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© 2025 a Caroline Bench

J’aime bien les gares. Pour certains prendre le train c’est comme du temps perdu ou du temps mort. Pour moi c’est un espace de solitude collective. Lorsque je voyage, j’ai toujours sur moi un petit carnet format reporter -couverture souple- que je noircis au gré de mes envies, mes découvertes.
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J’aime bien les gares. Pour certain.e.s prendre le train c’est comme du temps perdu ou du temps mort. Pour moi c’est un espace de solitude collective. Lorsque je voyage, j’ai toujours sur moi un petit carnet format reporter -couverture souple- que je noircis au gré de mes envies, mes découvertes. Il suffit simplement de lever la tête.

Je ne sais pas si les histoires que je me raconte en observant les gens sont réelles et peu importe parce que la réalité n’a rien à voir là-dedans, ce sont juste des explorations sensibles. En fait, je crois que je m’émerveille du rien, je vois l’invisible. C’est Paul Klee qui a dit ça.

Le moindre petit détail me fascine et je me perds alors dans un labyrinthe de pensées disparates.

Je m’étonne du silence feutré de la première classe, du bruit réservé à la seconde, du temps qui se dilate ou se rétracte. Du train comme deuxième bureau ou à l’inverse comme sas de décompression.

Le voyage en train c’est le reflet d’une société, un habiter ensemble  sur une durée limitée.

C’est une invitation au voyage, à l’inattendu où tout est possible et éphémère et à laquelle je vous convie..

 

ENTRE PARIS ET LAUSANNE

Fermeture des portes imminente ! Bruit sourd. Un homme se déplace sans discrétion dans l’allée centrale. Il a le teint cramoisi, le souffle court ; porte un manteau de fourrure – du vison- très long, jusqu’aux chevilles.

La doublure dépasse, déchirée par endroit. Des clés autour du cou, attachées à une chaîne dorée. Ses gestes sont larges, maladroits. Sous son bras gauche, un carton assez gros sur lequel il est inscrit : Cuiseur à vapeur Rice cooker ! L’homme s’assoit. Il expire large. Les portes du TGV se referment et dans ma tête, juste une question : pourquoi un cuiseur à riz vapeur entre Paris et Lausanne un dimanche d’octobre ?

 

ENTRE LAUSANNE ET NEUCHÂTEL

Un homme assis à côté de moi  qui m’énumère toutes les tempêtes qui ont frappé l’Europe depuis 1999. Lothar, Xinthia, Ciaran… Etc etc… Et je ne sais pas pourquoi. Pourquoi moi, je veux dire.

Dehors il fait 38°et la climatisation ne fonctionne pas.

 

ENTRE GENÈVE ET LYON

Le train est bondé et le couloir me sépare de cette fille qui occupe deux sièges. L’un pour elle, l’autre pour ses bagages. Écouteurs sur les oreilles, nez sur son smartphone, elle parle à quelqu’un ou quelqu’une, très fort. Elle revient de Londres : Super, génial, mode, sexe, fatigue … et caetera et caetera.

Pensée pulsionnelle : juste envie de lui jeter son smartphone à la figure.

Ce n’était qu’une pensée.

Je tente de croiser son regard, histoire de lui faire comprendre en silence, que ce serait sympa qu’elle baisse d’un ton.

Elle te calcule même pas !  diraient mes enfants.

Peut-être mais c’était sans compter sur…

Allo ? Allo ? T’es toujours là ?

Un tunnel !

Vent de panique dans sa voix.

Allo ? Allo ? Qu’est-ce que…

Interruption totale de la communication. Le visage de la jeune femme se crispe, le mien se détend. Ses gestes sont rapides, désordonnés. Elle a panique. On dirait  qu’elle ne s’entend pas du tout avec le silence.

La lumière naturelle revient, la conversation reprend

Oui on a été coupées….

Je n’écoute plus ce qu’elle dit, je n’espère que le tunnel suivant.

 

TUNNEL

Entrer dans un tunnel, accepter que plus rien ne soit clair, que l’horizon se rétrécisse puis se dire que tout à coup que les nuages et les déchirures du ciel nous manquent.

Le corps et l’esprit sont décidément deux entités différentes.

 

ENTRE RENENS ET ZURICH

Une dame âgée qui s’assoit à côté de moi et commence à  me parler.

