Créé le: 04.08.2024
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La bibliothèque cachée
Au delà du monde européen, au delà du temps, au delà de ce qui est connu. Voilà ce que cette courte histoire vous proposera, mais attendez que le récit lui-même se fasse raconté à l’heure du coucher.
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-Une histoire ! Une histoire !
Criait le petit enfant qui bondissait sur son lit. Le grand-père laissa tomber ses fesses sur le rebord et rapidement, le petit bonhomme se faufila dans les draps et se coucha confortablement, les yeux rivés vers son pépé.
Le vieillard avait sur ses genoux un vieux livre sorti de sa bibliothèque. Il toussota à cause de la poussière qu’il produisait et regarda par la fenêtre avant de commencer son récit, comme s’il se rappelait soudain d’un souvenir amusant. Après que la chambre de l’enfant, jonchée de jouets et de livres fut remplie d’un silence, il l’ouvrit. Penché sur le bouquin et d’un ton passionné, il lança, les yeux lui aussi rivés en direction de son petit-fils :
-Cette histoire est une histoire vraie ! Elle a vraiment existé, mais notre société d’aujourd’hui l’a enfouie, car elle est trop invraisemblable ! Donc tu la trouveras seulement et uniquement dans cet ouvrage, il ne restera peut-être aucune trace après !
Le petit faisait de gros yeux. Le drap dans sa bouche, il attendait les premières phrases de son grand-père avec impatience.
-Il était une fois, sur un bateau naviguant au milieu de l’océan pacifique, la pluie et la tempête faisaient rage…
“Cling ! Clang ! Cling ! Clang !!”
Les épées se heurtaient, c’était les deux hommes qui se battaient tels des escrimeurs sur le pont du bateau. Jany était derrière, vers la porte, agenouillée en tenant son bras en sang.
-Joe !!!
Elle cria dans l’ouragan pendant que le navire de commerce se secouait au gré des vagues. Les matelots n’entendaient rien dans ce tumulte et dans la noirceur épaisse de la nuit.
Joe lança un coup d’épée fulgurant au capitaine. Il pu l’esquiver avec son sabre et lui donna à l’occasion, un coup de pied dans le ventre. Le jeune homme tomba par le choc pour glisser ensuite vers sa dulcinée.
Le gouverneur s’avança nonchalamment vers le couple, un éclair tonna de plein fouet et il cria ses quelques phrases :
-Qu’est ce qu’il y a Joe ?! Maintenant que tout le monde est mort !?… Tu en profite ?! Pourquoi ne pas rester amis jusqu’à ce que la tempête se calme et que nous rejoignions la rive !?
Jany, en rage, dévisagea le capitaine. Sans plus attendre, son mari se lança sur son adversaire tête la première.
-Non !! Joe ! cria-t-elle désespérée.
Le commandant laissa tomber son épée par le saut du matelot et se retrouva sur le dos. Le marin agrippa son cou avec ses genoux et l’homme au petit ventre et au gros nez soupira de fatigue :
-Allez quoi… Regarde… Nous sommes plus que trois, tu es devenu fou ! Qu’est ce que tu veux ? De l’argent !!??
Quelques jours avant, dans le même bateau…
-Quoi ?! pas question, lança Jany sans hésitation.
-Chuut ne parle pas si fort.
-Pfff… Alors toi… Non mais tu penses pas en faire un peu trop là ? Déjà l’histoire avec ma mère et maintenant tu veux nous rendre riche… C’est du n’importe quoi.
Elle était assise sur les nombreuses boîtes de provisions en bois. Éclairée par la lumière qui traversait le hublot, ses cheveux longs gorgés d’eau et séchant sur ses épaules, elle regardait Joe de son air méprisant tout en se prenant le visage dans ses mains. Mais son mari parla d’un ton affirmé :
-Le capitaine avait un autre plan que le commerce, j’ai vu la pierre qu’il tendait. Il discutait avec ses coéquipiers et ils planifient de rejoindre un groupe d’hommes dans la forêt pour leur donner de l’argent en échange du diamant.
En réalité, les conjoints s’étaient disputés avant de monter sur le bateau.
-Attends un peu…Dis moi pas que tu as envie de prouver quelque chose à ma mère ? Dit-elle avec son sourire moqueur.
-Tout d’abord, ta mère n’avait pas à ouvrir sa bouche, lança-t-il maladroitement.
-Tu sais très bien qu’elle a pas toute sa tête, et qu’elle ne le pensait pas réellement… Tu n’étais pas obligé de partir comme ça, tu sais ? En plein dîner de famille en plus, soupira Jany.
-J’en ai ras la patate qu’elle insulte notre métier de commerçant ! Elle préfère les dentistes vois-tu !? Car c’est “mieux payé” et que son mari en était un. Je préfère naviguer en mer plutôt que de rester sur terre…
Joe regarda à travers le hublot, la mine sévère. Il avait des yeux bleus tels deux diamants qui brillaient au soleil, un début de barbichette et des cheveux épais, pas long, recueillis dans un foulard rouge-bleu.
