Créé le: 30.08.2022
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Le tour du monde

Nouvelle

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© 2022-2025 a Lia Gag

© 2022-2025 Lia Gag

Chapitre 1

1

Monsieur Dupart n'a plus qu'une envie : partir. Le problème : le fait que ses deux filles l'enferment dans une maison de retraite. Sans trop réfléchir, il décide de s'enfuir.
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« Je m’emmerde chez ces croûtons. J’ai décidé de profiter du temps qu’il me reste. D’ailleurs, j’ai des comptes à régler. Adios ! »

 

Elle avait lu ce mot à haute voix, à l’attention de sa sœur qui était restée en retrait derrière elle. Elle laissa retomber le papier sur le lit devant elle.

 

– C’est quoi cette blague ! s’exclama-t-elle d’un ton médusé.

– Je vais chercher quelqu’un du personnel, lui dit sa sœur.

 

Elle regarda la pièce vide, attendant sa sœur revienne avec un membre du personnel. Elle, c’était Eloise Dupart, trente-cinq ans, employée de supermarché. Sa sœur, celle qui était partie chercher le personnel, c’était Véronique Lubir, mariée, trois enfants. Elle revint avec quelqu’un, une femme plus âgée qu’elles.

 

– Bonjour, lui dit-elle. Je suis Alice Dupond. Votre sœur m’a dit que votre papa était parti ? Il est peut-être juste allé faire un tour. Après tout, tout nos pensionnaires ont le droit de se déplacer et de sortir pour se promener comme ils le veulent. Il reviendra sûrement un peu plus tard. Il n’y a pas besoin d’en faire tout un tintamarre.

– Parti ? répéta Eloise. En laissant un mot comme ça ?

 

Elle désigna d’un mouvement de tête le mot resté sur le lit.

 

– Vous pensez qu’il va revenir quand ? demanda-t-elle d’un ton ironique.

– Écoutez madame. Je pense qu’il faut lui laisser le temps. Ça nous arrive souvent. On a l’habitude. Laissez-nous faire notre métier. Ne vous en faites pas.

 

Elle ne leur laissa même pas le temps de répondre et elle sortit de la chambre pour aller on ne sait où.

 

– Pince-moi, dit Eloise. Elle en a rien à faire.

– Qu’est-ce que l’on fait ? l’interrogea Véronique.

– On va partir à sa recherche puisque ça ne semble pas les déranger ici.

– Et on commence par quoi ?

– Dans son mot, il dit qu’il a des comptes à régler. On va donc commencer par son frère, tonton Victor. Tu te souviens pas, ils se disaient toujours tout. Peut-être qu’il saura de quoi il s’agit.

– D’accord.

 

Les deux jeunes femmes quittèrent l’établissement pour se rendre à l’appartement de leur oncle Victor qui les accueilli avec un café.

 

– Les comptes que votre papa à régler ?

– Oui.

– Peut-être avec Fabrice Luze.

– Fabrice Luze ? répéta Véronique. C’est qui ?

– Un de ses anciens camarades de lycée.

– Et ? l’incita à continuer Eloise.

– Et ils s’étaient fâchés tout les deux, à cause d’une fille, de votre mère, si je me rappelle bien.

– Mais ça fait un peu trop longtemps pour ça, non ? remarqua Véronique.

– Oh, vous savez votre père a la rancune tenace. D’autant plus qu’il la vu dans le dernier numéro du journal. Il a acheté une maison dans la région avec ses deux fils. Le oncle se leva et prit le journal qui était resté près de la fenêtre.

– Tenez.

 

Les deux sœurs récupèrent le journal et se mirent à le lire.

 

– La famille Luze, propriétaire de l’agence de voyage Luze et Tourisme, s’installe dans la région. Après une ascension fulgurante dans la région parisienne avec leur agence de voyage, ils ont décidé de revenir dans la région pour proposer à leurs futurs clients un voyage autour du monde complètement singulier et époustouflant à petit prix, commença à lire Véronique.

– On va y aller. On ne sait jamais, dit Eloise.

 

Les deux sœurs remercièrent leur oncle et se rendirent chez l’homme en
question, Fabrice.

 

– Il a une belle baraque, constata Veronique, alors qu’elles arrivaient devant l’adresse qu’elles avaient trouvé.

 

Elles sonnèrent. Personne. Aucune réponse.

 

– T’entends ? demanda Véronique.

– Oui, lui répondit sa sœur. On dirait que ça vient du jardin.

 

Elles allèrent jusqu’au jardin, passant à l’arrière de la maison. Elles aperçurent
aussitôt un homme, sûrement Fabrice, avec leur papa.

 

– Papa ! s’exclamèrent-elles d’une même voix.

 

Les deux hommes se retournèrent. Ils étaient assis autour d’une table, sur la pelouse, à l’ombre d’un grand arbre.

 

– Saperlipopette ! s’exclama-t-il. Je vais me faire… Les filles. Venez ! leurs dit-il en faisant signes de s’approcher.

 

Les deux sœurs vinrent à leur rencontre.

 

– Je vous présente, Fabrice. On était à l’école ensemble. Fabrice, je te présente mes filles, Eloise et Véronique.

– Enchanté, dit Fabrice.

– Enchantée, répétèrent les deux filles.

– Asseyez-vous, proposa Fabian en leur montrant les deux autres chaises autour de la table.

 

Sans rien dire, elles s’assirent. Un silence pesant s’installa. Un silence qui fut simplement interrompu par leur papa. Ce dernier semblait tout excité.

 

– On avait tellement de choses à se dire. Ça fait du bien de parler du passé. Dommage que mes filles soient revenues pour me ramener dans ma maison de retraite. Elles m’ont foutu dans ce trou à rat. Tu connais, toi, les maisons de retraite ? On a le même âge, non ? Aucun de tes enfants ne t’a proposé d’aller dans ce genre d’endroit ?

– On s’inquiétait, les interrompu Eloise. Victor nous a dit que tu venais ici pour régler tes comptes.

– Ah oui, on avait eu des problèmes tout les deux à cause de votre mère. Elle sortait avec Fabrice avant de se marier avec moi. Mais vous êtes sérieuses ? Après plus de vingt ans…

– Et les choses à régler ?

– Les choses à régler ? C’est mon tour du monde. Vous avez pas lu l’article ? Les fils de Fabrice ont une agence de voyage. C’est pour ça que je suis là.

– Pour faire le tour du monde ?

– A ton âge ?

– Mon âge ? Tu sais ce qu’il te dit mon âge ? Je veux profiter de la vie. Laissez-moi faire ce que je veux. Je ne suis pas sénile. Si je veux faire mon tour du monde, je le ferai. Foutez-moi la paix.

– T’as vraiment envie de le faire, ce tour du monde ? demanda Eloise.

– Oui.

– Alors, je viens avec toi !

– Quoi ? s’étonnèrent Véronique et son papa.

– J’en ai marre de mon travail. J’ai besoin de faire une pause, alors si tu pars, je viens avec toi. En un an, on peut faire le tour du monde tranquille.

– T’es sérieuse ? s’étonna Véronique. Tu veux vraiment tout plaquer ? Comme ça ?

– Je veux pas tout plaquer. Je veux mettre sur pause pour profiter un peu de la vie.

 

Son papa sourit.

 

– Génial. Tu veux venir avec nous, Véronique ?

 

La jeune femme ne répondit pas tout de suite.

 

– Pourquoi pas.

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