En 5 minutes j’ai l’impression de connaître presque tout de sa vie.

Vacances à Genève, traductrice à l’Onu, aujourd’hui retraitée, polyglotte qui voyage encore beaucoup, allemande, de Baden Baden. Il y a de très bons thermes là-bas, vous devriez y aller !

Et elle continue, sans discontinuer.

Jusqu’au dérapage.

Chez moi en Allemagne, il y a trop d’étrangers vous savez, qui ont des couteaux, qui vous menacent, qui se croient en vacances, qui ne veulent pas travailler.

C’était tellement mieux avant…

Et elle dit tout ça en souriant.

À cet instant, juste envie de vomir.

 

ENTRE COIRE ET POSCHIAVO

Bernina Express. Train panoramique. 55 tunnels, 196 ponts jusqu’au terminus.

Départ Coire, Chur, Coira, Cuira, comme on veut, dans les Grisons pour un voyage lent jusqu’aux portes de l’Italie. Dans ce train suspendu, les yeux restent grands ouverts.

Arrêt prolongé à Alp Grü où l’on nous invite à sortir. Tout le monde immortalise ce panorama élu par le soleil. Tout le monde, sauf moi.

Il faut compenser l’absence par le souvenir, j’ai lu ça un jour.

Le train repart.

 

GARE DE RENNES

J’attends depuis 3/4 heure le train pour Saint Malo, il est en retard. Rien de pire qu’une gare morte un lundi soir. Tout est fermé. Les kiosques, les cafés. Quelques néons grésillent, on entend des pas invisibles.

Plus loin, quatre cinq voyageurs sont regroupés autour d’un piano. Quelqu’un tape très fort sur les touches, des accords faciles.

Je me rapproche. On applaudit le pianiste, il est content, il enchaîne avec un nouveau morceau.

Supplice ou plaisir ? Je ne sais pas mais au moins cet espace vibre de quelque chose.

 

ENTRE LAUSANNE ET BERN

Une femme. Elle ouvre un carnet.

Je ne la quitte pas des yeux, j’aime la liberté de sa main qui dessine.

 

ENTRE LAUSANNE ET AIGLE

Juste devant moi, une jeune fille qui pianote sur son téléphone avec de faux ongles rouge carmin d’une longueur incroyable et les questions fusent dans ma tête.

Quid des lentilles de contact ? Quid de la crasse sous un ongle xxl ? Quid du doigt dans le nez ?

Jusqu’à ce que j’imagine le bruit crissant de ses ongles sur un tableau noir.

Et soudain j’ai très mal aux oreilles !

 

ENTRE LAUSANNE ET MONTREUX

Sens de la marche, fenêtre côté lac. En face de moi une jeune femme, un ordinateur sur les genoux. Les joues parsemées de taches de rousseur. Elle est très jolie, très naturelle. Nos regards se croisent.

Plus tard, elle fouille dans son sac, en sort une trousse à maquillage, des flacons, des tubes, qu’elle dépose sur son ordinateur maintenant refermé. Fards, ombres, fonds de teint, pinceaux multiples, des plats, des en boule, des biseautés. Elle se regarde dans un miroir de poche, elle s’apprête, rectifie, enlève sous les cils inférieurs un surplus de crème avec un petit coton tige.

Le train arrive à Montreux, elle se lève, descend, je la vois qui s’éloigne sur le quai et c’est une autre personne.

 

ENTRE RENNES ET PARIS

Je me suis couchée tard, juste envie de dormir et le train me berce.

Dans le sommeil perméable, l’impression de toucher les étoiles, de traverser chaque mur qui m’entoure, d’entrer dans le tronc d’un arbre.

D’avancer.

Et là, je me réveille à Paris.

 

RÊVE OU CAUCHEMAR ?

Le train est immobile, seul le paysage en transparence défile derrière la vitre, comme dans un film des années 60.

 

ENTRE LAUSANNE ET GENÈVE EAUX-VIVES

Une femme aux pieds nus et aux cheveux blancs lit la bible de l’autre côté du couloir, près de la fenêtre. Elle semble heureuse lorsqu’elle se tourne vers la lumière.

 

RÖSTIGRABEN

Et comme par magie,  les annonces dans le train changent de langue.