Il y a quelque temps, il avait observé discrètement la bande du capitaine tous regroupés dans une pièce à travers une fente du mur en bois. Transpirant à grosse goutte, il écoutait avec attention ce qu’ils se disaient. C’était un soir où la mer était calme.
-Cette histoire de pierre verte, j’en ai rien à cirer ! Moi je veux juste le pognon, finis le commerce ! Hahahaha on deviendra des pirates !!! Cria de bonne humeur le commandant.
Les autres hommes répondaient de plus belle avec des hurlements. Il brandît ensuite la pierre verte devant ses yeux et la scrutât avec le plus grand intérêt.
En voyant la pierre, Joe écarquilla ses yeux avec admiration.
-Mais elle sert à quoi réellement ? Hein ? Lança un matelot ivre, assis au bout de la table.
C’est là qu’un homme qui avait l’air un peu plus malin que les autres entrât dans la pièce en faisant grincer la porte et s’assit à leur table. Il prononça ses mots d’un ton calme et lasse :
-Il paraît qu’elle permet de voir le passé et l’avenir, celles des villes et des peuples.
Un étrange silence règna dans la petite case. Joe retenu son souffle, son œil rivé cette fois sur l’homme au grand chapeau. Et soudain, une bourrasque de rires éclata dans la pièce.
-Hahahahahaha, non mais qu’est ce que tu racontes !! C’est du n’importe quoi ! On est pas dans un conte de fée ! S’exclamèrent les hommes.
L’homme au chapeau soupira, sachant qu’il ne servirait à rien de parler avec ses compagnons, alors il se confia au capitaine :
-Alors Chef ? Qu’est ce que tu suggérerais de plus ?
L’homme ne répondit pas tout de suite, il scrutait toujours le diamant et il parlât d’un ton hésitant:
-Les gaillards qui nous attendent dans la forêt veulent que je leur lui donne et ils nous donneront un gros paquet d’argent. Moi je m’en fous de ce que la pierre peut signifier ! Finis le commerce de fruits exotiques, on deviendra riche et en un claquement de doigt !
-Hey ! cria Jany.
Joe se réveilla de ses nuages de pensée et se retourna vers sa femme.
-Je t’ai dit mille fois, tu n’as pas besoin de me rendre riche, on est heureux dans le commerce. Laisse les faire leur petite affaire, sinon cela va nous apporter beaucoup trop d’ennuis, fais comme si tu n’avais rien entendu… Soupira-t-elle.
Joe n’était pas satisfait. Et puisque elle savait tout de son mari, sa femme descenda de sa place et enlaça son mari par derrière et posa sa tête sur son dos. Elle murmura d’une voix douce :
-Moi, j’ai toi… pas besoin de cette foutue pierre.
-Oui, je sais… Mais t’en a pas marre ?… De vivre comme ça ? On pourrait partir loin, vers l’Asie, acheter une maison et ouvrir notre propre entreprise de commerce !
Elle soupira, retourna la tête de Joe dans ses mains et l’embrassa tendrement. Ils se couchèrent sur la paille et entamèrent une nuit d’amour.
Un gigantesque éclair tonna dans le ciel…
Son visage et ses cheveux trempé d’eau de mer, le matelot parla avec une voix épuisée:
-La pierre.
Ils étaient sur le pont, et tous les ouvriers étaient morts, avalés par les vagues. Le capitaine s’est tu et un autre éclair éclata, illuminant le bateau tout entier en déchirant la nuit et cet océan hostile.
-Haa….hah,… mais comment sais-tu ? Haletait le gouverneur.
Il prit le capitaine par le col, le souleva malgré la fatigue du combat, coinça sa tête sur la barrière du bateau. En dessous se trouvait les vagues et la profondeur de l’océan.
Joe le tena ainsi, et examina ses poches. Mais à cause du vent et des mouvements, il n’arrivait à le fouiller que partiellement.
-Jany ! l’appelait-il
Elle compris qu’elle devait fouiller les poches à sa place pendant que son compagnon le tenait, mais la pierre tomba. Elle était en réalité dans la poche de son veston, et verte, telle une grenouille, elle rebondissa au gré des secousses.
Mais dans l’ultime bond du navire, le couple tomba en arrière et se heurta la tête. La dernière vision que le matelot aux yeux bleus avait de cette nuit était celle du gouverneur se ruant sur la pierre.
Le capitaine du bateau s’avança dans la jungle dense…
Il montait le petit chemin escarpé en zig-zag au milieu des insectes qui pullulaient par centaine. Il arriva sur une petite place de terre et fit la rencontre de deux indigènes, nus avec seulement une petite feuille qui cachaient leur partie intimes. Ils brandissèrent leur sarbacane à la vue de l’occidentale. Le capitaine fouilla rapidement dans sa poche en tendant son autre main en l’air:
-Oulalala… Stop! Wait !
Il se demandait pourquoi il parlait maintenant en anglais, il essaya de se convaincre que cette langue était peut-être parlé de tous.
