Créé le: 02.08.2025
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L’invitation

ThéâtreComme au théâtre 2025

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© 2025 1a Plume au vent

L'invitation

1

Madame de Montauban se voit confier par son mari la charge d’un dîner chez eux, le soir même pour douze personnes. Crise sanitaire oblige, les traiteurs ne fournissent pas de gens de service. Prise de court, elle se démène pour trouver une solution à son problème.
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Les personnages

Hubert de Montauban

Haut fonctionnaire du ministère des Postes et Télécommunications.
Clotilde de Montauban

63 ans. Son épouse.

Marie-Charlotte

Une amie de Clotilde (Voix Off.)
Le facteur. 
Juliette

45 ans. Concierge depuis 20 ans de l’immeuble situé dans le 17e arrondissement, avenue de Ternes, à Paris.

 

Les décors

L’intérieur des de Montauban

Le sol est revêtu de marbre, le mobilier style Art déco, des tapis persans au pied des deux canapés en cuir blanc.
La loge de Juliette

Intérieur très simple. Au milieu de la pièce, une table ovale, un plateau de fruits et des dossiers empilés recouvrent la toile cirée à petites fleurs. Quatre chaises cannées et une commode sur laquelle un colis volumineux attend d’être distribué.

 

 

Scène 1 : Clotilde de Montauban et Hubert, son époux

 

Le rideau s’ouvre sur le salon meublé avec chic des de Montauban. La vieille horloge grand-père sonne 9 heures. Monsieur met son manteau, son écharpe et prend son attaché-case. Madame, en déshabillé rose, son thé à la main lui tend son chapeau. 

 

HUBERT DE MONTAUBAN
Tu te souviens que nous avons une réunion de travail dans mon bureau, ce soir après notre dîner.

 

CLOTILDE DE MONTAUBAN
Comment ?

 

HUBERT
Il y aura les Demangeot, les Briscard, les Tournier, les Galant et les Pougeat. Nous serons douze à table, avec nous, ma chérie.

 

CLOTILDE
Douze ! Et c’est maintenant que tu me le dis ! Pour ce soir !

 

HUBERT
Je t’en ai parlé la semaine dernière, mais tu as dû l’oublier. Tu as une cervelle de petit moineau, mon oiseau des îles.

 

CLOTILDE
Ce n’est plus possible Hubert. Je n’y arriverai pas !

 

HUBERT
Ma chérie, tu te plains toujours et tu t’en sors chaque fois à merveille !

 

CLOTILDE
Regarde ma tête, je dois aller chez le coiffeur.

 

HUBERT
Tu es ravissante, mon ange. Je file, sinon je vais me mettre en retard.

 

CLOTILDE
Je ne peux pas les recevoir ainsi !

 

CLOTILDE
(en déshabillé, n’attend pas que son époux referme la porte, et s’affale dans le fauteuil, la tête renversée en arrière, se relève et fait quelques allers-retours et parle à voix haute.)
C’est toujours la même rengaine, il me prévient à la dernière minute et je dois accomplir des miracles. Les Pougeat, mais les Pougeat ils ne sont jamais venus, eux.

 

(se tourne vers le public, et lève les yeux au ciel.)
Les autres, je les connais, les maris ont des postes au ministère des Postes et des télécommunications. Je vais devoir faire la conversation avec leurs femmes, pendant que ces messieurs boiront du bon whisky en travaillant ou pas ! La barbe ! Je vais demander le divorce, je n’en peux plus de ces mondanités !

 

 

Scène 2 : Clotilde de Montauban et Marie-Charlotte, son amie

Un peu plus tard.
Clotilde revient avec une tasse de thé, prend son téléphone, s’assoit sur le canapé, appelle Marie-Charlotte (Voix off) enclenche le haut-parleur.

 

CLOTILDE
Allo, Marie-Charlotte !

 

MARIE-CHARLOTTE
C’est toi, Clotilde ?

 

CLOTILDE
Ben oui, c’est moi. Qui d’autre pourrait bien t’appeler à 9 heures du matin ?

 

MARIE-CHARLOTTE
Tu as l’air énervée ! Ton coiffeur a raté ta couleur ?

 

CLOTILDE
Si seulement.

 

MARIE-CHARLOTTE
Ah ! Ça a l’air grave !

