"La plus haute affaire est de se gouverner soi-même", disait Pauwels, en écho aux Stoïciens. La jeunesse aurait bien besoin de renouer avec cette sagesse antique.
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On lit un peu partout que la jeunesse occidentale va très mal. On le disait déjà au temps d’Aristote, mais il semblerait que les dernières décennies soient caractérisées par une explosion des troubles psychiques. Est-ce étonnant de constater une détérioration de la santé mentale chez des jeunes gens qui ne marchent presque plus, qui passent leur temps à vivre assis, qui se goinfrent de sucreries, qui consomment des drogues, qui sont esclaves de leur smartphone, qui considèrent le tag et le rap comme des phares de l’esthétique, qui préfèrent vibrer aux exploits de Kylian Mbappé plutôt qu’à ceux du chevalier Bayard, qui ne savent pas très bien s’ils sont des filles ou des garçons, qui ne savent ni lire ni écrire, qui ne sont pas guidés par un idéal de grandeur, qui ne sont pas animés par une volonté de puissance, qui ne sont pas combatifs, qui se plaignent à la moindre contrariété, qui se posent en victimes, qui accusent la société d’être responsable de leurs maux, qui comptent sur l’État pour prêter assistance à tous les parasites, qui ne sont pas patriotes, qui ont banni le mot fierté de leur vocabulaire ?

Il y a dans l’actuel climat idéologique, dans la petite morale des temps modernes, dans les lois récentes, dans la mollesse de l’éducation bienveillante tout ce qu’il faut pour produire des mauviettes obèses. Relisons le texte prophétique de Louis Pauwels : « Le monôme des zombies », paru en 1986 dans le Figaro magazine. Cet éditorial avait déclenché un scandale, à cause d’une comparaison courageuse. « C’est une jeunesse atteinte d’un sida mental. Elle a perdu ses immunités naturelles ; tous les virus décomposants l’atteignent », écrivait Pauwels. « Rien ne leur paraît meilleur que n’être rien, mais tous ensemble, pour aller nulle part. Leur rêve est un monde indifférencié où végéter tièdement. »

J’étais jeune en 1986. Déjà très réactionnaire, je donnais raison à Pauwels. Heureusement, à l’époque, il y avait des forces qui s’opposaient à ce sida mental. Sur le plan politique, Reagan et Thatcher. Au cinéma, c’était le temps béni des films fascistes avec Stallone, Schwarzenegger, Willis, etc. Dans les années 80, Clint Eastwood incarnait encore l’inspecteur Harry ; Charles Bronson se faisait encore justicier dans la ville. Bref, on pouvait se dire que tout n’était pas perdu.

Aujourd’hui non plus, tout n’est pas perdu. La biologie humaine finit toujours par reprendre le dessus. Même la pire éducation, les pollutions idéologiques les plus nuisibles, les lois les plus démentes ne peuvent anéantir la force vitale qui subsiste chez les meilleurs des êtres humains. Laurent Obertone écrit un « Éloge de la force » ; Papacito, dans un style truculent, revisite l’histoire médiévale pour glorifier la virilité. La jeunesse ne va pas éternellement s’enfoncer dans la dépression, l’anxiété, la dysphorie de genre, les addictions, les troubles de l’attention, les troubles du sommeil et autres symptômes du sida mental. La société ne va pas éternellement s’occuper des pauvres chéris à grand renfort de jeux, de psychologues et de médicaments. Je prédis un retour aux traditions qui ont fait de nos ancêtres un peuple de vigoureux paysans, montagnards et guerriers.

Si j’étais chef de l’Instruction publique, quel serait mon programme pour transformer l’école ? Tout d’abord, chaque journée commencerait par une diffusion de l’hymne national, avec tous les élèves au garde-à-vous. Bien évidemment, l’uniforme serait de rigueur : veston, chemise, cravate pour les garçons ; tailleur et jupe pour les filles. Au diable les non binaires ! Les enseignants auraient le devoir de s’habiller de manière classique. Ils seraient tenus de vouvoyer les élèves, de les appeler « Madame » ou « Monsieur ». Si un élève avait le malheur de sortir son portable pendant un cours, le professeur aurait non seulement le droit, mais l’obligation de broyer cet appareil avec des tenailles. Tout manquement grave à la discipline entraînerait un renvoi définitif de l’élève ; les parents auraient alors la charge de mettre leur enfant dans une école privée.

Une mission fondamentale de l’école serait de valoriser les qualités qui tirent vers le haut : la curiosité d’esprit, l’amour de la nature, l’appétit du beau, la générosité solaire, l’attirance pour ce qui est difficile, la volonté de tendre vers une grande santé, la passion de créer, la très longue patience, l’énergie à toute épreuve, la vitalité victorieuse, le sens de l’humour, l’insolente liberté, le goût du combat, etc. Tout serait entrepris pour stimuler la jeunesse à faire preuve d’une conception exigeante de l’honneur et de l’excellence. Au lieu de souiller les cervelles avec des écrits pondus par des triples fiottes ou des sectaires de l’égalité universelle, on demanderait aux élèves de disserter sur des textes relevant d’une morale aristocratique. Par exemple : « If » de Kipling ; « Never explain, never complain ! » (Disraeli) ; « Je n’ai jamais vu une bête sauvage s’apitoyer sur son sort. » (D.H. Lawrence) ; « Il faut vivre en combattant et jamais en victime. » (O. Bardolle) ; « L’homme de qualité exige tout de soi. C’est un souverain. L’homme sans qualité exige tout des autres. C’est un despote. » (L. Pauwels) ; « Naturellement, on devrait supprimer tous ceux qui manquent de vocabulaire, car ils sont grossiers sans le vouloir. » (R. Nimier) ; « La souffrance est le petit luxe des personnes de médiocre qualité. » (Montherlant) ; « Liberté signifie que les instincts virils, les instincts joyeux de guerre et de victoire, prédominent sur tous les autres instincts, par exemple sur ceux du « bonheur ». L’homme devenu libre, combien plus encore l’esprit devenu libre, foule aux pieds cette sorte méprisable de bien-être dont rêvent les épiciers, les chrétiens, les vaches, les femmes, les Anglais et d’autres démocrates. L’homme libre est guerrier. » (Nietzsche).

Au fond, il est très simple d’entraîner les jeunes gens sur les chemins de la santé. Il suffit à notre civilisation d’opérer un bon virage à droite… de manière chevaleresque.

 

 

 

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