 

ENTRE BERN ET ZURICH

Voiture restaurant. En Suisse un lieu hors temps aux sons feutrés. Une certaine idée du luxe bourgeois, écrirait Zola, avec nappes blanches et serviettes en tissu. Une parenthèse heureuse aux pensées toute douces.

Quelqu’un vient prendre la commande en suisse allemand, je lui réponds en français un café s’il vous plaît, servi aussitôt dans une tasse en porcelaine avec soucoupe et petit biscuit. Un plaisir simple, ce café que l’on boit à petites gorgées en faisant tinter sa cuillère, bien loin des gobelets en carton de la voiture bar du tgv français, qui finiront compressés, dans une poubelle aux rabats bruyants.

 

ENTRE PARIS ET RENNES

Un homme, une femme. Un patron et son assistante qui travaillent dans l’événementiel.

Pensée vagabonde : dans le reflet de la vitre, un nuage que je prends pour une montagne.

Il est 18h30, la jeune femme a faim. Elle sort d’un sac en papier d’une boutique de gare, un sandwich que l’homme s’empresse de lui arracher. Toi vas grossir, lui lance-t-il avec un accent qui pue l’idéologie coloniale. Il lui sourit et la nargue en avalant le sandwich, elle le regarde, stupéfaite,  reste silencieuse, baisse la tête et ouvre son ordinateur pour vérifier leur planning.

Pensée vagabonde : au loin le soleil force le passage entre les nuages et laisse glisser quelques rayons désolés.

 

ENTRE JOR ET ROSSINIÈRE

En pleine nature, découvrir l’arrêt sur demande et faire signe au conducteur qu’il s’arrête à Jor, une gare perdue dans le canton de Vaud accessible aux seuls randonneurs. Ensuite, savourer ce moment et se dire qu’au 21ème siècle, il existe encore des endroits isolés du monde où il suffit d’un geste pour arrêter la machine.

 

ENTRE LAUSANNE ET PARIS

À Vallorbe le train est à l’arrêt et un bouquetin, immobile sur le flanc de la montagne, nous observe. Un tunnel plus loin nous serons en France.

Le train repart, l’animal nous suit on dirait, libre comme l’air car son territoire à lui n’a pas de frontières.

 

POSTE FRONTIÈRE

Des douaniers lâchent un berger allemand dans notre voiture. L’animal marque un temps d’arrêt devant un homme, la quarantaine environ. Le chien s’agite en remuant la queue puis pose sa patte sur un des genoux de l’individu qui blêmit. On lui demande de se lever, de prendre ses bagages. Il s’exécute.

Au fait, qui a dit que le chien était le meilleur ami de l’homme ?

 

ENTRE MONTPELLIER ET AVIGNON

De l’autre côté du couloir, une jeune personne qui dort. Je remarque, tatouée sur son bras, cette inscription en écriture gothique : La misère est si belle.

Rien à ajouter.

 

PARIS GARE DE LYON

L’accès aux quais reste interdit. Une histoire de colis suspect voiture 7. Bref, nous attendons dans le hall 2 que l’alerte soit levée.

Pendant ce temps, j’observe les gens, ceux qui râlent, ceux qui ne disent rien, cet homme en soutane qui ressemble au comédien Eric Caravaca je trouve, et qui discute avec un petit groupe de jeunes.

Il paraît que la soutane fait son grand retour chez les hommes d’église, je n’ai aucun avis sur la question.

À un moment, l’homme attrape un sac à dos qu’il pose sur ses épaules puis se baisse pour récupérer un skate vintage, années 80 je dirai, étroit, de couleur bleue avec des roues orange. Je l’imagine dessus, dévalant une pente au vent avec son habit trop long qui se coincerait dans les roulettes !

Une voix déformée nous invite à rejoindre la voie 15.

Mes pensées s’arrêtent là.

 

PENSÉES VAGABONDES

Combien de pensées se croisent, se décroisent ?

Se bousculent

Dans un train ?

Des dizaines,

Des centaines, des…

Et si tout à coup, tout s’arrêtait sauf les pensées

et que seul le bruit, le bruit du train

Restait.

 

ANNONCE HAUT-PARLEUR

Notre train accuse un retard de 3 minutes à cause d’une marche lente.

 

ENTRE GENÈVE ET LYON

6 heures 29. Premier train de la journée : supprimé, deuxième train : supprimé, troisième train : annoncé.

