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Il y a deux temps à vivre: le quotidien qui défile à grande allure et les instants qui durent une éternité permettant de suspendre sa vie dans une multitude  de grâces. Ceux-là sont intemporels. Matrix II est le premier sous-sol de Case Story:  LE PASSE
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Deuxième sous-sol: Il y a deux temps à vivre

Le quotidien qui défile à grande allure et les instants qui durent une éternité permettant de suspendre sa vie dans une multitude de grâces. Ceux-là sont intemporels. Comment ? Je circule en voiture pour me rendre à mon bureau. Routine. Et tout à coup mon œil capte un isolateur jaune dont partent des fils. Ils sont six, tendus comme pour soutenir des notes qui ressemblent à des oiseaux. Je klaxonne. Le son et les oiseaux s’envolent ensemble comme une mélodie silencieuse. C’est ma poésie au quotidien.

Si des objets si simples peuvent transformer le monde en poésie, que dire d’un visage, d’un geste et des mille images d’un parfum? Si la vie court dans un excès de vitesse, ma vie parfois fait escale dans la poésie et la beauté, lancées avec négligence au bord de mon chemin. Marguerite, Petite Nana et toutes les autres… autant de femmes qui m’ont habité le temps d’une tranche de vie. Les courageuses, les lâches, les belles et les moches. Ensemble, elles forment un bouquet parfait. Ai-je vécu tous ces personnages en tous ces endroits du monde?

Si l’enfant vivait sur une île des Antilles, l’adolescente se traînait en Asie et l’adulte fit une halte en Europe. Toujours décalée, mais néanmoins adaptée. Jamais sûre de sa place, mais dans sa tête que d’horizons multiples. Et une tension permanente comme le fil avant que l’oiseau ne s’envole à nouveau pour se poser sur une autre mélodie. Quel bonheur de voir arriver la cacophonie, le bruit, tout ce qui envahit l’espace comme une vague irrésistible. Se laisser aller à tout prendre, respirer à fond et découvrir avec stupéfaction que l’on peut respirer sous l’eau. Tous ces moments de panique intenses que l’on s’oblige à traverser pour ne pas retourner en arrière et qui finalement débouchent sur des paradis.

Personne n’est à l’abri du bonheur.

 

Matrix II: Road stories

09.06.2005 – les volcans

Le feu est rouge. Pas le feu du volcan, mais celui du trafic. En attendant, mon regard se pose sur neuf volcans miniatures situés sur l’îlot de la bande centrale, devant l’Hôtel Intercontinental. Etrange que ce soit la même chaîne d’hôtels que celle de mon enfance. A cet endroit, le goudron boursouflé par le végétal a donné naissance à neuf bulbes dont quelques cratères en éruptions laissent jaillir des feux d’artifice de verdure.

 

Matrix II: Il était un soir…

20.04.2005 – Rencontre du troisième type

Un soir de spleen, je rentre chez moi en voiture. Il est onze heures et je n’ai aucune envie de rentrer. Que faire? Mon regard surprend un groupe de quatre autostoppeurs déguisés en extra-terrestres sur l’autre côté de la route. Faisant demi-tour, je décide de tuer encore un peu le temps nocturne en les amenant à leur destination, l’Usine. La joyeuse bande accepte et en chemin, nous plaisantons, rions, causons. Un brésilien et trois jeunes filles de Genève (disons, qui habite Genève). Silence. L’un d’eux demande: «On a de quoi la déguiser?» Les autres acquiescent. Nous faisons une étape chez un de leurs copains dans une villa en fête, bondée de jeunes. Un bruit «insupportable». On m’emmène (moi, respectable mère de famille) dans la cuisine pour la métamorphose. Un extra-terrestre aux antennes clignotantes demande: elle a quel âge celle-là?. Eh oui, c’est risqué de s’aventurer dans la zone intergénérationnelle sans prévenir. Je suis enroulée dans du papier plastique – celui pour conserver les aliments – mes cheveux, mon visage sont couverts d’une peinture verte et bleue. Et c’est ainsi, munie d’un pistolet à eau, que je les emmène à l’Usine où le rendez vous pour la soirée «extra-terrestre» où une foule de vampires, martiens, fées et sorcières attendent le coup de minuit. A petits verres de limonade, je danse avec eux jusqu’à trois heures, la peinture dégoulinant peu à peu sur mon vêtement lunaire. Puis chacun rentre chez soi, exténué, défoulé. C’est à peine si nous connaissons nos prénoms, mais peu importe. En arrivant devant mon immeuble… que j’aimerai rencontrer la petite dame du 7e qui promène son chien…