 

CLOTILDE
Figure-toi que Hubert vient de m’annoncer que, ce soir, cinq collègues et leur femme dînent à la maison. Tu as une proposition de repas à me faire ?

 

MARIE-CHARLOTTE
Passe chez Dalloyau, il ne t’a jamais déçue ?

 

CLOTILDE
Oui, c’est une bonne idée. Figure-toi que la punaise de Sophie Demangeot sera présente. Je trouve son attitude hautaine et détestable.

 

MARIE-CHARLOTTE
Moi aussi, je ne la supporte pas. Elle se prend pour la Reine d’Angleterre, celle-là.

 

CLOTILDE
Je vais passer commande tout de suite.

 

MARIE-CHARLOTTE
Et, en plus, ta Germaine est en congé aujourd’hui, non ?

 

CLOTILDE
Ah zut, oui, j’avais oublié ! Je prendrais les gens de service et la vaisselle.

 

MARIE-CHARLOTTE
Comme la réception que tu avais organisée pour les 21 ans de ton fils, non ?

 

CLOTILDE
C’est exact ! Bon, je te laisse, je vais prendre rendez-vous chez mon Édouard aux mains d’argent. Tu verrais ma tête. Un épouvantail gagnerait la première place.

 

MARIE-CHARLOTTE
Tu me raconteras, la Sophie !

 

CLOTILDE
À demain, je t’appellerai !

 

Clotilde raccroche, boit une gorgée de thé, regarde ses ongles et pousse un soupir qui en dit long sur l’état dans lequel elle se trouve.
On sonne à la porte. 
Elle referme son déshabillé, repositionne quelques mèches de cheveux et ouvre.
Un bel homme affublé de l’uniforme de la poste, la mèche rebelle, se présente devant Clotilde.

 

CLOTILDE
Bonjour facteur.

 

LE FACTEUR
Bonjour Madame de Montauban. J’ai un recommandé pour…

 

CLOTILDE
Un recommandé pour mon mari ?

 

LE FACTEUR
C’est exact.

 

CLOTILDE
Je vais signer pour lui. J’ai l’habitude.

(se tourne vers le public, lève les yeux au ciel et fait mine de tomber sous son charme.)

Une tasse de thé ?

 

LE FACTEUR
Madame de Montauban, je n’ai guère le temps ce matin, je suis désolé, j’ai ma sacoche pleine que je dois vider avant midi.

 

CLOTILDE
Ta, ta, ta ça ne prendra que quelques minutes.

 

LE FACTEUR
Vous croyez que c’est raisonnable ?

 

CLOTILDE
S’il n’y avait que des êtres raisonnables sur terre, qu’est-ce qu’on s’ennuierait ! Allez, entrez, asseyez-vous, je vais vous chercher une tasse de thé.

 

LE FACTEUR
Je ne voudrais pas…

 

CLOTILDE
Il fait froid ce matin, ils ont annoncé 2° Celsius. Et regardez-moi ça, votre veste n’est même pas doublée ! (Elle tâte son torse.) Je vais en parler à mon mari, pour qu’il fasse quelque chose ! Vous êtes nouveau ? Je ne vous ai jamais vu ?

 

LE FACTEUR
En effet, j’ai commencé cette semaine.

 

CLOTILDE
(sort et parle fort à travers la cloison.)
Devinez ! Mon mari vient de m’informer que nous recevons dix personnes à dîner ce soir.

 

LE FACTEUR
(se tourne vers la porte vers laquelle elle est sortie et lance en haussant la voix.)
Vous me semblez bien tendue, madame.

 

CLOTILDE
(revient avec une tasse de thé.)
Oui, il sait que j’ai besoin de temps pour me retourner, pour penser, pour commander. Il n’en a que faire ! Je dois aller chez le coiffeur, voyez ma tête ! Et mes ongles ! Je n’aurai jamais le temps de tout faire ! Il va me tuer !

 

LE FACTEUR
Je connais un moyen rapide de vous détendre.

 

CLOTILDE
(le regarde l’air intéressé.)
Ah ! Et lequel ?

