Les journées les plus simples ont souvent un grand mérite, celui de friser la Perfection.
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Samedi 20 septembre.

Réveil en douceur vers sept heures. Toilettes, douche, thé, film sur le pad. Et une ou deux photos de très beaux levers de soleil postés sur l’appli de Météo Suisse, histoire de mettre le village sur la carte. Oh forcément, les photos passent pas tous les jours le cut du diaporama des douze vues favorites mais au pire, elles seront quand même dans la galerie. Ben forcément, c’est difficile de régater avec des vues de Silvaplana, du Lac Noir, du pont de la chapelle de Lucerne ou de Zermatt mais quand même, y en a quelques jolies qui sont partie d’ici.

Seconde tasse de thé, le plein est fait. Un litre et deux décis, de quoi partir en piste dans pas longtemps. Affaires de sport, chaussettes, chaussures, portable en poche, mouchoirs en papiers, sortir, verrouiller. Aller planquer les clés dans la ferme, histoire de pas se promener avec, elles serviraient à rien de toute façon. Et se mettre en route : marche forcée d’abord, style powerwalk, puis petite coursette, style footing léger. Très léger, franchement, mais le tour dure quand même une heure.

Au retour, la douche, mais y faut quand même attendre le début du milieu de la fin de la transpiration. En attendant, tremper les avant-bras dans l’une des fontaines du village. Rien que du bonheur. Après la douche, piscine. Avec la troisième tasse de thé. Le thermomètre -de la piscine, pas de la tasse- marque encore 26 degrés et l’eau est d’une limpidité époustouflante même s’il faut bien avouer que le fond est quand même un peu vert. Emeraude par endroits mais pas partout. Bah, à fin septembre, rien de plus normal.

Barbotter, se dire que c’est peut-être la dernière fois de la saison, regarder le Mont-Blanc, chercher à deviner les provenances des avions qui amorcent leur descente sur Cointrin. Sortir de l’eau, se laisser sécher sans linge parce qu’il fait bien, bien chaud. Faire quelques pas dans le potager tout près, choisir deux belles tomates, trois figues, un concombre, un gros brin de persil. Voilà qui ira parfaitement avec quelques beaux cubes de poulet ; la salade sera effectivement succulente.

Rentrer, se redoucher, s’habiller, brancher le pad sur les mondiaux d’athlétisme en direct de Tokyo pendant que le poulet cuit et que les légumes encore accrochés à leurs plantes respectives il y a moins de trente minutes développent leurs parfums de produits bio dans un peu d’huile d’olive et de vinaire de pomme.

Touiller la salade, éteindre le pad, allumer la télé pour rechoper Tokyo en espérant avoir de bonnes nouvelles de Simon Ehammer au décathlon. Flûte. Le pauvre a dû arrêter suite à une douleur pendant le concours de la hauteur. Vraiment flûte, alors.

La salade n’est plus si bonne, tout à coup. Finir avec un gros bout de chocolat noir, regarder la météo, aller lire au soleil.

Le bouquin n’est vraiment pas comme dans les souvenirs à moins que la mémoire ait joué à saute-moutons sur ce coup-là. Peu importe ; il fait beau et le reste n’a plus beaucoup d’importance. Aller faire encore un pt’it tour à pieds, histoire d’être encore un peu dans le vent chaud de cette belle fin d’été et accessoirement, être fière de friser les vingt milles pas ce jour pour un total de plus de seize kilomètres. Y’a des jours comme ça.

Rentrer, allumer l’ordi, brancher le pad sur Radio Suisse Classique, écrire tout ce que cette journée a compté de moments merveilleux, penser à Simon Ehammer, se dire qu’un café frappé bien frais est exactement ce qu’il faut là maintenant.

Mettre un terme à ce texte en sachant que le reste appartient au futur.

Au futur, et à la délectation d’un café frappé froid et moussu.