Il prit la pierre verte entre ses gros doigts et la leur montra
Les deux hommes stupéfait, les yeux fixé sur le diamant prononcèrent ce mot mystérieux :
-Titiko…
Joe et Jany étaient ligotés dans la chambre du capitaine…
Dos contre dos, l’homme se réveilla par la chaleur et les rayons du soleil qui passaient par les fentes du mur.
Jany était encore endormie, mais Joe, lui, avait déjà les yeux grand ouvert. Sans être surpris par le fait qu’il était ligoté, il pouvait sentir la peau chaude de sa femme collée à lui.
Repensant à cette phrase de l’homme au chapeau lorsqu’il était avec sa bande, et qu’il était en train d’espionner à travers le trou discret du plancher.
“Elle permet de voir le passé et le futur !”…
En vérité, il avait vu cette pierre tomber d’une poche d’un homme qui se bagarrait devant chez lui, dans son petit village natal quand il était seulement un enfant. Lui, qui aidait son grand-père à forger des pièces pour les bateaux de commerce, il l’avait vu se loger dans un caniveau. Elle brillait tel une émeraude et Joe ne l’avait pas lâché des yeux. En fin de journée, quand il finissa son travail, il se précipita vers l’embouchure et chercha la pierre, il l’a trouva et la ramassa. Il l’a mit dans sa poche et la garda précieusement comme un petit trésor.
Mais son grand-père confisqua sa pierre et la vendit à des marchands pour quelques pièces. Quand Joe avait revu cette pierre, cela lui fit une drôle d’émotion. Il avait désormais son plan en tête : récupérer la pierre et l’échanger contre cet argent. Il se tourna de côté pour entendre le souffle lent de Jany. Son trésor en réalité, c’était elle, et il prometta en silence qu’ils auront une vie un peu plus confortable que celle-ci.
Le capitaine marcha derrière la tribu…
Avec le chef en début de fil qui sinuait à travers les chemins de montagnes peuplés d’animaux et d’arbres centenaires.
-On va où ? et il est où mon argent ? Vociféra le pauvre matelot car sa pierre n’était plus en sa possession.
Après 2 heures de marche, une pyramide gigantesque dépassa des arbres. Le front ruisselant, il était stupéfait par la grandeur du monument. Ils entrèrent un par un, le chef entra en premier et seulement quelques-uns de ses coéquipiers le suivirent, les autres se placèrent devant l’entrée avec des torches en main.
-Moi, je reste là ! lança-t-il inquiet.
Les gardes le força à entrer avec l’élite et s’immergèrent enfin dans l’obscure couloir d’entrée de la pyramide.
Le chef marcha avec des pas lents et ils arrivèrent enfin devant une porte en pierre, avec des petits creux en reliefs et des dessins d’animaux en tout genre. Le grand homme mit la pierre dans le plus gros trou de la porte et soudain elle vibra et s’ouvrit, laissant derrière elle un nuage de poussière.
Joe était sur le pont, les yeux plissés…
Réfléchissant à quoi il pourrait faire pour récupérer cet argent.
Jany le rejoignit, elle venait de se réveiller, enlaçant Joe par derrière, la tête appuyée sur son dos comme elle avait l’habitude de le faire.
-T’a vu ? On dirait qu’on est dans le film Titanic… Lança-t-elle avec humour.
L’homme aux yeux bleus scruta l’horizon et vit arriver les cargaisons de fruits exotiques. Lui qui voulait récupérer la pierre n’avait pas le choix que de finalement abandonner son plan pour organiser les rangements des fruits…
-C’est ta pierre ? demanda Jany, entre deux rangements de cargaisons, remarquant la tristesse de son mari.
Il ne répondit pas…
Soudain un cri au loin se fit entendre:
-Au secours !!!!
Joe accoura vers le pont, il vit le capitaine qui courrait avec des parchemins et des livres en main. Derrière lui, les hommes de la tribu de la forêt le pourchassaient.
Le bateau était déjà largué et il restait juste quelques mètres entre la rive. Malheureusement l’homme un peu trapu, sachant qu’il n’y arriverait pas, lança les parchemins par-dessus bord.
-Tiens ! Prends ça !!!!
Joe attrapa les parchemins et lu un passage pour les identifier :
“ Là où sera ton trésor, là sera aussi ton coeur”.
-C’était une bibliothèque !!! Cria le capitaine qui était maintenant arrivé sur le bord de la plage.
Le bateau était déjà éloigné de la rive, Joe brandissa les parchemins en signe d’adieu et lança son plus grand sourire dans sa direction.
Les phrases de l’homme au chapeau et qu’on s’était moqué avait soudainement résonné dans sa tête :
“Cette pierre permet de voir le passé et le futur des peuples et des lieux”.
Jany n’ayant pas remarqué ce que Joe avait dans ses mains, elle s’approcha vers lui :
-Oh, c’est quoi ?
-Je ne sais pas… Il y est écrit “évangile”, ça veut dire quoi au juste ? réponda-t-il.
Joe se sentit concerné par cette simple et mystérieuse phrase et peut être qu’il lui était destiné.
Le bateau s’en alla sur l’océan et le couple s’embrassèrent parce qu’ils surent que leur chemin allait les mener bien au-delà de ce qu’ils auraient imaginé.
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