 

Matrix II: Le Grand chantier

27.05.2005 – Philippines 1968 – 1970

Le chantier me propulse aux Philippines de l’époque du président Marcos, le bruit d’une mitrailleuse remplace celui du marteau piqueur. Les ouvriers sont armés et jouent au combat de coqs (le vrai) dans le futur lobby de l’hôtel cinq étoiles que nous habitons en attendant l’inauguration. Pour monter à l’étage, j’appelle l’ascenseur en criant «Elevator please». Les portes s’ouvrent sur le toit de la cabine où un ouvrier me demande à quel étage je souhaite me rendre et à quelle vitesse. Tout cela dans un anglais Tagalog approximatif. D’ailleurs, qu’est-ce qui me prouve que c’est un ouvrier dans cette fourmilière active jour et nuit et qui ressemble à une raffinerie de pétrole dès la nuit tombée. Chaque matin le chauffeur nous amène à l’école. J’ai l’impression de vivre un futur présent dans une autre dimension. Les odeurs ont changé. En Asie, le parfum du jasmin côtoie celui des poubelles en permanence.

 

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Matrix II: Curaçao – 1959 – 1965

27.05.2005 – Univers noir et magie blanche

Ce n’est pas étonnant que je sois plus à l’aise dans l’eau, élément qui m’accompagne sur cette île où baigne mon enfance, Curaçao qui veut dire «cœur», «Corsao» pour les locaux. Bleu pour le ciel et la mer, blanc pour le soleil et le sable, noir pour la couleur des habitants. Dans la cour de l’école des filles, je me sens blanche, car presque tous les autres élèves sont noirs ou métisses. Je ne comprends plus la langue, le hollandais, qui devient une suite de sons, et décide que tant qu’à faire, je vais me faire passer pour une fée et observer si la magie opère. Le subterfuge prend vite, tant je leur parais étrange. Je passe pour une magicienne pendant trois mois, le temps d’apprendre la langue. Mon univers familier est dans mon cartable. J’imagine que tout ce que je possède est là-dedans, mon monde que je transporte délicatement faisant attention, sur le chemin de l’école à ne pas secouer «mes habitants» (mes affaires dans ma serviette d’école) en descendant les trottoirs.

 

MATRIX II: Curaçao – 1959 – 1965

27.05.2005 – Noir et blanc

Bien que je sois blanche, lors de mes vacances en Suisse, les indigènes me surnomment «la négresse». Cette bataille des couleurs se poursuivra au Pensionnat (période d’exil) et trouvera son apothéose à l’école des Beaux-Arts douze ans plus tard.

 

MATRIX II: Saint-Domingue 1958

27.05.2005 – Le chemin de l’école

L’espace du “chemin de l’école” m’appartient. Depuis le moment où je quitte le navire familial “Hôtel”, jusqu’à ”l’île école”, mon imagination navigue en solitaire pour m’approprier ce paysage nouveau. Je m’arrête avec “mes habitants” sous le grand flamboyant pour jouer avec les fruits en forme de bateau dans les flaques laissées par le dernier déluge tropical de Saint-Domingue. Dans la classe, la maîtresse en forme de grosse mangue, nous fait face et demande de l’imiter en levant la main droite( lleva la mano derecha), puis la main gauche (lleva la mano izquierda). Je me trompe à chaque fois: je lève le même bras que la maîtresse, comme face à un miroir. Et les autres rient, pour une raison que j’ignore, de ma “dyslexie” gestuelle. Pourtant, je lève le même bras que la maîtresse. Comme Galilée, je me trouve incomprise et persuadée de ma lucidité.

 

L’intégration a lieu au moment où nous faisons la même chose que les autres, de manière inconsciente.