 

LE FACTEUR
(se lève, pose sa tasse sur le guéridon et se place derrière Clotilde.)
Je mets mes mains sur vos épaules, laissez-vous faire. En effet, le stress s’accumule ici. Je descends le long de votre colonne vertébrale. Doucement, là ! Oui, vous êtes très tendue. Allongez-vous sur le canapé.

 

CLOTILDE
(se sent en confiance. L’apposition des mains de ce nouveau facteur a déjà décontracté tous ses muscles.)
Sur le canapé ?

 

LE FACTEUR
Oui ! C’est ça. Comme ça. Je prends vos pieds dans mes mains, laissez-vous faire.

 

CLOTILDE
Oh ! Oui !

 

LE FACTEUR
(écarte délicatement la mousseline du déshabillé.)
Je vais lentement remonter sur vos mollets. Voilà, ça se détend.

 

CLOTILDE
Oui, je le sens, c’est bon, continuez, mon bon facteur !

 

LE FACTEUR
Ce sera tout pour aujourd’hui. Je vais être obligé de partir, je me suis mis en retard. Je ne sais pas pourquoi ils écrivent tous à nouveau des lettres.

 

CLOTILDE
(se relève difficilement, vacille, et tente de se retenir au dossier du Récamier.)
À bientôt, facteur ! N’hésitez pas à monter mon courrier, même s’il n’est recommandé par personne. Moi, je vous le recommande ! (Elle lui glisse un billet dans la main.)

 

Le facteur lui tend son numéro de téléphone et sort de scène, l’air réjoui, après avoir déposé un baiser sur les lèvres de Clotilde.

 

 

Scène 3 : Clotilde de Montauban et Juliette la concierge de l’immeuble

 

Clotilde pousse la porte entr’ouverte de la loge.
Juliette s’épile les sourcils. Une cigarette fume dans le cendrier.

 

 

CLOTILDE
Ah ! Ma petite Juliette, je suis contente que vous soyez là.

 

JULIETTE
Madame de Montauban, entrez. Vous avez l’air, toute chose ce matin.

 

CLOTILDE
Ne m’en parlez pas !

 

JULIETTE
Votre nuit a-t-elle été agitée ?

 

CLOTILDE
Pardon ?

 

JULIETTE
Heu… je n’ai pas dit ça, madame. Je suis désolée.

 

CLOTILDE
Laissez ma petite Juliette, laissez…

 

JULIETTE
(se tourne vers le public et énonce en aparté)

Elle m’énerve quand elle m’appelle ma petite Juliette, je ne suis pas sa fille !
Désirez-vous un café, madame ?

 

CLOTILDE
Non merci, ma petite Juliette, je suis déjà assez excitée, plutôt une camomille, si vous avez ?

 

JULIETTE
Ben, entrez donc !
(Juliette écarte un rideau et on entend un bruit de vaisselle.)
Je vais voir, si j’en ai.

 

CLOTILDE
(hausse la voix.)
Figurez-vous que, ce matin, juste avant de partir, mon mari, Hubert, m’a appris qu’une dizaine d’invités, y compris le ministre des Affaires étrangères et sa femme, seront à la maison, ce soir, pour le souper. Paraît-il qu’il veut comprendre comment marche la Poste française !
Elle rit à gorge déployée.

 

JULIETTE
(revient avec une tisanière à la main.)
Ah !

 

CLOTILDE
Comment ah ! Vous ne voyez pas dans quelle situation il me met !

 

JULIETTE
Désolée ! De quelle manière pourrais-je vous être utile ?

 

CLOTILDE
Pensez-vous que le grand Dalloyau est à notre disposition ?

 

JULIETTE
Bien sûr. Vous les avez appelés ?

 

CLOTILDE
Bien sûr que je les ai appelés.

 

JULIETTE
Et…

 

CLOTILDE
Bien qu’ils soient charmants comme tout, figurez-vous ma petite Juliette, la réservation doit se faire sur le Net ! Le Net ! Ils n’ont que ça à la bouche !

 

JULIETTE
Internet ?

 

CLOTILDE
Oui, le Net ! Dalloyau veut me mettre sur le Net. Je préfèrerais qu’il me mette dans son lit ! Je plaisante, bien sûr !

 

JULIETTE
(rit en douce.)