Je m’installe enfin et trouve une canne de vieille dame ou de vieux monsieur sur mon siège. Le train est vide, personne pour la réclamer.

Cette matinée est étrange.

 

ENTRE COLMAR ET BASEL VIA OLTEN

 

5 minutes de retard au départ. Après Mulhouse, un homme vole une valise. On le surprend.  Arrêt suivant la police l’attend. 15 minutes de retard. Arrivée à Basel, courir afin d’attraper une correspondance pour Bern. Courir pour rien. Train : 30 minutes de retard.

Ouf, non sans mal, enfin assise.

Peu avant Olten, dans un tunnel, arrêt du train pendant 10 minutes. Pourquoi ? On ne sait pas.

En gare d’Olten, le train déborde de voyageurs mais ne repart pas. Une voix haut-parleur en allemand fait réagir ceux qui comprennent la langue.

Le train reste à quai. Je finis par demander en anglais ce qui se passe. On m’explique que le conducteur de train s’est plaint : trop de voyageurs, la sécurité n’est plus assurée, il faut prendre nos propres responsabilités. Et si possible descendre. Ce que je finis par faire et enfin le signal de départ est donné.

Grâce à moi, vraiment ?

 

ENTRE MONTREUX ET ZWEISIMMEN

Un train Belle Époque qui, même en deuxième classe, avec une assise en bois peu confortable, vous donne l’impression d’un luxe inouï.

 

PENSÉE EN PASSANT

Dans les films de Wes Anderson, il y a toujours un train et de la mélancolie.

 

LE TEMPS QUI PASSE

Parfois, il ne se passe rien dans un train. Ou alors le silence qui parle tout seul ou l’ennui qui nous occupe.

 

ENTRE GENÈVE ET PARIS

Une dame d’un certain âge, élégance discrète, bijoux perlés, serre tête en métal doré qui encadre sa coupe au carré. Elle est au téléphone, son langage est châtié.

Tout à coup, pirouette déconcertante, elle jure, les manières raffinées s’envolent, le masque tombe.

Je conserve l’image mais coupe le son.

 

ENTRE VALENCE ET AVIGNON

Une femme regarde sans casque une série sur son ipad. Sa voisine lui demande gentiment de baisser le son, s’il vous plaît, vous allez réveiller mon bébé ! La femme s’en offusque. Le problème ne vient pas d’elle, elle le crie presque : Le problème ne vient pas de moi ! C’est les autres, les gens comme vous qui sont intolérants ! Et puis les enfants il faut les habituer au bruit du monde.

Les contrôleurs arrivent. Le ton monte. Par pure provocation, elle augmente le volume de sa tablette. À cet instant un homme se lève, lui montre sa carte de police et exige de voir ses papiers.

Nouveau refus. Il la prévient : Vous allez être arrêtée et gardée 4 heures dans un commissariat.

La femme : Où ?

Le policier : Au terminus, à Marseille.

La femme : Dans ce cas, ça me dérange pas, c’est là où je m’arrête ! J’avais peur que ce soit ailleurs !

Le train entre en gare d’Avignon et je descends.

Je ne connaîtrai jamais la fin de l’histoire.

 

INTERROGATION

Un suisse allemand au téléphone qui parle plus fort qu’un suisse romand.

Je m’interroge.

Est-ce dû à la personne qui s’exprime ou à la gutturalité d’une langue ?

 

ENTRE LAUSANNE ET GENÈVE AÉROPORT

Le ciel au-dessus du lac est magnifique. Et la montagne en ombre chinoise révèle sa beauté délicate.

Une femme au téléphone, sa vie déballée dès les premières lueurs du jour. Tout ce qui l’entoure l’indiffère, elle ne cherche pas à sympathiser avec la beauté du monde. C’est comme ça.

 

CONSTAT

En Suisse, où que l’on aille, il y a toujours un lac quelque part.

 

ENTRE LYON ET RENNES

Sentir la vibration d’un train qui nous croise. Être surprise par sa vitesse et se dire que dans cet autre train se trouve une personne qui partage peut-être le même étonnement que le mien.

 

GARE DE ST-FLORENTIN-VERGIGNY

Température extérieure 4°, 6 heures 30 du matin.