 

MATRIX II: Curaçao – 1959 – 1965

27.05.2005 – Histoire de couleur

Blanche sans aucun doute, blonde aux yeux verts, tantôt gris-bleu, je la regarde. C’est mamère. La mère suisse d’une «négresse» née à Chypre. Le contraire de Noni. Elle sait fabriquer des cocktails aussi exotiques et dévastateurs que des potions magiques, mais cuisiner l’horripile. Aller à la plage signifie plonger dans une mer déchaînée, s’accrocher au corail coupant et admirer les serpents, les requins, les murènes et les méduses. Nous y passons des heures à nos risques. Je tiens mon petit frère de quatre ans par la cheville pour qu’il ne soit pas éjecté contre les rochers. Avant de savoir l’alphabet hollandais, je connais la mer. Elle est dangereuse et fascinante.

 

MATRIX II: Suisse 1965 – 1967

27.05.2005 – Noir et blanc est la mère

De ce paysage sous-marin enivrant, il ne reste qu’un poisson perroquet de la grandeur d’un timbre-poste sur l’enveloppe contenant une lettre de ma mère. Je vis dans un monde gris d’uniformes bleu-marin: le pensionnat béni des sœurs de St. François-de-Sales, j’ajouterai «du calvaire» certainement sans les choquer. Les habitants sont noirs, mais leur peau est blanche, du blanc qui n’a pas connu le soleil. Ce poisson m’apporte la preuve que je n’ai pas rêvé. Ma vie a basculé dans un trou noir, une éclipse nocturne. La trinité masculine est représentée par Dieu, le curé et le jardinier, Quasimodo, du jardin dans lequel il nous est formellement interdit de pénétrer. Il doit certainement y avoir un pommier quelque part…

 

MATRIX II: Suisse 1965 – 1967

27.05.2005 – La galaxie WS

Dans ce milieu carcéral, je me réfugie dans la lumière divine en espérant que mes prières d’évasion seront exaucées. Plus haut que le ciel joli bleu où habite le Seigneur (Dieu n’habite jamais un ciel noir), je m’adresse plus haut, dans la Voie lactée. Je prie pour que les extraterrestres viennent me chercher. Tout au fond de la classe, près de la fenêtre, mon regard attend. Persuadée d’avoir vu une soucoupe volante atterrir dans le jardin du pensionnat, je demande à la Bonne sœur de service, si je peux sortir dans la cour retrouver une bague-que-m’a-donné-ma-mère, car je l’ai perdu à la récréation. Enfin, les extra-terrestres sont venu me chercher ! Mais il n’y a pas de soucoupe volante dans la cour de l’école.

 

MATRIX II: Equateur – 1967 – 1968

27.05.2005 – Là haut à 3000 m

Et puis, un blanc. Sorte de trou noir intermittent qui dure deux ans. Les extra-terrestres m’ont déposé au bord d’une autre mer, située perpendiculaire au soleil. Durant l’interminable voyage en voiture de Guayaquil à Quito, je traverse tous les paysages qui me mènent au sommet. Tout est vert. Les indigènes vivent absorbés dans cette verdure étouffante, comme dans du coton mouillé. Les cimes des arbres deviennent des volcans enneigés d’où sort la brume. Ils sont là, royaux: le Cotopaxi (Taita – le père), le Tunguragua (Mama – la mère) et le Pichincha (Huahua – le petit frère). La légende dit que lorsque le Cotopaxi fume, le Tunguragua gronde et le Pichincha se réveille. Cette famille de neuf volcans veille sur une vallée au bord de laquelle se trouve l’hôtel Intercontinental, ma maison. Je prends l’ascenseur pour me retrouver encore plus haut, à 3’000 mètres, sur le toit du monde (El Techo del Mundo). Je retrouve ma famille pour vivre à la montagne.

