Créé le: 04.09.2021
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Le Jeune Homme cupide
A mes ennemis sans foi,
je les traite avec dédain,
le destin les contraint
à être mis aux abois.
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Le Jeune Homme cupide.
Jeune homme,
Quelle idée farfelue me prend de t’écrire
Toi, que je considère comme l’ennemi, le pire
J’avais décidé de t’ignorer
D’enfouir cette inimitié
Pour ma tranquillité
Et retrouver une sérénité.
J’avais repoussé chaque soir
Mes idées noires
T’arracher les yeux
Était un vœu pieux
Transpercer ton cœur
Avec des flèches empoisonnées
Était un acte déraisonnable et périlleux
Je choisis les mots
Pour apaiser mes maux
Qui tueront le mieux
Le cupide, l’irrespectueux
Jeune homme
Qui donne le change
Avec un sourire enjôleur
À ses interlocuteurs
S’approprier des biens d’autrui
Pour agrandir ton domaine
Que tu as acquis sans peine
Et voler les fruits
D’une aïeule bienveillante et généreuse
Démontre ton attitude vile et pernicieuse.
Levée aux aurores
Travaillant sur ses terres
Jusqu’à ce que disparaisse le soleil aux reflets d’or
La bienfaitrice avait le sens de l’honneur
Et pensait avec candeur
À la bonté de son entourage
Elle ignorait tes basses manœuvres
Pour régner sans partage
Sur ses œuvres.
Attaché à l’argent
Ton esprit s’embrume
Tu es fourbe et impudent
Sous l’emprise de tes mauvais penchants.
Pourtant, en rien tu ne détruis
Ce que l’aïeule a construit
Tu te détruis toi-même.
Se prélasser sur les terres
Belles et prospères
Profiter de son dur labeur
Sans une once de culpabilité
Et une goutte de sueur,
Tu me fais pitié.
Dépouiller par envie
Avec le fiel amer
De la jalousie
Lancer de fausses rumeurs
Comploter avec mesquinerie.
Ta cupidité te conduit à taire la vérité
Et à mentir en toute impunité.
Tu utilises toutes les actions méprisables
Pour cette course éperdue de la richesse
Tu t’accommodes de la bassesse
Pauvre misérable
Là où l’aïeule t’avait appris la sagesse.
Jeune homme, je te plains
Tu t’engages sur la voie de l’iniquité
Faut-il être si mesquin ?
Pour spolier son voisin.
Et croire que l’argent fait le bonheur
Te donne la reconnaissance souhaitée
Et une grande notoriété
Est un leurre
La richesse ne rend pas l’âme belle
Lorsque le vice est ta nature essentielle
C’est ton triste destin.
Devrais-je trouver des excuses à ton comportement inadéquat, à cette dose d’impudeur et ton esprit menteur ? Pour t’avoir côtoyé, j’ai repéré des signes évidents d’une mythomanie : tu souhaites renforcer ton estime de toi et embellir ton parcours de vie. Que n’aurais-tu pas inventé pour plaire à tes parents et à ton entourage.
Tu n’étais pas un enfant des bidonvilles, un orphelin ou un crève-la-faim. Tu es né dans une famille normale et tu es devenu quelqu’un de banal.
Ton éducation par un père strict, rigide avec les autres et une mère dépressive a joué un rôle prépondérant de l’adulte en devenir.
Tu es le portrait de ton père, cheveux blonds et yeux bleus et un air supérieur auquel personne n’osait s’opposer. Souvent railleur pour masquer sa colère envers ses employés incompétents qui travaillaient dans son entreprise, ton père te désignait comme son digne successeur.
Ton père avait des idées bien arrêtées sur des points importants comme l’éducation, la religion. Pourtant envers lui-même. Il s’arrangeait avec sa conscience et s’autorisait des interdits de l’Eglise. Te souviens-tu de sa noire colère lorsque tu rentrais de l’école primaire après avoir participé au cours de catéchisme ? Selon lui, les prêtres étaient sans envergure et enseignaient la Parole du Christ avec un relâchement évident.
Ton père était l’intolérance même. Cette étroitesse d’esprit le conduisit à t’inscrire à la Congrégation du St-Esprit.
Par contre ta mère, de nature fragile, témoignait une vénération à son mari et une allégeance à l’Eglise. Elle manifesta une grande joie à l’inscription de son fils unique bien-aimé dans la prestigieuse Congrégation. Elle était d’autant plus heureuse que tu allais enfin quitter les culs-terreux. Elle estimait que les villageois n’appartenaient pas au même monde qu’eux.
Elle avait pris la grosse tête depuis qu’elle avait épousé un entrepreneur. Née dans une famille modeste, le visage anguleux, sans grande élégance, elle avait été engagée comme secrétaire dans l’entreprise de ton père. Son statut d’employée ne lui convenait guère et elle tenta d’assurer son avenir en mettant le patron dans sa poche.
Plutôt rusée, elle allait lui raconter les retards, les négligences, les absences du personnel. Elle se fit bien voir et ses petites manipulations eurent l’effet escompté. Ton père pensa qu’elle était la collaboratrice dont il avait besoin. La marche de son entreprise menée d’une main de maître et la rentabilité qui en découlait n’étaient pas pour lui déplaire.
De ta mère, il en fit sa collaboratrice, puis sa maîtresse qui la joua au plus fin pour devenir sa femme.
La famille était bénie grâce à sa piété et à son obéissance à la divine parole. Pour rendre hommage à Dieu, ton père et ta mère invitaient chaque dimanche les Pères de la Congrégation du St-Esprit à un repas.
Ta mère, elle qui maltraitait les employés et leur tombait dessus durant leur dur labeur, changeait d’attitude devant les Pères. Elle se métamorphosait en une âme bienveillante. Une hypocrisie bien maîtrisée.
Les Pères se sont-ils laissés dupés ? Les dons importants versés par le couple lors des Messes, des Vêpres et de toutes les Fêtes lavaient ce soupçon de maltraitance.
Tu as grandi non pas dans l’amour partagé mais dans la crainte de l’autorité parentale et de Dieu. A l’Institut, le règlement était sévère. Levé aux aurores, sans avoir pris le petit déjeuner pour respecter les règles de la communion tu te mettais en silence dans la rangée des élèves pour assister à la messe.
Puis, tu n’étais pas un élève doué, mais tu as tout de suite trouvé des astuces. Tu t’arrangeais avec les meilleurs écoliers pour qu’ils fassent tes devoirs. Tu ne manquais pas de ressources pour leur faire miroiter des avantages en friandise et en argent.
Le conseil que ta mère te répétait inlassablement : Tiens-toi bien ! venait à tes oreilles comme un refrain sans fin.
A ta mère dépressive mais attentive à tous tes faits et gestes, tu lui apportais un carnet de notes correct. Tu savais jouer l’humilité mieux que personne baissant les yeux devant les compliments de ta maman. Quant à l’hypocrisie, tu étais le digne fils de ta mère qui ne voyait pourtant en toi que ta face d’ange.
Le fait de croire en Dieu vous apportait la sérénité et la sécurité. Les prières, les actions de grâce vous protégeaient de l’enfer. Dieu veillait sur vous, sur vos biens, sur votre santé car vous étiez ses élus.
Jusqu’au jour de ce mois brumeux automnal, ta mère se jeta dans la rivière proche de chez vous. Dieu vous a abandonnés. Ta douleur fut supplantée par la colère tandis que la honte s’abattit sur toute la famille.
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