On vient de me déposer dans cette gare d’un autre temps. Il y a de la gelée blanche et de l’herbe entre les rails.

J’attends sur le quai, je suis seule. Le bâtiment qui faisait office d’accueil se disloque. Juste un mot sur le mur décrépi : Définitivement fermé. Les armatures en fer rouillées, l’horloge au temps suspendu, tout semble figé. Façade nord, un guichet automatique se dresse devant les portes aux vitres cassées. Il est tagué, je ne sais pas s’il fonctionne. La machine a remplacé l’humain et cette gare est morte.

 

Il n’y a aucune annonce pour signaler l’arrivée du train.

 

GARE DE WATERLOO

Il pleut, le quai ressemble à un grand chantier, nous sommes dimanche, la nuit tombe et le train qui n’arrive pas !

Victor Hugo avait raison : Waterloo morne plaine !

 

GARE DE BRUXELLES

C’est plus fort que moi, impossible de résister. Je craque pour une gaufre et je rate mon train pour Lille !

 

ENTRE LAUSANNE ET GENÈVE AÉROPORT

Discuter avec quelqu’un qu’on ne connaît pas.

Il fait du trading en électricité, n’envisage l’avenir que propre et sous intelligence artificielle.

Il est passionné de delta plane. Il a rendu visite à sa famille pour fêter la Bénichon à Bulle.

Là, il rentre à Londres où il doit retrouver sa femme et ses filles dans leur toute nouvelle maison.

Sa vie lui plaît, il a deux soeurs.

Il me demande ce que je fais dans la vie, je lui réponds, il est à la fois étonné et intéressé.

Nous discutons jusqu’au terminus pourtant nous n’avons rien en commun.

Enfin, nous nous saluons et chacun part de son côté.

 

ENTRE TROYES ET PARIS

TER vide, deux hommes alcooliques qui sortent de cure et discutent.

L’homme 1 : Il paraît qu’on dit pas ancien alcoolique parce que même si tu bois plus, t’es alcoolique à vie.

L’homme 2 : Moi je bois plus en tout cas et si je suis entré dans cette clinique c’est pour ma femme parce que elle me quittait sinon.

L’homme 1: Moi c’est par obligation judiciaire. Un jour dans ma voiture les flics ils ont trouvé une hache, une carabine 22 long rifle, un manche de pioche. Le pire c’est que je savais même plus pourquoi j’avais ça dans le coffre !

L’homme 2 : Je sais pas comment ça va être le retour,, il va bien falloir que je le reprenne le boulot. Je suis balayeur à Montrouge

L’homme 1 : Moi, je sais que je vais replonger.

L’homme 2 : Faut pas dire ça.

L’homme 1 : Quand je vais sortir de ce foutu train, j’irai m’acheter une bouteille de vodka que je boirai tout seul parce que j’ai plus rien. Ma femme s’est barrée après la mort du bébé et elle a eu raison, tu vois.

 

Je les écoute mais j’aimerais ne pas entendre.

 

LU QUELQUE PART

Depuis 2020, pour les trains de marchandises, seuls les wagons silencieux sont autorisés en Suisse.

 

ENTRE DOMODOSSOLA ET LOCARNO

Le Centovalli Express, express mais lent. Un trajet à couper le souffle. À chaque fois, la même envie : m’arrêter à Verdasio et prendre le téléphérique pour monter jusqu’à Rasa, un village de 12 habitants presque coupé du monde.

 

Oui un jour, il faudra que j’élargisse mon horizon.

 

ENTRE LYON ET MARSEILLE

Des amoureux. Ils sont jeunes, leurs visages sont collés. Le soleil rebondit mollement sur les vitres. La lumière est fragile mais belle. Ils ne parlent pas mais on dirait que leurs cœurs s’entendent penser.

Je les envie.

 

ENTRE BERN ET BÂLE

Un tableau d’Edward Hopper : Compartiment C, Voiture 293. On y voit une femme qui porte une capeline à bord large. Elle est là sans être là, assise, seule, sur cette banquette de train, et lit ce qui semble être un plan. Oui c’est ça, elle est perdue. D’ailleurs on entend sa solitude et le silence.

Aujourd’hui, la dame du compartiment C, elle se trouve juste devant moi.

 

TERMINUS

Il y a toujours quelque part un train qui multiplie les pensées.

 

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