 

MATRIX II: Curaçao – 1959 – 1965

10.06.2005 – Là haut

Le toit du monde représente la hauteur. Être à la hauteur. Monfrère et moi ne sommes jamais à la hauteur. Pourtant nous essayons par tous les moyens d’y arriver en escaladant toutes les verticales: se promener sur le toit de l’hôtel en tutu de danseuse; escalader la façade de murs ajourés de – depuis l’extérieur; sauter d’un créneau à l’autre sur le mur du fort (l’hôtel est un ancien fort reconverti); grimper l’échelle technique de maintenance du sol au 3e étage. De vertige, aucun. Même lorsque nous sautons d’un angle du toit à l’autre devant la fenêtre de la chambre parentale dans l’espoir qu’ils applaudissent notre courage. Je me plais à rester dans les hauteurs. Dans l’appartement, je me réfugie au sommet des cadres de portes et reste «là-haut» aussi longtemps que physiquement possible. Dans mes rêves, c’est encore plus facile: quand un danger s’approche, je m’élève dans les airs de cinq mètres en attendant que ça passe. C’est ma période «air».

09.06.2005 – Sorcières et princesses

Comment ces femmes peuvent–t-elles exister en dehors de mon imagination qu’elles hantent? Où se situe le passage entre les deux mondes? Quoi qu’il en soit, le personnage est toujours une femme solitaire. C’est la «négresse» blanche, paradoxe inclassable. Fée aux yeux de mes camarades, Princesse à l’hôtel. Je règne sur une grande maison pleine de serviteurs et d’hôtes qui viennent du monde entier. Le Roi Monpère est invisible et très occupé. La Reine Mamère a une vie chargée d’obligations sportives, festives et mondaines. Qu’à cela ne tienne, je me déguise en princesse, fée, reine, sorcière (belle) et je me présente sur la scène: les ascenseurs de l’hôtel. Le cœur battant, j’appelle l’ascenseur et les portes s’ouvrent sur un public de clients ébahis de ma splendeur. Je bafouille une excuse car ils ne vont pas dans ma direction (je monte lorsque l’ascenseur descend et vice versa). Il arrive parfois que l’ascenseur soit vide. Il arrive aussi que les portes s’ouvrent sur Monpère… et dans ce cas je m’envole à toute vitesse par l’escalier de service!

 

MATRIX II: Curaçao – 1959 – 1965

10.06.2005 – La piscine du Palais

Dans tous les cas, mon frère et moi avons intérêt à savoir filer vite dans les dédales du Palais que nous connaissons par cœur. Le fait d’être introuvables la plupart du temps nous donne un sentiment de liberté et de puissance. L’école a lieu le matin, ce qui nous laisse le reste de la journée pour jouer dans le Palais. La piscine d’eau de mer est notre terrain de jeu favori, notamment le soir hebdomadaire du grand nettoyage où le gardien vide entièrement la piscine pour la frotter à grand jets d’eau savonneuse et d’eau de javel. Notre soirée se passe à glisser sur le fond de la piscine transformée en toboggan pour la circonstance. D’autres soirs font place à une invention de notre cru et unique en son genre: le lancer de poids. Chacun son tour, nous enfilons une ceinture de plongée munie de tous les poids possibles, 5 à 10 kilos selon l’enjeu. La règle est de sauter dans l’eau à l’endroit le plus profond et se laisser couler à pic. Le fond atteint, le jeu consiste à se démener pour remonter malgré le poids des plombs, la première victoire étant d’arriver déjà à mi-hauteur pour s’agripper au petit bord qui aide les nageurs à se tenir debout. Si vraiment l’un de nous est en difficulté, il a le droit d’abandonner la ceinture de plongée.

 

MATRIX II: Saint-Domingue 1958

10.06.2005 – La piscine du Palais

A la piscine, je m’amuse souvent avec Pepino, un client de l’hôtel. Pas n’importe quel client puisque c’est un ami de Trujillo, le chef d’ici. D’autres l’appellent Batista et il paraît qu’il vient de Cuba, d’où un autre chef l’a mis dehors. Bref, Pepino est bien enveloppé de lui-même et plein d’astuces. Un jour il me montre une boîte qu’il ouvre avec précaution. A l’intérieur un doigt poilu sur un morceau de ouate tachetée de rouge. Pepino me dit qu’il a coupé le doigt de la femme de chambre. Je lui réponds que ce n’est pas vrai car elle n’aurait pas autant de poils sur les mains. Il rit tellement que le doigt bouge un peu. Je le soupçonne d’avoir fait un trou dans le fond du carton et que ce doigt est le sien. Sacré Pepino. Il y a un autre de ces copains à l’hôtel, un certain Peron d’Argentine. Un dictateur est quelqu’un qui dicte sa loi et tout le monde a peur de lui déplaire, d’autant plus qu’il y a la baie des requins où la voirie jette les déchets, entre autres. Parfois, les quatre dictatures se retrouvent pour une partie de cartes: Batista, Trujillo, Péron et Velasquez (à vérifier). Plus tard, nous vivrons sous la houlette d’un autre dictateur à l’autre bout du monde: Marcos.

