

D’autres usagers tout comme moi se détournent :

impossible de croire que la moindre pitié

n’ait pu trouver place dans ce cœur momifié,

dans cette tête formatée par l’horaire cadencé…

 

« un pigeon ? trois fois rien ! un de plus, un de moins…

d’toute façon y en a trop et c’n’est pas mon boulot… »

Ce sont les arguments de ce monde effréné…

 

Moi je pense au regard silencieux du pigeon,

deux points noirs tranquilles dans le bruit menaçant…

c’est la mort qui approche; il ne peut plus bouger…

 

Je veux lui dédier cette forme poétique,

comme hommage impuissant à sa fin pathétique,

résistance naïve dans un monde trop inique

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