 

CLOTILDE
Et moi qui ne sais même pas me servir d’un ordinateur ! Je ne sais même par où on l’allume ! Je suis perdue, ma petite Juliette. On n’a plus personne en présence maintenant. À présent, c’est le Net ! Le Net ! Le Net !

 

JULIETTE
Effectivement. Nous sommes au temps du Net ! Sinon, vous devrez aller sur place et passer votre commande.

 

CLOTILDE
Mais, je n’ai pas le temps, je dois aller chez le coiffeur ! Regardez mes cheveux, et mes racines ! Je n’y arriverai pas.

 

JULIETTE
Ne vous en faites pas, Madame de Montauban, je vais vous aider, j’ai un ordinateur, nous pouvons voir cela ensemble, si vous le désirez, je n’ai pas beaucoup de temps, j’ai un rendez-vous important.

 

CLOTILDE
(n’écoute pas les paroles de Juliette.)
Ça me fatigue, ma petite Juliette !

 

JULIETTE
Installez-vous, je vais prendre mon ordinateur et je vous rejoins de suite.

 

Elle se poste dans un coin de la scène, se tourne vers le public et énonce en aparté
Elle se noie dans un verre d’eau cette pauvre Clotilde, dès que quelque chose sort de son cadre de référence, elle est perdue. J’espère qu’elle va commander quelque chose pour moi, parce que, ce soir… je me lâche !

 

JULIETTE
(la rejoint, en sautillant, elle a le cœur en joie. Elle allume son ordinateur.)
Me voilà.

 

CLOTILDE
Que ferais-je sans vous, ma petite Juliette ?

 

JULIETTE
Allons, madame de Montauban, pas de sentimentalisme.

 

CLOTILDE
Vous n’avez pas changé depuis le temps que l’on se connait, je m’en souviens comme si c’était hier, j’étais enceinte de mon premier et vous étiez si jeune et si gentille, Juliette, vous pourriez être la fille que je n’ai pas eue.

 

JULIETTE
(regarde sa montre. 10 h 20. Elle tapote nerveusement sur la table.)
Alors, voyons voir, Dalloyau, vous avez l’habitude d’aller au faubourg Saint Honoré, n’est-ce pas ?

 

CLOTILDE
Oui, c’est cela, ma petite Juliette.

 

JULIETTE
(lève les yeux au ciel.)
Bon, je vois que, malgré la crise sanitaire, ils continuent à offrir un service de traiteur, mais seulement en journée, pas en soirée.

 

CLOTILDE
La crise sanitaire ! Mais c’est vrai ! Le couvre-feu est à 20 heures ! Comment vont-ils repartir ?

 

JULIETTE
Vont-ils rester dormir chez vous ?

 

CLOTILDE
Vous rêvez, ma petite Juliette, ils auront sans doute des passe-droits en tant que fonctionnaires du ministère.

 

JULIETTE
(soupire.)
Je l’espère, pour vous !

 

CLOTILDE
Donc Dalloyau, pas le soir. Bravo ! Comment vais-je faire ?

 

JULIETTE
Attendez ! Et la Maison Pou, sur l’avenue des Ternes ?

 

CLOTILDE
Ah non pas Pou !

 

JULIETTE
Papou ? Pourquoi papou ? Ils ne viennent pas de Nouvelle Guignée, madame de Montauban !

 

CLOTILDE
Non, j’ai dit « pas Pou »… en deux mots, et puis je n’ai jamais commandé chez eux ; je ne les connais pas !

 

JULIETTE
Attendez, madame de Montauban, on ne va pas y passer la journée ! Vous voulez un traiteur de luxe pour ce soir ou pas ?

 

CLOTILDE
Bien sûr, je vous le répète depuis plus d’une heure, ma petite Juliette !

 

JULIETTE
(excédée par le ton de Madame de Montauban.)
Bon, voyons les menus de Pou.

 

CLOTILDE
Quel vilain nom pour un traiteur, j’en ai des frissons et la tête qui me gratte, ma petite Juliette !

La lumière baisse en intensité, puis se rallume. Les cloches de la paroisse Saint Ferdinand sonnent onze coups.

 

JULIETTE
C’est bon. Vous avez tout, les entrées, le plat de poisson, de viande, le plateau de fromages et les desserts. Et pour le vin ?

 

CLOTILDE
Mon mari a ce qu’il faut dans sa cave à vins.