10.06.2005 – Le massacre

Il y a beaucoup d’insectes et de bestioles bizarres qui envahissent la ville par vagues annuelles. D’abord les moustiques, des bombardiers silencieux, fous de rage et accrochés à la belle moustiquaire que ma mère a fait coudre spécialement pour moi. Mon souci est de ne sortir sous aucun prétexte de mon lit durant la nuit, car mes compagnes nocturnes n’attendent que ça pour me dévorer. Puis il y a les crabes. De temps en temps, on ignore pourquoi, ils sortent de leurs trous et couvrent les routes par milliers. C’est alors un véritable massacre de boucliers écrasés mais rien ne les arrête. Plus tard, il y a les cafards qui semblent téléguidés par un fou qui a perdu le nord. Ceux là m’accompagneront jusqu’à Curaçao, une autre île des Antilles.

 

MATRIX II: Curaçao – 1959 – 1965

10.06.2005 – Le dictateur au féminin

J’exerce sur mes amies une autorité destinée à de bonnes causes. C’est ainsi que je fonde le Taf Taf Club (TTC). Aucune de mes camarades de classe rechigne à venir à l’hôtel aux réunions du club, manger des petits fours et boire du Coca. Chaque fois une tâche est à accomplir, ou une tentative… Par exemple: peindre sa «chaise» (des cageots à bière recyclés en tabourets), savoir dessiner le logo – de mon invention – du club. Notre lieu de réunion est le local à machines des ascenseurs, sur le toit de l’hôtel. Privilège qui revient aux membres payant la cotisation de 25 centimes (een kwartje) par mois que je mets dans un tube avec l’objectif de les reverser à la Croix Rouge, que j’ai déjà contactée. Je n’arriverai pas au bout de ma présidence. La zizanie de chaque rencontre l’emporte sur le sens du devoir de mes camarades. Les querelles la bouche pleine de sucre, le chamaillage entre copines vont un jour si loin que Sonia jette la chaussure d’Ellie par la fenêtre et elle attérit sur les voitures. La maman n’était pas contente du tout. Et un jour, la fameuse cagnotte destinée à la Croix Rouge disparut. J’annonce la démission de la présidente et décrète la fermeture du Taf Taf Club.

Bien des années plus tard, je devins présidente du Business and Professional Women. Tout prend racine dans l’enfance.

 

MATRIX II: Paris 1970 – 1972

21.06.2005 – Choc des cultures

La consécration: nous sommes mutés à Paris. L’Europe enfin. Ma mère exulte, mon père est au sommet de sa carrière. Pour moi, le choc culturel, un traumatisme dont je me mettrai des années à me relever. Trop de bruits, de voitures, d’immeubles et de maisons entassés, trop de gens qui courent sans sourire. L’hôtel est magnifique, peuplé d’un personnel impersonnel. J’étouffe dans la rue, dans les magasins. Les couleurs ont disparu comme la fois où je suis arrivée en Suisse. Pour la première fois dans un lycée français, je rejoins mes camarades en cours terminal. Tout m’est étranger: culture, littérature, géographie, histoire. Je n’ai jamais fait de physique, de chimie, ni de géographie dans ma scolarité voyageuse. Les cours à la piscine couverte en plein centre de Paris sont un calvaire pour moi qui ait grandi en eau turquoise. Mon frère n’est pas en forme non plus.

 

Nous nous inscrivons à des visites guidées du Louvre et au fil de l’art et de la beauté, nous renaissons. En effet, cela, nous n’avons jamais connu. Plus d’un an après, mes parents sont transférés à Londres. Mon frère et moi refusons de repartir pour terminer l’année scolaire entamée. Je passe le bac de justesse.

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