 

JULIETTE
Voilà, la commande est confirmée et sera livrée à 19 heures. Vous paierezà la livraison ?

 

CLOTILDE
Oui. Bien sûr !

 

JULIETTE
En revanche, ils indiquent qu’en raison de la crise sanitaire, ils ne peuvent assurer le service de location des gens de service.

 

CLOTILDE
19 heures ! Mais ça va être froid quand les invités vont arriver ! Et puis personne pour servir.

 

JULIETTE
Mais Germaine n’est pas là ?

 

CLOTILDE
Non, elle est partie chez sa sœur.

 

JULIETTE
Ce n’est pas de chance !

 

CLOTILDE
Oh, là, là ! Je suis dépassée, ma petite Juliette, vous faites quelque chose ce soir ? (Et sans attendre sa réponse.) Vous voudriez bien monter comme la semaine dernière, ça m’aiderait bien, et je vous paierai, bien entendu, et grassement.

 

JULIETTE
En temps normal, je l’aurais bien fait, chère Madame de Montauban, mais, ce soir, voyez-vous pour la première fois de ma vie, je reçois, madame… je reçois un homme. D’ailleurs, je dois fermer la loge et aller chez le coiffeur, je vais être en retard.
Juliette prend son manteau, son sac et sort. Madame reste seule sur le perron de la loge désappointée.

 

 

Scène 4 : Clotilde de Montauban et le facteur

 

Une heure plus tard.
Dans son salon, Clotilde fouille dans la poche de son déshabillé et sort le numéro de téléphone du facteur. Elle l’appelle. Voix off du facteur. 

 

 

CLOTILDE
Allo !

 

LE FACTEUR
Allo !

 

CLOTILDE
Bonjour, c’est madame de Montauban. Vous savez, la lettre recommandée, le massage… ce matin.

 

LE FACTEUR
Ah !

 

CLOTILDE
J’ai besoin de vous. Pouvez-vous passer quand vous aurez fini de vider votre sacoche ?

 

LE FACTEUR
Besoin de moi ?

 

CLOTILDE
Oui, je suis en galère, je suis tendue, j’ai besoin de vous.

 

LE FACTEUR
Encore un massage pour vous détendre. Vous y avez pris goût.

 

CLOTILDE
Pas seulement. J’aurai besoin de vos services ce soir, pour mes invités.

 

LE FACTEUR
Des massages pour vos invités ?

 

CLOTILDE
Vous ne comprenez pas ! Je n’ai pas pu avoir les gens de service pour ma réception ce soir.

 

LE FACTEUR
Gens de service ? Mais je n’ai jamais fait ça !

 

CLOTILDE
Mais, ce n’est pas dur ! Pou nous livre le tout à 19 heures. Vous apporterez les plats sur la table, et débarrasserez les assiettes. Je vous aiderai. Vous serez grassement récompensé.

 

LE FACTEUR
Bon, je suis encore dans votre quartier, je peux passer tout de suite pour voir avec vous les modalités.

 

CLOTILDE
C’est impeccable, je vous attends.

 

La lumière se tamise puis se rallume. Clotilde, vêtue d’un déshabillé mauve, tapote les coussins des canapés.

On toque trois fois à la porte.
Elle avance à pas lent comme si elle n’était pas pressée de le revoir.

 

LE FACTEUR
(fait une révérence.)

Me voilà !

 

CLOTILDE
Ah ! Merci, vous me sauvez…

 

LE FACTEUR
Vous êtes encore tendue… Clotilde. Je peux vous appeler Clotilde ?

 

CLOTILDE
(s’affale sur le canapé, dans une position qui appelle le massage.)
Je n’en peux plus !

 

La lumière baisse, la scène est dans la pénombre, on entend des gémissements.

 

LE FACTEUR
Détendez-vous !
La lumière revient.

 

CLOTILDE
(se lève, se recoiffe et referme son déshabillé.)
Bon ! Arthur, pas de faux pas devant mon mari. Il ne doit pas se douter qu’il se passe quelque chose entre nous, il est très jaloux. À la fin du service, je vous donnerai une enveloppe avec à l’intérieur les 1000 € promis et la clé de la chambre n° 26 au 7e étage, je vous y retrouverai à minuit…

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